Bibliographie 62 Cône Sud et Brésil Introduction du Chapitre 4 : Cône Sud et Brésil L’ensemble régional «Cône Sud et Brésil»








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1 – La région centrale du bassin de la Plata




Cette macrorégion, qui correspond au bassin hydrographique de la Plata, couvrant 3,1 millions de km2, composée par plusieurs ensembles naturels et nationaux, se caractérise par la diffusion spatiale des dynamiques dues aux processus d’intégration. C’est aussi une vieille région urbano-industrielle, selon les caractéristiques extensives propres au continent américain, disposant d’un bon réseau d’infrastructure. Elle totalise 70 millions d’habitants, avec un niveau de formation élevée et un degré de vieillissement notable. Dans l’ensemble, la région présente des indicateurs assez proches des standards européens, à l’exception du Paraguay.

Les intégrations régionales et l’ouverture des économies modifient les conditions de production et d’emploi ce qui a pour effet de rendre plus poreuses les frontières des cinq nations qui composent le bassin de La Plata, dont deux incluses dans leur totalité, tout en favorisant le renouveau des identités locales. Ce double mouvement d’accroissement des échanges et de renaissance des localismes, révèle des spécialisations et des complémentarités qui réorganisent différemment les territoires désormais moins dépendants des logiques nationales, plus structurés par l’influence des métropoles, inégalement marqués par la rémanence de la frontière ou le jeu des acteurs transnationaux.

La connaissance de ces territoires dans leurs limites internationales et internes, et selon leurs identités propres régionales, permet de prendre la mesure des nouvelles configurations de l‘intégration et de la mise en place d’une série de réseaux.

Des identités nationales et régionales en recomposition


Dans le vaste ensemble des plaines du Bassin de la Plata, qui font la transition entre l’Amérique tropicale et l’Amérique tempérée, on distingue, outre les vallées proprement dites des fleuves Bermejo, Paraguay-Parana et Uruguay, en suivant une diagonale aride : le Chaco au nord, la Serra de Cordoba, le fleuve Salado, les Pampas qui vont de l’aride à l’humide et remontant sur le flanc oriental du Parana, le plateau brésilien couvert d’une forêt subtropicale où domine l’araucaria. Enfin, le vaste estuaire, Rio de La Plata, s’ouvre sur une largeur de 200 km entre les deux prairies : la Pampa au sud, la bande orientale à l’est. L’Argentine en occupe la plus grande surface avec une dizaine de provinces. Le Brésil fait partie de cet ensemble avec les Etats du Mato Grosso du Sud, du Parana, du Santa Catarina et du Rio Grande do Sul. Ces Etats totalisent 29 millions d’habitants sur un million de km2. Enfin, la Bolivie est présente par les hautes vallées du Pilcomayo et du Bermejo et l’extrémité de l’Oriente où elle atteint le fleuve Paraguay par le canal de Tamengo. Deux pays sont entièrement inclus dans cet ensemble, le Paraguay et l’Uruguay. Le premier, enclavé, s’est forgé dans la crainte du blocus et la défense de son modèle d’économie endogène, tandis que le second ouvert par une large façade atlantique, est plus proche d’un modèle européen, comme l’Argentine. Région en recomposition marquée par l’épuisement d’un modèle trop longtemps dépendant de la croissance européenne et où les processus d’intégration annoncent d’autres configurations et identifications socio-spatiales.

L’Argentine en transition


L’Argentine contrôle le cœur du bassin de La Plata où elle a été longtemps la puissance hégémonique et où se regroupe les trois quarts de la population du pays et les plus hauts revenus, notamment dans le Grand Buenos Aires et les villes des bords du Parana, Rosario et Santa Fé. Dans ce pays, la question de l’identité nationale demeure ouverte, les crises récentes réactivent l’inquiétude des Argentins sur leurs identités individuelles et collectives. La vice-royauté de La Plata, née lors de la première mondialisation qui porta les empires espagnol et portugais dans les Amériques, comptait à peine 2 % de la population d’Amérique latine et quelques points d’exportation ; la nation argentine s’est réellement construite dans la mondialisation de la fin du 19ème siècle comme une cellule de la division internationale du travail, représentant alors 45 % du PIB de l’Amérique latine, plus que le Mexique et le Brésil réunis. Elle accueillait le trop plein des campagnes européennes et exportait des matières premières agricoles. Une Argentine triomphante qui fit l’admiration des observateurs pour cette nation énergique mettant en valeur un territoire immense, dont elle chassait les indigènes. Puissance émergente, elle était alors au dixième rang des économies mondiales. Buenos Aires, première ville de l’Amérique latine, dépassait les deux millions d’habitants en 1914, avec un port en pleine activité équipé d’usines frigorifiques ultra-modernes.

La Pampa, foyer économique principal du modèle agro-exportateur, est irriguée par un réseau de chemin de fer1 en étoile à partir du Rio de La Plata et les villes de Cordoba, Mendoza et Tucuman jouent les relais vers le nord-ouest ; partout l’offre de travail et de formation est supérieure aux autres villes de l’Amérique du Sud. C’est aussi l’époque de l’organisation du territoire, des inventaires cartographiques et du cadastrage géométrique des départements et des propriétés.

La crise des années 1930 met un terme à l’expansion ; le pays recentre alors son modèle de développement pour le rendre moins dépendant de l’étranger et entreprend de construire une industrie nationale. Ce mouvement s’accompagne de deux phénomènes territoriaux :

  • une forte urbanisation : les dix principales villes concentrent, en 1960, la moitié des 20 millions d’habitants que compte l’Argentine. La croissance urbaine est alors largement due à l’apport des provinces, en particulier du nord marginalisé par le nouveau modèle de développement ;

  • une plus grande intégration des territoires éloignés, tels Missions et la Terre de Feu, qui reçoivent alors le statut de provinces.

Cependant, une autre crise à répétition s’ouvre au début des années 1970, exacerbée par la mondialisation financière, elle se traduit par la chute des revenus et la remise en cause du modèle social. La guerre de Malouines en 1982 sonne le glas de l’Argentine européenne et le pays joue plus nettement la carte de l’intégration avec ses voisins sud-américains, alors que son PIB ne représente plus que 10 % de celui de l’Amérique latine et que le Mexique et le Brésil, ont chacun un PIB trois fois supérieur au sien. L’industrie nationale a été presque totalement privatisée, les prises de contrôle des fleurons nationaux par des entreprises étrangères, tels la Compagnie des pétroles YPF rachetée par l’espagnol Repsol, ainsi que la compagnie téléphonique rachetée par l’espagnol Telefonica, et la plus grande entreprise privée de pétrole Perez Companc rachetée par la Petrobras, ont été vécu comme autant de traumatismes de perte de substance nationale. En réaction à ces mesures qui ébranlent l’économie nationale, le pays connaît une violente explosion sociale en décembre 2001, provoquée par une série de restrictions financières qui entament les salaires, les retraites et les économies de la classe moyenne et accroissent le nombre de personnes vivant de l’économie informelle. L’exaspération populaire entraîne une crise politique, la démission du président, la remise en cause du modèle et une tension au sein du Mercosud.

La crise de l’Etat-nation trouve son corollaire dans la valorisation des espaces locaux et des identités particulières obligeant à repenser la singularité des cultures au sein du continent, allant même jusqu’à la reconstruction des éléments d’histoire pour exalter ce qui rapproche les pays de l’Amérique latine. Le sentiment d’appartenance régionale se reconstruit, comme l’exprime le cas du territoire argentin de Misiones à la triple frontière Argentine-Brésil-Paraguay, lieu emblématique de ces territorialités croisées qui tissent l’identité « platine ». Il se construit à Misiones un localisme frontalier sud-américain qui part d’une relecture des péripéties nationales et internationales. Quand, en 1953, sous le péronisme, le territoire de Misiones obtient le statut de province ; le gouvernement, pour lui donner une assise, recourt à l'histoire, exhumant des héros, tel le caudillo guarani, et des contre-héros, tel le bandeirante portugais esclavagiste, qui servent à la représentation de l'identité régionale. La notion de « missionarité », qui définit la spécificité et l'appartenance de la région à la nation, s'est donc renforcée au moment où s'élaborait la construction identitaire de cette province. Elle renaît actuellement, dans le contexte de l'intégration régionale du Mercosud, où des rapprochements frontaliers consolident des épisodes de solidarité entre les villes, comme le prouve le rapprochement de Posadas (Arg.) et Encarnación (Par.) de part et d'autre du fleuve Paraná. Parallèlement, de nombreuses localités commencent à revendiquer une identité spécifique à reconstruire. Les fleuves, d’abord séparateurs des nations sud-américaines, deviennent de nos jours des vecteurs d’intégration.

L’originalité paraguayenne


L’identité paraguayenne, s’est construite dans l’originalité irréductible d’un territoire enclavé, aux contours flous, soumis aux pressions de ses voisins, resserré autour d’Asunción, au bord du fleuve Paraguay, au centre de l’Amérique du Sud. Espace médian à la croisée des axes est-ouest (par la traversée du Chaco) et nord-sud (par les fleuves Paraguay-Parana), institué comme province de l’empire espagnol dès 1544, se distingue par sa non appartenance aux deux facettes Atlantique et Andine de l’Amérique espagnole. L’originalité culturelle et linguistique a été maintenue par un ample métissage entre Guaranis et espagnols, aujourd’hui encore 90% de la population parle ou comprend le guarani, l’une des deux langues officielles. Ce pays « oublié », où 50% de l’économie est informelle et où la population rurale reste fortement représentée, est en phase de consolidation démocratique après la fin de la dictature du général Stroessner (1954-1989) qui avaient entretenu des références nationalistes, paysannes et militaristes. Depuis lors, l’émergence de nouveaux acteurs révèle un Paraguay moderne.

La singularité géopolitique de ce territoire peut s'expliquer par sa formation socio-spatiale particulière qui remonte au 17ème siècle quand les jésuites obtiennent la constitution d’une province autonome sur le bassin moyen du Parana, où ils regroupent plus de 100 000 indigènes Guaranis en une quarantaine de missions vivant de la commercialisation du maté, du coton et du tabac. A leur départ en 1767, le caractère mouvant des frontières mal définies de ce territoire n’en est que plus patent. De leur côté, les Portugais avancent et fondent les fortins de Nova Coimbra (1775), d’Albuquerque (actuelle Corumbá) en 1778 exerçant un plus grand contrôle sur le rio Paraguay, entraînant la ralliement des tribus indiennes. Cette région de transition deviendra deux siècles plus tard l’Etat du Mato Grosso du Sud (1977). Ce lieu, champ d’expérimentation de la coexistence entre les deux cultures de l'Amérique est donc original, sa spécificité aurait pu être plus affirmée si les nouveaux arrivants avaient reconnus aux Indiens des droits de souveraineté et de propriété ; or, les Européens furent alors incapables d'envisager une société plurielle et autre chose que l'imposition de leur modèle.

Cette « province géante des Indes », est finalement la première à proclamer son indépendance et à se constituer en république en 1812. Elle met en place, sous la férule de Gaspar Rodriguez de Francia, une tentative de développement autocentré par la nationalisation des terres et l’appui à l’agriculture familiale qui permet d’atteindre l’autosuffisance alimentaire tout en exportant du coton et du tabac. Mais une telle volonté d’autonomie entraîne le drame de la guerre de la Triple Alliance, les trois voisins, Brésil-Argentine-Uruguay, se liguent contre le Paraguay ; une lutte de guérilla s’éternise entre 1866 et 69, provoquant une véritable hécatombe parmi la population du pays qui chute de 400 000 à 150 000 habitants et un traumatisme qui marque durablement ce territoire et redéfinit les frontières ouvrant une nouvelle phase dans les relations entre les pays de La Plata. Malgré les nationalismes qui s’exacerbent, doublé d'un brûlant traumatisme dans les mémoires collectives qu’un siècle plus tard, l’initiative du Mercosud tente d’apaiser.

Entre 1881 et 1920, alors que près de 5 millions de migrants européens débarquent en Argentine, 240 000 en Uruguay, à peine 22 000 s’installent au Paraguay dont l’économie s’enfonce dans l’immobilisme. Puis, lorsqu’en 1950, le Paraguay, totalisant 1,3 million d’habitants, atteint la première phase de la transition démographique, sa population migre en assez grand nombre vers les pays voisins : on compte 155 000 paraguayens en Argentine en 1960 et 320 000 en 1970. Cependant, au milieu des années 1950, le général Stroessner, reformule les alliances régionales, fait du Brésil un partenaire et lance un projet d’intégration de l'Oriente par la colonisation agricole, des terres sont accessibles aux migrants brésiliens. Le pont de l’amitié unissant les deux pays est construit en 1966. Asunción est alors connecté au réseau routier du sud du Brésil et aux principaux ports atlantiques, les migrations des brésiliens vers le Paraguay s’accélèrent, accompagnant la « vague du soja » et de l’agriculture moderne. En une dizaine d’années, pas moins de 30 000 fermes, la plupart entre les mains des « brésiguayens », mettent en culture un million d’hectares de soja dans l’Oriente paraguayen bouleversant l’organisation de ce territoire, resté jusque là largement forestier.

Le rôle particulier de cette entité nationale au sein du bassin de La Plata, comme celui de l’Uruguay, a souvent été de servir de refuges aux activités illicites, illustrant ainsi comment les discontinuités géographiques et culturelles interagissent dans les modalités de l’intégration.

L’Uruguay, au centre du Mercosud


L’Uruguay, espace médian également disputé entre les Espagnols et les Portugais, qui comporte à la différence du Paraguay une portion de littoral, est devenu indépendant en 1828. Le héros national, José Artigas, avait en vain tenté de fédérer les territoires du rio de La Plata au Rio Grande do Sul. Avec ses 176 215 km2, il est d’une superficie à peine supérieure à celle du Surinam, le plus petit Etat de l’Amérique du Sud. Sans obstacle naturel (le point culminant s’élève à 513 mètres au Cerro Catedral), il est doté d’un réseau de communication assez dense. Son sous-sol correspond au vieux socle cristallin du précambrien, ourlé d’une plaine littorale qui part de la lagune Merim jusqu’au rio de La Plata, domaine de la culture du riz et de centaines de km de belles plages. La moitié de ses 3 millions d’habitants est concentrée dans la zone métropolitaine de Montevideo et le reste se localise sur les bords ouest et sud, laissant un grand vide dans la zone centrale où dominent les activités d’élevage sur prairies naturelles ou artificielles. La coopérative nationale des producteurs de lait, Conaprole, une des premières entreprises du pays, regroupe près de 3000 producteurs et commercialise 750 millions de litres de lait par an.

L’Uruguay a toujours essayé de tirer le meilleur profit de la confrontation entre ses deux grands voisins. Pays d’accueil pour les capitaux, il a été surnommé « la Suisse latino-américaine » jouissant d’un niveau de vie élevé et d’un bon système d’éducation. En phase avancée de maturité démographique, depuis les années 1960, la population se stabilise, autour des 3 millions d’habitants, plus de 500 000 Uruguayens vivent à l’étranger et le pays dénombre plus de 600 000 retraités. L’Uruguay joue le rôle de place financière pour le Cône sud, l’activité bancaire y est fort importante avec un réseau précoce de zones franches. Son territoire est au centre de l’espace-moteur du Mercosud et tous les projets de transport le traverse : l’autoroute du Mercosud, alternative au trajet São Paulo à Buenos Aires, progresse tronçon par tronçon, avec comme point d'orgue la construction d’un pont Colonia- Buenos Aires enjambant le rio de la Plata qui devrait raccourcir considérablement le voyage. La terminaison de la voie navigable Tiêté/Parana/Paraguay prévoit l’extension et l’approfondissement du port de Nueva Palmira apellé à jouer un rôle amplifié dans le contexte du Mercosud, tout comme le port de Montevideo, meilleur port que celui de Buenos Aires. C’est aussi dans la capitale de l’Uruguay qu’a été installé le siège du Secrétariat Exécutif du Mercosud dont les installations doivent s’étoffer.

Vers une aire culturelle « platine »


Une aire culturelle « platine » est-elle en train d’émerger ? L’approche de l’identité gaucha, particulière et transfrontalière, peut constituer un début d’analyse sur les composants de cette aire culturelle en formation. Le terme gaucho désigne originellement les habitants des prairies qui s’étendent du centre-est argentin à l’extrême sud brésilien où la région est même désignée par l’appellation de Campagne gaucha. D’abord réservé aux indigènes, l’expression fut ensuite associée aux éleveurs des grands domaines avant de devenir la dénomination de tout habitant du Rio Grande do Sul. Par extension le gaucho devient l’emblème des nouvelles identités régionales, l’homme de la Pampa, fier de sa liberté et de sa vaillance. De plus, le gaucho ayant eu à défendre la frontière hérite d’une « vocation naturelle au commandement » et d’une forte tradition militaire dans ces confins de l’Argentine, de l’Uruguay et du Brésil, théâtre de guerres et d’incursions incessantes avant la stabilisation à la fin du 19ème siècle. Luso-brésiliens et hispano-américains se sont influencés, en particulier du point de vue linguistique et culturel. On retrouve les mêmes traditions du rio de La Plata au sud du Brésil et même jusqu’au Minas Gerais, où le vocabulaire relatif au cheval est plein de termes hispano-américains (Teyssier, 1997).

A partir des années 1950, ces gauchos migrent et défrichent les terres de l’ouest du Santa Catarina et du Parana, puis à la fin des années 1970, ils s’installent en Amazonie, dans les Cerrados du Nordeste et au Paraguay, si bien qu’à l’heure actuelle tout migrant provenant de la région du Sud est désigné par le terme de gaucho et l’identité gaucha est reconnue aux territoires où ces migrants s’implantent. Fortement associés à leur origine italo-germanique, ayant la réputation de pionniers, modernisateurs, défricheurs de la forêt, ils emmènent avec eux leurs pratiques culturelles qu’ils entretiennent au sein des Centres de Tradition Gaucha (CTGs), liés au mouvement traditionaliste gaucho, connectés avec les pays de La Plata à travers la Confédération Internationale du Traditionalisme gaucho qui regroupe plus de 2,5 millions adhérents. La diffusion des CTGs et des églises luthériennes accompagne la dynamique migratoire, tant au nord, où elle atteint la frontière du Venezuela, qu’à l’ouest au Paraguay (Haesbaert, 1997). La culture gaucha est également associée à la consommation du maté, boisson préparée avec les feuilles de l’arbuste ilex paraguariensis, très prisée dans tout le bassin de La Plata. L’usage du chimarrão ou cimarron constitue un signe de reconnaissance de l’appartenance à cette aire culturelle tandis que l’apprentissage de l’espagnol et du portugais se diffuse dans les écoles.

La référence « guarani », qui renvoie aux premiers habitants du bassin de La Plata, est souvent utilisée pour spécifier l’identité platine. Ainsi, la découverte d’une immense nappe d’eau souterraine entre le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay, baptisée « aquifère Guarani » et son inventaire (un débit de 800 m3/heure, à 1000 mètres de profondeur sur une étendue de 1,2 million de km2) fournit un nouvel enjeu à la question de la gestion en commun d’une ressource naturelle. Cette réserve d’eau pure, à mieux identifier et protéger, doit faire l’objet d’un projet international de protection aquifère.

Le Mercosud, moteur de l’intégration sud-américaine


Le Brésil et l’Argentine ont été les grands initiateurs du processus d’intégration dans le Cône Sud. La première manifestation de leur alliance apparaît, en 1988, lors de la signature du Traité d’intégration, coopération et développement, par les présidents Sarney et Alfonsin. Puis, le Traité d’Asunción, signé en 1991, lance les bases du Marché Commun du Sud entre l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay. La démarche est caractérisée par une grande souplesse et par des organes permanents très légers, tel ce Secrétariat administratif situé à Montevideo composé d’une centaine de personnes, le forum consultatif économique et social et la Commission représentant le Mercosud à l’extérieur assurant les concertations régulières entre les administrations des Etats. L’organisation du Mercosud favorise une nouvelle géographie économique des activités : aux échanges classiques des produits selon les spécialisations et les avantages comparatifs des économies nationales ou régionales (blé argentin vers le Brésil ; sucre et viande de poulet brésiliens vers l’Argentine, etc), se surajoutent des échanges plus complexes à l’intérieur des grands secteurs industriels, telles les filières métal-mécanique, chimique ou énergétique.

Union douanière et grands aménagements


Cependant, quatorze ans après la signature du traité, pas mal d’actions demeurent inachevées et la mise en place de l’union douanière n’est pas encore terminée. Outre les difficultés structurelles de l’asymétrie (deux petits pays, une puissance moyenne et un géant), la conjoncture de crise en Argentine et le manque de compétitivité de son économie mettent ses producteurs dans une situation précaire et expliquent la lenteur du processus. Le Brésil affiche un volontarisme politique constant, malgré les mesures anti-dumping et les limitations d’exportations dont son économie fait les frais. Le Mercosud, contrairement à l’Europe qui a mis en place des fonds structurels pour s’attaquer aux inégalités régionales, a plutôt répondu par des mesures d’exception aux principes du libre-échange et a recherché l’élargissement : la Bolivie et le Chili étaient associés dès 1996, le Pérou en 1999. Le statut d’associé est peu exigeant, ne permettant même pas d’établir un front commun dans des négociations commerciales avec l’extérieur (d’Arcy, 2005).

Sur le fond, les effets de l’asymétrie restent forts en terme de différentiel de développement régional, qu’il s’agisse du Paraguay moins développé que ses trois partenaires, ou de la région du Nordeste du Brésil dont les indices de pauvreté sont plus élevés que ceux des autres régions. Le différentiel de capacité des producteurs nationaux ou régionaux à résister à la concurrence de leurs voisins plus productifs est également notable, d’autant qu’aucune politique régionale mercosulienne n’a été mise en place.
En une dizaine d’années, de nouvelles territorialités se sont construites dans cet espace. Leur évolution dépend en grande partie du développement des moyens d’échanges, de la multiplication des liaisons physiques (routes, oléoducs, ponts, lignes….) et de celle de réseaux de villes, d'universités, de ports, accélérée par les nouveaux moyens de communication. L'agencement de complémentarités territoriales :donne naissance à de nouvelles régions transfrontalières, axes de transport et couloirs d’exportation… Il s’agit d’assurer une meilleure fluidité, de supprimer les goulots d’étranglement du trafic, les ponts vétustes, les routes irrégulières et les moyens de transbordement inadéquats. Certaines régions tirent un réel avantage de ces dynamiques intégratrices, d’autres moins. Chacune d’elles se positionnent dans des systèmes spatiaux spécifiques.
Les ponts, éléments essentiels de communication dans le bassin de La Plata, ne sont pas très nombreux, ni en bon état. Entre le Brésil et l’Argentine, il n’a longtemps existé que le passage Uruguaina-Paso de Los Libres. Ce n’est qu’en 1985 que le pont sur le fleuve Iguazu a été inauguré et en 1998 le troisième pont, entre Santo Tomé et São Borja. Ils demeurent cependant peu adaptés au transit des 1000 camions/jour utilisant ces trois points de passage et dont le trafic devrait doubler en quelques années. Sur le Parana un pont de 45 km entre Rosario et Victoria a été achevé en 2001. D’autres ponts sont à l’étude tel le fameux Buenos Aires-Colonia de 60 km au coût estimé à 1 milliard de US$ qui permettrait de réduire les temps de transport de cinq heures en moyenne. L’autoroute du Mercosud, en cours de réalisation, vise à permettre de faire la liaison São Paulo à Buenos Aires en 24 heures.
• En ce qui concerne le réseau ferré, le train dit du Mercosud est une ligne qui relie Buenos Aires-Zaraté à Posadas avec une interconnexion vers l’Uruguay à Salto Grande et une liaison quotidienne vers le Brésil traversant le fleuve Uruguay à Paso de los Libres-Uruguaiana d’où les convois mettent cinq à six jours pour atteindre São Paulo-Tatui et deux jours pour la gare de Porto Alegre. Les terminaux ferroviaires ont été modernisés pour faciliter les opérations de douane et de logistique et réduire les temps d’attente aux postes frontaliers. Un accord signé avec une compagnie maritime chilienne devrait renforcer les trafics de cette ligne, la plus dynamique d’un réseau ferré vieillissant, dénommée ALL Mesopotamica parce qu’elle traverse la Mésopotamie argentine et ses provinces d’Entre Rios et Corrientes. Cette voie ferrée est d’ailleurs en concurrence avec le réseau routier et fluvial ; c’est pourquoi elle s’équipe pour l’international où elle peut devenir compétitive. Du côté brésilien, où le réseau ferré n’a jamais été privilégié, la priorité a été donnée aux voies pour l’évacuation du soja, la Ferroeste qui relie Dourados (Mato Grosso du Sud) à Guarapuava et au port de Paranagua (Parana) et la Ferronorte qui descend le soja d’Alto Araguaia (Mato Grosso) à Aparecida do Taboado (Mato Grosso du Sud) et dont l’achèvement est dû à l’initiative privée.
L’implantation de barrages hydroélectriques, par des entreprises bi-nationales a joué un rôle pionnier dans l’intégration, entraînant d’importantes transformations technologiques et administratives, créant de nouveaux liens entre les élites et de nouveaux flux d’échanges, principalement en trois lieux :

- le fameux barrage d’Itaipu, après un traité signé en 1973 entre le Brésil et le Paraguay. L’usine, la plus grande du monde, est mise en service en 1984 avec une capacité génératrice de 12,6 Gwh vise à approvisionner São Paulo. Cette entreprise provoque une véritable explosion économique dans la région, principalement au Paraguay qui revend l’essentiel de la production électrique qui lui revient au Brésil ;

- le barrage de Yacireta, entre l’Argentine et le Paraguay. La capacité génératrice est de 3 Gwh, et les interconnexions se multiplient vers le Brésil : Ita, Foz de Iguaçu, Porto Alegre ;

- le barrage de Salto Grande, 1982, d’une capacité de 2 Gwh établi entre l’Argentine et l’Uruguay, approvisionne essentiellement le sud de ce dernier pays.

L’intégration énergétique dans le Mercosud élargi progresse dans le contexte d’une demande en forte croissance et d’une diversification des sources d’énergie.
• Les réseaux énergétiques, souvent présentés comme les nouveaux emblèmes de l’intégration régionale, sont donc en pleine expansion, restructurés par la libéralisation des marchés et par une compétition accrue entre les sources d’approvisionnement. Les interconnexions électriques se multiplient, par exemple entre l’Argentine et le Chili à partir du nord-ouest argentin vers la 7ème région du Chili, entre Cuyo (Argentine) et Santiago du Chili, entre Comahue et Ancoa. Les réseaux d’hydrocarbures s’étoffent depuis la Patagonie, avec sept gazoducs entre l’Argentine et le Chili, deux entre l’Argentine et l’Uruguay, l’un traverse le Paraná et alimente Paysandú, l’autre sous le Río de la Plata relie Punta Lara à Montevideo ; enfin deux gazoducs atteignent la frontière du Brésil (Uruguaina). Depuis 2000, le gaz bolivien de Santa Cruz, arrive à São Paulo et Porto Alegre par un gazoduc de 3400 km, dernier grand aménagement en date d’une intégration énergétique dans laquelle la Bolivie pourrait jouer un rôle de pivot, le gaz argentin et péruvien étant susceptible d’emprunter ce réseau qui forme un véritable anneau (Carrizo, 2003).
• Pour l’aménagement de la navigation fluviale, un ensemble de projets a été lancé. Le principal concerne l’amélioration de l’hidrovia Paraguay-Parana (de 3400 kilomètres) devant permettre de réduire de 36 à 10 jours le voyage depuis les intérieurs bolivien2, paraguayen et brésilien jusqu’à l’Atlantique et le rendre accessible à des convois de barges toute l’année. Aménagée du côté brésilien, la branche orientale Tiêté/Parana permet déjà de naviguer de São Paulo à Iguaçu, soit 1600 km au total avec une dizaine d’écluses.

Ce projet d’hidrovia qui concerne les quatre pays du Mercosud est financé en partie par la Banque Interaméricaine de Développement et bénéficie du soutien des villes portuaires du Cône Sud. Déjà 15 millions de tonnes par an y transitent, essentiellement du soja, des combustibles et des minerais, et le plus grand centre mondial de traitement des oléagineux (capacité de 90 000 tonnes/jour) s’est édifié entre Rosario et Santa Fé formant le pôle portuaire de RosaFé. On compare le rôle régional de cette voie navigable à celui du Mississipi qui transporte 80% de la production agricole des Etats-Unis. Ce projet est pourtant contesté à cause des conséquences sur les écosystèmes régionaux, en particulier sur la zone humide du Pantanal.

Globalement, l’intégration conduit au montage de réseaux de plus en plus intégrés, multimodaux et interdépendants répondant aux nouveaux concepts de la logistique industrielle et énergétique.
Les technologies de l’information et de la communication jouent également un rôle important dans l’intégration et l’amélioration de la compétitivité régionale par la multiplication des flux d’information, de connaissances et d’échanges. Ces technologies doivent favoriser tant la formation de la force de travail, dont la déficience figure comme un facteur limitant à l’innovation, que la modernisation des entreprises et des institutions publiques régionales. Il s’agit de rechercher l’efficacité, la qualité et de réduire les barrières bureaucratiques.
Tableau n°3 - Indicateurs de technologies de l’information et de la communication - 2002

Pour 100 habitants

Usagers d’Internet

Téléphones fixes

Téléphones mobiles

Revenus par tête US$

Présence Web

Indice

Argentine

11,2

21,8

17,8

11 324

3,25

Brésil

8,2

22,3

20,1

6 317

4,00

Chili

21,2

23,0

42,8

8 370

3,25

Paraguay

1,7

4,7

28,8

4 193

2,75

Uruguay

11,9

28,0

15,5

8 280

3,00

France

31,4

56,9

64,7

21 897

4,00

Source : BID

On relève de nombreuses initiatives dans le domaine de « l’économie solidaire » et de la démocratisation des technologies de l’information, notamment dans les favelas et quartiers marginalisés. A la fin de 2002, on comptait au Brésil près de 600 écoles d’informatique, contre une quinzaine à Montevideo et 18 à Santiago du Chili.

Les régions transfrontalières


Tous ces processus d’intégration concentrent leurs effets sur les régions du contact frontalier contribuant à créer des dynamiques transfrontalières singulières sur ces 5000 km de frontières avec des couples de villes et des institutions de coopération régionale transfrontalières

Plusieurs organismes ont été créés à cet effet : la CRECENEA, Commission Régionale du Commerce extérieure du Nordeste de l’Argentine, et le CODESUL, Conseil de Développement et d'intégration du Sud du Brésil, réunissent deux fois par an les gouverneurs des provinces et des Etats concernés pour préciser les processus concrets d'intégration.

La gestion des plans d'aménagement est confiée à diverses commissions : la Commission Trinationale de l’axe routier du Mercosud ; la Commission Binationale du pont Buenos Aires-Colonia ; la Commission Binationale du Pilcomayo; ainsi qu’à des Commissions de gestion des bassins hydrographiques : CARP (Rio de la Plata), CARU (Rio Uruguay) pour l'exploitation des ressources partagées. Les comités de frontera coordonnés par des consuls permettent le rapprochement des villes transfrontalières. L’intervention du secteur privé se renforce et les critères de rentabilité sont davantage pris en compte, octroyant un pouvoir grandissant aux entreprises adjudicatrices qui deviennent des acteurs de premier plan.

La croissance des conurbations transfrontalières est notable. Ainsi, sur la triple frontière Paraguay-Brésil-Argentine, l’agglomération Foz de Iguaçu-Puerto Iguazú-Ciudad del Este, regroupe près de 700 000 habitants. Elle symbolise le dynamisme des échanges nés des nouveaux traités concernant aussi bien la gestion des ressources hydriques (barrage d'Itaipu), des ressources touristiques (chutes d'Iguaçu), des activités commerciales (zone franche de Cidade del Este). Un dynamisme comparable s'observe aux passages où deux ensembles urbains croissent de part et d’autre des frontières, souvent de façon asymétrique :

  • Uruguaina (Brésil)-Paso de Los Libres (Argentine), 150 000 habitants, dont les 2/3 se situent au Brésil ; de part et d’autre du pont sur l’Uruguay où transite quelques 900 camions par jour ;

  • Chui (Brésil) et Chuy (Uruguay), au point le plus méridional du Brésil ;

  • Entre l’Argentine et le Paraguay : Posadas (Arg.)-Encarnación (Paraguay), 320 000 habitants, ou Resistancia (Arg.)- Corrientes, 450 000 habitants, avec une ville trois fois plus grande du côté argentin ;

  • Concordia-Salto, 220 000 habitants, entre l’Argentine et l’Uruguay, en aval du barrage ;

  • Ponta Porã-Pedro Juan Caballero et Guaira-Porto de Guaira entre le Brésil et le Paraguay ;

  • Corumba-Puerto Suarez entre le Brésil et la Bolivie

  • 


La formation d’une région frontalière se caractérise aussi par l'intensification des mouvements des populations, liés aux dynamismes économiques et aux grands aménagements, qui se manifestent par des mouvements migratoires de deux types, internationaux et nationaux.

- Internationaux : les mouvements de migration anciens concernent l’arrivée de boliviens ou paraguayens vers l’Argentine qui a été longtemps attractive pour les pays voisins ; un mouvement de migration plus récent touche le Brésil qui apparaît pour la première fois, comme un pays d’émigration. Les agriculteurs brésiliens passent les frontières. Au Paraguay, ils seraient ainsi 500 000 Brésiguayens3, c’est-à-dire 10% de la population du pays. Cette frange pionnière brésiguayenne, d’abord marquée par l’avancée des éleveurs, puis des planteurs de soja, se renouvelle par l’arrivée de jeunes migrants, citadins, très mobiles, qui créent des services dans les villes en pleine croissance de Ciudad del Este (250 000 habitants), Pedro Juan Caballero (40 000 habitants), signe d’une dynamique nouvelle dans les campagnes (Souchaud, 2001). Des migrants brésiliens cultivent également la terre dans les départements frontaliers de l’Uruguay, la louant à des fins rizicoles ou d’élevage bovin, ou fournissent une main d’œuvre bon marché aux Uruguayens. Des riziculteurs gauchos pénètrent également au nord de l’Argentine recherchant les terres vierges de la province de Missiones. Cependant, cette dynamique migratoire transfrontalière s’épuise. Après deux décennies d’occupation d’espaces forestiers sous-peuplés, les sociétés rurales se recomposent localement, les fils des migrants s’intègrent même si des tensions se révèlent, notamment à l’occasion des élections.

- Nationaux : il s’agit notamment des gauchos pour la colonisation agricole des Cerrados et de l’Amazonie où ils forment de véritables réseaux régionaux culturels et économiques; il s’agit aussi des nordestins se déplaçant vers l’Amazonie, mais plus encore vers les métropoles de São Paulo et Rio de Janeiro ; des Argentins du Nord vers le sud et même en Patagonie ; des Chiliens du centre vers le sud. Il faut cependant bien souligner que si certains secteurs frontaliers urbains connaissent une croissance démographique soutenue, beaucoup de zones rurales continuent à perdre de la population.

On note encore l’accroissement des mouvements saisonniers : touristiques (le tourisme a beaucoup progressé, "voie mercosud" dans les aéroports...), migrations de travail temporaire, déplacements professionnels et le petit commerce de contrebande. Il faudrait aussi mieux connaître les flux de capitaux, et singulièrement les transferts fiscaux, puissants moyens de redistribution territoriale.

Réseaux urbains et industriels


Les échanges industriels ont été relancés, les constructeurs automobiles redéploient leurs implantations, créent ou adaptent des modèles. Ainsi FIAT produit la Palio dans son usine de Cordoba et la Uno dans son usine de Betim (Minas Gerais). Renault a fusionné ses filiales argentines et brésiliennes dans une seule entreprise dont le siège est à Curitiba. General Motors a relancé une usine à Rosario (Arg.) et en construit une autre à Porto Alegre. Les nouvelles usines travaillent avec des chaînes de sous-traitants dynamisant les systèmes productifs locaux et les échanges intra-branches. Les agglomérations ont mené des politiques pour attirer les investisseurs, ainsi Volkswagen-Audi, Chrysler et Renault ont installé des usines de montage dans la banlieue de Curitiba. Cette ville, capitale de l’Etat du Parana, se distingue par son modèle de gestion urbaine, principalement des innovations en matière de transports urbains, ainsi que le montage d’un pôle technologique qui l’ont fait accéder à la notoriété.
Les villes aussi se dotent d'un nouveau label : celui de Mercocidades. Elles consolident ainsi leur rôle de cellules de base du processus de régionalisation/globalisation. En 1995, 19 villes créaient ce réseau pour articuler les gouvernements municipaux, elles étaient 43, en 2002, avec plus de 15 villes postulantes. A ce réseau d’échange d’expériences de gestion urbaine et de manifestations culturelles, s'ajoute la préparation d’un Agenda social ainsi que l'organisation de prix  (Porto Alegre a gagné le premier prix des mercocités solidaires et Curitiba celui de la science et de la technologie). Les villes de la zone centrale sont les plus actives mais celle de la périphérie comme Recife ou Belém s’inscrivent également dans le réseau. Il existe aussi une association des universités du Mercosud qui facilite les accords de formation et de recherche et les échanges d’étudiants.
Au final, les Etats fédérés frontaliers jouent sur la nouvelle image de l’intégration faisant valoir leur position centrale dans le Mercosud. Outre Montevideo où se situe le siège du Sécrétariat Exécutif du Mercosud, les provinces d'Entre Ríos, Santa Fé, Corrientes et Missions sont très actives en Argentine. Les villes centrales de Rosario et Santa Fé, en pleine restructuration industrielle autour du boom des activités agroalimentaires (trituration du soja, conditionnement du lait), disposent de bonnes infrastructures, notamment du pont de 45 km qui permet de franchir la large vallée du Parana entre Rosario et Victoria. Au Brésil, le Mato Grosso do Sul, le Parana, le Santa Catarina et plus encore le Rio Grande do (Merco)Sul, vont également dans ce sens. L’agglomération de Porto Alegre, forte de ses 4 millions d’habitants, forme un ensemble industriel important et dispose du troisième pôle pétrochimique du pays, malgré une accessibilité portuaire ralentie par une navigation de 600 km dans la Lagune de Patos, à l’entrée de laquelle le port de Rio Grande est mieux placé. L’université de Porto Alegre dispose de centres de recherche avancés et la position centrale que la ville occupe dans le Mercosud, à égale distance entre São Paulo (1100 km) et Buenos Aires (1100 km) la place en première ligne sur les questions de l’intégration, d’autant que la municipalité de Porto Alegre a développé une image de laboratoire social avec ses expériences de mouvements populaires et de budget participatif.



Source: Image SPOT Scène 4 699-419´´ 98/09/07 13:49:40 1 Centre 34°39´47´´ latitude sud, 58°04´35, longitude ouest, 3

bandes spectrales XS1, XS2 y XS3. 2997 lignes. 3403 pixels par ligne. Angle d’orientation: 011.9°. Angle d’incidence

R15.1°, propriété de l’Institut de Hautes Etudes de l’Amérique Latine
La rive sud du Rio de la Plata est densément peuplée ; outre le grand Buenos Aires et ses 11 millions d’habitants, l’agglomération du « Grand La Plata » avoisine les 700 000 habitants avec les grands complexes industriels de Berisso et d’Ensenada. A Berisso, se distinguent les bâtiments désaffectés des usines Swift, si caractéristiques du développement industriel argentin de la grande époque agro-exportatrice, où s’élaboraient les produits carnés. Les boeufs y étaient amenés sur pied, abattus et conditionnés, quasi-exclusivement pour l’exportation. L’usine produisait aussi bien de la viande réfrigérée prête à la conservation que des extraits de viande déshydratés et des conserves. Cet établissement regroupait également les activités annexes : fabrication de boites en fer blanc, d’étiquettes, etc Même avec la disparition de l’activité frigorifique, la population très attachée à cette ville « capitale de l’immigration » est restée. A proximité, le port d’Ensenada abrite la première raffinerie du pays (1/3 de la capacité de raffinage) et un important pôle pétrochimique. L’entreprise REPSOL-YPF concentre aujourd'hui à Ensenada 56 % de ses activités de raffinage (36% à Luján de Cuyo et 8%. à Plaza Huincul) et produit des combustibles pour le transport (de l’essence, du gazole et du pétrole pour l’aviation), des lubrifiants, du gaz liquéfié à usage domestique (propane et butane), des bitumes, des asphaltes et des produits de base pour l'industrie de la pétrochimie (éthane, propane, butane, naphte et alkyles linéales) qui atteignent des marchés de plus en plus nombreux et éloignés.
Ces changements territoriaux dus au renforcement des flux et à la mise en œuvre de processus d’intégration en profondeur, se déployant en parallèle à la globalisation économique, ont amené les planificateurs à travailler avec le concept de « nouveau régionalisme ». Il représente pour certains, une forme de résistance, pour d’autres un palier vers la mondialisation. En effet, si au niveau mondial, la concentration géographique des activités et des investissements semble indiquer une évolution en « mégablocs », les analyses de la nouvelle géographie économique font ressortir l’importance de structures plus souples, en réseau (hubs-and-spokes, moyeux et rayons) en quelques lieux ou axes de concentration des échanges, véritables couloirs de développement qui fixent les investissements et réorientent les systèmes productifs. (Voir carte).

L’axe central du Mercosud va de São Paulo à Santiago du Chili en passant par Buenos Aires, relayé par des complexes portuaires intégrés au marché mondial qui forment les « moyeux » de cette nouvelle économie. Cet axe bi-océanique se double de deux variantes, l’une septentrionale vers le nord Chili, l’autre plus méridionale entre Bahia Blanca et Talcahuano. La voie navigable du Paraguay-Parana préfigure une possible interconnexion fluviale de tout le continent sud-américain, du Paraguay à l’Amazone, au Rio Negro et à l’Orénoque, constitue un axe structurant sud-nord.
L’ensemble sud-américain ainsi mieux soudé pourrait accroître ses échanges avec les autres blocs économiques. L’Union Européenne, qui importe le quart des exportations mercosuliennes, occupe la deuxième place en tant qu’acheteur externe du Mercosud, tout en étant, son principal investisseur comptant pour 58 % de l’ensemble des investissements directs étrangers (IDE), suivie par les États-Unis et le Japon, qui concourent respectivement à 38 % et 4 % des IDE ; les investissements se concentrent particulièrement dans les secteurs de l’automobile, de l’énergie et des télécommunications et se dirigent essentiellement vers le Brésil et l’Argentine. Le seul point de blocage concerne les produits agricoles. La négociation sur les produits agricoles demeure le point d’opposition entre le Mercosud et l’Union Européenne
Cette région du bassin de La Plata qui peine à retrouver le chemin de la croissance, peut être redynamisée par l’impulsion de la tétrapole brésilienne, conduite par São Paulo et Rio de Janeiro, et par le pôle de croissance de taille plus réduite du Chili. L’ensemble mieux articulé, formerait une macrorégion transfrontalière d’intégration continentale d’un nouveau type.

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