De la linguistique générale à la linguistique cognitive








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Introduction à l’ouvrage La Linguistique Cognitive (C. Fuchs, ed.),

Ophrys/MSH, 2004
(Version préliminaire)

Pour introduire à la linguistique cognitive 

Catherine Fuchs

Le présent ouvrage a pour objectif de présenter la linguistique cognitive, en caractérisant les types de faits, les problématiques et les paradigmes théoriques qui relèvent de façon spécifique d’une linguistique « cognitive » (par différence avec la linguistique générale), et d’illustrer les collaborations interdisciplinaires dans lesquelles cette branche de la linguistique se trouve engagée *.

Langage, linguistique et cognition
Pour les sciences de la cognition, qui étudient le fonctionnement de l’esprit et du cerveau, le langage constitue un objet d’investigation de première importance : l’espèce humaine est en effet la seule à disposer de cette « faculté supérieure » particulièrement complexe. Plusieurs disciplines engagées dans l’étude de la cognition s’intéressent donc au langage : psychologues, philosophes, anthropologues, spécialistes de neurosciences ou d’intelligence artificielle — pour ne citer qu’eux — s’attachent, chacun dans son ordre, à caractériser la place de la faculté de langage dans la cognition naturelle ou artificielle, et à en étudier le fonctionnement.
L’approche du langage opérée par la linguistique est, quant à elle, tout à la fois plus centrale et plus spécifique que celle des diverses disciplines qui viennent d’être évoquées. Plus centrale, car elle est la seule science à avoir le langage pour objet d’étude exclusif ; plus spécifique, car c’est à partir de l’étude de la structure des langues qu’elle aborde cet objet : selon une définition devenue classique, la linguistique est « la science du langage appréhendé à travers la diversité des langues naturelles ».
L’intérêt des spécialistes des langues pour des questions d’ordre cognitif (au sens large) ne date pas d’aujourd’hui, et l’on ne saurait sous-estimer la longue tradition qui existe en la matière : les grandes théories de linguistique générale qui ont vu le jour depuis plus d’un siècle (cf. Fuchs & Le Goffic [1992, rééd. 2003]) — sans parler des travaux des ancêtres grammairiens, rhétoriciens et logiciens depuis l’Antiquité — ont, sans conteste, alimenté de multiples façons la réflexion sur les rapports entre les langues, la pensée, le raisonnement, l’action, etc. Pour autant, cette problématique générale et relativement diffuse ne se confond pas avec celle, plus circonscrite, de ce que l’on est convenu d’appeler la « linguistique cognitive ».



De la linguistique générale à la linguistique cognitive 
La linguistique générale s’est donné pour mission d’étudier la structure des langues — depuis les sons (les « signifiants », au plan de l’expression) jusqu’aux sens (les « signifiés », au plan du contenu) — et de rechercher des invariants interlangues.
Par-delà les descriptions locales et parcellaires, de nombreuses théories linguistiques générales ont été élaborées depuis le début du 20ème siècle. Les unes cherchant prioritairement à constituer des modèles d’ensemble de la langue, les plus opératoires possibles : c’est le cas, par exemple, des grammaires formelles, mais aussi de divers modèles « onomasiologiques » (c’est-à-dire orientés des sens vers les sons), comme ceux de Mel’chuk, Martin, Pottier, etc. Les autres se souciant principalement de comparer les langues, afin de dégager des propriétés communes, par-delà les variations observées d’une langue à l’autre : c’est le cas, notamment, des approches typologiques, comme celles de Comrie, Lazard, Seiler, etc.
A cette double exigence, constitutive de toute démarche de linguistique générale, la linguistique cognitive est venue en ajouter une troisième : la pertinence cognitive. Sous la dénomination de « linguistique cognitive », on s’accorde en effet à regrouper un ensemble de courants qui partagent — par-delà leurs différences — un objectif commun : celui de proposer des théories de la langue qui soient non seulement opératoires et générales, mais également susceptibles de s’articuler de façon explicite avec des modèles généraux de l’architecture fonctionnelle de l’esprit et/ou de l’architecture neuronale du cerveau. Dans cette perspective, le système des règles de la langue (intériorisé par les locuteurs) est objet d’étude pour le linguiste en tant qu’il constitue une composante de l’esprit humain et qu’il a, d’une manière ou d’une autre, une inscription physique dans le cerveau : une telle approche est dite « naturaliste ».
Pour autant, la linguistique cognitive ne saurait se dissoudre dans la psychologie, les neurosciences ou l’informatique : l’enjeu est, pour elle, d’affirmer la spécificité de son objet (le langage à travers les langues), et de conserver la maîtrise de ses concepts et de ses méthodes, tout en veillant à ce que ceux-ci puissent s’articuler avec ceux des disciplines connexes, dans le cadre de paradigmes théoriques plus généraux partagés par les différentes disciplines. C’est donc de l’intérieur même du système des langues et à partir de l’étude de l’organisation structurale et signifiante de ce système que la linguistique cognitive propose d’appréhender les liens entre langage, esprit et cerveau.
A cet égard, la linguistique cognitive ne remet pas en question la classique répartition des rôles entre la linguistique (qui étudie le système de règles intériorisé par tout sujet parlant) et d’autres disciplines, notamment la psychologie (qui étudie le fonctionnement effectif ou les dysfonctionnements de ce système, chez des sujets, dans des situations concrètes de production, de compréhension ou d’acquisition du langage). Cette distribution des tâches remonte au début du 20ème siècle, lorsque la linguistique s’est affirmée comme discipline autonome en se démarquant de la psychologie : pour Saussure, il était entendu que le linguiste étudie la « langue » (c’est-à-dire le code, envisagé alors comme un phénomène social), indépendamment des sujets et des circonstances de la « parole » individuelle. Dans l’approche chomskienne, où la linguistique est réputée n’être en définitive qu’une branche de la psychologie, l’objet d’étude du linguiste (la « compétence », entendue comme mécanisme génératif participant de l’équipement biologique de l’espèce humaine) n’en reste pas moins distinct de l’objet d’étude du psychologue (la « performance »). C’est précisément sur la base de distinctions de ce type que se sont développées des sous-disciplines travaillant aux interfaces avec la linguistique, comme la psycholinguistique (branche de la psychologie cognitive), ou la neurolinguistique (branche des neurosciences cognitives) — qui tendent d’ailleurs actuellement à se conjoindre en une neuropsycholinguistique.


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