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PROMENADE LITTÉRAIRE 4-10-2008 « Sur les pas de Roger Martin du Gard » Préparée et présentée par Françoise Bezet avec l’aimable collaboration des lecteurs-acteurs le Dr Jean-Claude Dassonneville, Francine Jamet et Nicole Pinglault, avec la participation de Jean Clament, conteur et vielleux, avec la participation de Gilles Brondeau et de sa voiture de Dion-Bouton Remerciements Pour préparer cette promenade littéraire « Sur les pas de Roger Martin du Gard », je me suis appuyée sur le travail réalisé par Madame Huberte Kerrand-Gouvernel qui avait écrit un livret, en 1996, à l’occasion de la conférence donnée, dans le cadre de l’Université Rurale, sur les 27 années Sancerguoises de RMG. Cet ouvrage fourmille de renseignements précieux. Un grand merci à Madame Kerrand ! Je tiens également à remercier le professeur Claude Sicard, éminent spécialiste de RMG, qui a eu la gentillesse de m’envoyer les passages qu’il avait lus lors de sa venue à Augy en 1998. Au cours de cette promenade vous pourrez apprécier ces extraits et quelques autres que le Dr Bertrand Dumoulin et moi-même avons sélectionnés. Ils vous dévoileront des pans de la vie de l’écrivain à Augy, pans de vie que j’ai voulu situer dans leur époque, dans le Sancergues du début du XXe siècle. Pour cela, j’ai lu les comptes-rendus de conseils municipaux qui m’ont permis de découvrir les préoccupations des Sancerguois et les travaux entrepris par la municipalité dont Paul Martin du Gard, le père de Roger, faisait partie. Il est important d’intégrer le travail et l’œuvre de l’écrivain dans le paysage historique et culturel du lieu où il a vécu.
Pour partir sur les pas de Roger Martin du Gard, il m’a semblé que le début de cette promenade littéraire s’imposait : la bibliothèque, lieu magique, lieu rêvé pour les lecteurs mais aussi pour les écrivains. D’autre part, les responsables de cette bibliothèque vous proposent en vitrine quelques panneaux très intéressants sur l’écrivain et son œuvre bien sûr, mais aussi sur le tacot qui fut mis en service en 1906. RMG a donc connu ce moyen de transport qui transformait un voyage de quelques dizaines de km en aventure parfois rocambolesque. En effet, RMG habitait Sancergues à cette période, à Augy très exactement, où il vécut par intermittence pendant 27 ans de 1894 à 1921. C’est là que sont nés « Les Thibault »,son œuvre majeure, dans le manoir normand « Le Verger » qu’il avait fait construire, manoir aujourd’hui détruit. Mais sans plus attendre écoutons RMG, par la voix du Dr Dassonneville, nous raconter comment comment il en a élaboré le plan. Extrait du Journal 26-5-1920 Le Verger, 26 mai 1920 Je suis à Augy depuis quinze jours avec mes parents, seul. Je suis venu faire le plan des Thibault. Délicieux séjour d’isolement et de travail. Depuis six mois les notes sur mon livre s’accumulaient en désordre. Tous les éléments y étaient, il fallait le coup de baguette magique pour en faire une œuvre. C’est ce que j’ai pu faire ici, pendant ces quinze jours de travail solitaire et forcené. Je me suis installé au premier étage, dans ma turne claire, devant de grandes tables vides, sur lesquelles j’ai étalé, comme un panorama, toutes mes notes. J’ai divisé le livre en treize périodes. Et pendant quinze jours, devant ces treize dossiers étalés sous mes yeux, j’ai distribué les notes que j’avais prises, en les classant à la période correspondante. J’ai établi une chronologie réfléchie, rigoureuse. J’ai trouvé toutes les parties qui manquaient, qui faisaient trous. J’ai enchevêtré les épisodes, précisé leurs rapports entre eux, leurs rapports avec l’ensemble. Bref je reviens avec un plan solide et volumineux, toutes choses bien pesées et mises à leur place définitive. Ç’a été le moment unique où tout mon livre, déjà vivant, s’est trouvé tout entier à la fois sous mes yeux : les quarante années déployées devant moi en éventail, une vision d’ensemble magnifique. Pas une ligne n’est encore écrite. Mais je puis maintenant, avec une impression de sécurité totale, me donner successivement de toutes mes forces libres, à chaque période séparée. Je n’ai plus qu’à marcher, en suivant mon plan, sûr d’arriver au bout, sûr que ce travail morcelé obéit à une loi d’ensemble, que mon livre aura l’unité de l’œuvre d’art. Jamais ce travail-là n’aurait pu se faire à Paris. Jamais. Il y faut deux semaines au moins d’ensevelissement total dans le sujet, ne penser à rien d’autre, ne rencontrer aucun visage étranger, être tout entier à son œuvre, pendant des jours de suite, sans rien qui en dévie la pensée. Si « Les Thibault » restent l’œuvre monumentale la plus connue, RMG a également rédigé à Augy :
On peut donc affirmer que Sancergues-Augy appartiennent à ce titre à l’histoire littéraire, même si le jugement de RMG sur certains de ses concitoyens d’alors n’est guère flatteur, en particulier, lorsqu’il écrit en 1921, alors qu’il s’apprête à quitter Augy définitivement, "ce trou de Sancergues où la bêtise humaine le rend quotidiennement malheureux." (Il parle du docteur Chenu qui semble avoir une « vie humble sans joie) Jugement qui ne peut que faire grincer les dents des Sancerguois, certes, d’autant plus qu’il semble bien que RMG ne fréquentait que quelques familles de Sancergues, pour la plupart représentant la bourgeoisie aisée ! Alors, s’agit-il d’un jugement méprisant vis-à-vis du reste de la population qu’il connaissait finalement bien peu ? de l’appréciation d’un intellectuel très éloigné des préoccupations du « petit peuple » des campagnes ? ou tout simplement d’un mouvement d’humeur, d’une réaction brutale, quelque peu épidermique, dans un mauvais moment ? En effet, qui n’a pas pensé sensiblement la même chose de quelque lieu que ce soit et de ses habitants lorsque tout va mal autour de soi et que la tristesse, le « spleen » vous envahit ? Il quittait un lieu qu’il aimait (de belles pages nous le prouvent), un lieu témoin de la genèse de son œuvre, un lieu où il avait été heureux avec sa famille et ses amis, un lieu où il avait construit sa propre maison, pas étonnant qu’il extériorise sa mauvaise humeur par ce trait très dur. D’ailleurs, n’avait-il pas été surnommé « Boule d’Ours » par les enfants Ménagé ? Dès son arrivée à Sancergues, RMG fait la connaissance d’Eugène et Marcel Ménagé, les enfants des châtelains de Sarré. En 1971, le docteur Eugène Ménagé, âgé alors de 90 ans, évoquait ainsi RMG : "Ah ! Roger Martin du Gard ! Je l’ai bien connu ! Il était gentil, mais toujours dans la lune ! Un peu lourdaud… Nous faisions nos devoirs de latin ensemble avec le curé de Sancergues ! Martin du Gard répondait par monosyllabes. Souvent bougon. Comment prévoir qu’il couvait déjà son Prix Nobel ! Il nous agaçait parfois. Avec les Beigneux, on l’avait surnommé « Boule d’ours » !... " Revenons à l’arrivée de la famille Martin du Gard à Sancergues (1894) extrait du livret d’Huberte Kerrand-Gouvernel : Les Martin du Gard appartiennent à la grande et riche bourgeoisie parisienne de cette fin du XIXe siècle. Les voilà désireux d’acquérir un bien à la campagne. Pourquoi le Berry ? (…) Bien que parisiens de longue date, les Martin du Gard ont gardé des attaches en Bourbonnais, et Sancergues est à mi-chemin entre la capitale et Vichy. Le père de Roger adorait la chasse. Par-delà les grands bois d’Augy, la Sologne, les Bertranges, la forêt de Tronçais ne sont pas loin. Paul et Madeleine Martin du Gard sont conquis par les agréments du domaine d’Augy qui s’étend sur Sancergues, Jussy et Saint-Martin des Champs. (…) Eaux vives… Grands bois… Agréables paysages agricoles… Le bonheur !... En 1894, Paul et Madeleine Martin du Gard, trente huit et trente-cinq ans sont à l’aube de leur maturité, avec leurs deux jeunes fils, Roger, treize ans et Marcel, neuf ans et demi. Voici comment les décrit Pierre Rain, ami d’enfance de Roger. Madeleine : « Femme aux yeux de velours, spirituelle, psychologue, d’une étonnante franchise. Le dimanche, elle travaillait tout en parlant, à recopier des livres en alphabet braille. Avenante, prévenante, extrêmement bonne, elle a transmis à Roger beaucoup de ses qualités.» En y ajoutant une piété très active, c’est bien ainsi que les Sancerguois apprécieront Madame Martin du Gard. Et Monsieur Paul ? « Il était d’un abord un peu froid, il adorait sa femme. Leur salon, fut pendant des années un lieu de rendez-vous mondain. On y entendait des chansons montmartroises parfois un peu raides… » donc rigoureux mais plein d’humour, les pieds sur terre mais volontiers généreux, épris de spectacles et de chansons parfois osées, c’est bien ainsi également que Sancergues va petit à petit découvrir le « père » Martin du Gard pour le distinguer de ses deux fils.
RMG est certainement passé plus d’une fois devant notre mairie telle que nous la voyons sur la photo exposée (Carte postale de la mairie avant 1903), mais c’est surtout son père qui en a franchi bien souvent la porte puisque Paul Martin du Gard s’impliqua dans la vie sociale de Sancergues : Il fut en effet, à partir de 1899, membre du comité de bienfaisance puis conseiller municipal de 1900 à 1904 alors que le maire était Louis-Jean-Baptiste Jeanrot. Cette municipalité eut une vie bien remplie avec entre autres dossiers : Juillet 1900 voit la fin des travaux de l’église :
Agrandissement de la place publique aujourd’hui insuffisante La grande rue du bourg en serait « déblayée », l’église étant frappée d’alignement par le tracé de la RN 151 L’église étant en si mauvais état, la restaurer coûterait aussi cher qu’une construction neuve bien plus solide qui durera plus longtemps et répondra mieux aux besoins du service religieux
Carte postale de l’église peu de temps avant ces travaux (noter les gros blocs de pierre au pied du chevet et l’ancien clocher non encore démoli) Pour réaliser ces travaux il faudra abattre un des trois marronniers qui sont devant la façade.
L’éclairage des rues du bourg On en parle depuis longtemps. Déjà en 1888, un conseiller faisait remarquer que la nuit, lorsqu’il n’y a pas de lune, les rues sont très sombres et dangereuses. Il faudra attendre novembre 1903 pour que des lanternes avec lampes à pétroles soient installées soit sur des poteaux en bois soit sur des consoles fixées aux maisons. L’allumage a lieu chaque jour à la nuit et se fait du 1er novembre au 1er avril mais pas lorsque la lune éclaire. Le lavoir du marais En 1896, il est précisé que les laveuses manquent d’eau une partie de l’année et qu’elles sont obligées de laver dans une eau boueuse. Il y aurait grande utilité à construire un lavoir. Paul Martin du Gard fera partie de la commission chargée d’étudier le projet en 1901. Ces travaux seront réalisés en juillet 1903 Chemin de fer La Guerche Argent : le tacot La municipalité donnera son avis sur le tracé, l’emplacement des haltes et des gares puis il y aura enquête parcellaire, expropriation et indemnisation et … polémique comme il se doit. La liaison Veaugues-La Guerche sera mise en service le 26 juillet 1906. La gare de Sancergues sera construite sur un terrain appartenant à Paul Martin du Gard Mise en place du réseau téléphonique départemental, Préparation du |
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