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H![]() Nashidil Rouiai, doctorante à l'Université Paris IV, au sein du laboratoire ENeC. Notions, mots-clésSoft power chinois, influence, culture, cinéma, rétrocession, censure, mandarin, cantonais. Inscription dans les programmes– 4e, Géographie : « Questions sur la mondialisation. Thème 1 : La mondialisation et la diversité culturelle ». – 1re Bac Pro, Géographie : « Sujet étude 2 : Mondialisation et diversité culturelle ». – Tales L et ES, Géographie : « Thème 2 : Les dynamiques de la mondialisation. La mondialisation en fonctionnement. » IntroductionHong Kong est un mélange de cultures, c’est ville chinoise au passé britannique, avec des traces occidentales. Le 1er juillet 1997, elle est rétrocédée à la Chine par la Grande Bretagne. À cette occasion, Deng Xiaoping déclare : « Cinquante ans sans changement » pour cette enclave occidentale dans la Chine ; les libertés (liberté d’expression, pluralité politique…) sont garanties selon le principe « un pays, deux systèmes ». La Chine est alors un pays où se côtoient deux systèmes, celui de la Chine communiste et celui de Hong Kong. Cette ville se situe au cœur historique d’un archipel, les îles de Hong Kong, qui connut une succession d’annexions. Ce territoire, de 263 îles et une partie continentale, qui s’étend sur 1 100 km2, a une densité moyenne de 6 600 hbts/km2 sur 1/5e de sa superficie, et est un espace hyper-urbanisé mais qui compte aussi des espaces verts. C’est une métropole du contraste, cosmopolite, fer de lance du dynamisme économique chinois. C’est aussi un des lieux majeurs du cinéma international : avant la rétrocession, c’était le troisième producteur mondial de film. Hong Kong, c’est une identité, une géographie, une relation géopolitique visible à l’aune de son cinéma, de son développement, de ses bouleversements. Son cinéma montre un lieu approprié, une identité spatiale, un pas vers un ailleurs… Le cinéma comme une rencontre. Cette ville est un espace condensé et fractal à reconstituer par le cinéma : – Espace réel / espace mythique (un mix des deux). – Recherche de fantasmes cinématographiques. – Frontière réelle / représentation floue, insaisissable. – Des mutations, des troubles, des paradoxes… On a observé deux mouvements : – Une modification du cadre de production du cinéma hongkongais. – Un enregistrement des mutations culturelles et politiques par le cinéma. I. Hong Kong et la censure, le prisme de la rétrocessionHong long est une ville cosmopolite, ce qui est visible dans son architecture. C’est un territoire symbolique. Le lieu n’a pas changé mais la rétrocession à un pays communiste en voie de développement fut une première ! 1. Peur ou chance ? De nouvelles perspectives s’ouvrent…On a observé une peur du recul de la liberté d’expression même si une autonomie est assurée, excluant la politique étrangère et la défense. Le gouvernement local pratique la censure afin de plaire à Pékin. Cela se double d’une autocensure (enjeu économique car il est important de diffuser sur le marché chinois). Il y a un marché gigantesque à conquérir. Il existe des limites imposées par le Film Censorship ordinance qui « interdit aux films d’entamer les relations avec les autres territoires », pour des raisons diplomatiques. 2. Les thèmes abordésL’exemple d’Happy Together de Wong Kar-Wai (1997, avant la rétrocession, Prix de la mise en scène à Cannes). Ce film se déroule en Argentine et retrace une histoire d’amour passionné d’un couple homosexuel. Ce film est en décalage avec le reste de son œuvre. Est-ce une réponse personnelle du réalisateur, un exil volontaire en réponse à la rétrocession ? C’est ce que semble indiquer la première phrase du film : « On repart à zéro. » Il sera classé en catégorie 3 lors de sa sortie, c’est-à-dire comme film à caractère pornographique ou violent. On assiste à un respect des règles, des consignes édictées par le SARFT (State of administration of radio and television). Hong Kong ne rentre pas dans les quotas du cinéma chinois mais dans celui des films étrangers dont seulement 20 sont diffusés par an ! C’est pourquoi, les collaborations avec la Chine centrale se font plus nombreuses afin de contourner la censure et les quotas. Les films non-mandarins passent dans le quota des films étrangers. La coproduction et l’utilisation du mandarin se font indispensables (ex : John Woo qui utilise largement la coproduction). Les films tournés en cantonnais sont obligés de passer par la censure. Exemples : Infernal Affairs (無間道 Mou gaan dou), film hongkongais, réalisé par Andrew Lau et Alan Mak, sorti en 2002, et premier opus d'une trilogie, verra sa version initiale modifiée. La fin est différente de la version première, le crime ne doit pas payer. II. Déclin et rayonnement du cinéma hongkongais (ou « l’après 1997 »)1. Les conséquences sont nombreuses– départ des stars hongkongaises vers les États-Unis (ex : Jet Lee, John Woo, Jackie Chan). – baisse du chiffre d’affaires de 130 millions de $ en 1992 à seulement 38 millions de $ en 1999. – Une production en baisse : 300 films en 1990, 100 films en 1997, 56 en 2011. C’est paradoxal car, dans le même temps, le cinéma hongkongais bénéficie d’une aura et d’une reconnaissance internationale très forte. Wong Kar-Wai dénonce cette situation lorsqu’il déclare que « quelque chose semble s’être cassé depuis la rétrocession(1997), comme si le cinéma hongkongais avait perdu son âme ». 2. Le poids de l’Histoire1930 : cinéma parlant. Le cinéma hongkongais est né de la résistance linguistique du cantonais lorsque le Kuomintang a voulu imposer le mandarin à toute la production cinématographique ; de nombreux cinéastes se réfugient dans le territoire britannique où se développe un cinéma en cantonais. Lors de la prise de Shanghai par les Japonais, des cinéastes quittent la ville pour Hong,Kong. La guerre civile, la révolution communiste, la révolution culturelle attirent à nouveau à Hong Kong de nombreux réfugiés mais de langue mandarine. Cela explique l’importance du mandarin dans le cinéma hongkongais, cinéma qui connait un essor dès 1939 avec 15 films par an. 3. Des styles– Le mélodrame (années 1960). – Les arts martiaux (fin des années 1960). – Polar et comédie (milieu des années 1980). – Catégories 3 / films violents (milieu des années 80). – Fin des années 1980 : hausse du cinéma d’auteur. Cette évolution s’accompagne de changements de thématiques. Hong Kong est le cadre, voire le personnage, des films, le mandarin décline et le cantonnais est plus utilisé. 4. La ville devient acteurLes tournages se font avec de petites équipes de cinéastes indépendants, ce qui crée moins de contraintes. Il y a plus de liberté d’expression, une affirmation du cantonais et une exaltation de l’identité hongkongaise. L’épisode de la place Tian'anmen a soulèvé de l’espoir. Ce cinéma connait une crise identitaire à laquelle s’ajoute une crise économique (fin 1990, crise asiatique). À cela, il faut ajouter le rôle du piratage à partir des années 2000 qui vide les salles (le cinéma hongkongais est frappé par cette désaffection) et cela aboutit au fait que 93 % des ventes de films sont le fait du piratage. On observe des réussites cependant : Johnny To (The mission 1999, Election, 2005…) ; Andrew Lau et Alan Mak (Infernal affairs 2002) ; Stephen Chow (Crazy kung-fu, 2004) et bien sûr Wong Kar-Wai… Ce cinéma garde une influence au niveau international à travers les différents festivals, bien que la Chine n’assure pas la promotion de ce cinéma hongkongais jugé trop indépendant. III. Le Hong Kong de Wong Kar-WaiÉtude réalisée à partir d’extraits de trois films assez emblématiques : – 2046 (2004) ; – Chunking Express (1994) ; – Les Anges déchus (1995). Dans ces trois films, la ville est mise en valeur. On passe d’un couple à l’autre, on assiste à une disjonction des corps et de l’espace ou du territoire (aspects métaphoriques, indices…). L’idée est celle d’une perte, d’une rupture définitive et brutale. Le territoire est complexe et oscille entre légèreté et amertume. C’est perceptible dans Chunking Express : – images et musique saccadées, flux rapides : dynamique de la ville ; – le policier refuse le départ de sa bien-aimée ; il se nourrit de boîtes de conserve qui se périment au 1er mai, date de départ de sa fiancée et date de son 25e anniversaire ; – approche imminente d’une perte, d’une rupture brutale, d’un bouleversement = la rétrocession ; – présence forte de la thématique de la péremption : tout se périme, les conserves comme les vœux = les promesses de Pékin seront-elles tenues ? C’est le récit d’une mort annoncée. Dans Chungking express et Les Anges déchus, il y a une présentation d’un Hong Kong britannique sur la fin, qui va disparaître et une expression des inquiétudes face à un avenir incertain. Dans 2046, c’est l’éviction constante de l’Histoire. La date (le titre du film) correspond à la dernière année de ce régime particulier, spécial, ces 50 ans sans le changement promis en 1997. Extrait : Ouverture du film 2046 : – idée de « non-retour » ; – 2046 est une ville, le moment devient espace ; – représentation politisée de la ville par Wong Kar-Wai (ex : le numéro de la chambre, 2046, est aussi le numéro de la chambre où le héros avait l'habitude de rencontrer Su Li Zhen, son grand amour, en 1962 à Hong Kong. Il s'installe dans la chambre 2047 fin 1966 et observe ce qui se passe à côté…) ; – Date fixe et heure fixe ; – Omniprésence de la mémoire et du temps qui enferment les personnages dans leur solitude. Au niveau de la réalisation, on observe que les plans d’ensemble de la ville sont pratiquement inexistants. On nous présente un espace fragmenté (cadre dans le cadre, courte focale, pas de panorama). La ville est chaotique, un lieu de rupture des liens sociaux. Il n’existe pas d’interaction sociale, les gens se croisent sans se toucher. Fragmentation et mouvements sont la règle. « Hong Kong est un personnage qui remplace les êtres de chair » (Wong Kar-Wai). Ce sont donc trois films qui ont Hong Kong pour décor, qui filment Hong Kong, avec des marqueurs très nets : – jamais de plans d’ensemble mais des fragments de ville (à mettre en parallèle avec la géographie du territoire) ; – des images parfois chaotiques, marquées par le mouvement, la rapidité ; – insistance sur la densité de la foule ou des constructions et sur la verticalité ; – des personnages qui se croisent, ne se touchent pas car ils sont dans une forme de solitude, d’isolement (individualisme que l’on peut mettre en parallèle avec le statut spécial de Hong Kong ?) ; – le cinéma mime Hong Kong, à la fois occidentale et chinoise, une ville en mouvement, fragmentée, dense et verticale Dans ces trois films, la rétrocession est toujours en présente, en fond, révélatrice d’une angoisse, d’une inquiétude, d’une incertitude quant à l’avenir. Cette logique se retrouve dans d’autres films. Par exemple, dans Infernal Affairs (Wai-keung Lau, Alan Mak, 2002) avec deux héros opposés, deux îles, une schizophrénie de la ville, ville labyrinthique, métropole polymorphe. Compte rendu réalisé par Raynald Leroy, académie de Reims. FIG 2013 – N. ROUIAI – Hong Kong : cinéma, géographie et politique |
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