Clement pierre Architecte, Professeur à l’Ecole d'architecture
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| CLEMENT Pierre Architecte, Professeur à l’Ecole d'architecture de Paris-Belleville Mel : P.CLEMENT@arte-charpentier.com Regard étranger sur 2500 d’histoire d’urbanisme chinois Quelle mise en valeur possible ? L’urbanisme en Occident est considéré être apparu comme discipline, dans la deuxième moitié du XIXième siècle, à la suite des travaux d’Ildefonso Cerda pour les plans de Madrid et de Barcelone, théorisés dans un texte fondateur : « la théorie générale d’urbanisme »1. Peut-on alors raisonnablement parler d’urbanisme en Chine sur une aussi longue durée ? Ou doit-on plutôt parler d’art urbain ? Déjà W.C. Mote attirait l’attention du monde entier sur l’ancienneté du phénomène urbain en Chine, et sur le fait que l’Empire chinois dans sa longue histoire, sur son vaste territoire et riche d’une population abondante, avait construit plus de villes que tout le reste du monde. R. Johnston ouvrait à son tour cette histoire sur une ville exemplaire Pingjiang, la Suzhou du XIIIième siècle, dont il nous est parvenu une stèle représentant son plan mesurant plus de 2 mètres de haut, pierre gravée en 1229 alors que la ville avait été détruite avant d’être reconstruite2. On connaît de plus, grâce aux auteurs et urbanistes chinois du XX ième siècle, l’histoire des villes-capitales chinoises, retracée à partir du modèle de la dynastie des Zhou, et qu’a remarquablement racontée et synthétisée le professeur WU Liangyong.3 Utilisant largement les travaux de ces illustres chercheurs et les confrontant aux observations menées personnellement sur le site de Qufu depuis 2002 - au cours de séjours professionnels malheureusement toujours trop brefs - on s’autorisera uns série de réflexions considérant l’exemple de Qufu, les traces de sa longue histoire, les pratiques actuelles et les projets futurs, comme exemplaire et unique pour illustrer cette mise en perspective de la ville chinoise sur la longue durée. Ce n’est sans doute pas tout à fait un hasard si le Maître Kongzi (551 – 479 av. J.C.) est né sous la dynastie des Zhou, justement celle qui devait théoriser le canon de l’urbanisme chinois dans le Rituel des Zhou. Pas un hasard non plus que la première ville dont on conserve les traces à Qufu, la Cité Lu, soit justement celle d’une capitale de la dynastie des Zhou, et qu’elle en illustre le modèle4. Ville carrée, orientée, quadrillée, parcourue par trois axes nord sud et est ouest aboutissant aux portes… Notre première remarque portera donc sur l’intérêt scientifique de la Cité Lu pour l’histoire mondial de l’urbanisme et sur la façon de mettre en valeur son patrimoine, sachant qu’il s’agit là davantage d’un problème d’aménagement du territoire plus de 10 km2, et de sites paysagers, que de simple conservation architecturale. La Cité Lu engage la réflexion sur l’art du projet urbain, mais aussi sur son échelle territoriale de très grande dimension, caractéristique chinoise qui perdure dans l’urbanisme contemporain et surprend encore aujourd’hui l’observateur étranger. Qufu illustre ensuite la continuité sur quelques 25 siècles de l’utilisation d’un même site pour accueillir des projets de ville qu’attestent les traces des villes han, song, ming … mais aussi des développements contemporains ville au sud hors des remparts des Ming, projet de ville nouvelle du sud de 2002, plan directeur de 2004… Bien sûr il existe d’autres exemples plus illustres de villes qui ont connu cette longue histoire Xi’an5 (Chang-an), Pékin…mais le développement fulgurant de ces 20 dernières années a largement troublé la vision que l’histoire aurait pu nous donner du territoire et du paysage. Qufu à ce titre doit donc être considéré comme un exemple unique pouvant permettre la lecture spatiale, sur le terrain de cette histoire de l’urbanisme et nous interroge sur les modes de préservation et de mise en valeur à l’échelle paysagère et territoriale. On s’interrogera enfin, à partir des travaux d’inventaire et de réglementation, menés sur la ville ming, sur la permanence des modèles architecturaux, en particulier la maison à quatre ailes entourant une cour, le siheyuan comme outil d’un patrimoine recomposé. 1 « La théorie générale d’urbanisme » au Seuil présentation par Françoise Choay. 2 R. Johnston, “ The Ancient City of Suzhou: Town Planning in the Sung Dynasty”, in Town Planning Review, vol.54, n°42, pp. 194-222. 3 A Brief History of Ancient Chinese City Planning, Urbs et Regio, Sonderland, Kassel GHK: 1986 4 Pierre CLEMENT, “Les capitales chinoises et leur site”, in De la voûte céleste au terroir, du jardin au foyer. Editions de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1987, pp. 119-141. 5 Xi’an, an ancient city in the modern world. Evolution of the urban pattern 1949-2000, ed. By Bruno Fayolle-Lussac, Harald Hoyem, Piere Clément; Les Cahiers de l’Ipraus, Editions Recherches, Paris, 2007. |
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