Charrette du Nord.
spécimen des charrettes employées dans le Nord ; elles ne sont pas suspendues, et vous secouent de la plus abominable façon. Dans le Nord, les chaises sont soutenues par un plus ou moins grand nombre de porteurs suivant l'importance du p.048 personnage ; dans le Centre, et surtout dans le Sud, elles sont très universellement employées ; mais dans le Nord, elles ont un caractère beaucoup plus officiel, et par suite, leur usage est restreint à certaines classes. En Mongolie, et particulièrement sur la route de la Grande Muraille, les voyageurs, spécialement les dames, se servent de chaises, soutenues en avant et en arrière par un mulet. L'âne est encore, dans le Nord, fort utilisé pour les transports. Le cheval chinois s'est singulièrement amélioré depuis une trentaine d'années, grâce aux achats faits après l'expédition de bons chevaux de Sikhs, avec lesquels on a fait d'excellents croisements avec les ponies de Mongolie. Pour les courtes distances, le Chinois emploie volontiers une brouette à une roue, de chaque côte de laquelle un individu peut s'asseoir ; parfois, un individu est remplacé par un paquet ou un animal ; il m'est arrivé plus d'une fois de voir, allant au marché, un Chinois avec un cochon attaché auprès de lui. C'est un moyen de voyager très pratique dans les sentiers étroits, qui sont si nombreux dans les provinces centrales de la Chine. Dans le Nord, la force de propulsion du brouetteur est augmentée par l'addition de voiles adaptées à la brouette. Le petit chariot, bien connu depuis l'Exposition sous le nom de pousse-pousse, a été importé en Chine du Japon sous le nom de jinricksha il y a quelque dix-huit ans, mais il n'est en usage que dans les concessions étrangères, le mauvais état des routes ne permettrait pas à ce genre de véhicule de circuler au loin. Les Chinois se sont montrés rebelles à l'introduction de chemins de fer dans leur pays ; un premier essai a été fait, il y a une quinzaine d'années, entre Chang-haï et Wou-song, distance d'environ quatre lieues, mais les Chinois ont racheté la ligne et l'ont transportée à Formose ; leurs efforts dans le Tche-li sont absolument locaux, mais les projets russes de chemins de fer transsibériens les ont inquiétés, et un décret impérial vient d'ordonner la construction du premier tronçon d'une ligne de Peking à Moukden en Mandchourie, par Chan-haï-Kouan (Grande Muraille). La Chine est maintenant rattachée à l'Europe par un câble électrique, dont la construction, qui remonte à dix-neuf ans, est due à une compagnie danoise, et par le câble russe, qui va de Vladivostok au Japon, et du Japon à Chang-haï ; il y a vingt ans, le câble Sud s'arrêtait à Singapour, et de là, les dépêches étaient transportées par bateaux à vapeur en Chine ; au Nord, un Anglais, nommé Grant, avait établi à travers la Mongolie un service de courriers qui portaient les dépêches, venues par la voie de Russie, de Kiachta à Peking. Le moyen de transmettre télégraphiquement les caractères chinois a été mis en pratique par un ancien capitaine du port de Chang-haï, S. A. Viguier.
3. Commerce
La valeur des importations des marchandises étrangères en Chine, en 1888, formait un total de Haïkouan taëls de 124.782.893 (en comptant le Hk. tl à 5 fr. 93 c), qu'on peut répartir ainsi : l'opium, Hk. tls : 32.330.506 ; marchandises de coton, 44.437.525 ; marchandises de laine, 5.097.605 ; autres marchandises en pièces, 121.866 ; les métaux, en particulier le fer, l'étain et le plomb, 6.887.123 ; divers, 35.908.268 (parmi lesquels je note le charbon, 1.657.164 ; le pétrole, 2.219.332 ; le riz, 9.633.829 ; le poisson, 2.637.132). La valeur des exportations indigènes à l'étranger en 1888 s'élevait à Hk. tls : 92.401.067. Parmi les principaux produits, les soies brutes en cocons, pungée, etc. Hk. tls : 32.180.298 ; les thés noirs, 23.739.972 ; les thés verts, 4.087.222 ; le thé en poudre, 12.640 ; le thé en briques, 2.453.447 ; le coton brut, 2.228.284 ; la porcelaine, 761.128 ; effets d'habillement, 2.106.970 ; feux d'artifice, 1.213.057 ; le papier, 1.650.298 ; la paille tressée, 1.989.842 ; le sucre, 2.489.989 ; le tabac, 737.860 ; la laine, 653.995 ; on remarquera que les thés de diverses sortes, représentés par Hk. tls 30.293.254, et la soie par 32.180.298, donnent comme valeur les deux tiers de l'exportation totale.
Revenu annuel de chaque port pour 1888
Niou-tchouang : 374.817 Hk. tls
Tien-tsin : 591.494
Tche-fou : 317.436
I-tchang : 189.937
Han-keou : 2.103.434
Kiou-kiang : 1.088.917
Wou-hou : 124.248
Tchen-kiang : 656.531
Chang-haï : 6.169.783
Ning-po : 1.182.230
Wen-tcheou : 37.185
Fou-tcheou : 2.262.486
Tam-soui : 598.383
Ta-kao : 404.205
Amoy : 1.210.222
Chan-teou (Swatow) : 1.427.822
Canton : 2.508.291
Kao-loun (Kowloon) : 635.926
Lappa : 408.942
Kioung-tcheou : 189.337
Pakhoi : 289.794
Valeur annuelle du commerce de la Chine, 1876 à 1888 Années
| Importations
| Exportations
| Total
| 1876
1877
1878
1879
1880
1881
1882
1883
1884
1885
1886
1887
1888
| 70.269.574
73.233.896
70.804.027
82.227.424
79.293.452
91.910.877
77.715.228
73.567.702
72.760.758
88.200.018
87.479.323
102.263.669
124.782.893
| 80.850.512
67.445.028
67.172.179
72.281.262
77.883.587
71.452.974
67.336.846
70.197.693
67.147.680
65.005.711
77.206.568
85.860, 208
92.401.067
| 151.120.086
140.678.918
137.976.206
154.508.686
157.177.039
163.363.851
145.052.074
143.765.395
139.908.438
153.205.729
164.685.891
188.123.877
217.183.960
| Ce dernier chiffre de Hk. tls 217.183.960, plus les réexportations Hk. tls 2.043.750, est ainsi réparti entre les différentes nationalités :
Grande-Bretagne : 47.093.616
Hong-kong : 103.392.264
Indes : 7.664.722
Singapour et le Détroit : 3.392.869
Australie, Nouvelle-Zélande : 3.292.683
Afrique méridionale, avec Maurice : 269.221
Amérique britannique : 1.411.760
États-Unis d'Amérique : 12.108.275
Amérique méridionale : 243
Europe, moins la Russie : 15.898.535
Russie : Odessa par mer : 2.218.841
Russie et Sibérie, via Kiachta : 4.699.421
Mandchourie russe : 883.303
Corée : 313.878
Japon : 9.336.970
Macao : 5.114.184
Iles Philippines : 382.651
Cochinchine, Tonkin : 441.352
Siam : 411.661
Java et Sumatra : 480.877
Turquie d'Asie, Perse, Égypte, Algérie, Aden : 417.378
Iles Sandwich : 6
Douanes (Impérial Maritime Customs), Les douanes sont administrées par un inspecteur général résidant à Peking qui est, depuis novembre 1863, sir Robert Hart, remplaçant M. Horatio N. Lay à la suite de l'affaire de la flottille Sherard-Osbome. Sir Robert a placé son service sur un pied qui devrait en faire l'objet de l'étude des institutions similaires dans les pays étrangers. Les douanes comprennent (1er juillet 1889) un chiffre total de 3.772 employés, dont 713 étrangers et 3.059 indigènes ainsi répartis dans trois départements : p.051
1° Revenue Department, 2.707 Chinois et 628 étrangers, dont 218 pour l'administration intérieure (In-door Staff) 348 pour le service extérieur (Out-door Staff), 62 pour le littoral ;
2° Marine Department, 352 Chinois et 77 étrangers, dont 5 pour le bureau de l'ingénieur en chef et son suppléant (Engineers' Staff), 14 pour le service des ports et 58 pour celui des phares ;
3° Educational Department, 8 étrangers pour les deux collèges de Peking et de Canton. Au-dessous de l'inspecteur général (désigné d'une façon populaire sous le nom de I. G.), viennent les commissaires (au 1er juillet 1889, ils étaient 33, dont 21 sujets britanniques, 5 Américains, 3 Allemands, 3 Français et 1 Hongrois), les deputy commissioners (12), les chief assistants (3), les assistants de 1re (24), 2e (18), 3e (36), 4e classe (52), les clerks (21) et les employés divers (18), en tout 218 fonctionnaires ; on compte 21 médecins ou chirurgiens. Le service de la côte comprend les six commandants tous Anglais, sauf le plus ancien qui est Danois, des vapeurs Ping-Ching, Fei-Hoo, Ling-Fêng, Chuen-Tiao, Kai-Pan et Li-Kin. Les deux collèges (Tûng Wên-kwan) ont un enseignement ainsi composé (nous mettons entre parenthèses la nationalité des professeurs : président, Dr W.-A.-P. Martin (Américain). Peking : droit international (Américain) ; chimie (Français) ; physique (Anglais) ; astronomie (Anglais) ; français (Français) ; russe et allemand (Russe) ; anglais (Anglais) ; russe (Russe) et allemand (Allemand). Canton : anglais (2 professeurs anglais).
Les douanes impriment à leur département spécial de Chang-haï quatre séries de publications : 1° Statistical Series ; 2° Special Series ; 3° Miscellaneous Series ; 4° Service Series. Ces documents numérotés sont dressés et classés avec le plus grand soin. La deuxième série, spéciale, renferme des mémoires étendus sur la médecine (depuis 1871), sur la soie (1881), l'opium (1864 et 1881), la musique chinoise (1884). Les mélanges, 3e série, fournissent des catalogues des expositions de Vienne (1873), de Philadelphie (1876), de Paris (1878), de Berlin (1880, pisciculture), des listes des phares, etc. Ces douanes ont des agents dans tous les endroits, ports maritimes et fluviaux, ouverts au commerce étranger ; nous en donnons la liste dans le tableau de la page suivante.
Leur service est assuré, outre les six vapeurs désignés plus haut, dont l'un est à Chang-haï, un autre à Amoy, et les quatre derniers à Kaoloun, par trois croiseurs, cinq barques et un ponton d'entraînement. Les douanes dont l'inspectorat général est, comme nous l'avons dit, à Peking, possèdent à Chang-hai un bureau de statistique avec une imprimerie et sont représentées en Europe à Londres par un secrétariat dont le chef a rang de commissaire.
|
Noms en français
|
Noms en anglais (usités dans les douanes)
|
Provinces
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Date de l'ouverture
| Année de
l'ouverture
du bur. des
douan. mar.
|
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I. Sur la côte
|
| 1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
| Niou-tchang
Tien-tsin
Tche-fou
Chang-haï
Ning-po
Wen-tcheou
Fou-tcheou
Amoy
Chan-teou
Canton
Kao-loun
Lappa
Pakhoi*
| Newchwang
Tien-tsin
Chefoo
Shang-haï
Ning-po
Wen-chow
Foo-chow
Amoy
Swatow
Canton
Kowloon
Lappa
Pakhoi
| Ching-king(Md.)
Tche-li
Chan-toun
Kiang-sou
Tche-kiang
—
Fou-Kien
—
Kouang-toung
—
—
—
—
| Traité anglais de Tien-tsin, 1858
Conv. angl. et fr. de Péking, 1860
Traités angl. et fr. de Tien-tsin, 1858
Traité de Nanking, 1842
—
Convention de Tche-fou, 1876
Traité de Nanking, 1842
—
Traités angl. fr. et amér. de Tien-tsin, 1858
Traité de Nanking, 1842
—
—
Convention de Tche-fou, 1876
| Mai 1861
Mai 1861
Mars 1862
1854
Mai 1861
Avril 1877
Juillet 1861
Avril 1862
Janv. 1860
Oct. 1859
Avril 1877
|
| II. Sur le Yang-tse Kiang
| 14
15
16
17
18
| Tchen-kiang
Wou-hou**
Kiou-kiang
Han-keou
I-tchang
| Chinkiang
Wuhu
Kiukiang
Wankow
Ichang
| Kiang-sou
Ngan-houeï
Kiang-si
Hou-pé
—
| Traité anglais de Tien-tsin, 1858
Convention de Tche-fou, 1876
Règlements provisoires, 1861
—
Convention de Tche-fou, 1876
| Avril 1861
Avril 1877
Janv. 1862
—
Avril 1877
|
| III. Dans l'île Formose
| 19
20
21
22
| Tai-ouan
Ta-kao
Tam-soui
Ki-loung
| Taiwan,côte O,au S.
Takow
Tamsui, au N.
Kelung, au N.
| Formose Fou-kien
|
Traités angl. fr. et amér. de Tien-tsin, 1858
Règlements provisoires des douanes, 1863
Traité français de Tien-tsin, 1858
Règlements provisoires des douanes, 1863
| Sept. 1863
Mars 1862
Sept. 1863
—
|
| IV. Dans l'île Hai-nan
| 23
| Kioung-tcheou
| Kiungchow
| Kouang-toung
| Traités angl. et fr. de Tien-tsin, 1858
| Avril 1876
|
| V. Chine méridionale
| 24
25
| Long-tcheou
Mon-tseu
| Lungchow
Mengtsu
| Kouang-si
Yun-nan
| A la suite du traité avec la France
après la guerre du Tonkin.
| 1888
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| *La prononciation est cantonnaise ; en mandarin lire Pé-haï.
**Nanking, qui devait être ouvert au commerce étranger en vertu du traité de Tien-tsin de 1858, ne l'a pas été d'une manière effective.
p.054 Outre ces douanes dont l'origine remonte à 1854, époque embarrassée à laquelle les autorités chinoises confièrent, à Chang-haï, aux consuls de France, d'Angleterre et des États-Unis, le soin de recouvrer les droits, il y a dans le pays un grand nombre de barrières et de douanes locales dont les vexations ont été l'objet d'innombrables protestations de la part des étrangers.
4. Monnaies, poids, mesures.
La monnaie chinoise est une monnaie fictive représentée par le taël ou liang = 10 maces ; 1 mace = 10 candareens ; 1 candareen = 10 tsien ; le tsien, que les Français nomment sapèque, d'après sapek, monnaie trouvée au Tonkin, et les Anglais cash, de caixa, monnaie d'étain trouvée à Malacca par les Portugais (1511) est la seule monnaie réelle. Quelques auteurs lui donnent une antiquité reculée, le XIe siècle av. J.-C. sous les Tcheou, mais il est plus probable que le tsien ne remonte qu'aux Han ; c'est une pièce ronde, percée au milieu d'un trou carré ; il porte le nien-hao du souverain et les caractères t'oung-pao, monnaie courante ; théoriquement, 1.000 tsien font 1 taël, mais en pratique, le taux du change varie, et l'on donne jusqu'à 1.800 sapèques pour un taël. Le taël est représenté par un poids d'argent en forme de soulier et ces lingots, qui sont de poids variable, sont désignés sous le nom de sycee. Les douanes se servent d'un taël de valeur plus élevée, appelé Haïkouan taël, qui valait en 1889, en moyenne, 5 fr. 93. On importe en Chine une grande quantité de piastres ; jadis on faisait usage de la vieille piastre espagnole (Carolus) qui fait encore prime et qui a été remplacée par la piastre mexicaine à l'aigle ; en 1889, le Haïkouan taël valait en moyenne 1 piastre mexicaine 54. Les Américains

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