«Les villes face aux défis de l’attractivité. Classements, enjeux et stratégies urbaines», Futuribles








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L’attractivité des villes :

définitions, enjeux et mesures*

« Les villes face aux défis de l’attractivité. Classements, enjeux et stratégies urbaines », Futuribles, n° 367, 2010, pp. 25-46.
François Cusin

Maître de conférences à l’Université Paris-Dauphine

Julien Damon

Professeur associé à Sciences Po (Master d’Urbanisme)


Depuis une décennie, la notion d’attractivité fait florès dans les approches consacrées aux territoires comme dans les discours des élus et les travaux des experts. L’attractivité peut a priori apparaître comme une notion fourre-tout donnant lieu à un florilège d’indicateurs de toute sorte et à un nombre désormais impressionnant de palmarès dont la cohérence n’est pas toujours évidente. Mais ne s’agit-il que d’un mot-valise à l’usage d’un marketing urbain de circonstance ou, au contraire, d’un nouveau concept indispensable à l’évaluation de la performance et de la dynamique des territoires ?
Si la notion d’attractivité tend à devenir incontournable pour comprendre les nouveaux enjeux territoriaux et la manière dont les acteurs (publics ou privés) s’emparent des questions urbaines, en quoi se distingue-t-elle de la notion de compétitivité ? Quels en sont les dimensions et les déterminants ? Quels sont les grands traits des politiques d’attractivité et de marketing urbain ?


Boom de l’attractivité et prolifération des classements
Attractivité est un terme d’usage relativement neuf qui désigne à la fois de l’attrait et de l’attraction pour des populations, des professions, des implantations. Devenue, avec le temps, un souci important, notamment pour les collectivités territoriales, en termes d’image, de réputation, d’économie, l’attractivité est parfois présentée comme synonyme de compétitivité (qui n’est pourtant qu’une de ses dimensions). En tout état de cause sémantique, attractivité et compétitivité ont été peu à peu, et singulièrement depuis le début de la décennie 2000, érigées en préoccupation et en objectif pour les politiques publiques.
Graphique 1. Occurrences du terme « attractivité » dans les dépêches AFP




Alors que l’attractivité ne se mesurait initialement qu’à l’aune des fluctuations de change et ne relevait que des problématiques de mouvements financiers, la notion s’est étendue à toutes les dimensions de ce qui peut faire la qualité d’un espace (d’un village à un continent).
L’attractivité, avec ses multiples composantes, est désormais une variable cruciale pour saisir, mesurer et tenter de prévoir des flux de capitaux et de populations, entre pays, entre régions, entre villes. Le thème est devenu un sujet majeur pour les politiques d’aménagement du territoire, au point d’être maintenant (depuis 2009) le deuxième A de la célèbre DATAR.
Il en va dès lors, avec l’attractivité, de capitalisation boursière, de festivals, de tourisme, de dynamisme économique, d’investissements directs étrangers, d’évolutions démographiques, de services, d’installations, d’équipement, de météorologie. Bref, il en va un peu de tout, ce qui autorise tous les classements et toutes les hiérarchies possibles. Ces classements retentissent ensuite sur l’image de collectivités territoriales, de pays et d’institutions, qui cherchent à sensibiliser et communiquer davantage, ceci, en retour, afin d’améliorer leur attractivité.
Le développement des classements
À l’échelle mondiale se sont développés les palmarès mesurant la compétitivité, l’attractivité, la qualité des pays, des universités, des villes. C’est autour de ces dernières que l’on peut repérer une certaine de frénésie classificatoire qui donne maintenant un peu le tournis. Tous ces classements, aux méthodologies et ambitions variées, mettent au jour des contrastes et dissonances entre statut, image, et chiffres. Ils peuvent faire l’objet de débats techniques, comme de polémiques politiques. Ces diverses études ne sont pas toutes de la même rigueur et n’obéissent pas forcément à tous les canons méthodologiques. Il n’empêche, elles existent, se publient, se diffusent, se discutent.
Les villes sont en compétition, à la fois nationale et globale, pour attirer des investissements, des activités, des touristes, des habitants. Des classements toujours plus nombreux sont aujourd’hui établis, hiérarchisant les métropoles, afin d’en mesurer, à tout le moins d’en approcher, l’attractivité1.
Si de premiers palmarès de villes ont été conçus et publiés dès les années 1970 en France, les études internationales sont plus récentes. Elles sont menées maintenant régulièrement, en particulier, par de grands cabinets de conseil et de grandes banques, portent principalement sur deux thèmes : les prix et la qualité de vie2. Tout comme la Banque mondiale qui fait ponctuellement des études approfondies sur les parités de pouvoir d’achat, ces institutions fournissent de la matière à comparaison.
Des classements selon les prix et le coût de la vie
Établir des classements selon les coûts et les niveaux de vie dans les villes est un exercice difficile. Il en ressort des informations intéressantes, même si souvent dissonantes. Tokyo et Londres sont généralement citées, avec les villes suisses, comme les agglomérations les plus coûteuses pour leurs habitants. Ces données et classements, de plus en plus souvent répercutés dans la presse, sont établis par des banques ou des cabinets internationaux de conseil. Les quatre enquêtes les plus souvent reprises sont celles menées par UBS, ECA, Mercer et The Economist Intelligence Unit.
Ces études reposent sur la comparaison du coût d’un panier de produits, de biens et services. Ce panier comprend généralement, mais pas systématiquement, le logement, les transports, l’alimentation, les vêtements, les loisirs. Les données recueillies, dont l’évolution dépend très directement des cours de change, sont destinées à être utilisées par les gouvernements et les multinationales pour protéger le pouvoir d’achat de leurs employés expatriés.
Les classements sont surprenants. Ils varient évidemment d’année en année, mais surtout selon les enquêtes. En 2006, Londres et Tokyo étaient, dans toutes les enquêtes, considérées comme les villes les plus chères du monde. En 2007, The Economist estimait que quatre villes européennes (dont Londres et Oslo) étaient devenues plus coûteuses que Tokyo. Mercer avançait la même année que la ville la plus coûteuse au monde était Moscou (Oslo étant en dixième position). Toujours la même année, UBS plaçait Londres en première place, suivie de Oslo, New York et Tokyo. Un an après, en raison de l’appréciation de l’euro, Londres conserve la première place, mais Dublin et Copenhague détrônent New York et Tokyo. En juin 2008, ECA plaçait Luanda, la capitale de l’Angola, en tête des villes les plus coûteuses pour les expatriés, devant Oslo, Copenhague, Moscou, Genève, Libreville ou encore Zurich.

Les dix villes les plus chères du monde en 2008


UBS



ECA international


Mercer


The Economist

Rang

2008

Villes

Rang

2008

Villes

Rang

2008

Villes

Rang

2008

Villes

1

Londres

1

Luanda

1

Moscou

1

Oslo

2

Oslo

2

Oslo

2

Tokyo

2

Paris

3

Dublin

3

Stavanger

3

Londres

3

Copenhague

4

Copenhague

4

Copenhague

4

Oslo

4

Helsinki

5

New York

5

Moscou

5

Séoul

5

Francfort

6

Zurich

6

Genève

6

Hong-Kong

6

Tokyo

7

Genève

7

Libreville

7

Copenhague

7

Zurich

8

Tokyo

8

Zurich

8

Genève

8

Osaka

9

Helsinki

9

Bâle

9

Zurich

9

Londres

10

Paris

10

Bern

10

Milan

10

Vienne


Les mouvements récents dans ces classements ont été très importants. Liés à l’impact de la crise sur les économies et sur les changes, ils ont eu des conséquences sur les places relatives des unes ou des autres villes, sans toutefois totalement les bouleverser. D’une lecture rapide de ces quatre classements, on retiendra tout de même, pour 2009, l’arrivée de Singapour, et l’affirmation plus générale des villes asiatiques, avec l’arrivée de Pékin, mais aussi avec la place toujours plus importante, aux premiers rangs, des villes japonaises.
Les dix villes les plus chères du monde en 2009


UBS



ECA international


Mercer


The Economist

Rang

2009

Villes

Rang

2009

Villes

Rang

2009

Villes

Rang

2009

Villes

1

Oslo

1

Luanda

1

Tokyo

1

Tokyo

2

Zurich

2

Tokyo

2

Osaka

2

Osaka

3

Copenhague

3

Nagoya

3

Moscou

3

Paris

4

Genève

4

Yokohama

4

Genève

4

Copenhague

5

Tokyo

5

Kobe

5

Hong-Kong

5

Oslo

6

New York

6

Copenhague

6

Zurich

6

Zurich

7

Helsinki

7

Oslo

7

Copenhague

7

Francfort

8

Vienne

8

Genève

8

New York

8

Helsinki

9

Paris

9

Zurich

9

Pékin

9

Genève

10

Dublin

10

Bâle

10

Singapour

10

Singapour



ENCADRE : Description de deux méthodes

L’étude « Prices and Earnings » d’UBS de 2009 repose sur une collecte de données réalisée dans 73 villes. Dans la mesure où les cours des devises ont grandement fluctué dans le contexte de la crise financière, le classement UBS a été bouleversé. Londres, deuxième ville la plus chère depuis 2006, a perdu près de 20 places. Les prix ont également beaucoup baissé, relativement, à Mexico, Moscou et Séoul.
L’enquête Mercer compare le coût de 200 produits et services (logement, transport, nourriture, habillement, appareils ménagers, loisirs...) dans 143 villes. En 2009, les fortes fluctuations monétaires ont provoqué de profonds changements dans le classement. Si les villes asiatiques et européennes dominent le haut du classement, plusieurs capitales européennes comme Varsovie, Londres et Oslo sont en repli. La baisse des loyers à Londres et à Oslo, associée à celle de la livre britannique et de la couronne norvégienne par rapport au dollar, a entraîné le déclassement de ces villes.

FIN DE L’ENCADRE
Que retenir de ces classements par les prix ? Certes, nous sommes loin d’une science exacte pour ce qui relève de la comparaison internationale du coût de la vie urbaine. Nous disposons néanmoins de riches données, en séries, qui permettent d’observer des évolutions, des progressions et des déclassements. La concurrence des études et des données permet aussi une meilleure intelligence des sujets abordés.
Une voie originale et percutante pour illustrer la relativité du pouvoir d’achat est de remplacer le panier abstrait de biens et services par un unique produit, disponible partout de manière uniforme. Plutôt que d’exprimer son coût en devises, le principe de l’exprimer en temps de travail assure ensuite une comparabilité renforcée.
Depuis plus de dix ans The Economist a mis en place un « Big Mac Index ». Il s’agit d’une méthode pour mesurer des parités de pouvoir d’achat (PPA) entre devises. L’idée ironique de l’hebdomadaire britannique est de rendre plus « digeste » les théories et chiffres sur les taux de change.
L’innovation a été reprise et adaptée non plus à des pays, mais à des villes, non plus pour vérifier la validité des PPA, mais pour avoir une idée concrète du coût de la vie en rapportant le prix du produit au temps nécessaire de travail pour l’acquérir.
C’est ce qu’a réalisé UBS en 2009. Les données recueillies permettent de calculer les temps de travail qu’il faut fournir, en moyenne, pour pouvoir acheter un Big Mac, un kilo de riz, un kilo de pain, un iPod nano avec une capacité de stockage de 8 GO. En moyenne, il apparaît nécessaire de travailler 37 minutes pour gagner assez afin de s’offrir un Big Mac, 22 minutes pour un kilo de riz et 25 minutes pour un kilo de pain. Le seul produit non alimentaire est le iPod. À Zurich et à New York, il faut travailler neuf heures pour se l’offrir. À l’opposé, il est nécessaire de travailler plus de 160 heures à Nairobi et Bombay pour l’acquérir, soit l’équivalent d’environ un mois de revenu. The Economist a publié sous forme graphique les résultats de cet exercice venant compléter son index Big Mac.



Classements selon la qualité de vie
D’autres enquêtes, menées par les mêmes institutions, portent sur la qualité de vie. Leurs résultats dépendent moins des fluctuations de change. En 2007, Zurich et Genève étaient considérées par Mercer comme les villes à la qualité de vie la plus élevée. Vancouver arrivait en troisième position, suivie par Vienne, Auckland, Düsseldorf, Francfort. Paris, Londres et Madrid figuraient dans la deuxième partie d’un tableau de cinquante villes. Bagdad, sans surprise, arrivait en dernière position.
La base de données renseignée par Mercer contient des informations sur 420 villes, même si seulement 215 d’entre elles sont classées. La qualité et les conditions de vie sont analysées selon une quarantaine de facteurs réunis en dix catégories (stabilité politique, environnement économique, offre culturelle, offre de services sanitaires, offre éducative, réseaux de transport, services récréatifs, offres de consommation, logement, environnement naturel). Il s’ensuit un index de qualité de vie qui permet des comparaisons entre villes. En 2007, avec un score de référence de 100 à New York, Bagdad arrivait à 14,5 quand Zurich était à 108,1, Paris à 102,7 et Seattle à 99,9.
En 2009, dans le classement des villes les plus agréables au monde, trois villes allemandes (Düsseldorf, Munich et Francfort) et trois villes suisses se trouvent aux dix premiers rangs, même si Zurich a perdu la première place. Selon l’enquête Mercer 2009, Vienne est devenue la ville où tout le monde voudrait vivre. Genève reste en troisième position, derrière Zurich déclassée, tandis que Vancouver et Auckland sont quatrièmes ex-æquo.
En 2005, The Economist avait produit un classement, toujours sur la qualité de vie, plaçant Vancouver en tête, suivie (ex æquo) de Melbourne, Vienne, Genève. Sydney arrivait en 5ème position, Paris en 16ème, à égalité avec Tokyo. Lyon et Chicago étaient à égalité en 33ème position, Londres et Los Angeles en 47ème. En 2009, le service d’expertise de l’hebdomadaire a actualisé son classement. Il en ressort une hiérarchie différente de l’enquête Mercer. L’image est cependant assez similaire, dans la mesure où les villes arrivant en tête sont globalement les mêmes, même si à des places différentes.
Les dix villes où la qualité de vie est la plus élevée selon deux enquêtes internationales


Mercer


The Economist

Rang

2009

Villes

Rang

2009

Villes

1

Vienne

1

Vancouver

2

Zurich

2

Vienne

3

Genève

3

Melbourne

4

Vancouver

4

Toronto

5

Auckland

5

Perth

6

Düsseldorf

6

Calgary

7

Munich

7

Helsinki

8

Francfort

8

Genève

9

Bern

9

Sydney

10

Sydney

10

Zurich


Pour The Economist, Vancouver, Vienne et Melbourne demeurent les villes où il est le plus agréable de vivre. Les villes qui ont les scores les plus élevées, dans cette enquête, sont de taille relativement moyenne, dans les pays développés à faible densité.


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