De l’architecture et de la décoration vernaculaires en Tunisie








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titreDe l’architecture et de la décoration vernaculaires en Tunisie
date de publication11.07.2017
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Samir Triki
Plaidoyer pour un Dictionnaire des termes techniques

de l’architecture et de la décoration vernaculaires en Tunisie


J’ai eu une belle occasion, dans le cadre d’un projet initié par la Communauté Européenne, de contribuer à un ouvrage à caractère encyclopédique qui a traité de l’architecture traditionnelle méditerranéenne. Ce livre n’a pas connu une diffusion suffisante, mais il est néanmoins présent sur le net (www.-medacorpus.net). C’est mon expérience en pédagogie et en recherche qui m’a mis en contact avec un patrimoine, qui a franchement alimenté ma pratique picturale, mais je n’en parlerai pas ici.

Ici, je voudrais parler plutôt des termes techniques de l’architecture et de la décoration vernaculaires en Tunisie. Mais en fait, je dois rectifier mon propos et dire que je veux simplement que cette contribution soit un plaidoyer pour un Dictionnaire des termes techniques de l’architecture et de la décoration vernaculaires en Tunisie. Je pense que ce genre de document apporterait une contribution à la connaissance de l’architecture et la décoration vernaculaires et qu’il comblerait un vide dont venait de dire un mot notre collègue, Faïka Béjaoui lorsqu’elle disait que la transmission n’est plus comme avant et que les jeunes architectes qui se trouvaient en situation de reprendre une voûte ne savent pas trop comment la reprendre. Je pense donc à des documents que l’on présenterait sous forme de dictionnaires, lexiques ou de vocabulaires, une sorte de banques de données de tous ces termes, que l’on mettrait à la disposition des intervenants qui seront de plus en plus nombreux.

Je montrerai à travers une projection la richesse formelle de l’architecture et de la décoration en Tunisie en essayant d’insister davantage sur quelques petits détails, pour ne pas tomber dans les éléments qui sont assez connus.

Cette richesse formelle est exprimée par des dessins de monuments étudiés par des architectes, le plus souvent dans le cadre de diplômes de fin d’études ou de thèses à l’Institut Technologique d’art, d’Architecture et d’Urbanisme de Tunisie (ITAAUT). Ce fonds documentaire, je l’ai justement consulté lors de la réalisation du livre encyclopédique, Architecture traditionnelle méditerranéenne, signalée plus haut.

Je ne m’attarderai pas sur les systèmes de voûtes, par exemple, car on ne connaît que trop les voûtes en berceau, les voûtes croisées, etc. Mais il est peut être intéressant de montrer la richesse de leurs combinaisons et leur grande possibilité d’adaptation à toutes les formes d’espaces.










Combinaison 1

Combinaison 2

Combinaison 3







Combinaison 4

Combinaison 5

Combinaison 6













Combinaison 7

Combinaison 8

Combinaison 9


Fig. 1 : Espaces de formes variées couverts de voûtes combinées.
Les dessins de la figure 1 ci-dessus nous montrent des spécimens de ces combinaisons et des espaces qu’elles peuvent engendrer.

Ces voûtes sont répandues dans toutes les régions de Tunisie, avec une différence dans les matériaux utilisés : elles sont soit réalisées avec des briques pleines ou creuses, ou alors en pierres, ou parfois briques et pierres à la fois. Les principes constructifs sont généralement les mêmes, mais les formes sont multiples. Les échelles aussi peuvent changer.

Je rappelle, dans ce cadre, que d’éminents travaux ont été réalisés à l’Institut Technologique d’Art d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis (ITAAUT). Citons, entre autres, le travail de Wadï El-Euch et Salma Filali intitulé La formation et le devenir des architectures (au pluriel) du Cap Bon (1986 ?) et dans lequel les deux auteurs ont tenté d’étudier la dimension architectonique de moult formes architecturales traditionnelles dans cette région. C’est dire qu’il y a là l’illustration de la richesse de l’architecture traditionnelle tunisienne dans une région relativement petite comme celle du Cap Bon, là où l’on peut relever des architectures différenciées.

La figure n° 2 nous montre en axonométrie la réalité de ces formes telles qu’elles peuvent exister dans une maison traditionnelle du Cap Bon :



Figure n° 2 : Maison couverte de voûte au Cap Bon.

Je suis en effet convaincu que dans cette maison il y a une mine de termes très pointus, très spécialisés ; des termes qui peuvent encore varier d’une région à l’autre pour désigner souvent des formes similaires ou même identiques.

Examinons maintenant de plus près quelques exemples de ces voûtes :

Prenons le cas donné par la figure 3 ci-dessous :







Ktob jmal simple

Ktob jmal touïl

Mise en œuvre d’un ktob jmal

Figure n° 3 : La voûte dite Ktob Jmal.

Cette figure n° 3 nous met en présence de type de couvertures assez spécifiques. C’est le « Ktob Jmal ». Cette appellation assez particulière, comme d’ailleurs toutes les appellations vernaculaires, s’appuie sur une référence animale ou végétale. L’animal en question ici est le dromadaire (« Jmal »), il est présent à travers sa bosse (« ktob »). A l’évidence, l’appellation est suggérée par analogie. Cette voûte est dite simple quand elle couvre un espace carré ; elle peut se développer en longueur et on l’appellera dans ce cas « Ktob jmal touïl », c’est donc là une variante du « ktob jmal ».

Une autre forme spécifique est donnée par la figure n° 4 ci dessous :



Ici, nous sommes en présence d’une autre voûte aplatie, dite « Dhar el-fakrûn », littéralement « Dos de tortue » toujours par analogie à une forme animale. Dans ce même registre, nous pouvons aussi montrer un exemple de voûte en plein cintre dite simplement « Dhar lahmâr », littéralement « Dos d’âne » (Figure n° 5) :



Je précise que dans ce contexte que le gaufrage peut aussi s’appeler « hmâr » (l’âne). La particularité de cette voûte est qu’elle utilise des briques et des pierres de dimensions particulières. Les pierres, appelées « thnâwa », sont en fait des lamelles de pierres de 5 x 10 cm (parfois plus) que l’on pose sur champ perpendiculairement à la courbe de la voûte. Utilisées en premier, ces pierres sont ensuite associées à des briques.

Voici maintenant ce que l’on voit ailleurs, dans d’autres régions de Tunisie.



Nous sommes là (Figure n° 5) en présence d’une coupe sur mur périmétral, à double parement simple, c’est-à-dire, qu’il y a au milieu de la terre battue avec du venant. Ce type de construction porte le nom de « s’hoûq », dans le pays du Djérid, et consiste en une technique spécifique de construction de mur. Le terme « s’hoûq », qui est mis en avant, mérite d’être consigné (dans ce projet de Dictionnaire).

Toujours dans le Djérid, certains enduits sont composés d’éléments de l’environnement. Le « tinâsh », par exemple, est un mortier de terre, il s’agit d’un sable argileux, alors que la « lukca » est une argile blanche, ces deux éléments sont utilisés dans une proportion de 1/3 (« tinâsh ») - 2/3 (« lukc»), ce qui forme un mortier que l’on utilise pour réaliser des enduits. Encore au Djérid, nous trouvons d’autres matériaux spécifiques, le « fenker », par exemple. Il s’agit de moellons de pierre sulfatique presque entièrement de plâtre et qui ont des dimensions moyennes de 40 x 20 x20 cm.

Dans le Djérid, on trouve aussi le « sannûr », terme qui désigne les solives en stipes de palmier. La figure n° 6 montre une vue d’un plafond réalisé avec des solives en stipes de palmier.



Figure n° 6 : Plafond du Djérid en Sannoûr (Solives en stipes de palmier).

A Sfax, comme ailleurs, les solives prennent d’autres appellations qui varient selon l’essence de bois employé. Les solives sont désignés par des termes comme « carcâr », « cayyâri », « zitûn », etc.

Dans la région de Mahdia, où nous nous trouvons maintenant, vous avez sans doute vu, en venant, un entrepôt de blocs de pierre. Cette pierre qui provient de la région de Rejish, est localement appelée « rejîsh fûndû » et est utilisée sous forme de blocs parallélépipèdes qui mesurent 18 x 18 x 45 (à 50)cm.



Dans le chapitre des formes architectoniques, nous trouvons à Sfax la « shorfa ».



Figure n0 7 : Une « shorfa » à Sfax

Ce type de forme, comme me l’a souligné oralement Monsieur Naceur Baklouti, n’existe plus. En fait, il y en a très peu d’exemples à Sfax. « Shorfa » désigne un balcon aveugle, avec deux petites ouvertures latérales. Ce balcon aveugle est mis en œuvre, d’abord, avec des « cûd carcâr » (bois de genévrier) ou des « cûd zitûn » (bois d’olivier). Pour en aléger le volume, on utilise au dessus de ces « cûd » des tuyaux qu’on appelle « qwâdîs » (sing. « qâdûs »). Il s’agit là donc d’une manière assez particulière d’aborder la construction de cet élément, et dont l’appellation mérite aussi d’être consignée.

Passons maintenant à la décoration.

La décoration, celle du Djérid, est suffisamment codifiée. On trouvera des références par rapport aux différentes combinaisons de ces briques qui ornent les murs extérieurs et intérieurs. Ces murs ne sont pas des murs porteurs, mais ils fonctionnent comme un épiderme, une peau. Ils préservent contre une certaine pathologie de la construction, et, à l’occasion, ils servent comme une parure. Voici quelques vues de cette décoration monumentale (ainsi qualifiée puisqu’elle est appliquée aux monuments mêmes).







Figure 8 a, b et c : Décor en

Briques au Djérid.

Ces deux vues (Figure 8 a et b) montrent différentes combinaisons. On peut remarquer dantroiss le tableau ci-dessous la variété des termes utilisés pour les désigner tels que : « serpent », « silsla », etc. Puisées dans l’environnement immédiat, ces appellations sont des termes proprement locaux.






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