Albi et ses alentours
La ville d’Albi est tout d’abord à voir pour elle-même. C’est elle la ville rose par excellence : il y a bien plus de maisons en brique qu’à Toulouse. En particulier, la maison du pastel, un colorant qui donne une couleur bleue, rappelle le souvenir de la culture qui a fait la richesse de la ville. La collégiale Saint-Salvy, à deux pas de la cathédrale, est flanquée d’un cloître où se mêlent art roman et gothique.
L’ancien palais épiscopal, le palais de la Berbie, situé juste à côté de la cathédrale, abrite le musée dédié à Toulouse-Lautrec : le palais épiscopal également bâti en brique est aussi imposant que la cathédrale, pour manifester la puissance de l’évêque face à une bourgeoisie en partie acquise à l’hérésie cathare, mais il dispose d’un accès direct sur le Tarn, pour permettre à l’évêque de fuir devant d’éventuelles révoltes…
Les alentours méritent aussi le détour. Le prieuré d’Ambialet, situé sur une boucle du Tarn, est connu en particulier pour sa très belle chapelle romane, construite dans la deuxième moitié du 11e siècle, qui mérite le détour par sa simplicité et le recueillement auquel elle invite. Monestiés recèle une Mise au tombeau très complète, dont la construction est attribuée à Louis d’Amboise, qui plus est présentée avec soin dans une ancienne chapelle. L’abbatiale Saint-Michel de Gaillac a aussi quelque intérêt.
Pour sortir du domaine strictement religieux, le village de Cordes est à voir : situé sur les pentes d’une butte, ce village a conservé son caractère médiéval, avec ses maisons à pans de bois.
Bibliographie
E. MÂLE, La Cathédrale d’Albi, Paul Hartmann, 1950
J.-L. BIGET et M. ESCOURBIAC, Sainte-Cécile d’Albi, Peintures, éditions Odyssée, 1994
J.-L. BIGET et M. ESCOURBIAC, Sainte-Cécile d’Albi, Sculptures, éditions Odyssée, 1997
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« Nos églises ne sont pas des musées. Elles sont la vieille fontaine où les générations de chrétiens, les unes après les autres, sont venues se désaltérer. » Jean XXIII Emmanuel BOCQUET

C athédrale Sainte-Cécile d’Albi
Localisation

| La cathédrale Sainte-Cécile surmonte de sa masse imposante la ville d’Albi. Il s’agit de la cathédrale du diocèse du Tarn, entre l’Aveyron et la Haute-Garonne : Albi est situé sur la route entre Toulouse et Rodez.
| Histoire du site
La cathédrale actuelle n’est pas la première qui fut construite, puisqu’elle a remplacé une précédente église, romane, en pierre. Il est probable que les difficultés d’entretien ont joué dans la décision de l’évêque, Bernard de Castanet, en accord avec les chanoines du collège cathédral, de construire une nouvelle cathédrale. Un vingtième de leurs revenus pendant vingt années a été consacré à la construction. Cette somme est d’autant plus importante que l’évêque d’Albi avait réussi à faire rentrer dans le patrimoine du diocèse des revenus, propriété de laïcs. Il se fait remettre les deux tiers des dîmes de deux cents cinquante églises du diocèse : les revenus de l’évêché d’Albi étaient parmi les plus importants de France.
La fondation a lieu le 15 août 1282. L’absence de pierre de qualité dans la région explique l’emploi massif de la pierre, tant pour la cathédrale que pour le palais épiscopal. Entre 1282 et 1322, l’abside et deux travées sont érigées, ainsi que les murs des quatre travées suivantes. Entre 1340 et 1370, les murs des cinq travées occidentales sont élevés et voûtés entre 1383 et 1392, sous l’épiscopat de Guillaume de la Voûte, cela dit sans jeu de mot. La construction du clocher a certainement commencé vers 1360, avant celle de la nef, comme en témoigne le raccord maladroit.
Le 23 avril 1480, Louis d’Amboise, évêque du diocèse de 1474 à 1503, consacre la cathédrale. C’est cet évêque qui fit édifier le chœur gothique entre 1477 ou 1479 et 1484. C’est aussi lui qui fit peindre le Jugement dernier entre 1477 et 1513.
Le chœur a été préservé pendant la Révolution : seules les statues du jubé ont été détruites. Il a aussi été question de le détruire au début du 19e siècle, mais le projet se heurta au refus du ministère des Cultes. Quant au Jugement dernier, la figure du Christ a disparu lors du percement de la chapelle située sous le clocher, à la fin du 17e siècle.
Au 19e siècle, les travaux de rénovation de la toiture ont beaucoup modifié la physionomie de la cathédrale. La toiture, alors à pans débordants, a été surhaussée et réduite à la largeur de la nef ; des terrasses sont aménagées sur les chapelles latérales et les murs ont été surélevés de plus de cinq mètres. Le projet aurait dû se poursuivre par l’édification de tourelles hautes de six mètres cinquante dans le prolongement des contreforts.
Les tourelles ont été partiellement construites, mais ce hérissement de clochetons a hérissé les Albigeois. L’arrivée d’un nouvel évêque et la disgrâce de l’architecte ont permis de ramener les tourelles au niveau du mur et la flèche du seul clocheton conservé a été refaite en brique. La surélévation du mur est toujours visible. La cathédrale Sainte-Cécile d’Albi

| De l’extérieur, la cathédrale paraît, dans sa livrée de brique, plus proche d’une forteresse que d’un édifice religieux. L’évêque semble avoir voulu affirmer à l’époque de sa construction et sa propre puissance et la primauté de l’Église catholique dans une région où était encore vivace le souvenir des hérésies, notamment cathare. La sévérité de la façade est seulement tempérée par le baldaquin, construit dans la première moitié du 15e siècle, qui est un bel exemple de gothique flamboyant.
| Le contraste avec l’intérieur est d’autant plus frappant. Le baldaquin est insuffisant pour dire combien est riche l’ornementation de cette cathédrale. Ce qui frappe, c’est que tout est peint, depuis les murs jusqu’aux clefs de voûte, à mille lieues du gothique du Nord.
Les peintures sont dominées par deux morceaux de bravoure, le Jugement dernier qui couvre le mur ouest de l’église et la décoration des voûtes, tous deux peints entre la fin du 15e siècle et le début du 16e siècle. Alors que le Jugement dernier est représentatif de la peinture flamande, la peinture des voûtes est l’œuvre d’artistes italiens. Se trouvent donc ici réunis les deux courants majeurs de la peinture de l’époque. Mais il ne faut pas oublier l’imitation du marbre sur l’ensemble des murs, égayés parfois de dessins fantaisistes dans les veines du faux marbre, qui égayent la visite fort agréablement…
Le Jugement dernier ne présente que les élus et les damnés, ainsi que les peines encourues pour les péchés capitaux dans le registre inférieur. La figure centrale du Christ en gloire a fait les frais du percement du mur ouest lors de l’ouverture d’une chapelle sous le clocher au 17e siècle… Il est donc plaisant de s’imaginer ce qu’aurait pu être ce Jugement dans son intégralité, mais ce qu’il reste vaut largement le coup d’œil : les châtiment infligés pour les péchés capitaux sont d’un réalisme impressionnant, qui fait toujours forte impression sur les visiteurs.
Les voûtes offrent à nos regards un profusion de bleu qui évoque les contrées célestes. Sont en effet représentés de multiples saints, ainsi que des scènes de la Bible, qui donnent un avant-goût de paradis… La procession des saints nous emmène jusqu’au Christ en gloire, juste au-dessus de l’autel du chœur : tout conduit vers le Christ, et la représentation des vierges folles et des vierges sages est une invitation à veiller dans l’attente du retour en gloire du Christ.
Du côté de la sculpture, la clôture du chœur est à voir, tellement la finesse des détails est époustouflante. Mais il ne faut pas oublier les statues, celles de personnages de l’Ancien Testament à l’extérieur de la clôture, celles du Nouveau à l’intérieur. En particulier, les douze apôtres, tiennent chacun un phylactère sur lequel est inscrit un verset du Credo et, d’apôtre en apôtre, se découvre tout le contenu de la foi chrétienne.
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