Obésité de l’enfant, par Marine Ebrard Animateurs de l’atelier : G. Gelwane, H.Moula, P. Zerr
La prise en charge de l'obésité de l'enfant a fait l'objet de nouvelles recommandations. La courbe d’IMC (Indice de Masse Corporelle = Poids/ Taille2 ) permet de dépister une obésité chez l’enfant. Elle se trouve dans les nouveaux carnets de santé. Il est essentiel de prendre le temps de la faire. Son interprétation prend en compte un concept primordial : le rebond d’adiposité. Le rebond d’adiposité n’est autre que l’IMC le plus faible de l’enfant. Normalement on retrouve ce point à l’âge de 6 ans. Mais si ce point arrive plus tôt (par exemple vers 3 ans), c’est un très bon facteur pronostic pour l’évolution vers une obésité. En revanche, ce n’est pas un facteur pronostic s’il arrive après 6 ans. Or 40% des médecins généralistes dépistent l’obésité visuellement, 27% se servent des courbes staturo-pondérales, 6% uniquement de la courbe de poids et 27% seulement se servent de l’IMC. Il y a donc carence dans le dépistage des enfants obèses. L'utilisation de la courbe d'IMC doit être generalisee et devenir une pratique courante dans l'exercice des médecins généralistes. Pourquoi dépister l’obésité chez les enfants ?
La prévalence de l’obésité est passée de 3% en 1960 à 15% en 2005. C'est un enjeu majeur de santé publique. On parle d’obésité de grade 1 si l’IMC est supérieur au 97ème percentile, et de grade 2 s’il est supérieur au 100ème percentile. Il est plus simple de corriger des erreurs alimentaires des enfants que celles des adultes. Il s'agit de prévenir les complications futures liées à l’obésité (diabète, gonarthrose, insuffisance respiratoire, complications cardio-vasculaires…) et donc réduire la morbi-mortalité. Comment prendre en charge un enfant obèse ?
Un enfant grandit plus vite qu’il ne grossit. Une fois une obésité chez l’enfant dépistée, il faut stabiliser son poids et non lui faire perdre des kilos. Il d’abord faire un « état des lieux » de son alimentation et de sa vie en général. Que mange t-il ? En quelles quantités ? Combien de fois par jour ? Dans quelles conditions ? Où en est-il à l’école ? Quel est son schéma familial ? Fait-il du sport ? A-t-il des antécédents personnels ou familiaux ? A-t-il des amis ? Le médecin mène une vraie petite enquête qui l’aide à déterminer sur quoi agir. L’accord et l'aide des parents sont bien sur primordiaux. La motivation est à encourager autant chez l’enfant que chez ses parents. Les conseils à donner aux enfants et aux parents sont simples. Il faut manger plus de fruits et de légumes, moins de gâteaux, faire du sport, diminuer les boissons sucrées, manger assis à table, en famille, avec des couverts…Finalement c’est surtout aux parents de comprendre l’enjeu des modifications alimentaires. La prise en charge de l'obésité d'un enfant au sein d'une famille nécessite une prise de conscience globale. Les parents ont le plus souvent des changements accomplir eux-mêmes pour aider leur enfant. Le médecin doit mettre en place un suivi régulier. Il est indispensable de répéter encore et toujours toutes ces règles d’hygiène de vie. Une consultation a un rythme raisonnable doit être proposée. Durant celle ci, il pèse l'enfant, fait un point sur ses difficultés, et répond à ses questions et à celles de ses parents. Il existe des carnets de santé uniquement réservés à la surveillance des enfants à risque d’obésité et obèses. Dans ces carnets, les parents et les enfants pourront retrouver des fiches diététiques explicatives, très visuelles avec des conseils faciles à mettre en place. Que faire quand malgré nos efforts l’enfant continue à prendre du poids?
Le premier recours est de l’intégrer dans un réseau de prise ne charge pluridisciplinaire avec un suivi entre la ville et l’hôpital. A Paris, le réseau REPOP (Réseau pour la Prise en charge de l’Obésité en Pédiatrie) a pour vocation de suivre ces enfants. Ce réseau facilite la coordination entre les médecins de ville, de PMI, de médecins scolaires et du CMPP (Centres Médicaux Psycho Pédagogiques) et les médecins hospitaliers (pédiatres, nutritionnistes, psychologues et diététiciens). Il existe à Necker, Trousseau et Robert Debré. En second recours, le médecin peut proposer à l’enfant une cure, surtout s’il a besoin d’être séparé de son contexte familial ou scolaire. Tous les médecins sont acteurs du dépistage de l’obésité chez l’enfant. Ils doivent penser à faire la chasse aux mauvaises habitudes alimentaires : pas de petit déjeuner, pas de saut des repas, pas de grignotage entre les repas, pas de consommations de boissons sucrées trop peu de fruits et légumes…
Marine Ebrard
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