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Après un moment de repos, nous repartons en pirogue vers 15 heures. Il fait très beau maintenant et nous cherchons l'anaconda (un serpent d'eau géant, de la famille des boas) que nous n'avons pas pu trouver hier. Et, coup de bol, nous le trouvons: il est là, devant nous, en train de se faire bronzer sur une branche. Il est majestueux, avec ses tâches noires et brunes, et fait environ 4 mètres de long: je peux vous dire que c'est impressionnant. D'ailleurs, je n'en mène pas large lorsqu'à seulement 2 mètres de lui je prends quelques photos, surtout lorsque mon flash se déclenche et le réveille... Et dire que certains anacondas peuvent mesurer plus de 6 mètres et gober de gros animaux entiers après les avoir mordu et tué! C'est un animal très dangereux, mais nous ne sommes plus à un danger près, pas vrai? Après cette rencontre, et bien plus loin, nous pêchons de nouveau, sans plus de chance. Il tombe soudain une grosse mais courte averse et nous nous réfugions sous nos ponchos. Deux arc-en-ciel brillent en même temps dans le ciel et se reflètent dans l'eau noire: c'est superbe! A la fin de l'averse, Jorge et Patricio se baignent un peu (je surveille, mais ici l'eau est super-calme) puis nous rentrons au campement un peu avant la nuit, vers 17H30. Plus tard, après l'excellent dîner (vais-je reprendre tous les kilos perdus?), nous repartons à la rame pour une petite heure à la recherche des crocodiles. Le ciel est maintenant plein d'étoiles, nous sommes juste sur la ligne de l'équateur, les constellations sont un peu inversées par rapport à la France et j'ai du mal à m'y reconnaître. Quant aux crocodiles, nous en apercevons peu, mais il s'en trouve juste à côté de notre embarcadère! Jorge me rassure: ils ne montent que très rarement jusqu'aux chambres... La nuit a de nouveau été excellente, j'ai dormi comme un loir en rêvant aux crocodiles et, ce mercredi matin à 7 heures, je prends ma douche tout en observant les singes jouant dans les arbres à 20 mètres de là. Le temps est encore gris: c'est normal en Amazonie. Après le petit-déjeuner, nous partons, cette fois-ci en pirogue à moteur, pour nous rendre à Puerto Bolivar, un village indigène siona; il n'existe plus que trois villages de Sionas, regroupant tout au plus 350 personnes déjà bien civilisées: encore une ethnie qui va disparaître! Le long du trajet, nous observons beaucoup d'oiseaux ainsi que de gros papillons bleus, de la taille d'une main d'homme. Mais, surtout, nous pouvons voir un dauphin d'eau douce, tout rose, d'une espèce qui aime aussi nager et s'amuser avec les baigneurs. Au bout d'une heure, nous arrivons au village, où nous visitons l'école et parlons avec l'unique instituteur. Ici vivent une centaine de personnes, qui ont l'électricité depuis un an seulement (et déjà des télévisions, bien sûr!). Nous repartons vers notre campement sous une pluie diluvienne et, malgré nos bons ponchos en caoutchouc, l'eau arrive quand même à s'infiltrer de partout. Que d'eau, que d'eau, que d'eau! C'est trempé que nous rejoignons notre chambre pour nous changer avant le déjeuner. Et le problème, ici, c'est qu'avec l'humidité il faut parfois plusieurs jours pour que les vêtements sèchent! L'après-midi, la pluie est bien moins forte et nous repartons en pirogue à moteur, cette fois-ci avec nos bagages, car nous changeons de campement pour rejoindre celui de la maman de Jorge. L'eau de la rivière est par moment marron et même blanc laiteux, c'est curieux. Un tronc bouche pratiquement la rivière et nous passons de justesse sous une branche en protégeant notre figure: des centaines d'abeilles volent tout autour. Ca, c'est de l'aventure! (mais, heureusement, sans piqûres!). Puis le moteur tombent plusieurs fois en panne, et la nuit approche... Tiens, un aigle haut-perché! Finalement, c'est deux heures avant la nuit que nous arrivons au nouveau campement, plus confortable et bien mieux que l'autre. Et la mamita n'a pas fait les choses à moitié: Patricio et moi avons chacun notre bungalow, pratiquement sans murs, avec salle d'eau mais toujours pas d'électricité (c'est d'ailleurs très bien comme cela), le mien avec un grand lit. C'est très chouette, et nous sommes toujours les seuls touristes! Pour couronner le tout, le soleil apparaît! Le dîner lui aussi est excellent: la maman de Jorge n'a pas lésiné sur la qualité. Nous allons nous coucher de bonne heure. Je lis un peu et m'endors rapidement. Voilà que se termine ma quatrième semaine en Equateur, qui aurait pu ne pas se terminer du tout! Et, quand je repense à ce qui aurait pu être une tragédie samedi, je m'étonne de plusieurs choses, insignifiantes mais surprenantes: - d'abord, je n'ai pas hésité une seconde pour plonger dans ces eaux très mouvementées, ni ressenti de peur autre que celle de ne pas pouvoir sauver Patricio. - je n'ai pas du tout senti non plus la fraîcheur de l'eau en y entrant, alors que je suis frileux par nature. - avec toute l'eau que j'ai bu, j'aurais dû être terriblement malade (diarrhées notamment). Eh bien non! - la moindre eau dans mes oreilles me donne automatiquement une otite. Et là, rien! - et je n'ai commencé à ressentir mes blessures que le soir, plus de dix heures après le sauvetage! Tout cela est assez incroyable, non? Le psychisme??? Semaine du jeudi 13 au mercredi 19 décembre 2001 (en Equateur, cinquième semaine...) Jeudi, le soleil brille; tant mieux, nos affaires vont enfin pouvoir sécher... Ma nuit fut excellente; je me lève tôt, à mon habitude, et lis avant de prendre un succulent petit-déjeuner. Je dois reconnaître que la maman de Jorge nous gâte. Nous partons en promenade à 8 heures: au bout de 20 minutes, la pirogue nous laisse au pied d'un sentier qui s'enfonce dans la jungle; un tout petit sentier, car ici la végétation recouvre tout en quelques jours... Nous cheminons 3 heures à la découverte de la faune et de la flore, notamment des plantes médicinales ou odorantes. Malheureusement, je l'ai déjà dit, beaucoup d'espèces animales et végétales sont en voie de disparition; et la présence de pétrole à proximité n'arrange rien! Nous apercevons les mêmes oiseaux que sur la rivière, un écureuil, des fourmis au goût de citron, succulentes (eh oui, ça se mange!), du bois ou des écorces qui dégagent une bonne odeur, goûtons aussi à la sève très blanche d'un arbre, qui guérit les maux de ventre, etc... Nous allons de découvertes en découvertes, mais les animaux ne sont pas au rendez-vous. Le sentier est souvent boueux et nous traversons de nombreux ruisseaux: heureusement que nous avons des bottes. Nous rentrons au campement vers 11H30 et je suis bien fatigué; je ne sais si cela est dû à la chaleur, au manque de sommeil ou au conséquences de l'important effort que j'ai dû faire samedi dernier et dont, il est vrai, j'ai du mal à me remettre... Après le déjeuner, je vais me coucher pour une sieste de deux heures; et je me réveille encore plus fatigué qu'avant... Patricio et Jorge partent chacun dans un kayak monoplace, moi je préfère me reposer encore et lire. Le coup de barre, ça m'arrive de temps en temps. Patricio revient une heure et demi plus tard, enchanté de son expérience. Puis nous nous baignons un peu; ici il n'y a pas de courant. Il a finalement fait un temps superbe toute la journée et tous les vêtements sont secs. Juste après le repas, dès 20 heures, nous allons nous coucher. Vendredi, je me réveille à 3H30, alors que Jorge devait le faire à 4 heures. Après un petit-déjeuner rapide, nous quittons le campement à 4H30. La pirogue à moteur nous conduit dans la nuit, durant un quart d'heure, jusqu'à la route où nous attendons un car qui n'arrivera finalement qu'une heure plus tard. Nous trouvons des places à l'arrière, c'est très inconfortable mais mieux que si nous étions debout. Il se met à pleuvoir à verse et, même lorsque le jour est là, il fait tellement sombre que je dois utiliser ma lampe frontale pour lire. Nous arrivons à Lago Agrio à 8H30, récupérons finalement nos billets d'avion (ouf!), quittons Jorge qui rentrera à Otavalo en car (14 heures de car!) et prenons un taxi pour l'aéroport où nous sommes bien en avance. L'avion décolle à l'heure prévue, 11H45, pour atterrir à Quito à 12H15 (une demi-heure de vol pour moins de 400 francs, cela remplace avantageusement une journée de bus). Dommage qu'avec ce temps couvert nous n'ayons pu contempler la superbe cordillère des Andes, surnommée ici "L'avenue des volcans"! De l'aéroport de Quito, où il ne pleut plus, nous marchons 20 minutes jusqu'au carrefour où s'arrêtent très fréquemment les cars pour Otavalo. Aucune attente, et nous arrivons à destination vers 15 heures. Mon premier devoir est d'aller dans un Café-Internet répondre à mon courrier et envoyer de mes nouvelles; j'y reste 3 heures! Puis, de 19 à 21 heures, je vais écouter mes amis otavalos (dont Patricio le musicien) jouer de la musique andine dans un restaurant. J'attends ensuite Patricio (mon filleul) plus d'une heure dans la rue où il fait bien froid; je suis frigorifié. Il arrive enfin de l'école (il y est retourné juste pour le dernier jour avant les vacances de Noël) et nous prenons un taxi jusqu'à la maison. Là, je discute encore un bon moment avec la famille, surtout au sujet du baptême qui aura lieu demain soir, et je finis par me coucher, exténué, à près de minuit. Samedi, malgré ma fatigue, je me réveille quand même bien avant 6 heures: zut et rezut... J'en profite pour ranger toutes mes affaires. Vu le nombre de CD que j'ai achetés, je vais revenir en France plus chargé qu'au départ... Après le petit-déjeuner en famille, vers 9 heures, je pars au centre-ville. C'est samedi, jour du grand marché. Et j'en profite pour faire mes emplettes: banque, magasin de photo, agence de voyage et autres... Puis, à midi, je retourne une heure dans le Café-Internet où j'ai maintenant mes habitudes... Je suis de retour à la maison à 15 heures, mais je ne peux me reposer à cause du bruit. Je parle à Laura, sa maman, de la presque noyade de Patricio et elle m'explique qu'ils doivent aller voir maintenant un chaman, car l'âme de Patricio est certainement restée sur les lieux du drame, et il faut la faire revenir. Cela fait partie des croyances indigènes: comme quoi on peut être catholique et animiste en même temps. Que puis-je répondre à cela? Un peu plus tard, après m'être changé (j'ai même pu fermer mon pantalon, alors que la dernière fois, il y a deux mois, j'avais eu toutes les peines du monde à le faire), je retourne en ville pour récupérer mes photos et aller à l'église à 19 heures. La cérémonie commence par un mariage, qui dure presque une heure, puis continue par une quinzaine de baptêmes: c'est du travail à la chaîne... Enfin, tout se passe bien, et me voici parrain du petit Rumi, trois ans. C'est bien fatigué que je prends un taxi avec une partie de la famille et rentre vers 21 heures à la maison. Puis c'est la fête: apéritif, copieux repas pour une trentaine de personnes, musique et bal. Les indiens boivent beaucoup en ces occasions et sont déjà complètement bourrés au bout d'une heure! Et cela dure comme ça jusqu'à plus de deux heures du matin! Je me couche exténué... Dimanche, je me réveille quand même trop tôt, vers 7 heures. Je reste à la maison pour me reposer, mais n'arrive pas à dormir: je lis, j'écoute de la musique et je finis même d'écrire une chanson commencée depuis plusieurs mois (j'en ai deux autres en cours, mais j'ai du mal a les terminer...). L'après-midi, comme il fait beau, je joue au football avec des voisins en contrebas de la maison, mais je m'épuise vite: poids encore trop important, manque d'entraînement sportif ou effet de l'altitude? Ces trois raisons sont certainement combinées... Inutile de vous dire que je me suis couché assez tôt (ça y est, je l'ai dit). Lundi, je suis de nouveau réveillé par le bruit: le papa qui part à Quito à 3 heures du matin, le fils aîné qui met la musique à 6 heures... Il fait beau et je me lève donc, à 6 heures. Je recommence mon régime, car je suis sûr d'avoir repris du poids durant mon séjour amazonien. Puis je pars tout seul me balader au centre vers 10 heures. J'y achète une chaîne et une croix en or pour Rumi, puis visite quelques hôtels pour le GDR. Je retourne ensuite à la maison prendre mon unique repas de la journée, celui de midi. L'après-midi, je me rends en bus à la cascade de Peguche en compagnie de Patricio et de son ami de collège, Edgar. Le temps se couvre un peu, mais il fait bon. Nous nous promenons un moment puis nous rendons à pied jusqu'à une pierre sculptée et peinte, lieu rituel des indigènes de Peguche. Nous rentrons avant la nuit et je peux me reposer. Enfin, j'ai bien dormi! Ce mardi, je passe la matinée dans le centre d'Otavalo, puis l'après-midi me rends en taxi avec Hernan, son oncle Giovanni, Patricio (le musicien) et son frère David jusqu'aux lagunas de Mojanda, à 17 kilomètres. Patricio (mon filleul) ne nous accompagne pas car je l'ai puni, pour la première fois depuis 6 ans... Ces lacs se trouvent à 17 kilomètres au sud d'Otavalo et la piste pour y accéder est mauvaise. Le coin est vraiment sauvage. Le temps se couvre et, à plus de 4000 mètres d'altitude, il fait frais! Nous grimpons, en 30 minutes, presque jusqu'au sommet d'une montagne à hauteur de nuages mais, vu le temps, la vue n'est pas fantastique... Soirée "en famille". Nouvelle bonne nuit! Je crois que j'ai complètement récupéré de ma fatigue de ces derniers jours, enfin! Et pour ce mercredi le programme de la journée est rude. J'ai prévu une excursion avec Hernan, les deux Patricio, David et Giovanni (nous sommes donc 6). A 8 heures, nous partons en car jusqu'à Ibarra, ville de 100000 habitants au nord d'Otavalo, sur la panaméricaine qui rejoint la Colombie. Nous visitons un peu cette ville, qui a peu de charme: fondée en 1606, elle été totalement détruite par un tremblement de terre en 1868. Nous montons en taxi jusqu'au mirador Alto de Reyes d'où la vue sur la ville et sur le lac Yahuarcocha (lac de sang) est superbe, car il fait très beau. Nous prenons ensuite un autre car jusqu'à El Angel, où nous arrivons vers 11H30 et déjeunons dans un restaurant d'une bonne soupe, de riz au poulet et d'un jus de fruit pour 1 dollar chacun (seulement!). Vers 13 heures, un taxi-camionnette au chauffeur très sympathique nous conduit jusqu'à la réserve écologique El Angel, à 15 kilomètres et une heure de route. Ca grimpe pas mal et nous nous retrouvons à 3700 mètres d'altitude. Le paysage est splendide, toutes les collines sont recouvertes d'un genre de plante grasse qui s'appelle frailejon et le chemin aménagé nous emmène en une demi-heure jusqu'au lac El Voladero. Dommage que, comme tous les après-midi, le temps se soit couvert! Après cette bonne balade, le taxi nous emmène jusqu'à un centre thermal comprenant deux piscines chauffées par des eaux volcaniques, mais pas trop chaude (30-35 degrés?). Nous sommes seuls avec le conducteur et c'est bien agréable: cela me délasse et les enfants s'amusent comme des fous... Le taxi nous laisse ensuite sur la route où nous attrapons un car pour Quito d'où nous descendons à Otavalo vers 19 heures. Au fait, dans le car, je lis un article de journal qui annonce que 70 % des enfants équatoriens vivent dans une extrême pauvreté. Cela ne m'étonne pas, tout est devenu si cher ici: comme je le disais, comment une famille peut elle se payer un litre de lait à 8 francs lorsqu'elle ne gagne pas 800 francs par mois? Nouvelle soirée à la maison et je me couche de bonne heure. Ainsi se termine ma cinquième semaine en Equateur... Demi-semaine du jeudi 20 au samedi 22 décembre 2001 (en Equateur, fin...) Jeudi, je me rends dès 9 heures au cimetière faire mes adieux à mon ami Gustavo: je nettoie sa tombe et dispose les fleurs que j'ai achetées. Une heure plus tard, je vais faire mes derniers achats au centre, récupérer des photos, discuter avec Jorge (le guide), puis passe plus d'une heure dans un Café-Internet. Après avoir déjeuné avec Patricio et Giovanni, je me balade un peu, puis rentre à la maison. Je prépare mes bagages et passe ma dernière soirée avec mes amis. Vendredi, je pars à 9 heures avec le petit Deïvi à son école: c'est le défilé des enfants organisé pour la Noël. Puis je vais en ville et reviens pour déjeuner. A 14 heures, je pars avec Patricio jusqu'à l'aéroport de Quito, deux heures de car. Sa maman, son papa et mon petit filleul Rumi nous rejoignent peu après et les adieux sont tristes (forcément...). Je m'envole à 19 heures après avoir eu une petite peur: l'avion est surbooké et j'obtiens la dernière place. Du coup, on me met en "classe affaires" et ça, c'est le pied: siège confortable, vidéo personnelle, repas copieux... Et je récupère la même place après notre arrêt de presque deux heures à Guayaquil. Samedi 23 décembre. J'ai assez bien dormi dans l'avion cette nuit et arrive à Madrid à 14 heures. J'en repars trois heures plus tard et atterrit à Marignane à 19H20. Il fait froid et je suis surpris. Mes bagages sont là. Un car pour Marseille, le métro, et me voilà de retour dans mon petit chez moi. Encore un voyage qui se termine... |
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