De Bourgogne avec la participation de Madame le Docteur LÉVÊque








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DE LA FOLIE À LA MALADIE PSYCHIQUE (1930/2010)

par Francis JAN,

Délégué Régional de l’UNAFAM * (1) de Bourgogne avec la participation de Madame le Docteur LÉVÊQUE

Préface du Docteur Jean-Pierre CAPITAIN,

Chef de Service au Centre Hospitalier La Chartreuse DIJON, Président de la Commission Médicale d’Etablissement (CME), Médecin-référent de l’UNAFAM de Côte-d’Or
C’est avec beaucoup d’intérêt que je salue l’initiative ambitieuse prise par Francis JAN pour ce numéro régional spécial du Bulletin des familles de l’UNAFAM de Côte-d’Or.
Il porte un regard critique sur l’évolution de la psychiatrie en évoquant avec justesse les principaux jalons d’une histoire complexe, depuis la seconde guerre mondiale jusqu’à l’époque actuelle : « retracer l’histoire de la psychiatrie depuis la fin du deuxième conflit mondial est un exercice périlleux et relève peut-être d’une gageure impossible » nous dit Etienne Trillat.
Cette difficulté a été surmontée par Francis JAN qui a su intégrer l’histoire des institutions, celle des thérapeutiques et celle des lois en suivant le fil conducteur de la personne souffrante, de sa dignité et du rôle prévalent que les familles ont été amenées à assurer, se retrouvant par ailleurs souvent démunies.
Le sort réservé aux malades mentaux, pour la plupart internés, a été pendant la dernière guerre particulièrement tragique, marqué en Allemagne par une extermination de masse au nom d’une idéologie dérivant de l’eugénisme puisque 100 à 150 000 personnes auraient péri dans un contexte cynique et déshumanisant.
Pour la France de Vichy, l’ « extermination douce » décrite par Max Lafont a été critiquée, mais « l’hécatombe des fous » a été attestée, qui rend sceptique quant à une simple ignorance des autorités à ce sujet.
Face à la « destruction des vies sans valeur », Francis Jan pointe l’action des « justes » et celle, sans concessions des « criminels », mais aussi celle de ceux qui ont « laissé faire », notamment en Allemagne. Quelques voix se sont quand même élevées, qui ont pu faire suspendre l’Aktion T4, même si l’Aktion 14 f13 a contourné l’obstacle.
C’est cependant sous l’occupation que des pionniers, tels que Balvet, Tosquelle, Bonnafé, Chaurand, Franz Fanon ont inspiré depuis Saint Alban d’autres institutions : « pourl’ouverture de l’asile sur la communauté, l’introduction et la distribution de rôles dans une communauté amorphe, la création d’ateliers coopératifs gérés par les malades, la psychothérapie de groupe, la formation professionnelle des infirmiers ». Bref, tout ce qui

deviendra les axes de la « psychothérapie institutionnelle ».
En 1952, J. Delay et P. Deniker montrent l’intérêt en psychiatrie de la chlorpromazine qui était utilisée en anesthésiologie par Laborit. Une ère nouvelle s’ouvre alors, porteuse d’un immense espoir qui va transformer la condition du malade mental et l’exercice de la psychiatrie. Les progrès ne seront cependant pas à la hauteur de ceux obtenus dans le traitement de la tuberculose ou en infectiologie. Un accompagnement au long cours sera

vite nécessaire, le patient une fois sorti. Il s’agit cependant du temps de l’espérance qui couvre la période 1960/1980 et qui débute par la circulaire du 15 mars 1960 sur la sectorisation psychiatrique. C’est à cette époque que l’UNAFAM est créée !
Toute cette période sera cependant marquée par une (première) triple alliance associant médecin-infirmier et directeur, à l’origine de nombreux projets qui n’aboutissent que lorsqu’une concertation confiante existe entre les protagonistes. C’est ce que décrit très bien Madame le Docteur Monique Lévêque, à l’origine de nombreuses initiatives et réalisations, comme d’ailleurs son mari. Ces réalisations ont permis l’évolution du secteur à partir des besoins des patients sans attendre l’unification de la gestion et du financement de l’intra et de l’extrahospitalier (lois des 30 et 31 décembre 1985). La typologie des structures alternatives à l’hospitalisation est décrite quant à elle dans les décret et arrêté du 14 mars 1986 ! Toute cette époque qui a englobé la vague d’antipsychiatrie à la française, a certes été exaltante mais n’a pas concerné tous les patients dont un grand

nombre a subi la « désinstitutionalisation sèche ». Précisons que le nombre de patients hospitalisés a diminué dès les années 1970, y compris les personnes âgées qui correspondaient alors à environ 1/3 de ces patients.
Malgré la crise économique, d’autres réalisations ont marqué les années 1990 au Centre Hospitalier La Chartreuse de Dijon avec la création d’unités spécifiques (Eole, l’Unité Médicale d’Accueil et d’Orientation, la Gérontopsychiatrie) en même temps que les médecins en général et les psychiatres en particulier comprenaient mal une évolution sociale qui, selon Lachaux, les a fait passer en quelques décennies de l’Humain, de l’imprévisible, de la souffrance, à la prestation de service technique parcellisée, exigeante, prévisible et

assurée de sa sécurité dans une société déstructurée.
Les effets de la désinstitutionalisation étaient connus et dénoncés, surtout par les familles, qui constataient les difficultés pour la reconnaissance des troubles ou le suivi et par quelques professionnels révoltés de voir des personnes souffrant de troubles psychiques à la rue ou en prison.
Par ailleurs, une « révolution culturelle » s’est produite, pour laquelle Alain Ehrenberg parle de grand renversement pour désigner l’opération par laquelle la maladie mentale perd sa spécificité au profit d’un ensemble plus vaste, qui intègre les notions de difficulté et d’autonomie, caractérisée selon trois modalités :
-le malade mental entre dans la catégorie « du citoyen en difficulté, secoué par les événements de la vie » : c’est la souffrance qui est au coeur de la défaillance du citoyen au-delà d’une hiérarchisation dans les troubles.
-le deuxième renversement porte sur les rapports entre contrainte et consentement. « Le patient citoyen responsable » est forcément consentant au soin… Pas si simple !
- Le troisième renversement est la tendance à penser la pathologie mentale en terme de handicap. La loi 2005-102 du 11 février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » institue une instance, la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH*) qui spécifie le statut de la personne handicapée et qui fait une évaluation « multidimensionnelle » du handicap, transformant ainsi le patient en citoyen en difficulté, pouvant et devant revendiquer des droits.
Ainsi Marc Hayat évoque l’événement de la « non-psychiatrie » en critiquant le rapport Couty, avec la mise en place de groupements locaux de coordination de santé mentale, rassemblant sur le même plan, la dimension sanitaire, la dimension médicosociale, la voix des usagers, l’assistance sociale et les élus locaux. Il va plus loin en écrivant : « les lieux de soin deviennent des entreprises de production de santé mentale gérés comme n’importe quelle entreprise : on examine les besoins des usagers (les patients), on enquête sur les désidératas des clients (les médecins traitants), et ainsi on peut définir les produits à vendre (l’offre de soins) et en évaluer le coût, bien entendu !
Ce dernier développement, s’il peut constituer une crainte sérieuse, ne saurait dégager la psychiatrie de la vocation clinique qui l’habite. Il est heureux que les psychiatres s’interrogent sur les processus de subjectivation en allant au-delà de la multiplication des apprentissages, en augmentant seulement l’autonomie fonctionnelle ou en étayant uniquement l’adaptation au monde à partir de nombreux soutiens sociaux. La psychanalyse si décriée ou moquée actuellement, a été partie prenante dans l’évolution de la psychiatrie; oubliée dans le texte de Francis Jan, elle ne s’oppose pas au soutien aux aidants, à la notion de rétablissement ou aux pairs-aidants.
Dans cette évolution et ce contexte, il n’y a pas de nostalgie par rapport aux années 1970. Nous sommes dans une autre époque et le souci du soin demeure. Nous avons beaucoup à apprendre des familles pour les soutenir et mettre en place avec elles, la (seconde) triple alliance thérapeutique entre les soignants, le patient et la famille.
Docteur Jean Pierre CAPITAIN
Dijon, 1er janvier 2011.
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