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PIECES JOUEES DANS LES THEATRES D’ETAT 1963-1987 1- THEATRE NATIONAL ALGERIEN (TNA) 1963 1- Les enfants de la Casbah de Abdelhalim Rais, mise en scène de Mustapha Kateb L’action se déroule durant la guerre de libération nationale. C’est l’histoire d’une famille algéroise déchirée par la guerre, vivant les contradictions nées de cette situation et qui finit par prendre conscience de la nécessité de participer à la lutte armée. Trois frères désunis au départ finissent par rejoindre le FLN. L’auteur voulait faire de cette famille le microcosme de la société algérienne. 2- Afrique avant un de Ould Abderrahmane Kaki, mise en scène de Kaki. Pièce-document retraçant la lutte des peuples africains contre le colonialisme. A l’aide de banderoles et d’écriteaux, l’auteur situe les moments importants de l’histoire de l’Afrique. 3- Hassan Terro de Rouiched, mise en scène de Mustapha Kateb (Prix du festival de Monastir, Tunis, 1964). Hassan, un personnage simple, quelque peu naïf, devient « terroriste » malgré lui, après avoir aidé un ami, un militant du FLN à Alger. Rouiched, auteur et comédien principal de la pièce, joue le rôle de Hassan qui réussit, grâce à son humour, à ridiculiser les soldats de l’armée française, en usant de lapsus, de jeux de mots et de quiproquos incroyables. Un humour extraordinaire. 4- La vie est un songe de Calderon, adaptation de Kasdarli, mise en scène de Mustapha Kateb. Une fable sur le pouvoir. La tentation de l’absolutisme est très forte pour séduire le souverain. Le peuple nourrit des rêves de justice. Une fois, éclairé par la grâce de ses rêves, le souverain décide de se consacrer entièrement à la communauté. C’est le bien qui triomphe. Quête d’ordre moral. 5- Les fusils de la mère Carrar de Bertolt Brecht. Mise en scène de Abbès Feraoun. Térésa Carrar, en pleine guerre civile en Espagne, refuse de prendre position. Elle rejette toute solution par la force. Il a fallu que son fils auquel elle a interdit de prendre les armes soit tué (il a été mitraillé par des avions franquistes alors qu’il pêchait), pour qu’elle se décide à sortir les fusils de leur abri et à se battre dans les rangs républicains. Cette pièce, montée une année après l’indépendance de l’Algérie, est une sorte d’hommage aux femmes algériennes qui ont participé à la lutte de libération nationale, c’est du moins ainsi qu’elle a été interprétée par les journaux de l’époque. 6- L’exception et la règle de Brecht, traduction de Hachemi Nourredine, mise en scène de J.M.Boeglin. Texte mettant en situation les relations conflictuelles caractérisant l’itinéraire d’un maître et son coolie. Le maître tue son coolie en justifiant son acte par une sorte de « légitime défense » alors que le porteur voulait simplement lui donner à boire. Brecht met à nu les contradictions de classes et les pratiques de la justice dans une société de classes. 7- Don Juan de Molière, adaptation de Belhafaoui, mise en scène de Mustapha Kateb. Une algérianisation de la pièce de Molière. Don Juan, transporté dans les rues d’Alger, séduit les femmes en usant de mensonges, d’hypocrisie et de ruses. Il se comporte en faux dévot pour mieux attirer ses « victimes » auxquelles il promet souvent le mariage. Le masque religieux fournit un surplus de crédit à son discours. 8- Le serment de Abdelhalim Rais, mise en scène de A.Rais. Les événements de la pièce se passent dans la campagne. Les combattants de la lutte de libération, entretenant un rapport extrêmement affectif avec la terre, se battent pour la récupérer. Tous les moyens sont bons pour acquérir l’indépendance. Les maquisards sont même obligés de sacrifier un enfant pour qu’il ne révèle pas les informations en sa possession. 9- Le comédien malgré lui de Abdelkader Safiri, mise en scène de Hadj Omar. Une adaptation du Médecin malgré lui de Molière. Une femme arriviste et sans personnalité veut à tout prix faire passer son mari, un homme simple et timide, pour un grand comédien. Il joue le jeu malgré lui, d’où le nombre incalculable de méprises, de malentendus et de quiproquos. 10- 132 ans de Ould Abderrahmane Kaki, mise en scène de Kaki. Ce texte retrace la lutte du peuple algérien contre le colonialisme, mettant en relief les différents événements qui ont marqué 132 ans de présence coloniale française : répression, internements, résistance de 1871, 1945, 1954, 1962. Le thème est traité avec humour. Théâtre-document. 1964 11-Rouge rose pour moi de Sean O’Casey, adaptation de Mustapha Kateb, mise en scène de Allel El Mouhib. C’est l’histoire d’un jeune ouvrier qui dirige une grève des travailleurs dans le but de revendiquer une augmentation salariale (un seul shilling). Il est arrêté par la police puis assassiné. L’auteur met en évidence la lutte des travailleurs contre l’oppression et l’exploitation. Le récit se déroule en Irlande, mais les allusions à la situation des travailleurs en Algérie sont évidentes. 12- Les vieux de Kaki, mise en scène de Kaki (Premier prix du festival de Monastir-1966). Pièce en onze tableaux mettant en situation deux vieux et un derwiche (marabout) représentant en quelque sorte les lieux de la continuité historique. C’est une caustique dénonciation de certaines traditions jugées dépassées et anachroniques. Le texte est ponctué par des chants. Les comédiens utilisent des masques pour incarner certains personnages. On peut parler de théâtre dans le théâtre. 13- El Ghoula de Rouiched, mise en scène de Abdelkader Alloula. C’est une pièce mettant en scène les difficultés rencontrées dans l’application de l’autogestion agricole. A travers le jeu maladroit de responsables politiques, opportunistes notoires et brandissant sans cesse des slogans « révolutionnaires », l’auteur dénonce férocement l’hypocrisie et les complots organisés par des dirigeants contre les travailleurs agricoles constamment exploités par certains nouveaux maîtres de l’Algérie indépendante. Cette satire sociale, inspirée de lettres parues dans la presse de l’époque, raconte l’itinéraire d’un responsable corrompu. 14- La mégère apprivoisée de Shakespeare, adaptation de M.Kasdarli, mise en scène de Allel El Mouhib. Une algérianisation de la pièce de Shakespeare. Les personnages, les costumes et la langue sont « algérianisés ». A travers une famille-type, l’auteur tente de poser le problème du mariage et de l’autorité paternelle, excessivement envahissante. Un père veut marier ses deux filles en même temps, malgré les nombreux demandes en mariage adressées à une des deux sœurs. Il craint que l’autre fille reste célibataire. 15- Sellak El Wa hline, d’après Les fourberies de Scapin de Molière, adaptation de Mohamed Touri, mise en scène de Allel El Mouhib. C’est l’histoire de deux jeunes qui emploient maints subterfuges pour changer le comportement de leurs pères, trop tyranniques. La pièce traite du conflit des générations et des relations conflictuelles caractérisant la cellule familiale, suite aux changements sociaux. 1965 16- Ma Yenfaa ghir essah (Seule la vérité compte), de Mahieddine Bachetarzi, mise en scène de Habib Réda. Allel, menteur invétéré et détestable arriviste, réussit à obtenir, en usant de mensonges, un travail intéressant et la main d’une fille de la bourgeoisie algéroise. Il raconte à tout le monde que son père est un grand savant qui entreprend des recherches en astronomie dans une prestigieuse université égyptienne alors qu’il n’est qu’un simple travailleur. A la fin, la vérité éclate. Une reprise. 17- Essoultane El Hayer (Le roi inquiet) de Tewfik el Hakim, mise en scène de Abdelkader Alloula. L’auteur traite de la question du pouvoir. Le sultan est sérieusement embarrassé : faut-il, pour gouverner, avoir recours à la répression ou à la force de la loi ? Une interrogation qui traverse l’esprit de tous les personnages de la pièce. Ce dilemme est résolu à la fin du récit. Le souverain est convaincu de la nécessité du respect de la loi. Cette situation ambiguë reflète la réalité politique des pouvoirs dans les pays arabes, encore prisonniers d’un dilemme qui leur semble insoluble, même si la tentation de la manière forte est trop séduisante, à leurs yeux, face à la précarité de l’individu désarmé, sans possibilité d’expression. 18- Deux pièces cuisine de Abdelkader Safiri, mise en scène de Ould Abderrahmane Kaki (1965) et de Rouiched (1967). C’est l’histoire d’un infirmier qui abandonne travail et foyer dans son village pour se retrouver dans une grande ville qui finit par le broyer. Il découvre la corruption, l’arrivisme, l’opportunisme, des maux considérés par l’auteur comme des caractéristiques essentielles de la ville. Piégé, le personnage regrette le fait d’avoir quitté son village, la ville n’étant qu’un simple miroir aux alouettes. La pièce traite de l’exode rural et du problème des biens vacants. Opposition ville/campagne. 19-Diwan El Garagouz, d’après Carlo Gozzi, adaptation de Kaki, mise en scène de Kaki. 20- Montserrat d’Emmanuel Roblès, adaptation de Mahboub Stambouli, mise en scène collective (supervision : Habib Réda). Une pièce de Roblès sur la conquête espagnole de l’Amérique latine. Ce texte a été monté à plusieurs reprises. Interdit une première fois par les autorités coloniales, repris par la troupe du FLN avant l’indépendance puis par le TNA en 1965. 1966 21- Anbaça, d’après Ruy Blas de Victor Hugo, mise en scène de Hadj Omar (premier prix du festival de Hammamet, Tunis, 1968). Anbaça, le serviteur du Palais Royal, ne supporte plus la cruauté et la faiblesse du pouvoir en place. Une fois installé au trône, il tente de redresser les choses en restant fidèle à ses principes. L’histoire se déroule en Andalousie. 22- El Guerrab wa Essalhine de Kaki, mise en scène de Kaki (premier prix du festival maghrébin du théâtre, 1968). Pièce en trois actes tirée d’une légende populaire algérienne de La Bonne Ame de Sè-Tchouan de Bertolt Brecht. Trois marabouts cherchent asile chez les habitants d’un village menacé par la famine. Tout le monde refuse de les accueillir. Seule une femme, H’lima l’aveugle, daigne les recevoir et sacrifie ainsi son unique chèvre et tout ce qui lui reste à manger. Une fois les marabouts partis, l’aveugle retrouve la vue. 23- El Khalidoun de A.Rais, mise en scène de Mustapha Kateb. Le récit d’un commando de maquisards en mission. Les combattants de l’armée de libération nationale ont pour objectif le passage de la ligne électrifiée dite ligne Morice à la frontière algéro-tunisienne. Héroïsme guerrier. Cette pièce a été déjà montée par la troupe du FLN. 24- Si Kaddour el Mech’hah, d’après L’Avare de Molière, adaptation de Mohamed Touri, mise en scène de Allel el Mouhib. Le récit se déroule à Alger vers les années 1900. Kaddour, l’homologue de Harpagon, se méfie de tout le monde. Si Kaddour et son fils désirent, sans le savoir, épouser la même fille. L’enfant vole l’argent de son père, le faisant chante, et tout rentre dans l’ordre. C’est une reprise déjà jouée avant l ‘indépendance par Mohamed Touri. 1967 25- Koul wahed ou Houkmou (A chacun sa justice) de Kaki, mise en scène de Kaki. Un commerçant décide d’épouser une quatrième femme, jeune et belle. Celle-ci refuse le mariage et préfère un jeune homme sans ressources. Ses parents, pauvres, l’obligent à se marier avec le vieux polygame. Elle finit par se donner la mort. 26- Le Foehn, de Mouloud Mammeri, mise en scène de Jean Marie Boeglin. C’est le récit d’une confrontation entre les algériens représentés par une famille constituée de Tarik, un combattant du FLN, sa mère, Aini, les colons incarnés par un riche propriétaire et maire de surcroît, sa fille, son fils, un tortionnaire d’origine italienne et la maîtresse du maire. L’action se passe durant la bataille d’Alger. Arrêté, Tarik n’avoue rien, se contentant de narguer et de ridiculiser ses tortionnaires, ce qui va lui valoir une condamnation à mort. L’absurdité de la guerre. 27- Monnaies d’or de Chu Su Chen, adaptation et mise en scène de Abdelkader Alloula. Une pièce chinoise. Deux visions de la justice s’affrontent, s’entrechoquent. Cette opposition est représentée par la présence de deux juges, tout à fait différents. Le premier est corrompu et expéditif, le second est correct et attaché à l’exemplarité de la justice. Lors du procès d’un jeune homme, accusé de « vol d’un contrat », le juge corrompu le condamne à mort sans preuves, le secoànd défend l’innocence de l’accusé. 1968 28- Le cadavre encerclé de Kateb Yacine, traduction de Souleymane El Aissa, mise en scène de Mustapha Kateb. Lakhdar, un personnage tragique, n’arrive plus à fuir sa destinée ; il est en quelque sorte prisonnier d’un cercle qui refuse de s’ouvrir. Evénements de mai 1945, chantier, prison…, autant d’espaces qui caractérisent ce texte tragique extrêmement riche. 1969 29 Slimane Ellouk, d’après Molière, adaptation de Mahieddine Bachetarzi, mise en scène de Mustapha Kasdarli. Slimane, se croyant malade, se « nourrit » de médicaments. Son vœu le plus cher est à la fois simple et peu facile : il voudrait que sa fille épouse un médécin pouvant ainsi suivre quotidiennement son état de santé, sans payer le prix de la consultation. Son égoïsme le pousse à imposer à sa fille un mari qu’elle ne désire pas. 30- Rouge l’aube de Assia Djebar et Walid Carn, mise en scène de Mustapha Kateb. A travers l’histoire ordinaire d’un village, les auteurs racontent des péripéties de la guerre de libération. La lutte des femmes est mise en évidence, à travers surtout le personnage de la jeune fille. Le nombre assez élevé de personnages et les fréquents changements d’espaces rendent extrêmement difficile la mise en scène de ce texte. 31- Le cercle de craie caucasien de Brecht, traduction de Mahboub Stambouli, mise en scène de Hadj Omar. Tout commence par un conflit entre deux kolkhozes qui se disputent la propriété d’une vallée : l’un la réclamant au nom de ses « droits naturels », l’autre la revendiquant au nom de l’effort et de la sueur investis. La légende chinoise illustre ce débat. Ainsi, un enfant est abandonné par ses parents après un coup d’Etat. Groucha adopte l’orphelin. Le grand Duc, ayant reconquis le pouvoir, veut récupérer son « fils », mais Grouche refuse, au nom de « a maternité sociale » de le lui donner. Le juge Azdak établira, à la fin, la maternité de Groucha. 1970 32- Bliss Laouer Kayen Mennou (Le diable aveugle existe bel et bien), d’après Ivan Ivanovitch a t-il existé ?, de Nazim Hikmet, adaptation de Allel El Mouhib et M’hamed Benguettaf, mise en scène de Allel El Mouhib. Le personnage central, courageux et mû par les valeurs socialistes, se donnant entièrement à son travail et à ses idéaux, change de peau et devient en quelque sorte un espace négatif. Deux « moi » se disputent, s’affrontent : l’homme à la casquette jaune, incarné par Ivan Ivanovitch qui personnifie le mal et celui à la casquette feutrée représentant l’ouvrier et l’intellectuel révolutionnaire. A la fin, c’est ce dernier qui sort victorieux, favorisant ainsi la transformation du personnage principal en une entité positive. 33- El Bouaboune (Les concierges) de Rouiched, mise en scène de Mustapha Kateb. L’histoire se passe dans un quartier populaire peuplé de gens représentant des intérêts et des catégories sociales différents. A travers l’évocation des concierges, l’auteur décrit le quotidien des couches défavorisées tout en dévoilant les trafiquants et les hypocrites (Rabia qui épouse par intérêt un patron d’une boite de nuit…). Cette pièce a été reprises plusieurs fois. Elle a bénéficié en 1992 d’un franc succès populaire. |