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arm aber sexy », cache mal les abysses d’interrogations que l’administration du Land doit affronter. Dans les périphéries par ailleurs, on assiste d’une part à de vastes programmes de rénovation urbaine dans les quartiers de Plattenbau et d’autre part à un phénomène d’étalement urbain qui renoue allégrement dans le sprawl avec la tendance historique à l’étalement qu’à l’Est les principes du socialisme avaient contenu58, plus sans doute que le mur puisque l’Ouest avait déjà connu dans les années 1980 de grandes opérations pavillonnaires. Mais aux banlieues paysagées du début du XXe siècle, comme la cité jardin de Frohnau59 (qui à la différence de celle d’Hellerau à Dresde a directement été une banlieue résidentielle sans d’abord être conçue comme utopie urbaine), succède une expansion urbaine le long des routes du Land de Brandenburg plus que des stations de la S-Bahn qui ne manque de poser de graves questions de planification métropolitaine. Les communes du Brandebourg limitrophes de la capitale rivalisent ainsi dans la création de zones à lotir dans l’espoir d’attirer promoteurs et populations, et remettent en question dans l’absence quasi-totale de concertation, malgré quelques instances inter-Länder entre Berlin et le Brandebourg, les principes mêmes de la cohérence urbaine, sans parler des espoirs de développement urbain durable60. Le faible prix des terrains rend possible la commercialisation de maisons à moins de 100 000 euros, et donc ouvre aux habitants de Plattenbau les perspectives de l’accession à la propriété individuelle. Avec plus de 100 000 logements vides au début des années 200061, et des superficies immenses de bureaux inoccupés, y compris aux adresses les plus prestigieuses, la ville est à chaque instant sur le point de rejoindre la cohorte des villes en déclin de l´ancienne Allemagne de l´Est (surtout dans le Brandebourg et la Poméranie)62. Le thème de la crise et d’une possible banqueroute hante ainsi les Berlinois, mais dans le même temps constitue paradoxalement le moteur de leur exceptionnelle créativité63. Berlin Ouest était déjà soutenue à bout de bras par le gouvernement fédéral. L’Est était en quasi-banqueroute. Et en 1990 les deux côtés ont perdu un nombre effrayant d’emplois industriels. Malgré donc l’effort fédéral de construction de la capitale retrouvée et de solidarité urbaine, la ville-état atteint désormais une dette qui dépasse les 65 milliards d’euros. Si l’exceptionnelle vitalité exportatrice de l’Allemagne du début des années 2000 a éloigné le risque que l’Etat fédéral décrète la fin de la perfusion, Berlin demeure sensible à tout raidissement de l’attitude du Bund vis-à-vis de sa dette et de sa gestion dépensière. Dans un panorama stratégique industriel où Berlin ne parvient à concurrence ni Hambourg au nord ni Prague au sud, ses deux voisines dynamiques qui gagnent chacune sur les deux terrains où elle pourrait tenter de jouer un rôle, l’annonce en 2007 par la firme pharmaceutique Pfizer de l’installation de son unité Viagra à Berlin a certes permis l’épanouissement de propices métaphores, mais ne suffira pas, à l’évidence, à durablement soutenir un encore hypothétique renouveau économique. Dans ce contexte, les élections municipales de 2006 ont marqué un certain tournant dans la vie politique berlinoise. La coalition Rot-Rot (SPD-Die Linke) a certes été reconduite, avec le maire Klaus Wowereit (SPD) à sa tête, mais plusieurs éléments laissent entrevoir des évolutions possibles. Il s’agit d’une part de la crise du parti communiste de l’Est (PDS, devenu Die Linke), qui a perdu beaucoup de terrain y compris dans ses bastions des périphéries de l’Est et des quartiers de Plattenbau comme Marzahn ou Lichtenberg. Il s’agit par ailleurs de l’ascension des Verts dans plusieurs circonscriptions électorales de Mitte et de Prenzlauerberg, où ils sont Verts sont en arrivés en tête, ce phénomène marquant pour certains le signe d’une évolution à la parisienne en direction d’une tendance ‘BoBo’. Pour l’administration locale, d’importantes questions se posent. Tout d’abord celle de la capacité de la ville à attirer des investisseurs internationaux, un domaine où elle a jusqu’ici brillé par ses mauvais résultats. Le marketing urbain se trouve au cœur des débats. Du point de vue de l’urbanisme, se pose la question de l’avenir des principes de Stimmann. Alors que ce personnage a pris sa retraite, de nouveaux enjeux se dessinent : planification régionale contre l’étalement excessif, politique sociale dans des quartiers centraux en voie de gentrification64, avenir des périphéries de grands ensembles où commence peut-être à se déliter le ciment communiste, articulation de la ville du tourisme et de celle des fonctions dédiées aux habitants, stratégies pour rester sur le devant de la scène mondiale de la réflexion urbaine. Aujourd’hui, alors que les pratiques d’architecture et d’urbanisme dans le monde ont largement intégré les acquis de l’expérience berlinoise et que les plus grands noms du gotha actuel de la profession architecturale, de Herzog & DeMeuron à Renzo Piano, de Rem Koolhaas à Norman Foster, s’en réclament plus ou moins ouvertement, se pose ainsi la question de la pérennité du modèle. Si certains des grands praticiens de notre temps ont fait leurs premières armes internationales à Kreuzberg au moment de l’IBA, il convient de déterminer dans le contexte actuel si Berlin a encore les ressources d’inventivité qui ont fait de cette ville un pôle majeur dans les débats urbains. De sa capacité à inventer un modèle de ville étalée mais durable dépend peut-être cette position. 1 Pour un panorama général, voir, par exemple, le catalogue de l’exposition : Berlin, Berlin : Zur Geschichte der Stadt, Berlin, Martin Gropius Bau-Nicolai, 1987, 692p. Voir aussi, pour la période 1871-1989 : Bullock (Nicholas), « A short history of everyday Berlin », in Chant (Colin) Goodman (David) (dir.), European Cities and Technology. Industrial to Post-Industrial City, Londres, Routledge, 1999, 363p., p.225-255. 2 Sur cette période, voir: Buffet (Cyril) Michel (Bernard) et Piétri (Nicole), Villes et sociétés urbaines dans les pays germaniques (1815-1914), Paris, Sedes, 1992, 212p. 3 Voir sur ce sujet le livre fondamental de Hegemann (Werner), Das steinerne Berlin. Geschichte der größten Mietskasernenstadt der Welt, Berlin, Kiepenheuer, 1930, 505p. 4 Sur ce point : Bernet (Claus), « The Hobrecht Plan (1862) and Berlin’s urban structure », Urban History, 2004, 31-3, p.400-419. 5 Springer (Robert), Berlin. Die deutsche Kaiserstadt, Darmstadt, Lange, 1878, 247p. 6 Hughes (Tom), Networks of Power. Electrification in Western Society. 1880-1930, Baltimore, John Hopkins University Press, 1983, 474p. Ce livre est consacré à l´étude de trois principales villes, chacune représentant une posture typologique dans le rapport entre ville et innovation : Berlin, Chicago et Londres. 7 Sur cette période, mais dans une optique marxiste où prime l´histoire du mouvement ouvrier, voir : Lange (Annemarie), Berlin in der Weimarer Republik, Berlin, Dietz, 1987, 1133p. Lire aussi : Roth (Joseph), What I Saw. Reports from Berlin (1920-1933), New-York, Norton, 2003, 227p. (Publié d’abord en allemand sous le titre: Joseph Roth in Berlin: ein Lesebuch für Spaziergänger, Cologne, Kiepenheuer, 1996). 8 Sur le Bauhaus, Walter Gropius et le développement du mouvement architectural, voir : Wingler (H.M), The Bauhaus. Weimar, Dessau, Berlin, Chicago, Cambridge (Mass.), MIT, 1969, 700p. Voir aussi: Droste (Magdalena), Bauhaus, 1919-1933: Reform und Avantgarde, Cologne, Taschen, 2007, 96p. 9 Cet ilôt, après des décennies d´abandon, et après avoir abrité dans son angle méridional le bâtiment des transits entre Est et Ouest du temps de la guerre froide, a récemment été loti et un immeuble, pâle écho du projet de Mies van der Rohe y est en construction. Sur Mies van der Rohe, voir : Schulze (Franz), Mies van der Rohe : a Critical Biography, Chicago, Chicago University Press, 1995, 380p. Pour une histoire architecturale de Berlin au XXe siècle: Kahlfeldt (Paul) Kleihues (Josef Paul) Scheer (Thorsten) (dir.), City of Architecture / Architecture of the City. Berlin 1900-2000, Berlin, Nicolai, 2000, 430p. 10 Voir: Donath (Matthias), Architektur in Berlin 1933-1945, Berlin, Lukas & Landesdenkmalamt, 2004, 255p. 11 Sur Dresde, voir le passionnant : Seydewitz (Max), Die Unbesiegbare Stadt, Berlin, Kongress-Verlag, 1961, 381p. 12 Sur les sourdes batailles de services secrets à Berlin pendant la guerre froide, voir : Murphy (David9, Kondrashev (Sergei) et Bailey (George), Battleground Berlin. CIA vs. KGB in the Cold War, New Haven, Yale University Press, 1997, 530p. 13 Sur le statut des zones d´occupation, voir : Rottmann (Joachim), Der Viermächte-Status Berlins, Bonn, Bundesministerium für Gesamtdeutsche Fragen, 1959, 83p. Pour une précoce lecture de Berlin divisée: Bultler (Ewan), City Divided. Berlin 1955, New-York, Praeger, 1955, 187p. Pour une analyse spatiale de la division ; Elkins (T.H.) Hofmeister (B.), Berlin : the Spatial Structure of a Divided City, 1988, Andover, Associated Books, 274p. 14 SPD, ancien responsable des transports à Berlin dans les années 1920 et à ce titre fondateur de la Berliner Verkehrsbetriebe, déporté en 1933 puis exilé en Turquie en 1935 où il fonda à l´Université d´Ankara la chaire d´urbanisme. Sur ce personnage : Barclay (David), Schaut auf diese Stadt. Der unbekannte Ernst Reuter, Berlin, Siedler, 2000, 447p. 15 Au printemps 2008 l’échec d’un référendum d’initiative locale suscité par l’opposition démocrate chrétienne et destiné à en imposer la survie semble avoir son destin et confirmé les projets de l’administration locale de le fermer, dans l’optique de préparer l’ouverture de l’aéroport BBI en rationalisant le déjà complexe d’aéroports. 16 Sur cette période voir une très intéressante sélection de textes : Conrads (Ulrich) et Neitzke (Peter) (dir.), Die Städte himmeloffen. Reden und Reflexionen über den Wiederaufbau des Untergegangenen und die Wiederkehr des Neuen Bauens 1948-49, Bale-Berlin, Birkhäuser, 2003, 215p. Sur les principes généraux de la reconstruction pour les villes de l´Allemagne de l´ouest : Rabeler (Gerhard), Wiederaufbau und Expansion westdeutscher Städte 1945-1960 im Spannungsfeld von Reformideen und Wirklichkeit, Schriftenreihe des Deutschen Nationalkomitees dür Denkmalschutz, 39, 1990, 212p. 17 Voir: Hühns (Erik et Ingeborg) et Kiesling (Gerhard), Berlin Haupstadt der DDR, Leipzig, Brockhaus, 1967, 175p. 18 Stangl (Paul), « Restoring Berlin’s Unter den Linden : ideology, world view, place ans space », Journal of Historical Geography, 2005. doi: 10.1016/j.jhg.2005.08.003. 19 Sur la reconstruction en RDA entre fin des années 1940 et années 1950 : Durth (Werner) Düwel (Jörn) Gutschow (Niels), Architektur und Städtebau der DDR. Die Frühen Jahre, Berlin. Jovis, 2007, 574p. 20 Voir : Hannemann (Christine), Die Platte. Industriealisierter Wohnungsbau in der DDR, Berlin, Schiler, 2004, 200p. Pour une analyse sociale de la vie en Plattenbau: Dörhöfer (Kerstin), Wohnkultur und Plattenbau. Beispiele aus Berlin und Budapest, Berlin, Reimer, 1994, 240p. et Keller (Carsten), Leben im Plattenbau, Francfort, Campus, 2005, 230p. 21 Sur les premiers plan d’urbanisme après 1945: Küvers (Klaus), « Piani per una nuova Berlino (1945-1949) », in Spagnoli (Lorenzo) (dir.), Berlino: la costruzione di una città capitale, Milan, CittàStudi, 1993, 164p., p.79-97. Dans ce même ouvrage, voir aussi l’article de Wolfgang Schäche sur les projets nazis et celui du curateur sur les années 1950. 22 Voir : Brodersen (Ellin), « Berlino 17 Giugno 1953. Fallimento di una rivolta”, Storica, 2004, 28, p.91-126. 23 Sur ce thème, et sur les limites du modèle, en liaison avec une analyse des cas Toronto, Londres, Boston, New-York et Philadelphie : Klemek (Christopher), Urbanism as Reform: Modernist Planning and the Crisis of Urban Liberalism in Europe and North America, 1945-1975, PhD, University of Pennsylvania, 2004, 300p. Pour une des plus efficaces, et précoces, remises en question des dogmes modernistes : Pawley (Martin), Architecture versus Housing, New-York, Praeger, 1971, 128p. 24 Sur l´Interbau et l´activité à Berlin de Le Corbusier, Gropius, Niemeyer, Aalto, Bakema, Taut, Frei et Stubbins puis sur le concours Hauptstadt Berlin, voir : Trebbi (Giorgio), La ricostruzione di una città : Berlino 1945-1975, Milan, Mazzotta, 1978, 197p., p. 78 et suivantes. 25 Voir le texte programmatique de Willy Brandt (en collaboration avec Otto Uhlitz et Horst Korber): Von Bonn nach Berlin. Eine Dokumentation zur Hauptstadtfrage, Berlin, Arani, 1957, 176p. Sur l´interprétation de cette idée par un de ses successeurs: Schütz (Klaus), „Wer streit um Berlin will, der will Streit in Europa, wir wollen ihn nicht“ in Die Stadt: Zentrum der Entwicklung, Stuttgart, Kohlhammer, 1975, 276p., p. 33-36. Sur les idées en revanche de Konrad Adenauer sur Berlin entre 1945 et 1953: Erinnerungen, Stuttgart, Deutscher Bücherbund, 1965, 606p., p. 177 et suivantes. 26 Voir: Geisert (Helmut) (et. al.) (dir.), Hauptstadt Berlin: internationaler städtebaulicher Ideenwettbewerb 1957-1958, Berlin, Mann, 1990, 300p. 27 Pour une analyse des différentes étapes de construction du mur: Flemming (Thomas) et Koch (Hagen), Die Berliner Mauer : Geschichte eines politischen Bauwerks, Berlin, Bebra, 2001, 143p. Sur le mur, voir aussi: Jenkins (Philip) Keune (Manfred) Schürer (Ernst), The Berlin Wall : Representations and Perspectives, New-York, Lang, 1996, 388p. Pour une réflexion sur les différentes phases, jusqu´alors, de la question berlinoise : Riklin (Alois), Das Berlinproblem. Historisch-politische und völkerrechtliche Darstellung des Viermächtestatus, Cologne. Verlag Wissenschaft und Politik, 1964, 447p. 28 Schilling (Kerstin), Insel der Glücklichen. Generation West-Berlin, Berlin, Parthas, 2004, 143p. 29 Sur ces quartiers de grands ensembles : Hofmeister (Burkhard), Berlin. Eine geographische Strukturanalyse der zwölf westlichen Bezirke, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1975, 468p. Sur les points communs entre urbanisme à l’Est et à l’Ouest: Strobel (Roland), « Before the Wall Came Tumbling Down : Urban Planning Paradigm Shifts in a Divided Berlin », Journal of Architectural Education, 1994, 48-1, p.25-37. 30 Sur les plans d’urbanisme à Berlin Ouest après 1945: Hofmann (Wolfgang) Pitz (Helge) Tomisch (Jürgen), |
![]() | «Les villes face aux défis de l’attractivité. Classements, enjeux et stratégies urbaines», Futuribles, n° 367, 2010, pp. 25-46 | ![]() | |
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