Livre premier révolution et contre-révolution








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CHAPITRE IX

L’ETRANGE CARRIERE D’UN TERRORISTE

1. Réapparition de Sidney Reilly.


A Berlin, en décembre 1922, un officier de marine allemand et un officier du Service secret britannique bavardaient dans le salon comble du célèbre hôtel Adlon avec une jeune femme, jolie et élégante. C'était une actrice ­réputée de Londres, Pepita Bobadilla dont le nom était aussi Madame Chambers, car elle était la neuve du cé­lèbre auteur dramatique anglais Haddon Chambers. On en vint à parler d'espionnage. L'Anglais se mit à ra­conter les exploits extraordinaires en Russie soviétique d'un agent de l'Intelligence Service britannique qu'il dé­signa du nom de M. C***. L'Allemand connaissait la ré­putation de M. C***. Ils se régalèrent d'anecdotes sur ses aventures fabuleuses. Finalement, incapable de rete­nir sa curiosité plus longtemps, Mme Chambers demanda

-Qui est-ce Monsieur C*** ?

-Qui n'est-il pas ? répondit l'Anglais.

- Je vous dis, Madame, que M. C*** est l'homme du mystère. C'est l'homme le plus mystérieux de ­l'Europe. Et à ,ce propos, je dirais que sa tête vaut plus cher que celle dé tout autre homme au monde. Les Bolchéviks donneraient une province pour le tenir vivant ou mort..

C'est un homme qui vit dans le danger. Il a été notre oeil ou notre oreille en Russie en maintes occasions et, entre nous, c'est à lui seul qu'on doit que le bolchévisme n'est pas un danger plus grand pour la civilisation occi­dentale qu'il ne l'est à présent.

Mme Chambers était curieuse d'en savoir plus long sur le mystérieux M. C***. Son compagnon sourit:

- Je l'ai vu cet après-midi, dit l'Anglais. Il est ici, à l'hôtel Adlon...

Le même soir, Mme Chambers vit pour la première fois M. C***. « C'était, écrira-t-elle par la suite, un homme très soigné et bien habillé, au visage maigre, plutôt sombre, à l'expression plutôt sardonique, l'expres­sion d'un homme qui, non pas une fois, mais à de nom­breuses reprises, a « ri devant la mort ». Mme Chambers s'éprit de lui au premier regard.

On les présenta l'un à l'autre. M. C*** parla ce soir ­là à Mme Chambers « de l'état de l'Europe, de la Rus­sie, de la Tchéka » et surtout « de la menace du bolché­visme » et lui dit son vrai nom : capitaine Sidney Reilly.
Après l'échec de sa conspiration de 1918 contre les Soviets, Sidney Reilly avait été envoyé en Russie par le ministre anglais de la Guerre, Winston Churchill pour aider à l'organisation du service d'espionnage du général ­Dénikine. Reilly fit aussi la liaison entre Dénikine et ses divers alliés européens. En 1919, et 1920, l'espion anglais avait travaillé avec diligence à Paris, à Varsovie et à Prague, organisant des armées antisoviétiques et des officines d'espionnage et de sabotage. Par la suite, il fut l'agent semi-officiel de quelques émigrés millionnaires tzaristes parmi lesquels son vieil ami patron, le comte Tchouberski. Un des projets les plus ambitieux que Reilly aida à mettre sur pied dans cette période fut le Torgprom, ce cartel des industriels émigrés et de leurs associés anglo-français et allemands.

Le résultat des opérations financières de Reilly fut qu'il avait amassé une fortune personnelle considérable et obtenu des postes de direction dans un certain nombre de firmes qui étaient autrefois liées avec le haut com­merce russe. IF s'était créé d'importantes relations inter­nationales et comptait parmi ses amis personnels Winston Churchill, le général Hoffmann et le chef de l'état-major finlandais Wallenius.

La haine fanatique de l'espion anglais pour la Russie soviétique n'avait pas diminué. L'anéantissement du bol­chévisme était maintenant le mobile dominant de sa vie. L'intérêt passionné qu'il avait pour Napoléon, qui avait aspiré à conquérir la Russie, l'avait conduit à devenir un des plus enthousiastes collectionneurs mondiaux de « Na­poléomania ». La valeur de sa collection dépassait dix mille dollars. La personnalité de l'autocrate corse le fas­cinait.

« Un lieutenant d'artillerie corse a piétiné les cendres de la Révolution- française, disait-il. Sans aucun doute, un agent du service d'espionnage britannique, qui a tant de facteurs pour lui, peut devenir le maître de Moscou ! »

Le 18 mai 1923, Mme Chambers épousait le capitaine Reilly, au bureau d'état civil d'Henriette Street, Covent Garden, à Londres. Le capitaine Georges Hill, qui avait été le complice de Reilly à Moscou, était témoin.

Mme Chambers allait bientôt participer aux intrigues fantastiques de la vie de son mari. Elle a écrit plus tard :

« Peu à peu, je fus initiée à ces étranges machinations qui se trament dans les coulisses de la politique euro­péenne. J'appris comment dans toutes les capitales de l'Europe, se mijotait la conspiration des exilés contre les tyrans actuels de leur pays. A Berlin, à Paris, à Prague, à Londres même, des petits groupes d'émigrés ,complo­taient, dressaient des plans, conspiraient. La contre-ré­volution bouillonnait à Helsinki et elle était financée et encouragée par plusieurs gouvernements européens. Sidney s'intéressait intensément à toute cette activité et il y con­sacrait beaucoup de temps et d'argent ».

Un jour, un mystérieux visiteur se présenta à l'appar­tement de Sidney Reilly à Londres, en se donnant d'abord pour un M. Warner. Il avait une grande barbe noire qui cachait presque entièrement son visage, des joues proéminentes et de froids yeux bleus d'acier ; il était de grande taille et ses bras d'une longueur déme­surée atteignaient presque ses genoux. Il présenta des papiers qui l'accréditait : un passeport britannique, une lettre écrite et signée à Paris par le chef socialiste-révo­lutionnaire Boris Savinkov et une lettre d'introduction par un éminent homme d'État anglais.

- Je resterai à Londres environ une semaine, dit-il à Reilly et j'aurais des entretiens avec votre ministre des Affaires étrangères.

« M. Warner » révéla son identité. Son nom était Drebkov et il avait été le chef d'un des groupes de « cinq » dans l'organisation du complot antisoviétique de Reilly en Russie, en 1918. Il dirigeait maintenant une organisation russe-blanche clandestine à Moscou.

- Vous aviez une belle organisation en Russie, ca­pitaine Reilly, dit Drebkov. Nous avons renoué les fils ! Nous retravaillons ! Tous nos anciens collaborateurs sont là. Vous souvenez-vous de Balkov ? Il est avec nous... Un jour ou l'autre, nous renverserons les Rouges et le bon temps renaîtra. Mais vous connaissez les Russes. Nous faisons des plans et des plans et des plans, nous échafaudons de merveilleux complots l'un après l'autre, et nous nous disputons entre nous sur des détails en dehors de la question. Chaque occasion nous échappe, l'une après l'autre ; et rien n'est fait. Pouah !

Drebkov en vint à l'objet de sa visite :

- Nous avons besoin d'un homme qui puisse Com­mander et faire que les choses soient faites ; dont les ordres ne soient pas discutés, un homme qui sera le maître, un dictateur, si vous voulez, comme Mussolini en Italie, qui apaisera les querelles qui divisent nos amis, d'une main de fer et qui forgera l'arme qui frappera au cœur les tyrans actuels de la Russie !

- Pourquoi pas Savinkov ? demanda Reilly. Il est à Paris. C'est l'homme qu'il vous faut. C'est vraiment un grand homme, une grande personnalité, un chef né, un organisateur !

Mme Reilly, racontant l'entrevue dans ses mémoires, écrit : « Je pouvais lire dans l'intonation de Sidney quel grand sacrifice il consentait en confiant cette entreprise à Savinkov, le dirigeant russe, qu'il admirait de tout son cœur».

2. Une entreprise comme une autre.



Boris Savinkov, qui, vers 1924, était véritablement considéré par les faiseurs de plans de Downing Street et du Quai d'Orsay, comme le futur dictateur de la Rus­sie, était à maints points de vue, un des hommes les plus remarquables qui avaient émergé du chaos après l'effondrement de la vieille Russie. C'était un' homme chétif, pâle, un peu chauve, à la voix douce, habillé générale­ment d'une manière impeccable d'une jaquette et chaussé de bottines sur mesure ; il avait plutôt l'air d'un « direc­teur de banque », comme l'a dit Somerset Maugham, que du fameux terroriste et du cruel contre-révolution­naire qu'il était en vérité. Ses talents étaient nombreux et divers. Winston Churchill à qui Savinkov fut pré­senté un jour par Reilly, a dit du terroriste russe dans son livre Great Contemporaries (Grands contemporains), qu'il faisait montre de « la sagesse d'un homme d'Etat, des qualités d'un chef du courage d'un héros et de l'endurance d'un martyr ». Toute la vie de Savinkov, ajoute Churchill, « s'est passée en conspirations ».

Dans sa jeunesse, dans la Russie tzariste, il avait été un des dirigeants du Parti socialiste-révolutionnaire. Avec quatre autres dirigeants, il était à la tête de l'organisa­tion de lutte du Parti, un comité terroriste qui avait la responsabilité particulière d'organiser l'assassinat de fonc­tionnaires tzaristes. Le grand-duc Serge, oncle du tzar, et le ministre de l'Intérieur Plehve furent parmi les hauts fonctionnaires tzaristes qui furent tués par l'organi­sation de lutte au début du siècle32.

Après l'échec de la première tentative de renverse­ment du tzarisme, en 1905, Boris Savinkov fut quelque peu déçu sur la vie d’un révolutionnaire. Il entreprit de se consacrer à la littérature, et écrivit un roman autobio­graphique sensationnel, Le Cheval blanc, dans lequel il décrivit son rôle dans les assassinats de Plehve et du grand-duc Serge. Il raconta comment déguisé en Anglais, il demeurait dans une petite maison sur une rue latérale, avec un faux passeport britannique et « trois kilos de dy­namite sous la table », attendant tous les jours que la voiture du grand-duc passât dans la rue.

Des années plus tard, pendant la première guerre mon­diale, lorsque le romancier anglais Somerset Maugham fut envoyé en Russie par le Service secret britannique pour prendre contact avec Savinkov33, il demanda au terroriste russe s'il ne lui avait pas fallu un grand cou­rage pour exécuter ces attentats : « Pas du tout, croyez moi. C'est une entreprise comme une autre. On s'y habi­tue ».

En juin 1917, Boris Savinkov, assassin professionnel et romancier, fut nommé par Kérenski, sur l'avis de ses conseillers alliés; au poste de commissaire politique de la 7e armée sur le front de Galicie. Les troupes de cette armée se mutinaient contre le gouvernement provisoire, et on estima que les méthodes énergiques de Savinkov étaient indispensables pour tenir tête à la situation. Sa­vinkov réprima les troubles. On raconta qu'à une occa­sion il avait tué de ses propres mains les délégués d'un comité de soldats bolchéviks...

Sur l'insistance de Savinkov, Kérenski nomma le gé­néral Kornilov commandant en chef des armées russes. Savinkov lui-même fut nommé ministre-adjoint de la Guerre. I'l était déjà au service du« gouvernement français en qualité d'agent secret et complotait pour renverser le régime Kérenski et établir une dictature militaire avec Kornilov.

Après la Révolution d'Octobre, Savinkov dirigea un soulèvement antisoviétique à Yaroslav, secrètement fi­nancé par les Français et qui devait coïncider avec la tentative de coup d'Etat de Reilly à Moscou. Les forces de Savinkov furent anéanties par l'Armée Rouge, et il réussit de justesse à sauver sa vie en s'échappant. Ayant fui son pays, il devint un des représentants diplomatiques des Russes-blancs en Europe. Winston Churchill dans ses Great Contemporaries dit de Savinkov : «Respon­sable de toutes les relations avec les Alliés et avec les Etats baltes et Etats frontières qui n'étaient pis les moins importants de ce qui constituait alors le « cordon sani­taire » de l'ouest, l'ex-nihiliste fit montre 'de toutes les capacités soit pour commander, soit pour intriguer ».

En 1920, Savinkov se rendit en Pologne. Avec l'aide de son bon ami le maréchal Pilsudski, il réunit environ 30.000 hommes et officiers, les arma et les entraîna en vue d'une nouvelle offensive contre la Russie soviétique.

Ensuite, il transporta son quartier-général à Prague où, travaillant étroitement avec le général fasciste tchè­que Gayda, il créa une organisation connue sous le nom de gardes verts et composée surtout d'anciens officiers tzaristes et de contre-révolutionnaires terroristes. Les gardes verts entreprirent une série de raids sur les fron­tières soviétiques, volant, pillant, brûlant les fermes, mas­sacrant les ouvriers et les paysans et assassinant les fonc­tionnaires soviétiques locaux. Pour cette activité, Savinkov obtint l'étroite collaboration de diverses officines d'espionnage européennes.

Un des adjoints de Savinkov, un terroriste socialiste­-révolutionnaire nommé Fomitchov, mit debout une sec­tion de l'appareil conspiratif, et terroriste de Savinkov à Vilna, l'ancienne capitale de la Lituanie, dont les Polonais s'étaient emparé en 1920. Le groupe Fomit­chov, avec l'aide du service d'espionnage polonais, en­treprit de constituer des groupes secrets sur b' territoire soviétique pour y développer le travail d'espionnage et aider les groupes terroristes envoyés de Pologne, équipés en armes, argent et faux-papiers par les autorités polo­naises.

Plus tard, dans une lettre adressée aux lzvestia, le 17 septembre 1924, Fomitchov fit la description des agis­sements de son groupe : « Lorsque les espions et les dé­tachements revenaient après avoir accompli les assassi­nats pour lesquels ils avaient été envoyés, je servais d'in­termédiaire entre eux et les autorités polonaises, car c'est moi qui leur fournissait. les faux-papiers et le matériel d'espionnage. C'est ainsi que les détachements de Serge Pavlovski, de Troubnikov, de Monitch, de Daniel, d'Ivanov et d'autres détachements moins importants, ainsi que de simples espions et des terroristes, furent envoyés en Russie soviétique. Entre autres choses, je me souviens comment le colonel Svedjevski fut envoyé en Russie en 1922 avec l'ordre de tuer Lénine »...

Les méthodes cruelles de Savinkov, sa personnalité magnétique et ses talents peu communs d'organisateur attiraient fortement ces Russes-blancs émigrés et ces hommes d'Etat européens antisoviétiques qui rêvaient encore d'un renversement du Gouvernement soviétique. Par­fois, pourtant, ces personnages éprouvaient un certain embarras à cause du passé de Savinkov. A Paris, en 1919, un jour que Churchill négociait avec l'ancien pre­mier ministre du tzar Sazonov, on parla de Savinkov. Churchill a décrit cet incident dans son livre Great Contemporaries :

  • Comment cela va avec Savinkov ? demanda Chur­chill. L'ancien ministre du tzar fit un geste de supplica­tion :

  • C'est un assassin ! je suis surpris de devoir tra­vailler avec lui ! Mais qu'y faire ? C'est un homme très compétent, plein de ressources et de résolution: Per­sonne ne le vaut.

3. Un dimanche à Chequers.

En 1922, la famine faisait rage dans les régions dévas­tées de la Russie et il semblait que l'écroulement immi­nent du Gouvernement soviétique était inévitable. Les hommes d'Etat européens, les Russes-blancs émigrés et les membres des groupes de l'opposition politique à l'in­térieur de la Russie soviétique concluaient activement des pactes secrets et organisaient de nouveaux gouvernements russes prêts à entrer en fonction au moment favorable. On discutait avec passion d'un dictateur russe puissant. Le capitaine Reilly amena Savinkov à Winston Churchill.

Churchill était intrigué depuis longtemps par la person­nalité de cet «assassin littéraire », comme il l'appelait. Pensant comme Reilly que Savinkov était un homme « à qui on pouvait confier la direction de grandes entreprises », Churchill décida de le présenter au premier ministre bri­tannique, Lloyd George. On organisa une conférence confidentielle à Chequers, la maison de campagne des premiers ministres anglais en fonction.

Churchill et Savinkov s'y rendirent ensemble en auto.

« C'était un dimanche » , raconta Churchill dans son livre déjà cité. « Le premier ministre recevait quelques hautes personnalités ecclésiastiques et était lui-même en­touré par un groupe de chanteurs gallois qui étaient venus de leur pays natal pour lui faire l'honneur d'une manifes­tation chorale. Pendant plusieurs heures, ils chantèrent des chants gallois, d'une manière superbe. Après quoi nous eûmes notre conversation ».

Mais Lloyd George n'était pas disposé à se compro­mettre en faisant parrainer Savinkov par le gouvernement anglais. Selon Lloyd George, « le pire était passé » en Russie. L'expérience bolchévique, le contrôle socialiste de l'industrie du pays, échouerait naturellement. Les chefs bolchéviks, « en face des responsabilités du gouverne­ment actuel » abandonneraient leurs théories communistes ou, « comme Robespierre et Saint-Just (sic) » se dispu­teraient entre eux et quitteraient le pouvoir.

Quant à la « menace mondiale » dont Churchill et l'Intelligence Service anglais semblaient si émus, tout simplement elle n'existait pas, dit Lloyd George...

- M. le premier ministre, observa Boris Savinkov de son ton grave et composé, quand Lloyd George eut ter­miné de parler; faites-moi l'honneur de vous faire obser­ver que le moyen-âge a succédé à la chute de l'Empire romain.

4. Le procès de Moscou de 1924.
La mort de Lénine, le 21 janvier 1924, fit naître de nouveaux espoirs fervents dans l'esprit de Reilly. Ses agents en Russie rapportaient que les éléments de l'oppo­sition dans le pays intensifiaient leurs efforts pour prendre le pouvoir. Dans le Parti bolchévik lui-même, des di­vergences profondes se manifestaient et il semblait qu'il y eut possibilité d'exploiter une véritable scission. Du point de vue de Reilly, le moment de frapper un coup était hautement stratégique.

Il s'était rendu compte que ses anciens plans de res­tauration du tzarisme étaient périmés : la Russie s'en était définitivement écartée. Aussi pensait-il qu'il fallait instaurer une dictature appuyée sur les paysans riches (les koulaks) et sur diverses forces politiques et militaires hos­tiles au Gouvernement soviétique. Il était convaincu que Boris Savinkov était l'homme idéal pour instaurer en Russie la sorte de régime que Mussolini avait instauré en Italie. L'espion anglais voyagea de capitale en capitale, essayant de persuader les services d'espionnage et les états-majors de soutenir la cause de Savinkov.

Un des plus importants personnages qui participa à la campagne antisoviétique de cette époque fut sir Henri Deterding, chevalier de l'Empire britannique, né hollandais, qui était à la tête du grand trust anglais inter­national des pétroles, la Royal Dutch Shell. Deterding devait devenir le plus grand bailleur de fonds et le porte­ parole pour la haute finance de la cause antiboichévique.

Grâce aux efforts de Reilly, le roi du pétrole anglais s'intéressa au Torgprom, l'organisation des millionnaires émigrés. A Lianozov et à Mantachev à Paris, et à d'autres membres du Torgprom en Europe, Deterding acheta habi­lement les droits, sur le papier, sur quelques-uns des plus importants champs pétrolifères de la Russie soviétique. Au début de 1924, n'ayant pas réussi à obtenir le con­trôle du pétrole soviétique par voie diplomatique, le roi du pétrole anglais déclara qu'il était personnellement le «propriétaire » du pétrole russe et dénonça le régime soviétique comme étant illégal et en marge de la civilisa­tion. Avec toutes les immenses ressources de sa richesse,

de son influence et d'innombrables agents secrets, Sir Henri Deterding déclara la guerre à l'Union soviétique avec la franche intention de prendre possession des riches puits de pétrole du Caucase soviétique.

L'intervention de Deterding donna un nouveau coup de fouet à la campagne de Sidney Reilly. L'espion an­glais dressa rapidement un plan concret d'attaque contre l'U.R.S.S. et le soumit aux membres intéressés des états-majors européens. Ce plan, une variante du plan Hoffmann, comportait à la fois une action politique et une action militaire.

Politiquement, le plan de Reilly envisageait une con­tre-révolution en Russie, provoquée par des éléments de l'opposition secrète en liaison avec les terroristes de Sa­vinkov. Dès que la contre-révolution serait sur la voie du succès, la phase militaire commencerait. Londres et Paris dénonceraient formellement le Gouvernement so­viétique et reconnaîtraient Boris Savinkov comme le dic­tateur de la Russie. Les armées blanches cantonnées en Yougoslavie et en Roumanie traverseraient la frontière soviétique. La Pologne marcherait sur Kiev. La Fin­lande assiégerait Léningrad. Simultanément, il se pro­duirait une révolte armée dans le Caucase, dirigée par les fidèles du menchévik géorgien Noi Jordania34. Le Caucase serait séparé du reste de la Russie, constitué en Fédération transcaucasienne « indépendante » sous les auspices franco-anglais et les puits de pétrole et les pipelines reviendraient à leurs anciens propriétaires et à leurs associés étrangers.

Le plan de Reilly obtint l'approbation et l'appui des milieux antibolchéviks des états-majors français, polo­nais, finlandais et roumains. Le ministère des Affaires étrangères britannique fut tout à fait intéressé par le plan .de séparer le Caucase de la Russie. Le dictateur fasciste italien Mussolini convoqua Boris Savinkov à Rome pour, avoir avec lui un entretien particulier. Mussolini voulait connaître le « dictateur russe ». Il offrit à Savinkov de donner à ses agents des passeports italiens pour qu'ils puissent facilement entrer en Russie et en sortir, tandis que l'attaque se préparerait. En outre, Mussolini fut d'ac­cord pour donner comme instructions aux légations fas­cistes et à sa police secrète, l'Ovra, de donner à Sa­vinkov toute l'aide possible...

Selon Reilly « un grand complot contre-révolution­naire arrivait a maturité ».

Le 10 août 1924, après une longue et dernière discus­sion avec Reilly, Boris Savinkov, muni d'un passeport italien, partit pour la Russie. Il était accompagné par quelques collaborateurs -de confiance, officiers de ses « gardes verts ». Dès qu'il aurait passé la frontière sovié­tique, il devait prendre les dispositions de dernière mi­nute pour le soulèvement général. Toutes précautions avaient été prises pour -s'assurer que l'identité de Sa­vinkov ne serait pas découverte, ni sa sécurité mise en danger. A son arrivée sur le territoire soviétique, il de­vait rencontrer des représentants du mouvement blanc clandestin qui avaient réussi à obtenir des fonctions sovié­tiques dans des villes frontières. Savinkov devait envoyer à Reilly un message par courrier secret aussitôt arrivé.

Les jours passèrent et aucune nouvelle ne parvint de Savinkov. A Paris, Reilly attendait. avec une impatience et une inquiétude croissantes, incapable de bouger tant que le courrier ne serait pas arrivé. Une semaine passa, puis deux...

Le 28 août, le soulèvement prémédité dans le Cau­case se produisit. A l'aube, un détachement armé d'hom­mes de Jordania attaqua la ville encore endormie de Tchiatoury en Géorgie, assassina les fonctionnaires so­viétiques locaux et prit possession de la ville. Des actes de terreur, des meurtres et des attentats à la bombe se produisirent dans tout le Caucase. On tenta de s'em­parer des champs pétrolifères...

Le lendemain, Reilly apprit ce qui était arrivé à Sa­vinkov. Le 29 août 1924, le journal soviétique Izvestia annonça que « l'ancien terroriste et contre-révolutionnaire Boris Savinkov » avait été arrêté par les autorités sovié­tiques « après avoir traversé clandestinement la frontière soviétique ». Savinkov et ses compagnons avaient passé la frontière en Pologne. Ils avaient rencontré sur le sol soviétique un groupe d'hommes qu'ils avaient crû être des conspirateurs et qui les avaient conduits dans une maison à Minsk. A peine y étaient-ils arrivés qu'un officier soviétique armé s'était présenté et avait annoncé que la maison était encerclée. Savinkov et ses compagnons étaient tombés dans un piège.

Le soulèvement dans le Caucase eut un sort également malheureux. Les montagnards, sur l'aide desquels les contre-révolutionnaires avaient compté, se levèrent pour défendre le régime soviétique. Avec les ouvriers de l'industrie pétrolière, ils gardèrent les voies de chemin de fer, les pipe-lines et les champs pétrolifères jusqu'à l'arrivée de l'Armée Rouge. La lutte se poursuivit spo­radiquement pendant quelques. semaines; mais, dès le dé­part, il était clair que les autorités soviétiques avaient la situation en main. Le New-York Times du 13 sep­tembre 1924, publia que le soulèvement du Caucase était « financé et dirigé de Paris » par de « puissants finan­ciers » et d' « anciens propriétaires des puits de pétrole de Bakou ». Quelques jours après, les débris de l'armée contre-révolutionnaire de Jordania étaient encerclés et capturés par les troupes soviétiques.
L'arrestation de Savinkov et l'effondrement du sou­lèvement au Caucase causèrent déjà un amer désespoir à Sidney Reilly et à ses amis ; mais le procès public de Savinkov, qui eut lieu peu de temps après à Moscou, fut pour eux le coup le plus dur. A l'horreur et à l'étonne­ment de nombreuses personnalités de premier plan qui avaient été impliquées dans son complot, Boris Savinkov entreprit de relater les détails de toute la conspiration. Il informa calmement le Tribunal soviétique qu'il avait su tout au long qu'il allait tomber dans un piège quand il avait traversé la frontière soviétique. « Vous avez fait une bonne affaire en me prenant dans votre filet, avait-­il dit à l'officier qui l'avait arrêté. En vérité, je soup­çonnais un piège, mais j'avais décidé de rentrer en Rus­sie. Je vais vous dire pourquoi... J'avais décidé de re­noncer à ma lutte contre vous ! »

Savinkov dit que ses yeux s'étaient enfin ouvert à l'absurdité et à la méchanceté du mouvement antisovié­tique. Il se dépeint devant le Tribunal, comme un pa­triote russe honnête, mais fourvoyé, qui avait été peu à .peu déçu par la personnalité et les buts de ses associés.

« Avec horreur », déclara-t-il, « je devins de plus en plus convaincu qu'ils ne pensaient pas à la patrie, ni au peuple, mais seulement à leurs intérêts de classe person­nels ! »

Revenant à 1918, Savinkov dit au, Tribunal que l'am­bassadeur de France, Noulens, avait financé son orga­nisation terroriste en Russie. Noulens avait commandé à Savinkov de provoquer une révolte à Yaroslav au début de juillet 1918, et il avait promis un appui effectif sous la forme d'un débarquement de troupes françaises. La révolte avait eu lieu comme convenu, mais l'appui ne s'était pas réalisé.

- D'où tiriez-vous vos ressources. à cette époque et quel en était, le montant ? demanda le président du Tri­bunal.

- Je me souviens qu'à cette époque, j'étais dans le plus grand dénuement, dit Savinkov, car je ne savais pas où trouver de l'argent, lorsque sans aucune sollicitation, nous fûmes approchés par des Tchèques qui me remirent une somme de plus de 200.000 roubles Kérenski. Cet argent sauva alors notre organisation... Ils déclarèrent dé­sirer que cet argent fut employé à des objectifs de lutte terroriste. Ils savaient - je ne cacherai pas le fait - que je considérais la terreur comme un moyen de combat ; ils le savaient et nous donnaient de l'argent en soulignant qu'il devait surtout être utilisé à des fins terroristes.

Dans les années suivantes, continua Savinkov, il de­vint évident pour lui, patriote russe, que les éléments an­tisoviétiques de l'étranger n'étaient pas intéressés à sou­tenir son mouvement pour lui-même, mais seulement dans le but d'obtenir les puits de pétrole russes et les autres richesses minérales. « Ils me disaient très souvent et avec insistance » dit Savinkov en parlant de ses conseillers britanniques, « qu'il serait désirable de constituer une fédération indépendante du Sud-Est composée du Cau­case et de la Transcaucasie. Ils disaient que cette fédération ne serait qu'un début, car l'Azerbadjan et la Géorgie lui seraient adjointes plus tard. Ici on sent l'odeur du pétrole».

Savinkov décrivit ses rapports avec Winston Chur­chill :

- Churchill m'a montré un jour la carte de la Russie méridionale sur laquelle les positions de l'armée de Dé­nikine et les vôtres étaient indiquées par de petits drapeaux. Je me rappelle encore combien je fus choqué quand allant à lui, il me dit tout-à-coup en montrant les drapeaux de Dénikine : « Voici mon. armée ! » Je ne ré­pondis pas, mais je restai comme cloué sur place. Je voulus quitter la pièce, mais je pensais alors que si je faisais un scandale et refermais la porte sur moi, nos soldats en Russie seraient laissés sans bottes.

- Pour quelle raison les Anglais et les Français vous fournires t-ils ces bottes et des obus, des mitrailleuses, etc., demanda le président.

- Officiellement, ils avaient des buts très généreux, répondit Savinkov. Nous étions des alliés fidèles, ; vous étiez des traîtres, etc. Dans leurs idées de derrière la tête, il y avait un minimum : « les puits de pétrole sont une chose très désirable » ; et un maximum : « Laissons les Russes se chamailler entre eux, moins il en restera de vivants, mieux ce sera. La Russie en sera d'autant plus faible ».

La déposition sensationnelle de Savinkov dura deux jours. Il raconta toute sa carrière de conspirateur. Il nomma les hommes d'État et les financiers connus d'An­gleterre, de France et d'autres pays d'Europe qui l'avaient aidé. Il dit qu'incontestablement il était devenu leur ins­trument. « J'ai vécu, pour ainsi dire, dans une cage de verre. Je ne voyais rien d'autre que ma propre conspira­tion... Je ne connaissais pas le peuple. Je l'aimais. J'étais prêt à sacrifier ma vie pour lui. Mais ses intérêts - ses désirs actuels - comment pouvais-je les connaître ? »
En 1923, il avait commencé à se rendre compte de la « grande importance mondiale » de la Révolution bol­chévique. Il commença à désirer retourner en Russie « pour voir de ses yeux et entendre de ses oreilles ».­ « Il m'est arrivé de penser que ce que je lisais dans la presse étrangère était pur mensonge , dit Savinkov.

Je pensais qu'il était impossible que des gens que per­sonne ne peut vaincre n'eussent rien fait pour le peuple russe ».

Le Tribunal soviétique condamna Boris Savinkov à mort comme traître à son pays, mais à cause de la fran­chise et du caractère complet de sa déposition, la sen­tence fut commuée en dix années de prisons35.

Dès que la nouvelle de l'arrestation de Savinkov et l'explosion encore plus grande que fit son abjuration eut atteint Paris, Sidney Reilly retourna à Londres en toute hâte pour conférer avec ses chefs. Le 8 septembre 1924, un long et extraordinaire exposé, signé Reilly, parût dans le Morning Post, l'organe des conservateurs antibolché­viks anglais. Reilly y soutenait que le procès public de Savinkov à Moscou n'avait jamais eu. lieu. Il affirmait catégoriquement que « Savinkov avait été tué tandis qu'il traversait la frontière soviétique et que le procès était une fraude colossale : « Savinkov a été tué alors qu'il essayait de passer la frontière russe et un procès farce avec un de leur agents comme acteur principal, a été mis en scène par la Tchéka à Moscou, derrière des portes closes 36 »
Reilly défendait la fermeté de Savinkov, conspirateur antisoviétique : « Je revendique le privilège d'avoir été un de ses amis les plus intimes et un de ses collaborateurs les plus dévoués ; et à moi revient le devoir sacré de ven­ger son honneur... J'ai été un des rares à connaître son intention de pénétrer en Russie soviétique... Je suis resté tous les jours avec Savinkov jusqu'à son départ pour la frontière soviétique. J'ai eu sa plus entière confiance et ses plans ont été élaborés avec moi ».

L'exposé de Reilly concluait par un appel au directeur du Morning Post: « Je fais appel à vous, Monsieur, dont l'organe à toujours été le champion déclaré de l'antibolchévisme et de l'anticommunisme pour m'aider à venger le nom et l'honneur de Boris Savinkov ».

En même temps, Reilly envoyait à Winston Churchill un message privé, en termes soigneusement choisis
Cher Monsieur Churchill,

Le désastre arrivé à Boris Savinkov a sans doute pro­duit sur vous la plus douloureuse impression. Ni moi, ni aucun de ses amis intimes et collaborateurs n'avons été en mesure d'obtenir aucune information digne de foi sur son sort. Notre conviction est qu'il a été victime de la plus vile et de la plus audacieuse intrigue que jamais la Tchéka a osée. Notre opinion est exprimée dans la lettre que j'envoie aujourd'hui au Morning Post. Con­naissant votre toujours aimable intérêt, je prends la li­berté de vous en remettre une copie pour information.

Votre fidèle

SIDNEY REILLY.

L'indiscutable authenticité du procès fut toutefois bien­tôt établie et Reilly dut envoyer une lettre au Morning Post : «Les comptes rendus de presse détaillés et, en de nombreux cas, sténographiques, du procès de Savinkov, appuyés par le témoignage de témoins visuels impartiaux et de. confiance, ont établi la trahison de Savinkov, sans qu'il soit possible d'en douter. Il a non seulement trahi ses amis, son organisation et sa cause, mais, délibéré­ment et complètement, il est passé du côté de ses an­ciens ennemis. Il s'est entendu avec ceux qui l'avaient capturé pour asséner le coup le plus dur au mouvement antibolchévik et leur assurer un triomphe politique excep­tionnel, qu'ils pourraient utiliser à l'intérieur comme à l'extérieur. Par son acte, Savinkov a effacé pour toujours son nom du tableau d'honneur du mouvement anticom­muniste.

Ses anciens amis et collaborateurs sont très affectés par sa chute terrible et sans gloire, mais ceux d'entre eux qui, en aucune circonstance ne pactiseront avec les ennemis de l'humanité, ne sont aucunement abattus. Le suicide moral de leur ancien chef est pour eux un encou­ragement supplémentaire à serrer leurs rangs et à « con­tinuer ».

Peu après, Reilly reçut un mot discret de Winston Churchill

Chertwell Manor,

Westerham, Kent.

le 15 septembre 1924.
Cher Monsieur Reilly,

J'ai été vivement intéressé par votre lettre. Les événe­ments ont pris le tour auquel je m'attendais dès le début. Je ne pense pas que vous deviez juger Savinkov trop sé­vèrement. Il était dans une situation terrible, et seuls ceux qui ont supporté victorieusement une pareille épreuve ont pleinement le droit de le censurer. En tous cas, j'attendrai de connaître la fin de l'histoire avant de changer d'opinion sur Savinkov.

Sincèrement vôtre,

W.C.

La publication de la confession et de la déposition de Savinkov embarrassèrent sérieusement ceux qui en Angle­terre avaient appuyé sa cause. En plein scandale, Reilly fut en toute hâte expédié aux Etats-Unis. Churchill se retira temporairement dans sa maison de campagne de Kent. Le ministère des Affaires étrangères britannique garda un silence discret.

Un épilogue sensationnel devait encore éclater.

Vers la fin d'octobre 1924, quelques jours avant les élections générales britanniques, des titres fulgurants dans le Daily Mail, de Lord Rothermere annoncèrent tout-à-­coup que Scotland Yard avait découvert un sinistre com­plot soviétique contre la Grande-Bretagne Comme preuve du complot, le Daily Mail publiait la célèbre « lettre Zi­noviev », qui était censée être les instructions envoyées par Grigori Zinoviev, alors dirigeant de l'Internationale communiste, aux communistes anglais, sur la manière de combattre les conservateurs aux élections prochaines.

C'était la réponse des conservateurs à' la confession de Savinkov; et elle eut de l'effet. Les conservateurs triom­phèrent aux élections avec un programme violemment antibolchévique.

Quelques années plus tard, sir Wyndham Child, de Scotland Yard, révéla qu'il n'y avait jamais eu de lettre de Zinoviev. Le document était un faux ; et divers agents étrangers avaient travaillé à sa préparation. Il avait pour point de départ le bureau de Berlin du colonel Walter Nicolaï, ancien chef du Service de l'espionnage mili­taire allemand, qui travaillait maintenant en étroite liaison avec les nazis. Sous le contrôle de Nicolaï, un garde blanc balte, le baron Uexkuell, qui devait par la suite diriger le service de presse nazi, avait installé dans la capitale allemande un bureau spécial où l'on fabriquait, des documents antisoviétiques et où l'on organisait leur diffusion et la publicité la plus efficace qu'il conve­nait de leur faire. On a dit que la communication de la fausse lettre Zinoviev au ministère des Affaires étrangères britannique et, par suite, au Daily Mail, était le travail de George Bell, un mystérieux agent international qui était à la solde-de sir Henry Deterding, le magnat anglo­-hollandais du pétrole.

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES
Tout ce qui concerne l'activité du capitaine Reilly et sa femme, y compris les dialogues et les lettres citées dans ce chapitre, provient des mémoires de Mrs Reilly qui forment la deuxième partie du livre Britain's Master Spy (déjà cité au chop. III). Les mémoires de Mrs Reilly contiennent un récit de la conspiration antisoviétique à laquelle elle fut mêlée après son mariage avec Reilly et continua à participer, selon elle, pendant quelque temps après sa mort. Pour notre portrait de Savinkov et pour le récit de sa carrière, nous avons utilisé ses Mémoires d'un terroriste ; le livre de NIKOLAIEVSKI, l'Espion Azev et la candide. et vivante esquisse biographique de Savinkov qu'en fait CHURCHILL dans Great Contemporaries (Grands contemporains). L'impression que Savinkov a faite à So­merset Maugham se trouve dans un article intitulé « L'homme le plus étrange que j'ai connu », publié par mgazine Red Book d'octobre 1944.

La description par le collaborateur de Savinkov, Fo­mitchov, de l'organisation de groupes terroristes antiso­viétiques financés et armés par le service de renseigne ment polonais est tirée de la lettre que Fomitchov adressa aux Izvestia le 17 septembre 1924, réimprimée dans la Correspondance Internationale du 2 octobre 1924.

Pour un récit complet et révélateur de la guerre secrète menée à cette époque par les trusts internationaux du pé­trole contre le Gouvernement soviétique,. voir GLYN RO­BERT, The most Powerful Man in the World (L’homme le plus puissant du monde). Ce livre qui est une biogra­phie de Sir Henry Deterding, accorde une attention par­ticulière à sa croisade contre l'U.R.S.S. et souligne quelle fut son influence dans divers incidents antiso­viétiques célèbres de la politique anglaise, comme la perquisition de l'Arcos, la lettre de Zinoviev, etc. On trouvera d'autres renseignements sur l'attitude des ma­gnats du pétrole à l'égard de l'U.R.S.S. dans le livre de FRANCIS DELAISI, Le Pétrole, et dans celui de! PAGE AR­NOT, the Politic of Oil (La politique du pétrole). Il y a aussi d'innombrables références à la question dans les reportages publiés par lé Times, le Morning Post et le Daily Mail, de Londres, et le Times, de New-York, sur les négociations des conférences économiques de Gênes et de La Haye de 1922 à 1924. On trouvera une descrip­tion des intrigues des milieux du pétrole dans GEORGE HILL,. Dreaded Hour (Heure redoutée) et un compte ­rendu détaillé du soulèvement de Noi Jordania au Cau­case, y compris des extraits des communications secrètes saisies par les autorités soviétiques, dans le n° du 9 oc­tobre 1924 de la Correspondance internationale (IV an­née, n° 72). Le n° du 11 septembre de la même publi­cation (IVe année, n° 65) contient un intéressant compte­ rendu du procès de Boris Savinkov, y compris sa déposition sensationnelle devant le Tribunal.

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