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Accident nocturne” (2003) Roman de 147 pages Le narrateur, un jeune homme encore quelque peu adolescent, a un père pressé et évanescent qu’il rencontrait, autrefois, dans des cafés du Trocadéro ou de la rue de Rivoli. Puis les rendez-vous se sont déplacés vers la porte d'Orléans, vers Montrouge, à mesure que ce père pressé et évanescent semblait plus furtif et à mesure que ses mystérieuses affaires, sans doute, l'obligeaient à fuir quelque chose, le faisaient tomber dans la déchéance. Bientôt, il n'y eut plus de rendez-vous, et le narrateur se mit à errer, sans but précis, dans les quartiers où, peut-être, il apercevrait le «pardessus» ou le chapeau de cet homme qui aurait pu le renseigner sur son propre destin. Au cours d’une de ces errances, il est, une nuit, renversé par une «Fiat vert d'eau», place des Pyramides. Il est blessé à la jambe, la conductrice, une jeune femme du nom de Jacqueline Beausergent, touchée au visage, et son compagnon énigmatique et louche, un homme vêtu, lui aussi, d'un «pardessus», le déposent dans une clinique inconnue avant de s'évaporer. Quand il se réveille, il trouve, en guise de dédommagement, une liasse de billets. Comme réveillé à lui-même, pendant cent cinquante pages, le narrateur tente de retrouver la conductrice, remonte dan son enfance dont il n’a que quelques souvenirs, fait face aux obscurités de ce passé vague. Il consulte des agendas d'autrefois, erre à travers Paris, fréquente des bars louches. Ce qu'il cherche, on le devine, c’est la cause d'une blessure, la preuve de quelque chose qui a eu lieu et qui le concerne. On passe de la porte d’Orléans à la Sologne, de l’enfance à l’âge mûr, de la difficulté d’être à la réconciliation avec la vie. À la fin, après des nuits de marche somnambulique, le jeune homme, sa vieille canadienne tachée de sang sur le dos, retrouve enfin Jacqueline Beausergent. Elle lui sourit. Le rassure. Lui murmure qu’il s’est donné beaucoup de mal pour rien, que les seuls mystères sont ceux qu’il s’invente, qu’on se fait beaucoup de mal à confondre les cauchemars et la réalité. Sa phrase, «La vie est beaucoup plus simple que tu ne le crois», résonne comme une morale et pourrait être inscrite en épigraphe du roman. Commentaire Le sujet dormait dans la tête de Patrick Modiano depuis trente ans, mais il a été incapable de commencer avant 2002. Ce roman, symétrique de “La petite Bijou”, intimiste, pur comme un diamant noir, bouleversant, puissant, généreux, est plus ouvert et optimiste que ses précédents. Mais on retrouve la même mélancolie qui teinte la plupart de ses oeuvres, ses questionnements, ses thèmes récurrents : ses années de jeunesse, l'absence, la lutte contre l'oubli. «L'oubli finit par ronger des pans entiers de notre vie», écrit-il. «Ce qui me motive pour écrire, c'est retrouver des traces.» Plus que jamais, il joua à brouiller les pistes, souvenirs de jeunesse, le souvenir d’un père énigmatique, et épisodes purement fictifs. Certaines adresses n’existent plus, certains personnages jouent un double jeu, et la chronologie vole en éclat à mesure que le narrateur s’égare dans ses souvenirs. Et, encore une fois, toute la machine Modiano s’emballa, sa magie opéra, son charme si particulier agit. Il voulut encore «trouver une sorte de surréalité à des choses banales, à des décors, à une rue qui, objectivement, n'a aucun intérêt» parce qu’il avait «l'impression que la vraie réalité de cette chose se trouve dans cette surréalité. Il y a une sorte de phosphorescence qui ne vient pas forcément de moi mais qui vient de la chose elle-même.» Il s’attacha ainsi à un numéro de téléphone, un perroquet «fidèle au passé», l'enseigne d'un bar, le nom d'un hôtel, le passeport d'un inconnu ou une chaussure, un de ces objets très banals auxquels, comme le faisaient les surréalistes, il trouve des côtés magnétiques, «les sur-réalisent» : «Je ne pouvais plus détacher les yeux de cette chaussure. Plus tard quand ma vie aurait pris un cours nouveau, il faudrait toujours qu'elle restât à la portée de mon regard, bien en évidence sur une cheminée ou dans une boîte vitrée, en souvenir du passé. Et à ceux qui voudraient en savoir plus sur cet objet, je répondrais que c'était la seule chose que mes parents m'avaient léguée ; oui, aussi loin que je remontais dans mes souvenirs, j'avais toujours marché avec une seule chaussure. À cette pensée, j'ai fermé les yeux et le sommeil est venu dans un fou rire silencieux.» On peut lire encore : «Alors que tout se brouille, seule une phosphorescence merveilleusement colorée illumine ces marches crépusculaires. Les couleurs ricochent ainsi de l’hôtel de la rue de la voie verte aux effluves des bouteilles d’éther bleu nuit durant de vertigineuses nuits blanches.» L’incipit est remarquable : «Tard dans la nuit, à une date lointaine où j’étais sur le point d’atteindre l’âge de la majorité, je traversais la place des Pyramides vers la Concorde quand une voiture a surgi de l’ombre.» Comme toujours, il ne trompe jamais. Le personnage, qui rêvait sa vie, était perdu, errait dans la ville, ne savait pas quoi faire de sa jeunesse inemployée, était séparé de son père, aspirait à «l’harmonie perdue», espérait «une trouée, des lignes de fuite», subit, du fait de cet «accident nocturne», un «choc bénéfique» qui marque la fin d'une période de sa vie un peu floue. C'est un de ces moments charnières de la vie où les choses basculent du bon ou du mauvais côté. Il le dit lui-même : «L’accident de l’autre nuit était venu au bon moment. J’avais besoin d’un choc qui me réveille de ma léthargie. Je ne pouvais plus continuer à marcher dans le brouillard». Il allait pouvoir «prendre un nouveau départ dans la vie». Ce garçon solitaire et angoissé, quelque peu «désaccordé» (lui-même déclare : «Moi non plus, je ne me suis jamais senti au diapason de rien») mais qui le sait et cherche obscurément une harmonie, mène alors une enquête dans Paris, sans se laisser décourager par les fausses pistes, pour retrouver la femme, Jacqueline Beausergent, qui l’a renversé. Il n’éprouve à son égard aucune rancune, la recherche, au contraire, pour exprimer sa reconnaissance à celle qui incarne une figure maternelle de compensation, pour essayer de ressaisir ce fantôme oublié qu’est la mère inconnue. L'homme mûr qu'il est devenu raconte, à trente ans de distance, l'histoire du garçon qu’il fut, qui était rejeté par son père et se promenait en somnambule dans Paris. L’auteur expliqua : «J'ai essayé de traduire l'ambiance dans laquelle il vivait, à un certain âge. Une ambiance étrange, sans structure. Avec des parents vus comme des espèces de fantômes, de baudruches. L'explication clinique de ce jeune homme, c'est qu'il aurait usé de stupéfiants. Mais là, il n'en a même pas besoin. À blanc, il est dans cet état-là. C'est difficile à expliquer. C'est quelque chose que j'ai voulu traduire parce que je l'avais éprouvé à cette époque-là.» Une fois encore, le père est là, dans toute sa mystérieuse autorité et sa hautaine indifférence. Albert Modiano, qui dirigeait une «société africaine d’entreprise» dont les bureaux étaient sis aux Champs-Elysées, n’a cessé de rejeter son fils. Ici, dans une scène si forte que le romancier la raconte deux fois et qui demeure «l’un des épisodes les plus tristes de sa vie», le fils aux abois demande un peu d’argent à son père, qui s’énerve et, pour se débarrasser de l’importun, le livre aux policiers qui le mettent dans un panier à salade. Patrick Modiano affirme : «C’est vrai. Cet épisode, qui a eu lieu en 1963, j’avais donc dix-huit ans, m’a beaucoup marqué. Mais je le raconte sans aucun ressentiment. J’étais à un moment vraiment critique. J’avais besoin d’argent pour survivre. Ma mère, qui vivotait au théâtre, ne pouvait rien pour moi, et de manière très calme, sans aucune agressivité, j’avais demandé à mon père de m’aider et il avait aussitôt appelé la police, qui nous a embarqués tous les deux. C’est une impression très étrange que de se retrouver avec son père dans un panier à salade. Au commissariat, mon père m’a chargé et m’a traité de voyou. Après quoi les flics l’ont laissé repartir et m’ont gardé. Pas longtemps, mais ça a été un choc symbolique.» «La scène du panier à salade passerait pour banale dans un livre de souvenirs, c’est la fiction qui lui donne son sens.» La nuit suivante, dans ses cauchemars, le jeune homme imagine qu’il a été dénoncé et qu’on l’a «raflé», écho obsédant de l’Occupation et de cette question restée sans réponse : pourquoi son père, d’origine juive, interné en 1943 dans une annexe de Drancy, a-t-il été aussitôt libéré par un membre de la bande de la rue Lauriston? On lui a posé des questions auxquelles il a répondu : «Quelle structure familiale avez-vous connue? J'avais répondu : aucune. Gardez-vous une image forte de votre père et de votre mère? J'avais répondu : nébuleuse. Vous jugez-vous comme un bon fils (ou fille)? Je n'ai jamais été un fils. Dans les études que vous avez entreprises, cherchez-vous à conserver l'estime de vos parents et à vous conformer à votre milieu social? Pas d'études. Pas de parents. Pas de milieu social. Préférez-vous faire la révolution ou contempler un beau paysage? Contempler un beau paysage. Que préférez-vous? La profondeur du tourment ou la légèreté du bonheur? La légèreté du bonheur. Voulez-vous changer la vie ou bien retrouver une harmonie perdue? Retrouver une harmonie perdue.» On remarque surtout la question : «Vous jugez-vous comme un bon fils?», et la réponse : «Je n’ai jamais été un fils.» Il a même ajouté : «Pas d’études, pas de parents.» Ce qu’il a commenté ainsi : «C’est terrible et péremptoire. Mais j’ai toujours été troublé de constater que beaucoup d’écrivains, y compris Baudelaire et de nombreux poètes maudits, exprimaient dans leur œuvre la conscience très forte d’être un fils. Moi, c’est un sentiment que, à l’adolescence comme à l’âge adulte, je n’ai jamais éprouvé et qui sans doute m’a manqué, me manque.» Mais, à la différence de nombre des romans précédents de Patrick Modiano, dans celui-ci, le brouillard initial semble progressivement se dissiper. Dans cette remontée à l'air libre, certains fantômes s'évanouissent notamment le personnage du père, qui «s'éloigne vers le périphérique» pour ne plus réapparaître. Et le narrateur obtient des réponses, du moins en partie. “Accident nocturne” se situant au début des années 1960, tout un décor a été reconstitué. Les affiches des gares vantent les pistes de ski de l’Engadine. Dans les bars, on sert des «margarita». Les hôtels transmettent les fiches de leurs clients à la brigade mondaine. Les téléphones ont des préfixes de quartiers, Odéon, Passy, Trocadéro, Auteuil... Un gourou au visage «recouvert d’une sorte de graisse grise», l’étrange docteur Bouvière, auteur de “Drogues et thérapeutiques”, rassemble ses disciples dans les cafés et leur fait perdre l’insouciance, la joie de vivre. Il ressemble au docteur Bode qu’on trouvait dans “Des inconnues” (1999) et, pour les deux, Modiano dit avoir pensé à Gurdjieff. À travers ce personnage de Bouvière, il égratignait ceux qu’il appelle «des gourous à tête de mort», parce que leurs victimes sont des personnes vulnérables qu'ils finissent par détruire, des papillons qui viennent se brûler à la lampe. Il avoua avoir parlé aussi de lui à cette époque : «Avant vingt et un ans, c'était comme une vie clandestine, on avait le droit de ne rien faire. C'était la fin de la guerre d'Algérie, on avait instauré un couvre-feu pour les moins de seize ans. Il fallait l'autorisation de ses parents pour aller à l'étranger, ne serait-ce qu'en Belgique.» De la porte d’Orléans à Pigalle, de Denfert-Rochereau à Montparnasse, dans ces errances nocturnes dans un Paris énigmatique, les signes, les noms des rues et des personnes se télescopent dans une danse étrange et surprenante qui bouscule les instants du passé comme du présent. Les fragments de vie s’entrechoquent au gré des souvenirs qui remontent sans cohérence à la surface, les lieux, du square de l’Alboni dans le seizième arrondissement parisien à la Sologne, ne font ainsi plus qu’un. Et, pourtant, «Tous les noms propres, la figure de mon père, cette vision de cauchemar, sont des choses que j'ai vécues.» Modiano confie que les noms d'emprunt dont le narrateur se sert sont des noms de personnes réelles dont il ignore ce qu'elles sont devenues. Ils deviennent ici le prétexte à une sorte de jeu, notamment lorsque le narrateur livre la liste de ses fausses identités, comme en un jeu de miroirs avec les vieux carnets d'adresse de son père. Modiano traverse Paris et saisit ses mystères avec cette légèreté et cette précision topographique qui font notre bonheur. «La nuit, dans les rues, j’avais l’impression de vivre une seconde vie plus captivante que l’autre, ou, tout simplement, de la rêver.» Il dit aimer arpenter Paris la nuit à la manière, dit-il, d’un écrivain français que l’on appelait «le spectateur nocturne» qui est Restif de La Bretonne, qui, dans “Les nuits de Paris”, raconta ses dérives de quartier en quartier. Il achète un exemplaire d’occasion du livre “Les merveilles célestes” de Camille Flammarion, astronome né au milieu du XIXe, qui excellait dans la vulgarisation scientifique, livre dont la lecture lui épargne bien des nuits agitées au point qu’il écrit : «Aucune drogue, ni l’éther, ni la morphine, ni l’opium, ne m’aurait procuré cet apaisement qui m’envahissait peu à peu.» «À l’époque où j’allais si mal, je lisais ça comme de la poésie, des rêveries sur la Voie lactée et le Zodiaque, d’autant que la phrase était bien balancée.» Au sujet de la femme au physique de Leni Riefenstahl, la «Méduse» qui le guette au bas de son immeuble, qui l’appelle par son prénom et le tutoie pour l’injurier, il révèle qu’elle n’a pas existé que «c’est un fantasme récurrent et une terreur enfantine qui se prolonge. En fait, cette femme matérialise une menace indéterminée que j’ai toujours sentie planer autour de moi.» Il indiqua que la mention, «Un jour, j’avais décidé de m’inscrire à la faculté de médecine...», est authentique : «Je venais d’arrêter mes études de lettres, j’étais allé rue des Saints-Pères pour me renseigner sur les modalités d’inscription et j’avais appris qu’il fallait être très calé en sciences et avoir fait math élém. Ce qui m’attirait dans la médecine, c’était la précision. Je me disais que ça me forcerait à cesser de rêver et d’être nébuleux. Il faut trouver un point fixe pour que la vie cesse d’être un flottement perpétuel. Depuis mon plus jeune âge, je cherche une discipline pour sortir du marécage. Ce fut la langue française. Elle décrit très bien, je trouve, les états crépusculaires.» Il rappelle aussi que son enfance et son adolescence ont été sans domicile fixe, que, d’école en pensionnat, il est passé par Biarritz, Jouy-en-Josas, Thônes, Bordeaux, Metz, avant de devenir un Parisien pour toujours : «J’ai même vécu quelque temps dans le haras de Saint-Lô, où je me promenais la nuit au milieu des chevaux. Je ne restais jamais très longtemps. J’étais sans cesse transbahuté d’un endroit à un autre et dans des lieux parfois hallucinants où persistait un fantastique social, dont les repères étaient la gare, la caserne, le café. Je ne m’appartenais pas. C’était très perturbant. Alors souvent je fuguais. Il faut dire que certains pen-sionnats ressemblaient à de petits séminaires.» Le plus perturbant était, qu’en allant de ville en ville, il était chaque fois plus éloigné de ses parents : «Ces séjours en province, où les gens s’occupaient de moi par substitution, je les vivais en effet comme des rejets successifs. C’est la raison pour laquelle, quand j’ai atteint la majorité, Paris m’a paru comme le refuge où débarque un permissionnaire. Et encore ! Car j’ai été pensionnaire au lycée Henri-IV, c’est-à-dire enfermé dans la ville où vivaient pourtant mes parents, et cela m’a semblé encore plus dur à vivre. Je voyais mes copains rentrer chez eux à 16 h 30, et, moi, je restais cloîtré dans le dortoir du lycée avec des veilleurs de nuit. C’était lugubre et absurde. Aujourd’hui, je ne pourrais plus vivre ailleurs qu’à Paris.» Plusieurs fois dans ce livre, il dit avoir le goût du bonheur et avoir ordonné sa vie, depuis trente ans, «à la manière d’un jardin à la française». Cela surprend parce qu’on le voit davantage du côté de la mélancolie et des forêts impénétrables. Mais il répond : «Vous savez, j’ai toujours eu le sentiment que ma nature profonde était la faculté au bonheur, mais qu’elle avait été détournée tout au long de ma vie par des circonstances extérieures. C’est le hasard qui m’a fait naître en 1945, qui m’a donné des origines troubles et qui m’a privé d’un entourage familial. Je ne peux pas me sentir responsable des idées noires, de l’angoisse, d’une certaine forme de morbidité qui m’ont été imposées. Je n’ai jamais choisi le matériau de mes livres. J’ai dû écrire non pas avec ce que je suis, c’est-à-dire quelqu’un de banal et heureux, mais avec ce que le destin a fait de moi. Comme je le dis à un moment dans ce livre, “à la profondeur du tourment, je préfère la légèreté du bonheur”. Mais je me console en me disant que tout est programmé et que si ça n’avait pas été moi, un autre aurait eu l’impression d’être un clandestin. Moi, si j’étais né à la campagne, j’aurais été un écrivain paysagiste. Cela m’aurait suffi... C’est absurde de se faire tant de mal quand la vie est si bien. Mais, lorsque j’écris, je ne me maîtrise pas. Et, plus je me promets de fuir le marécage, plus j’y retourne. De même, je n’arrive pas à utiliser la troisième personne du singulier, je suis prisonnier du “je” que j’utilise dans mes romans depuis toujours.» Modiano et son double accidenté boitent tout au long du livre, comme Jacob après son combat avec l'Ange. Leurs corps portent la cicatrice d'une épreuve qui, comme dans la Bible, signale qu'ils ont désormais le droit et le devoir de se souvenir. On a l'impression que le romancier veut nous signifier qu'il achève un cycle, qu'il solde ses obsessions d'amnésique, qu'il accepte la disparition définitive de son père. De son propre aveu, ce roman marque peut-être, la fin de sa période romanesque : «Dans ce roman, a-t-il confié au magazine “Lire”, il y a une sorte de rupture, puisque c'est le réveil du garçon. J'espère après cela faire quelque chose de différent. J'aimerais bien écrire un livre qui soit la description d'un fait divers, presque d'une manière documentaire.» Il était temps : ce romancier adolescent sera bientôt sexagénaire. Comme il le fait dire à son personnage : «C'est que j'arrive à l'âge où la vie se referme peu à peu sur elle-même.» L’écriture se nourrit de hasards, de coïncidences étranges et procure un étrange sentiment d’amertume et de mélancolie malgré les illusions de la fiction. À la fois épurée et relativement complexe, elle entraîne les lecteurs dans un jeu de piste haletant à travers l’inconscient d’un homme brisé par ses blessures secrètes. Plus qu’une nouvelle ballade nocturne, Patrick Modiano signe une évocation d’un Paris informel aux résonances autobiographiques inattendues et magnifiques. _________________________________________________________________________________ Alors qu’on pouvait penser que Patrick Modiano, qui avait vaporisé tant de brouillard sur sa vraie vie, qui y avait ajouté tant de fausses pistes, avait conclu une longue mise au point sur elle dans “Accident nocturne”, il a publié une véritable autobiographie : _________________________________________________________________________________ “ |
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