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Économie des nouvelles technologies , Economica, 1999E–conomie, Economica, 2000.Dans ce cycle Michel Volle décrit le nouveau paradigme économique du nouveau système technique de production de l’ère du numérique basé sur la symbiose entre génie logiciel et microélectronique. L’ouvrage E-conomie enrichit le précèdent corpus en modélisation le problème de dimensionnement des infrastructures. L'automatisation transforme la fonction de production des entreprises, propose de nouveaux produits constitués d'un alliance « biens-services », élaborés par des structures de production partenariales amorçant ainsi une transition vers un équilibre de concurrence monopoliste qui déstabilise la structure de l'emploi, une rupture de l'équilibre du marché du travail. construisant ainsi le modèle de la « nouvelle économie ».
Cet ouvrage est consacré à l’analyse détaillée du processus d'informatisation des organisations et de l’innovation technologiques et organisationnelles . Ce livre fait l’objet de cette fiche de lecture.
Le volet sociopolitique du « système technique informatisé » est décrit dans cet ouvrage et présenté comme bras armé de la prédation doctrine idéologique et fondatrice de l’économie contemporaine. Dans cet opus Michel Volle annonce l’ère de la prédation comme démarche ultime des théories des échanges et des transactions. 2 . POSTULATS Michel Volle établit la synthèse de sa culture scientifique et technique (statisticien, d'économiste et d'informaticien). Il émet une analyse critique détaillée de la genèse et du potentiel des systèmes d’information (SI) basée sur l’accumulation des matériaux issues de la maîtrise de nombreuses disciplines, de ses lectures et réflexions, l’amenant à définir l’articulation entre pensées et actions collectives dans les organisations.
Michel Volle estime que l'informatisation est le phénomène le plus important de notre époque . L'entreprise, continuellement renouvelée par de naissances et décès, est la seule institution qui soit capable d'assimiler le système technique automatisé et d'en faire bénéficier la société. Associé à l’idéologie de l’efficacité et au culte de l’entreprise, l’ordinateur a pénétré l’ensemble des structures sociales passant des fonctions d’automate en charge de tâches répétitives et assistant l’effort physique, excroissance de la machine outil du XIXième siècle au support des tâches intellectuelles et mentales de la conception d’artefacts. L’informatisation transforme radicalement notre rapport à la nature et la nature du travail humain en modifiant profondément les règles et rapports sociaux.
Pour l’auteur, l’informatique n’est pas qu’une activité technique mais il s’agit à la fois d’un système technique au sens de Bertrand Gille et une innovation conceptuelle aux conséquences majeures comparables à l’invention de l’alphabet. En réduisant le SI à une simple affaire technique on négligence sa dimension sémantique qui dote le SI de son propre langage. La dualité de ce paradigme technologique s’appuie sur le couplage d’une démarche conceptuelle pure (la finalité de l’usage) et d’une démarche d’ingénierie expérimentale orientée vers l’action (le comment faire).
Le SI n’est pas uniquement une composante technologique de l’entreprise. Il s’établit maintenant comme sa sémantique, c'est-à-dire son langage organisationnel, coordonnant la coopération, exprimant sa grammaire (ses règles). Ce nouveau langage de l’entreprise structure les référentiels qui décrivent les concepts manipulés par l’entreprise (clients, produits, organisations, procédures). La maîtrise du SI passe par l’abstraction et la modélisation pour atteindre la cohérence et la simplicité nécessaires manque de maturité mais cette modélisation du SI est rendue difficile par manque de maturité mais également par le jeu des acteurs de l’entreprise où la lutte des castes a remplacé la lutte des classes.
Le processus d’informatisation de l’entreprise, comme lieu de rencontre entre efficacité économique et lieu de socialisation des individus, pose les questions de savoir-faire (techné) et de savoir-vivre avec l’ordinateur. Il transforme l'entreprise, dont le « système d'information » structure le langage, et fait par ailleurs accéder la vie quotidienne au travail à son espace logique. Là s’affrontent avec une acuité exacerbée les paradoxes et ambiguïtés de nos langages et concepts naturels et la structure formelle de l’automate programmable apportant la flamme de vie à la « société numérique ». Cette distanciation crée une réelle incompréhension du phénomène d’informatisation et ce pour l’ensemble des acteurs de l’entreprise de l’employé au Directeur Général. Cette absence de lucidité phase à l’informatisation conduit à la création de systèmes mal conçus et mal articulés minés par les conflits d’intérêts corporatifs et des représentations altérées de leur potentiel et limites. L’entreprise dotée de son système d’information est partout diffus et sert de support voire de justification à la structure de la société libérale capitaliste de ce XXIème siècle L’informatisation, phénomène majeur et omniprésent reste très mal compris. L’informatique est en crise. 3- HYPOTHESES Michel Volle propose une explication de la crise d’immaturité actuelle de l’informatisation en soulignant la responsabilité pleine et entière des dirigeants et leur manque de discernement du à un déficit de stratégie. Michel Volle fait le constat douloureux que la crise actuelle et son amplification à venir est née d’une conjecture de facteurs à la fois au niveau du secteur informatique : depuis les constructeurs au éditeurs de logiciels en passant par les cabinets de consultants jusqu’aux dirigeants d’entreprise utilisatrices dont le manque de connaissance et d’intuition face à l’informatique entraîne de nombreux échecs au niveau des organisations en ne parvenant pas à dénouer les problèmes sémantiques et organisationnels de l’entreprise.
Le SI est difficilement préhensible car il n’est intelligible qu’en travers des écrans ou n’est matérialisé que par des documents imprimés. N’appartenant au monde des objets naturels, sa modélisation c'est-à-dire sa représentation simplifiée peut être considéré comme un artefact de second ordre. Il se pose alors la question de la pertinence d’une approche scientifique du type expérimentale pour analyser des construits sociaux fortement contingents où les notions de conditions expérimentales, de reproductibilité et de modélisation sont difficilement formalisables.
Pour comprendre l’informatisation, il faut appréhender les évolutions technologiques et organisationnelles et prendre la mesure des possibilités et des risques qui en résultent en appuyant la réflexion non pas sur des idéologies ou des fantasmes mais sur la connaissance précise des systèmes techniques, de leur histoire et de leur évolution.
La dynamique de l’entreprise moderne est intimement liée à sa capacité d’innover où les technologies assurant le couplage produit/services permettent de proposer une offre renouvelée personnalisée et de qualité. D’ailleurs plus que « économie de l’immatériel ou du virtuel » il faudrait parler « d’économie de la conception ».qui apporte un réel changement de valeurs culturelles et philosophiques réintroduisant beauté et esthétique comme liant social. 4- DEMONSTRATIONS Michel Volle nous propose sa vision du praticien au quotidien de l’entreprise son propos ne cherche pas des justifications théoriques ou des arguments d’autorité mais illustre son propos de cas de terrain alliant prospectives et rétrospectives historiques pour assimiler le comment nous en sommes arrivés à la situation actuelle qui n’est pas issue ex nihilo ex machina mais bien un construit social de plus de 50 ans maintenant. A travers de nombreux exemples pragmatiques tirés de son expérience professionnelle, Miche Volle, reprenant l’histoire des innovations majeures en terme de SI, propose une démarche analytique qui permet à la fois d’appréhender les enjeux pour l’organisation mais aussi de comprendre le processus dynamique de transformation du lieu privilégié de production qu’est l’entreprise.
L’auteur se place du point de vue de l’utilisateur dans l’entreprise ou plus exactement du coté des dirigeants/décideurs de l’entreprise n’ayant pas une culture informatique prononcée (ce que l’on désigne en France par le terme de MOA :maîtrise d’ouvrage)).
Michel Volle pose un regard réaliste, distancié et précis sur l’informatisation des organisations et leur management. Il s'attache, de façon très argumentée, à décortiquer les principaux concepts liés à l’informatisation des entreprises. Il en décrit les origines et les évolutions tout en dénonçant les paradoxes, les contradictions, les effets de mode et les idéologies managériales sous jacentes en soulevant de nombreux points de réflexion poussant à revisiter notre philosophie de l’action
A travers les concepts d’entreprise et d’informatique, Michel Volle se propose d’étudier les relations indissociables, l’articulation qui unissent ce qu’il nomme l’APU (Automate Programmable doué d’ubiquité) et l’EHO (Etre humain organisé) à travers une démarche pluridisciplinaire appelant tour à tour l’historien, le physicien, le linguiste, le sociologue, le philosophe, le consultant sans oublier l’informaticien pour brosser le parcours de l’innovation majeure du XXème siècle que fut la mise au point de l’ordinateur et la création pensée de son usage au sein des organisations. Laissant le coté les rêveries euphorisantes sur l’Intelligence Artificielle, Michel Volle propose de repenser pragmatiquement l’essence de l’ordinateur comme un assistant précieux mais limité de l’humain le bipède assisté par ordinateur (genèse des termes en AO « assisté par Ordinateur » CFAO…).
Michel Volle se propose d’expliciter la démarche d’informatisation dans la recherche d’une meilleure harmonie entre les principaux acteurs qui participent au construit collectif qu’est un SI. Les dirigeants doivent prendre conscience de l'enjeu stratégique que constitue l'informatisation de l'entreprise et ses conséquences pratiques : l'automatisation de la production et l'assistance que l'automate apporte à l'être humain dans l’amélioration des processus de conception, la transformation des produits en alliages de biens et de services qui en résulte, la nécessité des partenariats qui rend impérative l'interopérabilité du SI. Ces modifications structurelles de l’offre imposent un regard stratégique neuf qui ne considère plus l'informatique comme un mal nécessaire extérieur à l’entreprise ou comme un centre de coût administratif, mais comme le levier de transformation de l'organisation industrielle, modifiant à la fois la nature de sa production, son positionnement sur le marché, ainsi que ses relations avec ses clients, fournisseurs et partenaires. Les maîtrises d'ouvrage doivent être les garantes de la pertinence du SI en regard des besoins professionnels. Elles porte la responsabilité de veiller à la sobriété du système en limitant les surcoûts et dysfonctionnements liés à une automatisation excessive source de complications et de rigidités. Enfin il leur faut assumer la cohérence du SI au niveau de la qualité des référentiels, procédures qui mal maîtriser entraîne l’entropie du SI source de désordre et d'inefficacité de l'entreprise. Les maîtrises d'ouvrage ont également sous leur responsabilité le contrôle de l’efficacité des postes de travail et le bon usage des outils informatiques par les agents opérationnels. La mission première de la direction informatique est de maîtriser la plate-forme technologique, en maintenant l'état de l'art et en gardant précieusement sa capacité à faire évoluer l'architecture informatique que ce soit au niveau de la réalisation des logiciels, de l’intégration de solutions hétérogènes et de l’organisation de la coopération entre compétences expertes internes ou externes (infogérance …). Michel Volle identifie les directions générales et la maîtrise d’ouvrage comme les maillons faibles du processus d’informatisation. Il part du constat que la majorité des échecs en terme de systèmes d’information naissent de l’incompréhension entre l’expression du besoin identifiée par les décideurs ou leur structure déléguée et les capacités technologique et de réalisation incarnées par la maîtrise d’œuvre. 5- RESUME DE L’OUVRAGE De l’informatique » savoir vivre avec l’automate Guide pratique à l’intention de la MOA Plan : Introduction, remerciements Première Partie : Comment l'Automate Programmable doué d'Ubiquité assiste l'Être Humain Organisé Chapitre 1 : Du côté de l'ordinateur Chapitre 2 : Automatisme et intelligence Chapitre 3 : Éclairage historique Deuxième partie : Le côté de l'entreprise Chapitre 4 : Qu'est-ce qu'une entreprise ? Chapitre 5 : A la recherche de la stratégie Chapitre 6 : Aspects philosophiques Troisième partie : L'informatisation de l'entreprise Chapitre 7 : Socle sémantique Chapitre 8 : Outils et architecture Chapitre 9 : Modélisation par objets Chapitre 10 : La conquête de l'ubiquité Chapitre 11 : L'informatique de communication Quatrième partie : L'informatique dans l'organisation Chapitre 12 : Acteurs, fonctions et rôles Chapitre 13 : Méthodes Chapitre 14 : Vers la maturité Cinquième partie : L'informatique dans le fonctionnement Chapitre 15 : Économie de l'informatique Chapitre 16 : Pathologie de l'entreprise Conclusion Bibliographie, Index, Table des matières PARTIE 1 : Comment l’APU assiste l’EHO Chapitre 1 : du coté de l’ordinateur
Dans un premier temps Michel Volle se propose de repositionner le vocabulaire utilisé autour de l’ordinateur. Si nous reprenons l’historique de l’ordinateur, allant de l’ENIAC au téléphone mobile, force est de constater que le concept d’ordinateur est à l’image du vocabulaire informatique : à la fois flou, peuplé de faux amis et de contre-emplois plus ou moins involontaires sources de contresens et d’incompréhensions. A ce titre les anglo-saxons ne sont pas plus aidés par leur vocabulaire condensé où l’on confond « théorie de l’information » avec « théorie de la transmission des données » (cf Shannon) où les langages de programmation sont de purs formalismes conceptuels à la syntaxe rigide n’admettant pas la moindre dénotation contextuelle cette respiration de la pensée qui fait la joie des littéraires. De manière similaire il serait préférable de nommer les langages objets informatiques langages de programmation orienté objets manipulant les notions de classes, attributs et instanciation. L’emploi « numérique » est lui aussi très ambigu il ne traduisait initialement que la transformation du support de stockage ou de transmission permettant le passage du signal digital au signal numérique et assurant la convergence des technologiques voix/images/télécommunication contrôlé par des systèmes électromécaniques vers l’univers du réseau/informatique piloté par l’ordinateur.
Après avoir définit l’ordinateur multi usages comme l’automate programmable par excellence Michel Volle présente le modèle en couche largement diffusé au sein de la communauté informatique pour expliquer les relations qui lient les différentes disciplines contribuant à l’informatisation de la société. Au premier niveau, au plus proche du sable ou plus exactement du silicium se trouve la microélectronique et la physique des composants (microprocesseurs, circuits imprimés…). Au second étage l’architecture des ordinateurs avec leurs systèmes d’exploitation, cette machine virtuelle permettant de gérer les mémoires de stockage et les unités de traitements (langage du système opérant) ainsi que les langages de programmation Puis plus proche de l’EHO les sciences sociologiques orchestrant la mise en œuvre contextuelle de la technologie au sein des organisations. ![]() ![]() A l’image de Popper, Blondel ou Foucault, Michel Volle fait l’éloge de cette pensée en strates, ce modèle en couche qui permet grâce à la notion d’interface d’articuler des logiques différentes tout en gardant une homogénéité très forte au sein d’une même couche par le biais des protocoles. Cette innovation philosophique permet de mieux comprendre et de maîtriser les différents registres de la conversation numérisée dissociant à l’image d’un De Saussure les parties physique, physiologiques, phonétique, sémantique et logique de la « théorie de l’information élargie ». ![]() Après avoir retracer l’épopée de l’ordinateur et la diffusion des microprocesseurs (loi de Moore) et des ordinateurs personnels, Michel Volle en analysant le taux de pénétration de l’informatique met en avant des facteurs structurels de crise : choc du marché de renouvellement face à une production surdimensionnée aboutissant à une crise des débouchés auquel le secteur informatique des composants et des équipements dangereusement endetté après des années de veau d’or ne s’est pas préparé. Chapitre 2 Automatisme et intelligence
Michel Volle retrace l’ensemble de ces différentes phases depuis l’organisation du travail de bureau (loop de Chicago 1880) avec ses pionniers des machines de classement électromécanique assurant la mécanisation du travail de bureau (backoffice) à l’arrivée des premiers ordinateurs en 1950 qui marqueront une évolution majeure de ces ateliers électromécanique en assurant un partage du travail entre ordinateurs et humains avec de fortes innovations dans les secteurs des assurances et banques (cœur de l’activité tertiaire) (distributeur de billet, moyens de paiements.. ). Enfin après l’automatisation des activités de l’usine au bureau donnant naissance à des applications ad hoc, apparaîtront dans les années 1970-1980 , les notions de systèmes d’information (vision systémique de l’entreprise) et la bureautique communicante renforçant l’informatisation de masse liée à la diffusion massive des ordinateurs personnels et l’outillage des processus transverses et du travail collaboratif (workflow). Cette diffusion à grande échelle des TIC dans les organisations et l’ensemble du corps social est génératrice d’entropie et de désordre que les instances de régulation naissantes peinent à endiguer. Le changement technologique apparait tour à tour comme opportunité d’amélioration de des conditions de vie et source de désordre, d’entropie et de déstabilisation ![]()
Cette croissance en terme de périmètre d’usage de l’ordinateur et des sciences du traitement de l’information, complexifie les notions même de travail et d’organisation et se pose alors le problème des limites de l’automatisation et de l’informatisation à la fois en terme de faisable et de souhaitable. L’ordinateur peut-il apporter à l’humanité ce supplément d’intelligence et de sagesse qui seront indispensables pour relever nos nouveaux défis et éviter à nos civilisations de sombrer comme de nombreuses civilisations antérieures dans le déclin puis la barbarie ? Là encore il convient de démystifier l’animal non pas pour euthanasier le rêve mais pour rendre la technologie utile à l’homme à l’abri de tous les phantasmes. Deux termes doivent impérativement être réévalués dans le contexte des NTIC : celui de complexité et celui d’intelligence. Que couvrent ces notions dans le cadre qui nous préoccupe ici ? Michel Volle relève trois limites majeures définissant les formes complexe de l’informatisation : Au niveau descriptif ou discursif de la représentation et de la précision du langage Au niveau de l’explosion combinatoire des assemblages et couplages potentiels des traitements élémentaires Au niveau de la logique pure des systèmes formels supportant les machines de Turing (Gödel) La notion d’intelligence artificielle et les débats hallucinés des années 1970 autour de ces sujets ont rendu la notion inintelligible. L’analogie entre cerveau et ordinateur a généré de nombreux fantasmes alors qu’Il faudrait plus simplement voir le couple ordinateur/logiciel comme un artefact évolué embarquant l’intelligence de ces géniteurs humains et conçus non par mimétisme du vivant mais comme une prothèse, une excroissance mécanique, une fonction organique externe à l’homme (ce que Michel Volle nomme l’Automate Programmable Doué d’Ubiquité).
Revenir sur la notion d’assistanat et ainsi réévaluer nos attentes par rapport à l’ordinateur nous oblige à élucider le fond doctrinal et idéologique rarement explicité soutenant l’usage de l’ordinateur dans l’organisation et issu des premiers objectifs assignés à l’ordinateur par l’armée américaine : c'est-à-dire penser l’action Gérer l’incertitude : Eclairer la décision en repoussant l’incertitude, anticiper l’imprévu et les évènements externes à l’organisation (Clausewitz) Planifier les moyens et événements internes à l’organisation (Jomini) L’ordinateur et le SI n’apparaissent alors plus comme des êtres semi-humains doués d’une relative autonomie mais plutôt comme un système de régulation de l’activité humaine au service des idéologies et pouvoirs dominant encadrant l’activité (action) humaine. L’APU est alors à l’organisation ce que le servomoteur régulateur de Farcot est à la navigation. Ainsi peut-on être certain que lorsque les grands systèmes technocratico-politiques se dérèglent, les systèmes informatiques de contrôles sont également défaillants et les crises actuelles (secteur bancaire en particulier) mettent en évidemment la fragilité du système politique et institutionnel mais aussi la perte de contrôle très préoccupante des systèmes techniques invisibles qui sont cessés réguler le monde économique contemporain. L’informatisation doit alors être pensée comme une démarche dynamique politique presque une quête initiatique d’un idéal organisationnel, un processus de réinvention permanente de solutions au défi de vivre ensemble assurant le syncrétisme entre les hommes et entre l’artefact et l’humain. Rejetons toutes les idéologies et le prêt à penser que l’industrie ou les lobbies nous proposent pour concevoir l’alliance humain/automate. A chaque déploiement des TIC gardons à l’esprit que le système parfait et pur est à la fois contre productif et une hérésie à l’intelligence. La perfection c’est la sclérose, le totalitarisme des doctrinaires, la flexibilité c’est l’humain pour reprendre le mot d’ordre de Michel Volle organisons le semi-désordre créatif. Chapitre 3 Eclairage historique
Afin d’expliciter le système technologique au sens de Bertrand Gille, de cerner les clusters de technologies que forme l’informatique, Michel Volle passe en revue les innovations technologiques majeures à travers une approche historique de l’ordinateurs et du logiciel depuis la naissance des incunables machines à calculer de nos musées (Pascal, Hollerith, Babbage), le monde de la micro-informatique et de l’éthique des ses premiers utilisateurs et lobbyistes ainsi que ses innovations matérielles emblématiques (CDROM, Ethernet, Internet, Mac, Web …) et l’invention de l’usage de l’ordinateur dans la vie de chacun (influence Pao Alto Research Center, datawarehouse, groupware, traçabilité).
Sortant un peu des sentiers déjà très battus de l’innovation en terme de matériel informatique, Michel Volle se propose d’analyser la naissance et le développement du secteur informatique passant de l’édition du logiciel au secteur des services et du consulting. Cette axe de recherche historique s’intéresse à la constitution puis la structuration du marché de la technologie et en particulier du marché du logiciel et des différents nouveaux secteurs industriels nés du « unbundling » c'est-à-dire du dégroupage forcés des activités hardware/software issue des luttes nord-américaines contre le monopole (Sherman Act). Ce démantèlement des activités de fabrication du matériel/logiciel intégré aboutit à la naissance du marché des logiciels compilés voire à la tentative de délimiter (enclosure) les droits de propriétés et biens informationnels comme œuvre de l’esprit. Actuellement la réaction à cette approche est au cœur du développement des logiciels libres. L’histoire de l’innovation logicielle et des grands logiciels a diffusion massive tels le traitement de texte (Word, Wordperfect …) ou des tableurs (Visicalc …) est très mal décrite. Michel Volle fait le constat suivant : si les quelques études existantes nous apporte de très riches informations sur le concepteur du produit (sa vie, son œuvre …), sur le marché et la concurrence pratiquement rien n’est publié sur les choix qui ont guidé la conception des produits. L’innovation semble plus issue des besoins d’usage personnel du concepteur que d’une pensée organisationnelle de l’homme au travail. Le secteur du logiciel est donc fortement marqué par des individualités programmant de manière empirique leurs outils et pas encore comme des artefacts manufacturés issus d’une analyse des besoins de la société. Ce coté fortement artisanal voire accidentel du logiciel structure (ou exactement déstructure) de manière durable les rapports de l’automate assistant l’humanité au travail et son essence profonde : l’architecture du logiciel souffre de tares congénitales (pas de modularité, extensions impossibles, limites d’usage …). Prospective Les tendances lourdes de l’informatisation de la société se structurent autour d’un double mouvement convergent : tout d’abord l’ordinateur ou les assistants personnels ont envahis l’ensemble de la sphère sociale et l’on peut parler de poussière d’intelligence (« informatique persuasive » ou l’ordinateur individuel « wearable » pour traduire l’ubiquité absolue du virtuel couplant sur les équipements miniaturisés voix, image et autres assistants de la vie quotidienne (téléphone mobile, e-papier, vêtements intelligence) avec une myriade de capteurs électroniques qui jalonnent notre quotidien (portique, transport, e-ticket …). L’ensemble des ces informations diffuses imprègnent notre quotidien, nos organisations et nos équipements, fournissent la matière à des macro systèmes d’informations, définissent la sémantique organisationnelle de la société et outillent les processus de production des biens matériels mais aussi de plus en plus de notre esthétique c’est à dire la représentation mentale de nos environnements (images de synthèse, …). Cette révolution du quotidien n’est pas sans dangers : dépendances et fragilité des grands systèmes techniques, totalitarisme et politique sécuritaire portant atteinte à la vie privée, rejet du positivisme technologique et dérives mystiques. Michel Volle nous invite donc à passer de l’ordinateur « mythe » à la compréhension des bénéfices de ce nouveau compagnon. . |