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Envoyé par Agnès. BAUDELAIRE PETITS POEMES EN PROSE L’œuvre en prose de BaudelaireLe projet des Petits Poèmes en Prose (PPP) naît à partir de 1857, année de publication des Fleurs du Mal (FM). Il avait cpdt déjà donné des textes en prose, dont des traductions de nouvelles d’Edgar Poe mais aussi :
L’ironie est une des principales caractéristiques des PPP. On retrouve également dans La Fanfarlo un certain artificialisme, une volonté de s’illusionner. C’est un trait majeur de l’esthétique de Baudelaire. Ainsi dans La Fanfarlo Samuel Cramer a-t-il réussi la conquête de la danseuse mais c’est en fait la Colombine qu’il veut, càd le rôle qu’elle joue. Jeune, Baudelaire raille le recueil de son héros et le romantisme noir. Le narrateur ironise sur l’artificialisme de son héros qui aimera tjs le rouge et les oripeaux de ttes sortes. L’auteur reprend cpdt cet artificialisme à son compte dans un essai sur Constantin Guys, Le peintre de la vie moderne (ch. XI, « Eloge du maquillage ») : après un réquisitoire violent contre le naturalisme du XVIIIme, il fait l’éloge paradoxal de la mode et du maquillage : « Le rouge et le noir représentent la vie, une vie surnaturelle et excessive » (Noir = fenêtre sur l’âme ; rouge = augmentation de l’éclat de la prunelle). Dans les PPP on trouve svt des variations sur le rouge et le noir. L’influence d’Edgar Poe Baudelaire paraît découvrir son œuvre en 1847. Il cherche une autre voie que les vers et fait donc l’éloge d’un genre narratif : il forme alors le projet d’un recueil de textes en prose, + modeste que celui qui a guidé la composition des Fleurs du mal . Il ne s’agit pas pour autant d’un déclin : le genre narratif met à sa disposition une multitude de ton que répudie la poésie qui vise à la beauté pure et ne peut admettre de dissonances. La modestie du projet ne doit pas dissimuler l’ambition d’ouvrir une perspective nouvelle dans la littérature. La supériorité par rapport au poème versifié réside dans la rigueur du raisonnement. Baudelaire imitera également la froideur argumentative de Poe dans « Le mauvais vitrier » par exple : il pastiche le ton d’un conférencier savant. Cette logique sera souvent au service d’un humour noir (cf. « Assommons les pauvres » où la violence la plus concrète intervient en application d’une théorie abstraite.) Dans Notes nouvelles sur Edgar Poe, il voit dans la nouvelle des procédés logiques à exploiter et des ressources différentes : plaisir de la variété, du caprice, de la bigarrure. Variété que l’on retrouve dans les PPP. « La corde, Le vitrier » sont comme des petites nouvelles : le récit est dépouillé, empli de la plus dure pitié (annonce d’ailleurs les nouvelles de Maupassant comme la Ficelle ou le Port). L’éclatement des genres dans les Petits Poèmes en Prose La nouvelle est un des aspects des PPP mais n’est pas une contrainte. Certains récits en effet ont une tendance symbolique, mythique qui évoquerait le conte (cf. « Une mort héroïque, Le joueur généreux, Les dons des fées »). « Chacune sa chimère » tend vers l’allégorie tandis que « Le thyrse » est symbolique de l’esthétique de Baudelaire. Renonce-t-il pour autant à une poésie pure ? Non, certains poèmes en prose reprennent des poèmes des FM, cf. « L’invitation au voyage », qui reprend jusqu’au titre. Le poème en prose tend parfois au poème tout court avec souci du rythme et figures qui affichent une coloration poétique. C’est parfois le caractère discursif qui domine. Parfois encore le genre varie à l’intérieur même du poème, cf. « Le crépuscule du soir » : il s’ouvre sur une réflexion clinique et détachée puis aveux et explosion lyrique. Une multitude de tons sont à la disposition de Baudelaire, décelés dans la nouvelle, on les retrouve dans les PPP. Il cultive les dissonances et renonce en apparence à l’idée de beauté pure qui guidait les FM : il y a un véritable désir d’en finir avec une beauté marmoréenne . Néanmoins, on trouvait déjà dans les FM des prosaïsmes, des boitillements, des notes de sarcasmes. De même dans les PPP on trouve plus d’un joyau de beauté pure. L’expression « poème en prose » paraît aller de soi aujourd’hui mais il ne faut pas oublier qu’elle semblait oxymorique quand Baudelaire s’en est servi. Genèse de l’œuvre Baudelaire avait préparé l’œuvre à venir dès 1857. Il publie en 1853 dans Le monde littéraire « Le joujou ». En 1855, il publie « Le crépuscule du soir, La solitude ». Mais c’est après la parution des FM qu’il décide de mener à bien son projet : une suite de poèmes en prose. Ils paraissent parfois dans des journaux mais se soldent souvent par des échecs voire des refus. Il accepte qu’on illustre son œuvre. Tout en condamnant certains aspects du romantisme, il s’en réclame néanmoins (cf. admiration pour Gaspard de la nuit, d’Aloysius Bertrand). Son éditeur Arsène Houssaye accepte de le publier mais attend la fin de la livraison, été 1862 seulement. Baudelaire progresse lentement et la publication n’aura lieu dans La Presse qu’à la fin de l’été 1862. Pourquoi ralentissement de son travail ? Baudelaire se trouve dans un marasme physique et moral et début 1862, il a été victime d’une commotion cérébrale. La publication va donc s’échelonner sur plusieurs années. Son travail douloureux alterne avec des périodes de désespoir intense (// avec Flaubert ? ou crise de génération : les poètes ne font plus confiance à leur génie ?).Il se rend en Belgique mais n’y trouve pas l’atmosphère qu’il espérait pour son travail. Il remanie son œuvre constamment mais épuisé, il n’apporte plus que qques retouches. Victimes de troubles cérébraux, d’un choc hémiplégique : il meurt le 31 août 1867. Les publications de poèmes continuent après sa mort et c’est seulement en 1869 que les PPP sont publiés dans leur intégralité. Avec Les paradis artificiels, ils forment le Tome IV des Œuvres complètes. Eléments caractéristiques des Petits Poèmes en Prose
ETUDES LINEAIRES DE POEMES
Dédicace « A Arsène Houssaye » Cette dédicace reste proche de la lettre qui lui fut envoyée à Noël 1861. Elle souligne plus nettement l’inspiration parisienne, cf. l.36 : « C’est surtout de la fréquentation des villes énormes, c’est du croisement de leurs innombrables rapports que naît cet idéal obsédant. » (voir aussi les poèmes I à XX et XXI à XXVI, elle se raréfie dans les poèmes ultérieurs). Dédicace qui s’applique donc plus particulièrement à cet ensemble de poèmes, publiés dans le journal d’Arsène Houssaye en 1862. Rien ne prouve cpdt que Baudelaire eut fait figurer cette dédicace dans son recueil final (posthume). Houssaye est présenté comme un précurseur du poème en prose (cf. allusion à « La chanson du vitrier » d’Houssaye, insérée en 1850 dans ses Poésies complètes). On retrouve un // chez Baudelaire avec « Le mauvais vitrier », même si le ton est différent : il ne s’agit plus de s’attendrir sur la vie des déshérités mais de donner une leçon à cet artiste raté. On note cpdt une réserve ironique dans l’expression « vous-même n’avez vous pas tenté de traduire en une chanson… ». Baudelaire prétend regretter de ne pas l’avoir imité ; il s’est donc démarqué comme par regret du domaine dans lequel Houssaye travaillait. Il donne en fait indirectement une leçon d’art à Houssaye, tout comme dans « Le mauvais vitrier ». On trouve aussi une allusion au Gaspard de la nuit d’Aloysius Bertrand : Baudelaire est séduit par certains aspects nouveaux et étranges de son œuvre : la lune, la ville, satan. «La modernité c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable ». Baudelaire décrit dans ses PPP une vie moderne, plus abstraite (différent du pittoresque d’A.Bertrand). Il se borne à qques détails et veut évoquer le spleen de Paris. Il note l’influence du silence, de l’obscurité. Il évoque aussi l’allure, le style de son ouvrage et débute sur une pirouette : « (…)tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement ». Il veut se distinguer des FM. Barbey d’Aurevilly a évoqué l’architecture des FM et Baudelaire a lui-même écrit dans Notes et documents pour mon avocat : « Le livre doit être jugé dans son ensemble et alors il en ressort une terrible moralité ». Il semble nous dire le contraire pour les PPP dont il vante la souplesse et la liberté de lecture : on coupe où l’on veut, on s’arrête de lire où on veut. L’allusion au serpent est un emprunt à Henri Latouche : « L’art du conteur est devenu un métier où le producteur et le consommateur se méprisent ». Mais Baudelaire annonce un parcours inverse : il s’éloigne sporadiquement de la grande poésie versifiée pour livrer aux journaux des textes en prose (souligne ainsi l’aspect divisible de son mystérieux ouvrage). Est-ce un ouvrage discontinu pour autant ? C’est plutôt un signe de la modernité baudelairienne . Il affecte en outre de se cantonner dans un rôle modeste d’amuseur. Il revendique cpdt une qualité plus compatible avec la beauté (aveu moins modeste) : « Quel est celui d’entre nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique… ». Il évite les écueils d’un style trop prosaïque ou d’une prose véritablement poétique (cf. Fénelon, Télémaque). Il côtoie parfois le style journalistique (cf. « Perte d’Auréole »), se rapproche qques fois des FM (cf. « Un hémisphère dans une chevelure »). Mais la plupart du tps, il réussit à atteindre son idéal. « Chacun sa chimère » Texte qui paraît la 1ère dois dans la presse de Houssaye. La chimère est un monstre de la litt gréco-latine, figure de l’illusion. Le décor évoqué est à l’opposé du royaume des chimères. L’espace est vaste mais au lieu d’inviter à la liberté, il est désolant voire accablant, désolant parce que désolé. Il n’offre aucun repère, il est « sans chemins » (+ répétition obstinée de « sans »). On note une progression négative de l’énumération. Il n’y a rien, pas même une ortie. La récurrence des voyelles nasalisées on/an crée une sorte d’envoûtement monotone. Baudelaire reprend le thème romantique de la caravane humaine (cf. Lamartine, Hugo). Il en inverse la signification et casse le courant chrétien : c’est une errance infinie (cf. « La Béatrice, De profundis clamavi, Un voyage à Cythère). Rapprochement avec Gautier, « Voyage hors barrière ». Le poème bascule ensuite dans la monstruosité, dans le fantastique. Le paradoxe s’accuse car le monstre mythologique s’agite, il est ailé. Ici il est simplement monstrueux par son poids. La chimère suscite ici des comparaisons triviales et prosaïques : sac de charbon, farine. Image inversée : la chimère et son poids font penser à un sac de charbon. Répétition phonique du [f] : farine, fourniment, fantassin. // avec « Bohémiens en voyage » dans les FM. Les 2 textes se complètent pour montrer que l’illusion est un mal. Ici les hommes errent sans fin dans une sorte de désert. La monstruosité redouble ensuite et confine à l’horreur, cf. ch. 3. La chimère vit d’une vie atroce, inflige à l’homme un triple supplice. D’une invention mythologique ancienne, Baudelaire tire un effet de fantastique. Les allitérations en [r] indiquent un déchirement : l’illusion pèse comme une fatalité. !!!, « sa tête fabuleuse » = de créature de la fable. Puis intervention à la 1ère personne du narrateur, étranger à la caravane. L.21, ton elliptique d’un observateur sur le terrain « chose curieuse à noter. Chacun des hommes finit par faire corps avec la chimère. Physiquement accablés, ils s’abandonnent. Pesanteur et lourdeur vers le sol :
L’espérance est ici une marque de châtiment : elle fait supporter l’insupportable (// avec Edgar Poe et La torture de l’espérance ). La verticalité descendante règne tjs. . mais comment ces êtres épuisés sont ils encore mus par l’espérance ? Il y a ensuite la chute : pointe finale et catastrophe : le poète avoue son accablement alors qu’avant il semblait indifférent et détaché. L’illusion est le pire des maux : elle rend d’abord blasé puis elle atteint les âmes trop lucides. La malédiction des hommes ravagés par l’illusion n’est rien devant l’horrible indifférence des poètes. « L’horloge » Titre déjà utilisé dans les FM, mais ici n’a pas de connotations aussi négatives. Lui sert à illustrer deux thèmes qui lui sont chers : la femme et le temps. Equilibre savant de l’ironie. Le texte débute bien sur une anecdote exotique, inspiré du récit d’un missionnaire en Chine, le révérend père Régis Huc, Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie et le Tibet. La pupille du chat se rétrécit jusqu’à midi puis la dilatation recommence. Baudelaire joue sur des motifs familiers et sur l’exotisme : banlieue de Nankin, le gamin du céleste empire. Le glissement du thème du chat au thème de la femme se fait par l’intermédiaire de « la belle féline ». On note également l’opposition anecdote chinoise / contemplation des yeux de la femme ; il est midi / il est l’éternité. Thème de l’intrus qui contribue à tout détruire, de celui qui vient à contre-temps. Charles Mauron dans Le dernier Baudelaire montre le motif du poète qui voudrait s’abandonner au rêve et qui est tjs torturé par un importun. Mais ce sont des incursions sataniques : nervosité du poète ? L’intrus n’est-il pas le poète lui même ??? Ici tout se confond avec l’espace : « une heure vaste ». On croit à une intervention diabolique mais elle n’est que cruellement banale. Madrigal prétentieux puis démystification :n effets de parallélisme, jeux de sonorités, effets de balancement (« que ce soit »), double effet de chiasme nuit / jour / pleine lumière / ombre opaque. Ironie froide, cf. « madrigal méritoire », càd laborieux « Enivrez-vous » Poème publié dans le Figaro. S’adresse directement à ses lecteurs par le titre à l’impératif. Injonction étonnante puis ton assertif. L’ivresse est une nécessité exclusive, c’est l’unique question. Le fardeau du tps rappelle que nous sommes voués à l’usure. Pour s’en défaire il faut tomber dans un nouvel esclavage car il faut tjs être ivre. Il propose ensuite une solution (cf. Musset, « Qu’importe le flacon » : liberté de choisir le moyen de s’enivrer. Rythme ternaire : « de vin, de poésie ou de vertu à votre guise ». Vin et vertu s’opposent. On ne s’étonne pas trop de voir vanter la poésie après le vin (cf. Platon, Montaigne). Plus paradoxale serait l’ivresse de la vertu : l’héroïsme vertueux ? Cf. aussi « Les veuves ». La privation exalte le désir. « L’ivresse déjà diminuée ou disparue » = prop participiale. Dans l’énumération, 5 noms et 5 verbes. L’horloge donne le conseil négativement en rappelant le travail du temps. L’horloge s’associe aux éléments naturels, confirmant la marche inexorable du temps. Les mots « vent, vague » donnent une impression de légèreté. Le caractère éphémère de s effets de l’ivresse renforce la leçon « enivrez-vous » : il faut le faire souvent. Baudelaire a l’air de s’exprimer en moraliste mais il exalte en fait le rêve. Il suggère 3 formes d’ivresse mais il y en a bien d’autres : l’amour, les paradis artificiels, l’art (en face des ciels du peintre Boudin ou devant les tableaux de Delacroix il ressent une ivresse similaire à celle que lui procure l’opium. Dans la 1ère phrase on note la place inhabituelle de l’adverbe « toujours » + reprise phrase suivante avec « tout ». Ce n’est pas une ivresse spécifiquement due à l’alcool. Baudelaire parle ensuite d’une unique question. Mais la réponse vient après : l’ivresse est seulement éphémère puisqu’elle est une question. 3 sortes d’ivresse :
=> 3 vertus qui mènent à un paradis certes, mais éphémère, cf. « déjà diminuée ou disparue » Dans l’accumulation de noms, tous les éléments sont naturels, sauf l’horloge qui rappelle que l’homme est tjs l’esclave du temps. Ce fardeau s’oppose au vent (légèreté), à la vague (la mer, l’infini), l’étoile (flamme inspiratrice) ou encore l’étoile en tant que relais ciel / terre. L’accumulation suivante « a tout ce qui fuit… » indique elle aussi une ivresse éphémère d’où le côté paradoxal de ce poème qui invite à l’ivresse. |
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