Notes sur corbiere le milieu familial








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Envoyé par David.

TRISTAN CORBIERE
LES AMOURS JAUNES

Une très bonne édition est disponible aux Presses Universitaires du Mirail (pour chaque poème, en regard, une exégèse et des commentaires lexicologiques indispensables).

Sinon : La Pleïade ; Poésie / Gallimard (comme toujours, très peu de notes…).

SUR CORBIERE

Le milieu familial :
Le père : Edouard Corbière auquel Tristan voue une grande admiration.

  • Carrière de marin : il quitte l’école à 14 ans et franchit tous les échelons de mousse à capitaine au long cours.

  • Activité littéraire intense :

    • une pièce de théâtre : Les jeux floraux jouée à Brest.

    • Plusieurs publications : La société des soirées bretonnes ; La guêpe (revue hostile à la Restauration et anticléricale, inquiétée pour ses idées) ; La revue lyrique et anecdotique (revue musicale) ; La nacelle (journal commercial et littéraire de la Seine-inférieure, condamné à amende et prison pour ses idées) ; Le journal du Havre (importante publication maritime) et de nombreuses publications.

    • Traductions : de 1823 à 1829, Horace, Catulle, Tibulle. Très attaché aux canons classiques, Edouard Corbière se rend vite compte de l’impossibilité pour lui de faire œuvre valable en poésie.

    • Romans : Le pilotes de l’Iroise ; Le négrier ; Cric-Crac ; Les folles brises ; Le Banian…

. Carrière de notable : Président de la Chambre de Commerce de Morlaix ;

Légion d’honneur ; pressenti pour la députation après 1848 (il refuse).
Corbière n’est donc pas né dans un milieu indifférent aux courants d’idées, mais dans une famille aux idées progressistes et très dynamique.
Les études de Tristan
Souffrant d’avoir quitté trop tôt l’école, son père le pousse aux études.

A Morlaix puis à Saint-Brieuc et Nantes, il étudie le français, le latin et le grec avec acharnement. La prosodie latine l’attire, il compose des vers latins.

Pour des raisons de santé, il interrompt définitivement ses études en 1862.

« Il a derrière lui six ans de latin et près de cinq ans de grec… Il a fait de l’analyse grammaticale et littéraire, de la prosodie, des traductions, et composé dans les deux langues aussi bien en vers qu’en prose » (Francis Burch).
Certes, les lettres de Tristan Corbière à ses parents contiennent parfois des propos pessimistes sur sa scolarité, mais ce sont ceux d’un tempérament anxieux et ambitieux à la fois. En réalité, certains succès et il a lu, traduit, écrit. Il y a donc peu de chance pour que certains aspects dominants des Amours jaunes soient dus « à une méconnaissance des grandes œuvres… ou des règles de la prosodie ». Corbière a une formation aussi sérieuse que celle de ses contemporains Verlaine ou Rimbaud : il débat et entend débattre depuis longtemps des problèmes de poétique. Son écriture est le résultat d’un tempérament personnel délibérément adopté et le choc qu’elle peut produire est absolument médité. Le livre des Amours jaunes est conçu comme « monstrueux » (cf pièce finale), dans un contexte provocateur.
Episodes de la vie de Tristan Corbière (1845 – 1875).
Fin des études à 17 ans, en 1862.

Installé à Roscoff, cité gothique (cf Au vieux Roscoff ; Gens de mer )

1864 : il se donne un personnage, s’enlaidit, se caricature, cherche à scandaliser. Vie libre… Compose sans doute Gens de mer.

1865 : prend le nom de Tristan (se nommait Edouard-Joachim).

1869 : fait un voyage en Italie en compagnie d’un peintre (cf les poèmes « italiens » du recueil).

1871 : Arrivée à Roscoff de la future Marcelle. C’est Corbière qui la baptisera ainsi. En réalité, elle a un nom italien : Armida Giuseppina Cuchiani dite Herminie. Elle était la maîtresse du comte Rodolphe de Battine. Tristan séduit la jeune femme par son étrangeté. Son départ brutal choque Corbière.

Avril 1871 : A Paris pour peindre. Il y retrouve Marcelle. Ménage à trois. Y vit jusqu’en décembre 1874. Fait pourtant pendant ces trois années 2 voyages en Bretagne avec le couple.

Décembre 1874 : crise de rhumatisme, phtisie… Découvert inanimé dans sa chambre. Ramené à Morlaix où il meurt le 1er mars 1875.
D’Edouard Joachim Corbière à Tristan Corbière
Le choix de changer de prénom est significatif : il est le choix d’un destin d’auteur, mais aussi d’un destin d’homme. Sans doute, Corbière se voit voué au malheur et décide d’assumer ce destin.

Tristan : héros malheureux de la vieille légende celtique, le héros douloureux, l’amant d’Iseut.

Tristan contient aussi triste et Corbière était trop attentif aux mots pour ne pas avoir médité les connotations sinistres que pouvait produire le couplage de ce prénom avec son nom. [ triste en corps bière ] Il implique une sorte de familiarité avec la mort ; Tristan Corbière campe du reste un personnage qui a des affinités avec elle (cf autoportraits sous forme de caricatures). A Roscoff, on l’appelle l’ Ankou, l’ouvrier de la mort (cf le poème Nature morte). Il aime faire peur, on se méfie de lui. Il aime jouer avec la mort et faire des courses dangereuses avec son bateau.

Ses poèmes sont profondément marqués par ce personnage qu’il entretient depuis 1864, 1865, c’est à dire au début de la rédaction des Amours jaunes.
LES AMOURS JAUNES
C’est un recueil de poésie rude, amère, sarcastique édité en 1873, bien peu conforme aux canons poétiques de l’époque (romantisme finissant, Parnasse, symbolisme naissant). Il passe totalement inaperçu et, d’ailleurs, son auteur ne lui fait aucune publicité.

Depuis s’il figure dans certains manuels sa place reste marginale. Cependant, des personnages célèbres ont fait part de leur enthousiasme : G. Pompidou dans son anthologie de la Poésie Française publiée en 1961 ; René Clair en 1864.
Quelques particularités des Amours jaunes :
. sa marginalité qui fascine encore aujourd’hui. Corbière était un poète en rupture avec une culture contre laquelle il se situait.

. son refus de l’effusion tendre tenue à distance par le sarcasme, la dérision, l’humour grinçant, la parodie.

. sa modernité : avec Baudelaire il crée une poésie de la ville moderne, de ses tentations et de ses hideurs, une poésie violente de la souffrance crûment observée.

. sa dimension régionale : Corbière puise en effet dans sa Bretagne natale une bonne part de sa créativité ; il en fait surgir une image puissante de pays attaché à des traditions originales, de terre d’enracinement (attention cependant à la vision satirique).
L’accueil critique
Verlaine Les poètes maudits : « Comme rimeur et comme prosodiste, il n’a rien d’impeccable ».

Ce jugement sera repris par de nombreux critiques qui voient en lui un poète « imparfait », négligent, comme « mal léché ».

Ses poèmes seraient « jaillis tout chauds, presque sans art » et leur auteur « …dépourvu de théories,…indifférent à la technique et aux métaphysiques d’école ».

Certes, de l’ignorance à l’indifférence il peut y avoir quelques nuances mais on est tout près de l’idée d’une sorte d’insuffisance, d’impréparation : comme si, loin de Paris et des écoles, Corbière était resté une sorte de poète sauvage, à l’instrument imparfait. Or, un regard jeté sur le milieu dans lequel il a vécu suffit pour modifier cette opinion et inciter ainsi à lire différemment sa poésie.

Il faut noter que depuis le milieu des années 80, un regain d’intérêt se manifeste à son égard.

Examen d’ensemble ; composition.


  1. L’ensemble est encadré par deux pièces dédicacées à Marcelle, et au titre inversé :

. Le Poète et la Cigale

. La Cigale et le Poète
Elles donnent d’une certaine manière le ton du recueil : sarcasmes envers Marcelle, la « blonde voisine », « très prêteuse » et cruellement coquette, qui manifeste une incompréhension totale face au texte qui lui a été dédié et qui, insensible au chant profond, demande au poète de chanter (cf les jeux sur chanter, déchanter…). Pour elle, ceci n’est pas un chant.

sarcasmes envers soi-même : nudité de la Muse, vers = vermisseau… « son honteux monstre de livre », « On n’est pas parfait, Marcelle… ». Mêmes sarcasmes sur lui-même que dans sa correspondance d’écolier : pas simple coquetterie d’auteur : c’est le prix dont son caractère exigeant, tourmenté, insatisfait paie une originalité consciente.

De plus, une expression curieuse de la dernière pièce peut attirer notre attention : « J’y pensais, en revenant ». Ce poète-revenant à la Muse en lambeaux peut être celui qui a cessé d’écrire… mais c’est aussi un revenant au sens strict : celui qui a connu la mort, comme peut l’indiquer l’architecture du recueil :
b) PLAN
« Ca » (autoportrait / dérision de soi)
« Les amours jaunes » ( expérience amoureuse.)

« Sérénade des sérénades » ( =============)
« Raccrocs » ( pièces dures, rêveries sadiques de violence…)
«Armor » : (partie bretonne.)

« Gens de mer » ( ======)
« Rondels pour après » (dérision de soi après mort, redressée par une certaine

tendresse).

Il y a donc des symétries éloquentes :
A  Ca , qui laisse une grande place à l’autoportrait et à la dérision de soi (déjà inclus dans la valeur péjorative du démonstratif qui le désigne), correspondent les  Rondels pour après  où opèrent encore la dépréciation et la dérision de soi mais d’un point de vue post-mortem. Pourtant, soi = « enfant » ; « voleur d’étincelles » ; « méchant ferreur de cigales » ; « léger peigneur de comètes ». Une certaine tendresse semble affleurer dans ce dernier ensemble, après la mort… Comme si seule la mort pouvait le réconcilier avec lui-même, lui permettre de mieux accepter, malgré les moqueries, son talent. Il emprunte pour se situer, les images rimbaldiennes de l’enfance et du voleur d’étincelles.
Dans les 5 sous-ensembles qui restent, on peut remarquer un relatif équilibre entre :

D’une part, Les amours jaunes / Sérénade des sérénades

D’autre part, Armor / Gens de mer

Au centre, se situe Raccrocs.
Les amours jaunes / Sérénade des sérénades
Le thème majeur est celui de l’expérience amoureuse cruelle et décevante, raillée par Corbière, de deux manières différentes :

In Les Amours jaunes il semble que les railleries soient en relation assez directe avec son aventure avec Marcelle, avec son séjour à Paris.

In Sérénade des sérénades comme le titre l’indique, le poète fait une parodie de certains clichés littéraires ou sociaux, la parodie des chansons ou pièces amoureuses et langoureuses mettant en scène guitares, balcons, poses conventionnelles d’une Italie ou d’une Espagne d’opérette. Ceci en relation avec un exotisme mis en vedette par certaines formes du romantisme. De plus, comme il se voit dans la sérénade, le chanteur est dans la rue et implore de sa belle l’ouverture de la porte.
Raccrocs
Peut-être cette partie réunit-elle des pièces diverses, inclassables ailleurs et raccrochées à l’ensemble par leur ton…

Dans cet ensemble, des pièces dures où s’expriment des rêveries sadiques de violence ; plusieurs fois aussi apparaît cette conception importante de la démarche poétique telle que la conçoit Corbière : un chant forcené qui sort des tripes. Raccrocs contient tout un champ lexical de la blessure (infligée aux autres et à soi-même), les termes « crocs » ; « dents » ; « mors » ; « mordre » ; « accrocher » ; « croches » ; « crever » ; « emporter le morceau »…. Et aussi un champ lexical des bruits insupportables : « racler » ; « grincer » ; « casser » ; « scie »…
Armor / Gens de mer
C’est la partie bretonne de l’œuvre. Ici naissent des images diverses d’une Bretagne que Corbière sent être la vraie Bretagne : c’est un pays de misère et de foi, pays de mer, de marins et de naufrages, de ports et de bouges à matelots. L’unité de ton avec les reste du recueil est assez évidente, en particulier par la familiarité avec la mort (Armor) (cf : S4 La fin  in Gens de mer
«  vieux fantômes éventés, la mort change de face :

La mer ! »

Strophe qui semble donner à ces deux sous-ensembles du recueil une suprême unité et opérer leur rattachement au tout.


  1. Retour à une vue d’ensemble.


Le recueil est dominé par Marcelle. C’est cet amour malheureux pour Marcelle, devenu jaune, qui a permis à Corbière de voir toutes les amours sous cette couleur qui, dans le recueil, connote le factice, le maladif, le faux, le trompeur, le mortellement décevant… le sinistre aussi.

Les amours jaunes c’est comme le rire jaune (cf  A l’Etna ), comme « la fièvre jaune » ( Matelots ), comme « les cierges coulants et tristes » de l’église in « La rapsode Foraine » et « Le pardon de Sainte-Anne » ; et dans nombre d’autres pièces le jaune apparaît, toujours négatif, opposé au rose. Ce sont :

Les « landes jaunes d’Armor » sous le « ciel défunt d’Armor » ( Cris d’aveugle ) ; « le rose jaune sous le fard » ( A une rose ) ; la camélia jaune « tout mâché » ( Duel aux camélias ) ; « l’astre jaune, éteint » ( Bonsoir ) ; les « maris jaunes de teint » ( Déjeuner de soleil ).

Car certes Les Amours jaunes sont celles qui font les maris cocus, mais celles aussi qui font les amants cocus, et le jaune est bien celui de Corbière, non celui du comte de Battine comme on l’a quelquefois dit ; ces amours qui trompent l’homme et le laisse démuni sur la rive.

Que ces amours soient jaunes ne leur ôte en rien leur puissance, et le recueil fait passer le poète des amours féminines de tous ordres (de rêve bien souvent, celles qui l’ont entraîné à Paris, celles qu’il a entrevues en voyage en Italie…) à ses amours pour la Bretagne, sa violence sinistre et la mort dont elle est pour lui porteuse.

On ne peut pas conclure sur cette vue d’ensemble sans observer que Les Amours jaunes donnent l’illusion d’être un très fidèle reflet de la vie de Corbière telle qu’il l’a vécue, de Roscoff en Italie, de Roscoff à Paris avec la vie de Bohème, ses désillusions, ses souffrances, puis le retour final à la Bretagne (cf, la mort des matelots in  La fin  dernier poème de Gens de mer, et les Rondels pour après.

S’il a organisé ainsi son recueil, c’est par une vision prémonitoire de son destin. (peut-être sans peine prémonitoire puisqu’il a publié 2 ans avant sa mort, alors que la maladie le rongeait.)
QUELQUES CARACTERISTIQUES DE LA POESIE DE CORBIERE
Poésie en travail contre les formes et les idées traditionnelles héritées.
Corbière a lu les romantiques (Lamartine, Hugo, Musset), a lu au moins les premiers poèmes de Rimbaud, a lu Verlaine et toujours Corbière combat dans la poésie la plus prisée de son époque ce qui tend à se figer en cliché, en stéréotype, en vision simpliste ou fade de la vie, du bonheur.
Pour les formes, en particulier mètre et strophe, on a remarqué depuis longtemps son classicisme : il utilise certes une grande variété de mètres répertoriés (4 à 12 syllabes) comme l’ont fait nombre d’illustres prédécesseurs (Hugo par exemple…). Les strophes n’ont, elles non plus, rien de véritablement nouveau si on les considère isolément… Elles trouveraient aisément leur modèle dans la poésie antérieure.

Ce qui est par contre plus remarquable, c’est la succession de types de strophes différentes dans certains poèmes : « La pipe au poète » ; « Le poète contumace » ; « Grand opéra » ; « Litanie du sommeil ».

Tristan Corbière répugne à s’asservir à une régularité obligée. Sur ce point - la diversité irrégulière et qui peut être indéfiniment variée, des formes strophiques dans le même poème – Corbière desserre des habitudes, contribue au mouvement de libération qui, commencé avec le Romantisme, va aller s’accentuant à la fin du siècle et au début du Xxéme.

On peut déjà faire place ici à cette idée que Corbière est « partisan d’une politique expérimentale » (Burch) et ceci dans deux sens simultanément :

    • certes, il expérimente des formes-sens nouvelles…

    • mais aussi il trouve des formes-sens liées à son expérience personnelle.

Cette remarque peut trouver une nouvelle vérification si l’on observe la prosodie des textes de Corbière : là encore, le jugeant à partir d’une esthétique préconçue on a pu juger qu’il n’avait « rien d’impeccable », mais cette réflexion n’a guère de sens, car Corbière justement a la volonté de rompre avec la musicalité, l’harmonie que l’on croit trop aisément être seule à constituer la Poésie, la vraie…

A l’harmonieux, Corbière oppose le discordant, le grinçant… c’est une autre musique ; là encore c’est sa vraie musique à lui, celle qui accompagne sa sensibilité de souffreteux… C’est son chant, n’en déplaise à la cigale du dernier poème.

Exemples :

    •  Litanie du sommeil  qui se présente comme une scie.

    •  A une demoiselle  in Raccrocs : fragment d’art poétique.

On trouve encore des vues de Corbière sur son œuvre (dont il mesure le caractère insolite par l’ébahissement du lecteur aux goûts académiques) dans CA ?

    •  I sonnet, avec la manière de s’en servir 

En fait, Tristan Corbière découvre authentiquement l’écriture qui entre inévitablement en conflit avec les formes préexistantes. Il revendique la place pour son écriture… mais peut-être n’est il pas fâché de la voir rejetée hors des possibles, de l’acceptable, rejetée dans le difforme, le monstrueux… il peut y trouver une nouvelle fois sa justification. Située en 1870-1873 sa revendication en fait un précurseur, précurseur de la modernité (de l’une de ses faces). Voici en substance comment Francis Burch résume la portée de l’œuvre de Corbière :
Estimant que Corbière a été l’un des premiers poètes à prendre pied dans le monde moderne, il affirme que (si l’apport le plus original d’Appolinaire fut d’avoir à son époque exprimé l’état d’esprit éclectique et peu ordonné de l’homme moderne avec ses bribes de culture, ses vagues réminiscences de tradition) « cette modernité se trouve déjà chez Laforgue et avant lui chez Corbière ». Ce jugement reste entaché du sentiment « d’une insuffisance » de l’homme moderne par rapport à un mythe présupposé de « l’homme classique » et est en ce sens discutable, mais l’idée est juste : Corbière ouvre à sa manière une voie à Apollinaire.
Pour les colorations essentielles de sa vision du monde, celles qui incarnent les formes nouvelles qu’il fait naître, elles tournent autour de l’horrible, du sordide, du macabre. Le cynisme profanateur est une attitude de prédilection et Corbière se livre à la profanation de tout ce qui touche aux valeurs reçues, non vécues.
Ce registre important de sa poésie le range aux côtés de Baudelaire dans la conquête de nouveaux domaines annexés à la Poésie. On a déjà fait allusion à la poésie nouvelle de la vie des grandes villes modernes : Paris, sa vie quotidienne, hors de l’idéalisation factice, ses laideurs splendides. Peut-être, Corbière fait-il montre de plus de violence, de liberté, de sauvagerie que Baudelaire.
Les surréalistes, censeurs impitoyables de leurs prédécesseurs ont reconnu le caractère authentique de son écriture. Breton lui a fait une place dans son  Anthologie de l’humour noir : il admire le caractère provocateur, « le mauvais goût » de Corbière et de sa poésie. Il écrit : « C’est sans doute avec les Amours jaunes que l’automatisme verbal s’installe dans la poésie française ». Il cite Litanie du Sommeil.
Corbière est proche des surréalistes par son attention aux mots, aux expressions toutes faites de la langue, qu’il emprunte pour les transformer, les subvertir en leur faisant rendre un tout autre son grâce à quelque position particulière ou modification :

    • substitution quasi homonymique comme dans le titre du poème : Petit mort pour rire

    • adjonction de quelque élément comme dans le vers du même poème :

Et les myosotis, ces fleurs d’oubliettes (cf forget me not)

- combinaison des deux :

Insomnie, es-tu l’âne en peine

De Buridan – ou le phalène

De l’Enfer ?

(Insomnie).
L’amour de ce jeu révélateur sur les mots qui, employés dans des contextes différents, se heurtent et s’éclairent de reflets réciproques se lit partout : « ils demandent la main, et moi je la leur serre » ; « brave, et souvent, par peur du plat // Mettant ses deux pieds dans le plat » ; « Prodigue comme était l’enfant // Du testament, - sans testament » ; « Ses vers faux furent ses seuls vrais »…
Les exemples sont innombrables de ces trouvailles où le jeu de mots disparaît derrière le sens…
Il faut donc souligner et apprécier justement la singularité, le côté fascinant de cette œuvre relativement méconnue malgré quelques intérêts récents. Il est troublant de constater que ce sont côtoyés dans cette deuxième moitié du XIXé siècle les destins singuliers et maudits de ces poètes révoltés que furent Rimbaud, Lautréamont et Corbière.

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