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INTRODUCTION PREMIER TERRAIN: Appui Technique, UNE EXPERIENCE DE COOPERATION EN AFRIQUE DE L'OUEST ..................... 82 DEUXIEME TERRAIN: Autogeneración, UNE EXPERIENCE DE COOPERATION AU MEXIQUE ..... 250 RESULTATS ............................ 368 CONCLUSION ............................ 522 BIBLIOGRAPHIE ............................ 543 ANNEXE Table des matières complète INTRODUCTION 0.1 LE CHAMP DE L'ETUDE ............................................. 1 0.2 LE PARCOURS PERSONNEL DU CHERCHEUR .................. 4 0.3 LES ORIENTATIONS DE L'ENQUETE ...................... 8 0.3.1 La démarche dans mes choix de terrains .............. 9 0.3.2 L'apport à l'état de la recherche ........................... 14 0.3.3 L'intérêt des deux terrains pour la problématique . .............................. 22 0.4 LE COMPLEXE DEVELOPPEUR ET SON MARCHE ............ 33 0.5 L'AMBIGUITE DES RAPPORTS ENTRE LA RECHERCHE ET LA COOPERATION POUR LE DEVELOPPEMENT ......... 50 0.6 ORIENTATIONS METHODOLOGIQUES ET PLAN DE LA THESE ....................................... 72 Table des matières complète à la fin APPUI TECHNIQUE UNE EXPERIENCE DE COOPERATION EN AFRIQUE DE L'OUEST 1.0 PRESENTATION ................................................................. 82 1.1 TRAME EVENEMENTIELLE .................................................... 83 1.2 LE CONTEXTE NATIONAL OUESTAFRICAIN ET LES INSTITUTIONS IMPLIQUEES .......................................... 85 1.2.1 La Direction de la Formation Professionnelle .................. 91 1.2.2 Technoscience ...................................... 95 1.3 LE MILIEU DES ATELIERS ARTISANAUX DANS LA CAPITALE DU OUESTAF ........................................ 101 1.3.1 Implantation des développeurs ....................... 105 1.4 UN EXEMPLE D'OBJET TECHNIQUE ET LE SAVOIR DES DEVELOPPEURS ............................................ 107 1.5 PARTICIPATION ET OBSERVATION ......................................... 112 1.5.1 "T'as préparé tes 500 pages" ............................................... 117 1.5.2 "Votre étude est tombée" ............................................................ 123 1.5.3 Ma capacité de description ........................................................ 130 1.6 L'INTERFACE ENTRE OUESTAFRICAINS ET ETRANGERS ............. 133 1.7 LA PERSPECTIVE DES ETRANGERS ............................................. 142 1.7.1 "Dis-le, nous sommes des mercenaires" ........................................ 144 1.7.2 "La France trahit, c'est tout" ........................................... 151 1.7.3 "C'est pas une idée de blancs, hein !" .................................. 155 1.7.4 "Quand ils veulent, en général, ils soudent bien" ...................... 166 1.8 LES BENEFICAIRES DE L'ASSISTANCE TECHNIQUE, LES ARTISANS .. 172 1.8.1 Les histoires personnelles des artisans ........................... 176 1.8.2 "Je dis la soudure c'est un bon travail" ................................... 180 1.8.3 "Ce mot, Nasarra, c'est pas à sa place !" ........................................ 186 1.8.4 Le rapport entre les artisans ............................................. 190 1.8.5 "Les autres disent que je parle trop" ........................ 194 1.8.6 L'apparence des objets techniques .................................. 200 1.8.7 "Pour être maître, donc les Français, il faut qu'ils amènent les coopérants" .. 203 1.9 LES EXPERTS OUESTAFRICAINS ............................... 209 1.9.1 L'équipe des experts ....................................................... 211 1.9.2 Le rapport aux artisans ...................................................... 216 1.9.3 Les liens entre la coopération pour le développement et la France ............. 223 1.10 QUELQUES REACTIONS DES ETRANGERS AUX RESULTATS DE L'ETUDE .......................... 228 1.11 SYNTHESE PRELIMINAIRE DES ECHANGES ..................... 232 Table des matières complète à la fin AUTOGENERACION UNE EXPERIENCE DE COOPERATION AU MEXIQUE 2.0 PRESENTATION ......................................................... 250 2.1 TRAME EVENEMENTIELLE ................................ 252 2.2 CONTEXTE POLITIQUE ET ECONOMIQUE ............. 255 2.3 LES INTERETS DES INSTITUTIONS IMPLIQUEES ......... 260 2.4 LE SAVOIR DES INGENIEURS ET LE RESULTAT ............. 263 2.5 REGARD DU CHERCHEUR ET ENGAGEMENT PROFESSIONNEL ............................. 268 2.5.1 Mes contacts avec Experconsult et mon arrivée sur place . 272 2.5.2 "On était vraiment pas du tout professionnels" ............... 280 2.6 TROIS RECITS DE CARRIERES ......................... 287 2.6.1 John ........................................................................ 288 2.6.2 Miguel ....................................................................... 291 2.6.3 José ......................................................................... 294 2.7 UNE TYPOLOGIE DES MALENTENDUS ......................... 297 2.8 LA PERSPECTIVE DES ETRANGERS .......................... 305 2.9 LES ENJEUX POUR LES INGENIEURS MEXICAINS ........ 325 2.10 LA PERCEPTION DES TECHNIQUES AU MEXIQUE ........ 353 2.11 LA REACTION D'UN EXPERT MEXICAIN AUX RESULTATS DE L'ETUDE .............................. 359 RESULTATS 3.1 PARTAGE DU SAVOIR TECHNIQUE .......................... 370 3.2 REGARDS PORTES SUR LE CHERCHEUR ET EFFETS DE SA PRESENCE .................................. 378 3.3 INTERFACE ENTRE ETRANGERS ET AUTOCHTONES ............. 386 3.4 INTERPRETATION DES RESULTATS DE L'ENQUETE .............. 400 3.4.1 Bilan des relations entre les acteurs d'Appui Technique ................... 406 3.4.2 Bilan des relations entre les acteurs d'Autogeneración ...................... 420 3.5.1 L'AUTONOMIE DES ECHANGES A PARTIR DU VECU DES ACTEURS .................................... 431 3.5.2 L'AUTONOMIE DES ECHANGES PAR RAPPORT AUX SAVOIRS TECHNIQUES .................................... 440 3.6 RECEPTION DES RESULTATS DANS LES INSTITUTIONS DES DEVELOPPEURS .................................. 448 3.7 RETOUR METHODOLOGIQUE ET MODES DE COMMUNICATION ........ 454 3.8 DIVERSITE DES CONSTRUCTIONS D'ALTERITE ................................ 474 3.9 TRAVAIL SYMBOLIQUE DES DEVELOPPEURS ET DES DEVELOPPES . 502 3.10 CONCLUSION ..................................................... 522 Table des matières complète à la fin 0. INTRODUCTION 0.1 LE CHAMP DE L'ETUDE Est-il aujourd'hui possible de dégager le sens que revêt la coopération technique entre les pays dits < La coopération technique est un champ de recherche qui se présente sous la forme de "projets" qui emploient des "experts" pour réaliser un transfert de savoir. Ces formes d'organisation ne constituent pas les objets de cette recherche, qui doit partir, au contraire, de la coopération comme pratique issue du discours sur le développement. Si la coopération met en place une idéologie du développement, elle peut être appréhendée de façon fort diverse. Outil de libération de l'homme vis-à-vis de contraintes matérielles pour les uns, elle peut aussi être, pour les autres, une forme moderne de la domination des pays du Nord sur les pays du Sud ou encore l'expression de l'hégémonie du capitalisme occidental. On peut aussi l'envisager comme un accessoire qui soulage la mauvaise conscience des pays riches, mais elle est aussi le reflet d'une culture de la consommation, et le véhicule du mythe de la modernité et enfin, elle peut encore être évaluée comme humaine. Les institutions de la coopération tirent leur légitimité de la consistance qu'elles donnent aux discours sur le développement et de l'efficacité supposée de la coopération qui en découle. Je m'attache ici à montrer combien, au contraire, la coopération manque aujourd'hui de consistance et je cherche à souligner l'écart qui sépare les discours sur le développement de la pratique de la coopération. Pour cela, je tente de décrypter et de désosser la logique des acteurs en situation de coopération. Je m'efforce de montrer, sur la base de deux exemples, ce qu'est concrètement un dit projet de coopération. Tout au long de ce travail, je voudrais faire valoir comment s'opèrent les constructions de sens sur le terrain. En accord avec cette démarche, je ne privilégie pas les notions théoriques (peut-être même leur portée et leur valeur sont-elles un peu sous-estimées, ici). Je pars de l'hypothèse que seule la pratique des acteurs est en mesure de donner consistance et sens aux projets de coopération. Les acteurs d'une opération de coopération, autochtones et étrangers, se retrouvent face à des situations locales particulières et sur lesquelles ils doivent pouvoir agir ensemble. Les équipes d'étrangers et d'autochtones doivent mettre en pratique un savoir : ils sont censés pouvoir agir conjointement dans la réalisation de l'opération. Vu la domination historique et culturelle longtemps subie par les pays d'accueil, une question s'impose : comment ce théorique rapport d'égalité pourrait-il s'instaurer ? En accord avec cette définition, je ne m'intéresserai pas à la notion de développement elle-même, ni aux perspectives d'avenir de la coopération. Le titre d'une publication récente : "La culture otage du développement" (Rist, 1994), suggère que les discours de développement se polarisent aujourd'hui davantage sur "la culture". En quelque sorte, le développement tend aujourd'hui à se définir de plus en plus en termes anthropologiques. Il est donc d'autant plus important d'adopter une démarche ethnologique sur le terrain de la coopération et d'étudier, en dehors des discours de développement, dans quelle mesure il existe des objets propres à intéresser l'ethnologue. J'espère démontrer que la conjoncture de la coopération implique que l'analyse ethnologique n'y introduise pas de connaissances qui en étaient auparavant absentes; l'analyse ne produit pas d'affirmations qui ne soient déjà connues des acteurs. Mais l'utilisation de la présence de l'ethnologue par les acteurs eux-mêmes leur permet d'agir différemment dans les projets de la coopération et de produire ainsi des connaissances qui font la matière de la recherche. La façon de faire du terrain, de bâtir des méthodologies et d'envisager la restitution des résultats sont étroitement liées à la conjoncture. A partir de deux études de cas, je tenterai de montrer comment acteurs étrangers et acteurs autochtones communiquent. Je chercherai à mettre en valeur les facteurs qui déterminent leur dialogue et les règles qui l'organisent. L'esprit qui préside à cette recherche est résolument exploratoire, quelque peu aventureux pourrait-on même dire, dans la mesure où il n'existe que peu de travaux empiriques sur le sujet. Quelques ouvrages sur les coopérants sont disponibles, ils traitent du thème soit à partir d'une région (Hanssen, 1989, LeNaëlou, 1991), soit à partir d'une institution (Freud, 1988, Gow, 1993, Guth, 1982, Hirschman 1969, Laïdi, 1989). Mais ce qui fait le quotidien de la coopération reste encore largement inaccessible au chercheur en sciences sociales. La coopération a des enjeux idéologiques et symboliques tels, qu'il est difficile d'accéder à sa quotidienneté. Le savoir apporté par les experts et censé générer le développement édicte ce qui est rationnel et ce qui ne l'est pas. Lorsqu'il propose sa recherche, l'ethnologue, considéré comme le spécialiste du symbolique, est aussitôt rejeté. Mon premier souci a en conséquence été d'ouvrir ce champ de recherche, de constituer des objets d'étude et d'établir ce qui peut faire la pertinence d'un regard ethnologique sur les phénomènes de la coopération. Ceci ne va pas sans poser de problèmes méthodologiques. Par exemple, au-delà des acteurs étudiés, tout projet de coopération implique d'autres agents : le plus souvent, des états et des institutions internationales, des marchés, des institutions de commerce, ..... . Un projet de coopération est un champ de communication et un espace micro-social, peut-être. Mais cet espace micro-social est régi par des déterminations plus larges telles que les relations économiques, politiques, culturelles qui s'établissent entre des pays, autant dire entre des mondes différents. L'autonomie de cet espace est produite par les acteurs dans la mesure où ces individus sont obligés de s'expliquer, de vivre et de subir ces macro-relations, dans lesquelles ils sont nécessairement impliqués. Une fois entrés en contact, les étrangers et les autochtones doivent construire une action commune. De leur capacité à comprendre et à réinvestir dans leur pratique ces macro-relations dépend la carrière de tous ces acteurs. Leur imaginaire naît au-delà des termes de leur contrat d'emploi. Les acteurs individuels se trouvent donc au centre de l'étude car dans ce champ de communication qu'est la réalisation d'un projet de coopération, leur capacité herméneutique (Gadamer, 1986 [et 1966], p. 9 et pp. 157 - 159) est sollicitée au maximum et peut-être souvent dépassée. Ils doivent en effet se faire comprendre alors qu'ils ne sont plus chez eux. Pour commencer à répondre aux questions posées plus haut, je partirai des conditions de ma présence sur les terrains. Les ethnologues ont souvent aspiré à atténuer la violence du contact entre des mondes différents. La coopération actuelle pourrait offrir un nouveau cas de figure. Si un savoir ethnologique est possible sur ce type de terrain, la réciprocité entre l'étranger et l'autochtone (entre mes sujets et moi, car je ne peux être qu'un étranger de plus) exige que ce savoir puisse être saisi par tous les acteurs. A première vue, il semble que la possibilité d'une recherche (historiquement déterminée), la possibilité de construire un savoir (à travers du terrain) et l'exigence de réciprocité (une coopération entre partenaires) entre les acteurs, sont trois aspects de la coopération telle que je l'appréhende ici. 0.2 LE PARCOURS PERSONNEL DU CHERCHEUR "Indépendamment de sa formation scientifique, tout observateur anthropologue voit quelque chose qui échappe à tout autre observateur, une sorte de projection harmonieuse de sa propre personnalité", (je traduis de Leach, 1984, p. 22). En acceptant cette perspective d'Edmund Leach, il me faut prendre en compte que je tente de percevoir mon terrain comme une confrontation entre les développeurs convaincus de la supériorité de leurs capacités techniques et les autochtones (homologues, population cible), qui défendent leur propre manière de faire. Le premier projet de recherche que j'ai écrit pour mon admission en D.E.A. était encore très proche de la perspective d'un praticien. Il comprenait quatre parties : 1.Analyse de la manière dont l'expert perçoit les besoins pour l'exploitation d'une technologie 2. Approche sélectionnée face aux contraintes des institutions 3. Réaction institutionnelle et individuelle du côté tiers-mondiste 4. Les altérations potentielles d'une technologie sur place Par la suite, j'ai été amené à reconstruire les échanges dans deux études de cas et à déconstruire ces quatre parties trop superficielles pour suivre des interrogations plus proches de la logique propre au terrain, et dépasser les objets techno-logiques pour arriver aux objets symboliques. La négociation d'une rationalité propre à un "projet" met l'accent sur les idéologies des personnes qui participent à cette négociation. Les circonstances intrinsèques demandent ma participation à cette négociation en tant que développeur. Ainsi ma propre logique devient une partie de l'objet de l'étude. Pour produire une connaissance de l'intérieur de l'espace de communication, il faut cerner tous les paramètres qui interviennent lors du contact avec les sujets. La personnalité de l'enquêteur doit nécessairement se soumettre à l'analyse. Mon rapport à ce champ est d'abord le résultat d'un cheminement personnel. Je suis né dans l'Allemagne d'après-guerre (en 1960). Le départ de mon milieu social a été facilité par ma parenté, issue de la petite bourgeoisie conservatrice, qui me prodiguait une jeunesse surprotégée et un naturel introverti, ce qui induisait des liens sociaux faibles. Avec ma formation technique, à la fois théorique et pratique (apprentissage de mécanicien et diplôme d'ingénierie), l'insertion qui s'offrait à moi en Allemagne m'est apparue comme une réduction à un maillon de la chaîne de l'industrie omnipotente d'un pays trop riche. En revanche, un appui à la productivité des pays en voie de développement promettait une identité plus forte et une multiplicité d'expériences. Ainsi mes missions d'ingénieur m'ont permis d'avancer une socialisation secondaire mal achevée. Mes premières missions en Egypte et au Malawi ont été pénibles et me portent à conclure qu'un appui technique n'est guère nécessaire ou efficace. Pendant 5 ans, j'ai poursuivi une carrière d'expert dans le cadre de la coopération allemande, ensuite US américaine et finalement pour des organismes multinationaux. J'arrive à admettre qu'il n'y a pas de possibilité de changer les conditions de travail en restant à l'intérieur de l'industrie du développement. Mais l'image pâlissante du développeur indiquait de nouvelles perspectives, potentielles dans la recherche en sciences sociales. Le sentiment de frustration a autant motivé mon retour à l'université que l'insatisfaction que j'éprouvais quant aux opportunités de travail. Je n'ai cependant jamais réussi à me convaincre que la recherche me permettrait de faire autre chose, ou de faire la même chose, mais autrement. Quittant la coopération, je suis entré à l'Institute of Development Studies (IDS) de l'université de Sussex en Angleterre. Cette institution phare de la pensée développementale, qui a joué un rôle important pendant les années soixante-dix, m'a attiré. Le fondateur de l'institut "Duddley Seers ainsi que Hollis Chenery s'opposent aux bienfaits de la planification centralisée comme le modèle des deux secteurs Harrod-Domar et Maynard Keynes", (Laïdi, 1989, p. 125). Seers avait fait d'IDS une influence non négligeable, plutôt social-démocrate, dont l'innovation la plus connue était la "Théorie de la Redistribution et de la Croissance". Les étudiants de cet institut ont eu des positions différentes dans le temps, et la première génération a refusé de recevoir les recruteurs de la Banque mondiale, venus assister à leur cérémonie de fin d'étude. Mais avant mon arrivée tout cela avait changé depuis les purges thatcheriennes. Ma démarche n'aurait pas été acceptée en Angleterre, car la rigueur de l'empirisme limite l'ouverture de l'analyse. D'ailleurs, la réputation développementale m'apparaissait déjà beaucoup moins importante qu'à mon arrivée et je partais définitivement des études de développement avant même d'achever ma maîtrise en "Development Studies". Mon désir de faire une recherche sur la coopération provient des contradictions que j'ai auparavant rencontrées à l'intérieur du champ, en tant que praticien. Les ethnologues tentent parfois d'écrire comme s'ils n'étaient pas dans le texte. Faute de talent littéraire, je veux convaincre en objectivant, et expliquer pourquoi, à mon avis, la dynamique de ces opérations de coopération est indépendante de leurs contenus et productrice d'une conjoncture symbolique propre à la rencontre entre les développeurs et les développés. Le dispositif de recherche comprend deux éléments fixés dès le départ : premièrement, j'ai l'expérience professionnelle nécessaire pour accéder au terrain, je peux lancer un ballon d'essai ethnologique sur un terrain inconnu; et deuxièmement, j'avais confiance en l'hypothèse d'une raison sous-jacente aux échanges sur le terrain et qui reste dans un univers symbolique constitué par les deux mondes en présence. Bien entendu, cette hypothèse se verra confirmée par la suite. La fixation d'un dispositif est bloquée pendant le terrain et ceci jusqu'au début de l'élaboration des données après le départ du terrain. La motivation de ma recherche, cesser d'être un acteur de la coopération, était visible pour les développeurs des deux terrains. Ils savaient que j'avais travaillé auparavant comme expert technique dans d'autres projets. Le fait d'avoir arrêté cette carrière et d'avoir entamé une thèse apparaissait pour eux comme une mise en cause de la prétention / revendication d'expertise pour les développeurs qui connaissent des "doutes" semblables. Dans le cas contraire, ils percevaient ma recherche comme une faute professionnelle ou bien comme une preuve de naïveté. J'ai connu ces deux types de réactions au cours des deux cas étudies. Ainsi mon parcours fait sens pour les acteurs. Il est fort possible que les données repérées soient quelque peu détériorées dans la restitution qu'en fait mon analyse. Cela corrobore l'hypothèse selon laquelle la substance des opérations de coopération est en partie le produit de l'imaginaire des acteurs. Cet a priori a aussi été vérifié sur les deux terrains qui sont exploités par la suite1 (la problématique de ma perception du terrain est évoquée séparément pour chaque cas étudié, chap. 1.5 et 2.5). Mon expérience professionnelle m'a amené à construire une thèse sur la force génératrice des logiques de communication dans les opérations de la coopération, sans me soucier des manières de voir qui existent dans les sciences du développement (anglaises) et des thèmes établis en Allemagne et en France. D'où le rôle central du concept d'interface (entre les manières de vivre la situation quotidienne) dans les conclusions produites. Mes connaissances techniques ne m'ont pas amené à chercher du côté des spécificités des savoirs techniques, mais plutôt à saisir les transformations de ces savoirs. Je ne pouvais pas anticiper les contrastes présentés par une situation exo-sociologique (au Ouestaf) et une situation endo-sociologique (au Mexique). Au départ, j'envisageais de faire quatre études de cas, afin de bien distinguer les spécificités de chaque cas. Mais après les deux premiers terrains, j'ai réalisé que chaque étude de cas requiert un tel travail analytique et qu'il m'était impossible d'en mener plus de deux. Ainsi mon départ d'Allemagne, à la recherche de la signification de mon savoir technique, m'a conduit, après d'une dizaine d'années, à comprendre qu'un savoir technique n'est pertinent que dans un contexte donné. Il en découle que cette recherche doit aussi s'appuyer sur la reconnaissance qu'ont les acteurs de la pertinence des objets techniques. |
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