Le Portugal n’est pas un pays méditerranéen ! Seuls les deux tiers de l’Espagne, un tiers de la France appartiennent à l’espace méditerranéen. J’éviterai de








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F) Premières réactions des pouvoirs musulmans : l’Égypte de Méhémet Ali.
Après Küçük-Kaynarca et l’expédition d’Égypte, certaines régions de l’Empire Otto­man tentèrent de réagir. Je traiterai les réactions de la Porte proprement dite avec les tanzîmât (les grandes réformes à partir de 1839) dont elles constituent en quelque sorte le prologue. Pour l’instant c’est l’Égypte qui va m’occuper, parce que ce fut la premère région de la Médi­terranée musul­mane où un effort raisonné de modernisation eut lieu.

Il faut dire qu’elle avait été aux premières loges pour juger de la préoccupante supé­rio­rité tech­nique des Européens, qui s’étaient affrontés sur son sol ; par ailleurs, elle connut plu­sieurs années d’anarchie après leur départ202. C’est le pacha Kavalali Méhé­­met203 Ali (1769-1849) qui tenta d’en lancer la modernisation. C’était un musulman des Bal­kans : sa langue maternelle était sans doute l’al­ba­­nais, il apprit l’arabe lorsqu’il s’installa en Égypte et apprit également à lire, mais ne sut jamais écrire. Originaire d’une famille de com­merçants du port de Kavalla au nord de l’Egée, il avait, depuis sa jeunesse, des liens avec un commerçant mar­seillais. Arrivé en Égypte en 1801 à la tête d’un détache­ment envoyé pour combattre Bona­­parte, il s’im­posa à la faveur du désordre et la Porte le reconnut pacha d’Égypte en 1805204 ; il n’exerça pleinement son auto­rité sur l’ensemble de la région qu’en 1811. Dès cette époque, il joua l’équilibre entre les Fran­çais contre les Britanniques, mais avec une préférece pour les premiers ; ainsi, de 1804 à 1815, il fut proche du consul de France, Drovetti205, qui, démissionnaire à la Restauration, demeura en Égypte en tant qu’archéologue, mais il ne cessa jamais de vendre du blé à Londres, en échange d’armes.

Il s’appuyait sur une partie de l’élite ottomane locale, mais en 1811 il disso­lut (et mas­sacra) l’ancienne milice des mamelouks206. On trouvait aussi parmi son personnel des Balka­niques (notamment son armée, une quizaine de milliers d’hommes en 1810, fort indisci­pli­nés jusque vers 1820), des A/arméniens (notamment dans la diplomatie207) et des coptes (notam­ment aux finances). À partir de 1815, il tenta de transformer son armée en une armée moderne et notamment (1823) d’y adjoindre des conscrits recrutés sur place (une nouveauté absolue depuis les débuts de l’islam dans la zone !), mais aussi des Noirs du Soudan. Il recruta des officiers euro­péens (con­vertis à l’islam : un infidèle ne peut pas com­mander à des musul­mans !), comme le colonel Octave Sèves, devenu Soliman Pacha, chef d’état-major de l’ar­mée égyptienne à par­tir de 1816, qui joua un rôle actif dans les expé­di­tions de Grèce et de Syrie (voyez plus bas), et des con­seillers européens aussi (pas nécessairement convertis, eux) : on peut citer, à partir de 1824, la mission militaire des généraux Boyer et de Livran (ce dernier avait été négo­ciant en Égypte), qui réorganisa l’artillerie et la cavalerie. À partir de 1818, Méhémet Ali dota l’Égypte d’une flotte moderne, et, pour l’abriter, fit effectuer d’im­por­tants travaux à Ale­xan­drie à partir de la fin des années 1820 sous la direction du Français Lefébure de Cérisy : ce fut le début de la renaissance de la ville.

Il modernisa la fiscalité. En 1808, il réaffirma la propriété éminente de l’État sur la terre, y compris les biens waqf ; il confisqua les terres que des propriétaires s’étaient arrogées, tenta d’en rationaliser l’exploitation et de lancer une agriculture industrielle (coton208, olivier, ver à soie, palmiers, lin, chanvre, indigo). L’agriculture était censée être un monopole officiel, les produits étant achetés par l’administration aux paysans et les exportations étaient elles aussi prises en charge par l’administration. Méhémet Ali tenta également d’imposer des mono­poles étatiques dans le domaine de l’industrie, où tout restait à faire : il apparut des fila­tures de soie, de coton, de lin et de chanvre, des sucreries, des distilleries de rhum, ainsi que des manufac­tures d’armes, mais dans l’ensemble ce furent des échecs, pour des raisons clas­siques en cas d’éco­­nomie administrée par l’État : machines inadaptées (importées d’Europe par des gens qui n’y connaissaient rien), gaspillages, corrup­tion. Il n’y avait pas de culture d’entreprise, Méhé­met Ali ne sut pas en développer une ; et les fellahs209 n’étaient pas prêts à travailler à la manière des ouvriers européens210. De toute façon, nous le verrons, en 1838 Londres imposa la fin des monopoles, et Méhémet Ali dut tolérer la réapparition d’une pro­priété privée ; mais l’échec de la moder­ni­sation de l’Égypte, sensible à la fin du règne, n’est pas due qu’à des agres­sions impérialistes.

Méhémet Ali fit appel à des techniciens européens, tout particulièrement des Français : on estime que vers 1833, il y avait dix fois plus de Français que de Britanniques dans l’entou­rage du pacha. Un certain Louis Jumel tenta d’acclimater en Égypte un coton à longues fibres destiné à l’exportation en Europe (le but était de faire affluer les capitaux, et aussi de lancer une industrie textile locale) ; pour ce faire, il se fit allouer des terres confisquées, construisit des barrages. Dans le domaine des travaux publics, entre 1816 et 1819 l’ingénieur Costes diri­gea les travaux du canal de Mah­mou­dieh, entre Alexandrie et le delta, lequel malheureu­se­ment s’ensabla en une vingtaine d’années. On peut également citer le nom de Linant de Belle­fond, devenu Linant Bey en 1845 : arrivé en Égypte en 1818 pour établir une carte hydrogra­phique du delta du Nil, il diri­gea toute une série de travaux publics et termina sa carrière dans l’équipe de Lesseps. Dans le domaine de la médecine, le médecin personnel du pacha, le Dr Clot, lui aussi élevé au rang de bey, tenta de moderniser les hôpitaux et notamment de lutter contre la peste.

En 1833, Méhémet Ali reçut une importante délégation de saint-simoniens. La pen­sée de Saint-Simon peut être considérée comme l’une des ancêtres de la pensée socialiste, mais après sa mort (en 1825) elle tourna quelque peu à la secte, et surtout se répandit parmi les plus audacieux des capitalistes français (voyez le détail dans mon cours sur le France). Il se des­sina progressivement, chez les saint-simoniens, un véritable tropisme oriental, notamment sous l’influence de leur « pape » à partir de 1832, Prosper Enfan­tin. Il s’agit probablement d’un effet de la mode orentaliste que j’ai décrite plus haut : l’Orient était censé être le lieu de toutes les révolutions à venir, le levier qui permettrait à l’Europe de sortir de ses vieilles ornières, et qui notamment présiderait à sa renaissance religieuse, car, selon Enfantin, tout en restant religieux l’Orient avait su maintenir vivantes « les traditions de la chair ». « J’entends, du fond de ma prison211, l’Orient qui s’éveille et qui ne chante point encore, qui crie », écrivait Enfantin début 1833. Dès 1831, il appelait à « l’harmonie sans cesse progressive de la chair et de l’esprit, de l’industrie et de la science, de l’Orient et de l’Occident, de la femme et de l’homme » — l’association de l’Orient à la femme est typique de l’époque212.

Enfantin fit le voyage à la tête de la délégation, avec déjà en ligne de mire un canal dans l’isthme de Suez ­— une idée qu’avait développée un autre saint-simonien, l’ingé­nieur Michel Cheva­lier, dans une série d’articles intitulés Le système de la Méditerranée (1832) où il ima­ginait cette mer devenue le centre de raccordement d’un vaste système de chemins de fer, canaux, lignes de bateaux à vapeur, etc… le tout doublé d’un réseau bancaire. Mais sur l’in­sis­tance du pacha, Enfantin s’occupa avant tout d’un barrage sur le Nil, qu’on commença à creuser au sommet du delta l’année suivante — hélas, une épidémie de peste stoppa les tra­vaux au bout d’un an, et par ailleurs ce qui fut achevé en 1847 n’était qu’un tout petit ouvrage bien incapable de résoudre le problème de fond de l’Égypte. Il allait falloir un siècle, et l’aide soviétique, pour que le barrage d’Assouan, très en amont, devînt possible213. Après l’échec de son barrage, Enfantin alla visiter la Haute Égypte (l’actuel Soudan), puis rentra en France en 1836, fort déçu ; mais certains saint-simoniens se fixèrent en Égypte, notamment le chef des tra­vaux du barrage, Charles Lambert, qui devint notamment conseiller scientifique de Méhé­met Ali et directeur de l’École Polytechnique du Caire. Le vice-consul de France au Caire (jusqu’en 1833) puis consul à Alexandrie (1833-1838) était alors un certain Ferdinand de Les­seps, qu’Enfantin convertit au saint-simo­nisme. Par la suite, on retrouva une bonne partie de ces personnages dans l’entourage de Napoléon III, lequel, nous le verrons, s’inté­ressa tout autant que son oncle à l’Égypte : notamment Ismaÿl Urbain sur lequel je reviendrai longue­ment, et qui se convertit à l’islam en Égypte en 1835.

Mehemet Ali envoya également de jeunes gens bien nés se former en France et dans les pays italiens214 : l’un d’entre eux, Rifâ’at at-Tahtâwî (1801-1873), a vécu à Paris de 1826 à 1831 et laissé une relation de voyage, L’or de Paris, qui parut en arabe (en 1834 — c’est l’un des premiers textes à avoir été rédigé dans un arabe modernisé, ce qui fait de son auteur l’un des premiers représentants de la renaissance culturelle arabe du XIXe siècle), puis en osmanlı (en 1839) à l’initiative du pacha. Il contribua à organiser la section égyptienne du Louvre : de retour chez lui, il publia un vaste projet de réforme scolaire, créa une école de langues, un office de traduction et deux journaux. Plus tard, un de ses disciples, Ali Mubarat, devenu ministre de l’Instruction Publique, réorganisa l’enseigement égyptien sur le modèle français, créa une Ecole Normale Supérieure et une Bibliothèque Nationale. Par ailleurs, c’est en 1844 que les sœurs de Saint Vincent de Paul, congré­gation enseignante française, s’instal­lèrent en Égypte, bientôt suivies des frères des Ecoles Chrétiennes et des jésuites.

Sur le plan culturel, Méhémet Ali fonda une imprimerie sur la suggestion d’un prêtre grec catholique qui, présent au Caire en 1798, avait été le seul membre non français de l’Insti­tut d’Égypte de Bonaparte, et qui fut par ailleurs l’auteur du premier livre imprimé par ces presses (vers 1820), un dictionnaire italo-arabe, ainsi que d’une traduction du Prince de Machia­vel. L’imprimerie publia environ 200 ouvrages en vingt ans, moitié en osmanlı, moitié en arabe. En 1829, le vice-roi lança un journal officiel, Les événements d’Égypte, en osmanlı. Malgré son peu d’intérêt pour l’archéologie, il protégea plutôt les archéologues, les laissant emporter en Europe des pièces majeures que l’Égypte réclame aujourd’hui à cor et à cri.

Peu intéressé sur le fond par les idées européennes (et pas du tout par leur versant poli­tique : il ne fit jamais la moindre tentative pour consulter les Égyptiens), Méhémet Ali fut cepen­dant l’un des premiers dirigeants musulmans à comprendre qu’il lui fallait formuler sa politique dans des termes compréhensibles pour le public européen afin d’influencer les opi­nions publiques et les décideurs européens. Reprenant un terme clef du vocabulaire des Euro­péens, et notam­ment de l’expédition d’Égypte, il assurait avoir entrepris de « civiliser » l’Égypte, dont il faisait (à l’européenne) une « patrie », et allait jusqu’à expliquer (surtout aux Français) qu’il conti­nuait l’œuvre de Napoléon Bonaparte. Cette habile propagande eut des effets : en 1829-1830, la France de la Restauration envisagea un moment de lui confier l’ex­pédition punitive d’Alger… Mais elle ne semble avoir touché personne sur place : du reste, ce n’était pas l’intention.
Tout cela éloignait Le Caire d’Istanbul, ce qui ne plaisait guère à la Porte, d’autant que les ambitions de Méhémet Ali dépassaient nettement la vallée du Nil : en fait, il n’est devenu « le père de l’Égypte moderne » que par défaut, à la suite de l’échec de ses autres projets, et c’est un anachronisme complet d’en faire un nationaliste égyptien (même d’adoption, à la Sta­line ou à la Bonaparte).

Entre 1811 et sa mort en 1816, l’un de ses fils, Toussoun Pacha, reprit, officielle­ment pour le compte de la Porte, le contrôle des Lieux Saints, tombés en 1806 aux mains de la tribu bédouine des Séoud, alliée des fonda­men­talistes215 wahhabites216. Méhémet Ali supervisa en per­sonne certaines phases de la campagne. en 1813-1815. Achevée en 1818 par un autre de ses fils, Ibrahim, secondé par l’officier français de Vayssière217, la reconquête du Hijaz (la région des Lieux Saints) lui valut un grand pres­tige dans le monde musulman ; en échange de son aide, le sultan lui recon­nut la possession de l’Égypte à titre héréditaire, et bien sûr l’admi­nis­tration du Hijaz. Suivit une autre campagne dans la Haute Égypte en 1820-1823 : un autre succès, qui se tra­duisit notam­ment par la fondation de Khartoum en 1823 au confluent du Nil blanc et du Nil bleu218. En revanche, une série de campa­gnes au Yémen (1823-1840) ne déboucha sur aucune prise de contrôle durable : en 1840, les Britanniques, qui venaient de prendre le contrôle d’Aden, le forcèrent à évacuer la langue de côte qu’il occupait entre le Hijaz et la Porte des Larmes219.

En 1823, toujours officiellement à la demande de la Porte, il envoya Ibrahim (assisté de Soliman Pacha) réduire les indé­pen­dantistes de Grèce, mais cette campagne, victorieuse durant les deux premières années, se solda par un échec : la flotte égyptienne toute neuve, un peu trop neuve sans doute, se fit écraser par les Euro­péens à Navarin. Mais l’île de Candie, dont le sultan avait cédé le pacha­lik à Méhémet Ali en échange de son intervention (ainsi que celui de la Morée), ne fut pas incluse dans les frontières de la Grèce indépendante et demeura sous le contrôle de l’Égypte de 1823 à 1840 : rarissime exemple, et pas seulement dans la période à votre pro­gramme, d’une prise de contrôle d’une région située au nord de la Méditer­ranée par une puis­sance située au sud.

En 1831, éclata le conflit latent depuis longtemps entre Istanbul et Le Caire à la suite des ambi­tions du pacha d’Égypte. Profitant d’une révolte qui avait éclaté à Damas contre les réformes fiscales du sultan, l’armée de Méhémet Ali, dirigée par son fils Ibrahim (toujours assisté de Soliman Pacha), envahit la Syrie, écrasa les forces ottomanes et poussa jusqu’à Konya en Anatolie ; à cette date, il rêvait clairement de prendre la place du sultan [qu’il accu­sait de n’avoir pas droit au califat puisqu’il n’était pas chérif (descendant du Prophète par les hommes) ni même de la tribu de Quraysh], ou en tout cas de le réduire à un rôle de pure repré­sentation, un peu comme les Turcs l’avaient fait du calife de Bagdad au Moyen Âge. Sa pro­pagande à l’intention des populations syriennes était plutôt conserva­trice et axée sur les valeurs isla­miques : il critiquait la bid’a (innovation, mais avec une connota­tion très négative de rupture avec la tradition) que représentaient les réformes du sultan — ce qui ne l’empêcha pas d’éman­­ciper les chrétiens de Syrie, d’ouvrir aux Européens les villes de l’intérieur (dont Damas et Jérusalem), qui n’étaient pas des échelles, et de tenter à son tour de moderniser la fiscalité. Dans l’en­semble, il ne parvint pas à s’at­tacher les élites syriennes musulmanes, inquiètes de ses réfor­mes occidentalisantes ; il y eut de nombreuses révoltes.

De leur côté les Européens interprétèrent la crise comme un conflit nationaliste opposant les Arabes aux Turcs, d’autant que Méhémet Ali fit un certain nombre de déclara­tions destinées à les conforter dans ces idées : il s’y posait en « protecteur des Arabes ». Pour­tant il ne se risqua jamais à proclamer l’indépendance de ses domaines (encore qu’il semble y avoir pensé vers 1834) : pour la très grande majorité des musulmans du Moyen-Orient, la légi­timité suprême était toujours celle du sultan-calife, même quand il s’égarait et qu’on ne lui obéissait plus — une situation fréquente dans le passé ! Certains en France rêvaient de la cons­titution d’un grand Empire arabe francophile (on lui aurait adjoint l’Algérie dont on ne savait trop que faire) ; mais le Royaume-Uni ne voulait pas d’un démembrement de l’Empire Ottoman (ni d’une France dominant la rive sud de la Méditerranée). La Russie, que la Porte avait appelée à l’aide, craignait que le démembrement se fît sans elle, et notamment qu’un obligé des Fran­çais s’installât sur les Détroits ; la Prusse, elle, craignait qu’à l’occasion d’un effondrement de l’Empire Ottoman l’Autriche se servît trop bien dans les Bal­kans. Bref, fin 1832 Londres imposa une trêve et l’éva­cua­tion de l’Anatolie par les troupes égyp­tiennes, qui venaient d’écra­ser une nouvelle fois les troupes du sultan à Konya et n’étaient qu’à six jours de marche du Bosphore. Mais Méhémet Ali conservait la Syrie et Adana, au sud-est de l’Ana­tolie : les années suivantes représentent son apogée. La Porte en revanche était gravement humiliée, et le Royaume-Uni, mécontent de son affaiblissement.

Le conflit reprit en 1839, à l’ini­tia­tive d’Istanbul ; de nouveau, la Porte se trouva rapi­dement en difficulté, d’autant que cette fois la France soutenait ouvertement Méhémet Ali. On vit même la flotte ottomane déserter et se mettre sous les ordres du pacha d’Égypte… La menace qui pesait sur Istanbul était encore plus immédiate qu’en 1831. Sous l’influence du ministre des Affaires Étrangères Palmerston, le Royaume-Uni intervint, entre autres pour dis­suader la Russie de « sauver » le sultan à sa place : la marine britannique bombarda Beyrouth et débar­qua au Liban, bloqua Alexandrie. Cet épisode mit la France et le Royaume-Uni au bord de la guerre, en particu­lier à cause des postures nationalistes adoptées par Palmerston et le premier ministre fran­çais Thiers, soutenu par la gauche républicaine, laquelle, aveuglée par les souvenirs napo­léo­niens, prenait Méhémet Ali pour un démocrate. Finalement, la France dut céder (et Thiers fut renvoyé, en octobre 1840).

Au terme de l’accord imposé par les Britanniques début 1840, avant le dénouement de la crise, mais confirmé à l’issue de celle-ci, la Porte récupéra la Syrie et la Crète. Mais le sul­tan dut confirmer le pachalik d’Égypte à Méhémet Ali à titre héréditaire : en d’autres termes, l’Égypte était désormais indépendante de fait, même si l’intégrité de l’Empire était garan­tie. Toujours diri­gée par des étrangers, elle devint cependant peu à peu, parmi la mince frange des populations arabes gagnée à une conception européenne des nationalités, quelque chose comme l’espoir des Arabes face aux Turcs ; du reste, les liens administratifs avec la partie turque de l’Empire Ottoman étant coupés en pratique, l’usage de l’osmanlı déclina peu à peu dans l’admi­nis­­tra­tion, quoique surtout pour l’ins­tant au profit du français.

L’unité de l’Empire (et sa dynastie) n’avaient subsisté que grâce à l’appui britannique : en échange de quoi, dès 1838, le Royaume-Uni signa avec la Porte une convention com­mer­ciale ouvrant tous les mar­chés de l’Empire aux produits européens, les droits de douane étant abaissés à 5%. En 1841, cet accord fut étendu à l’Égypte : les Britanniques avaient gagné sur tous les tableaux.
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