MÉmoires sur la chine








titreMÉmoires sur la chine
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date de publication20.10.2016
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London and China Telegraph annonce quatre expéditions dirigées de ce côté : la première, par le docteur Martels, Allemand, très versé dans la connaissance de cette partie de l’Asie ; la seconde, par les lieutenants Sconce et Watson ; la troisième, par le missionnaire américain Bixby ; la quatrième, enfin, par l’évêque catholique Bigandet, désireux d’ouvrir des relations directes entre les missions du Yun-nan et les contrées soumises à la domination anglaise ; il sera probablement accompagné du docteur Williams, agent consulaire de Sa Majesté Britannique.

4 Une compagnie fournit aux particuliers les instruments, et établit, moyennant un loyer annuel peu élevé, les fils destinés à joindre leur domicile à la station télégraphique la plus proche ou à tout autre établissement. L’atelier se trouve ainsi relié au magasin, et le cabinet du négociant à toutes les places de commerce de l’Europe. Une autre compagnie, créée à Londres pour la télégraphie urbaine, transmet à domicile, et sans aucun retard, la dépêche de vingt mots moyennant 60 centimes ; une dépêche et la réponse pour 90 centimes. Une autre compagnie s’est fondée dans le but d’appliquer à tout le Royaume-Uni le tarif unique de 1 fr. 25 cent. Enfin, depuis le commencement de 1861, les données météorologiques fournies à l’amiral Fitzroy pour vingt et quelques points des trois royaumes, par les télégraphes de diverses compagnies, lui permettent de prévoir le temps quarante-huit heures à l’avance, de prévenir toujours d’un ouragan les ports menacés et les navires en mer, et de faire connaître chaque matin au public, par la voie du Times, le temps probable pour les six principales régions du Royaume-Uni et pour les deux jours suivants. La liberté seule a fait tout cela. Nos chemins de fer doivent à une liberté pareille leur prospérité sans égale. Libre, la télégraphie serait bientôt chez nous ce qu’elle est en Angleterre et dans d’autres pays. On craint quelle ne devienne un péril pour l’État ; on exige, en France, que toute dépêche soit intelligible aux employés. Le commerce et les familles sont soumis à une confession publique. Il fut un temps, cependant, où, le télégraphe n’existant pas, la poste devançait le coche sans qu’un gouvernement absolu et jaloux songeât à lire toutes les lettres. Dans une publication que j’ai faite, en Angleterre, sur la télégraphie, j’ai montré clairement la puérilité de cette disposition.

A l’aide d’un tableau de moins d’un pied carré, on peut, sans aucune étude préalable, traduire une dépêche en signaux composés du système Morse, représentant non des lettres. mais des mots et des accidents grammaticaux. Ainsi traduite, cette dépêche est trois fois plus brève et immédiatement réductible en toutes les langues par un procédé purement mécanique.

Il est clair qu’un changement dans l’ordre du tableau entraîne le secret absolu de la dépêche.

Rien n’est plus facile que d’en déguiser le véritable sens et le secret. Il y a dans les signaux obtenus seulement des points, des lignes et des espaces : on divisera les lettres de l’alphabet en trois groupes, et l’on composera des phrases dans lesquelles chaque mot commençant par une lettre du premier, du second ou du troisième groupe, représentera un point, une ligne ou un espace de la dépêche à traduire.

En voici un exemple :

« J’espère pouvoir terminer aujourd’hui vos emplettes, presque tout est acheté ; le chiffre des mémoires que j’ai reçus est très raisonnable.

Cette dépêche, à laquelle j’aurais pu donner toute autre forme ou tout autre sens, ne serait suspectée ni refusée par aucun télégraphe, et ne serait jamais interprétée par aucune police. Elle est cependant la traduction d’une phrase qu’aucun agent télégraphique ne consentirait à transmettre. Elle est composée à l’aide d’un tableau rendu public et à l’aide d’une clef fournie par la succession des lettres de l’alphabet dans deux vers très connus. J’ai donc eu le droit d’écrire : “It is no more in the power of any man to stop any correspondence either written or send by telegraphs of any description.” (Sketch of analytic universal telegraphy, London, 1863. Camden Hotten, Piccadilly.)

5 Xan kao a déjà un club et va avoir un champ de courses.

1 Les comtés du sud sont une autre Normandie ; le Lincolnshire, une autre Hollande ; l’Écosse, une autre Norvège : ainsi le continent reparaît de l’autre côté de la mer. L’homme se ressemble aussi : l’Anglais est un Français du nord ; l’Irlandais, un Français du midi ; la France n’a guère d’Écossais, parce qu’elle a peu de montagnes. On répète cependant que les Anglais et les Français diffèrent profondément ; que les uns respectent la loi ; que les autres ne la respectent pas, et sont, ajoutent des voix serviles, indignes de vivre libres.

Je ne m’étonnerais point que le peuple anglais respectât une loi qui est son œuvre et son bien, puisqu’elle est votée, sous l’œil de la presse et des réunions populaires, par une assemblée issue sans contrainte d’un suffrage presque universel ; mais, en réalité, il la respecte surtout parce qu’il la trouve rarement sur son chemin : il peut aller, venir et se réunir, prêcher, imprimer, s’agiter, sans que la loi s’en occupe.

La liberté s’étend même à la misère, et c’est pourquoi les malheureux affluent à Londres. Ils y viennent de l’Irlande, de tout le continent, de la Sicile même : l’italien est la seconde langue des rues de Londres. Londres est un grand banquet dont les miettes sont à tous ; il n’y a point de prison pour ceux qui les ramassent. Toutes les industries de la rue sont libres de la police et du fisc : un capital de 50 francs, mis à quelque boutique ambulante, assure un revenu journalier de cinquante sous ; et, comme il n’y a point d’octroi, le pauvre déjeune pour 10 centimes (café, pain et beurre) et dîne pour 45 centimes (soupe, bœuf, légumes, pudding). Aussi, tandis que l’ouvrier est souvent républicain, l’arabe des rues, le cynique, est satisfait et conservateur. Vivant au jour le jour, la moindre maladie peut entraîner pour lui la famine ; mais, en général, il n’a faim que quand il a eu trop soif.

1 Je désire qu’il soit bien compris que je n’ai ici l’intention de critiquer aucun agent en particulier. Je m’empresse, d’ailleurs, de reconnaître que parmi ceux qui nous représentent au loin, il y en a de fort distingués, de profondément versés même dans la connaissance du pays dans lequel ils se trouvent. Malheureusement ils sont en très petit nombre. et ne sont pas toujours les plus appréciés.

2 Par opposition à l’aristocratie, gouvernement dans lequel les magistrats sont désignés par leur naissance, on appelle démocratie le gouvernement dans lequel les magistrats sont élus par le peuple, système bon ou mauvais, suivant les temps et les lieux, mais complètement différent de ce qu’on affecte en France d’appeler du même nom.

1 La gratuité de l’enseignement supérieur est une tradition de ces temps barbares où, personne ne voulant rien apprendre, on était réduit à nourrir des pauvres qui consentaient, en échange, à subir quelque instruction. La constitution de 1791 pose les vrais principes quand elle dit que l’instruction publique doit être gratuite à l’égard des parties d’enseignement indispensables pour tous les hommes. Répandre et élever cette instruction, c’est forcer le niveau de l’autre à s’élever lui-même, c’est encourager vraiment les lettres et les sciences. Sans aristocratie puissante ou bien riche, les Américains lisent plus qu’aucun peuple. Les livres les plus sérieux ont parmi eux un immense débit, et dès lors coûtent peu : le peuple défraye la science, et la science se vulgarise. Quand un peuple ne veut pas lire, le gouvernement n’a besoin de rien imprimer, ni de rien encourager ; et quand un peuple veut s’éclairer, il n’a pas besoin que l’État choisisse la lumière, et l’achète aux frais de tous et au profit de quelques-uns.

1 Je crois qu’il y a en ce moment, en Angleterre, les agents de deux princes japonais, rivaux du Siogoun, ennemis l’un de l’autre : ils sont venus s’armer en Europe pour se combattre. On annonce même des écoliers japonais : l’émulation des princes de cette nation peut amener quelque bien.

1 Note complémentaire de l’auteur : Des nouvelles récentes nous apprennent la mort de huit officiers anglais du corps de Gordon. A la distance où nous sommes de la Chine, il est difficile d’être au courant des opérations des corps anglo et franco-chinois, ainsi que de ce qui concerne l’organisation de ces corps et leurs mutations. J’ai récemment appris qu’un officier français était venu en France avec une mission militaire du gouvernement chinois. Je n’ai sur ce fait aucun détail.

On doit publier sous peu de jours, en Angleterre, le tableau du commerce de la Chine pendant les cinq dernières années. Dès qu’il me sera parvenu, je joindrai ce document, ou une analyse de ce document, à ma publication.

1 Le plan de M. Lay et l’appui que lui a prêté le ministre de Sa Majesté Britannique à Pékin sont généralement attaqués par la presse anglaise, ce qui montre que le sentiment public, en Angleterre, est fortement opposé à tout acte qui pourrait ressembler à un protectorat et ménager une conquête. Je crois, du reste, qu’il y a quelque exagération et quelque malveillance dans ces attaques.

1 L’histoire de Houng tseu-syuen et de la rébellion actuelle a été souvent racontée déjà ; je n’y reviendrai pas ici. Je dois signaler seulement un travail de M. Th. Hamberg, missionnaire de la société évangélique de Bâle, qui a paru dans le Chinese and Japanese Repository, et qui donne beaucoup de détails nouveaux sur le chef des rebelles et son entourage.

1 Le régime militaire n’est pas le vice, mais la condition nécessaire de l’Algérie peuplée de musulmans respectueux, mais inconciliables, émus par toutes nos guerres, et, comme l’Inde et le Caucase, inspirés par la Mecque. Ce régime est l’absence de la vie ; le régime civil serait la mort. Il y avait nécessité, peut-être, de prendre Alger, nid de pirates, et de l’occuper ensuite, afin que d’autres ne se logeassent pas à nos portes. En était-il de même de la Cochinchine, cette Algérie lointaine, ce Mexique perpétuel ?

Je ne doute point que la Cochinchine ne nous offre tous ces éléments de puissance et de prospérité qu’on nous a si longtemps montrés en Algérie, et qui me paraissent ne manquer nulle part. Le climat en est sans doute aussi sain que peut l’être celui d’une vaste rizière, aux embouchures d’un grand fleuve, et près de l’équateur. C’est aux bouches du Gange, 260 lieues plus au nord, que naît le choléra ; c’est aux bouches du Mississipi, 400 lieues plus au nord, que naît la fièvre jaune. On dit la population redoutable : je veux bien qu’elle ne le soit pas ; mais notre agression menace toute la Péninsule ; le christianisme appuyé s’y trouve compromis ; des imprudents connaissent peut-être un prétendant légitime, prêt à accepter notre appui pour faire le bonheur de ses peuples. Nos traités en tout cas ne paraissent pas bien solides. Il faudra nous étendre, comme en Algérie, comme les Anglais dans l’Inde, jusqu’à ce que la terre manque sous nos pieds. Nous aurons comme seule garantie, si loin de notre contrôle, la prudence et la modération d’agents dont l’avancement dépendra de la guerre, et le traitement de l’extension de nos limites.

Y serons-nous très forts, sépares de la France par des détroits et par la flotte anglaise, double de la nôtre, appuyée sur l’Inde et l’Australie ?

On dira que nous avons dans l’extrême Orient des intérêts sérieux : que nous y devons défendre nos traités soit contre la folie, soit contre la faiblesse de gouvernements barbares : que l’expédition de 1860 est trop coûteuse pour être aisément renouvelée : qu’il nous faut près de la Chine un port pour le ravitaillement, la réparation de nos flottes, leur refuge en temps de guerre, un point où nous puissions concentrer les forces militaires dont nos agents peuvent avoir à réclamer le concours. J’en serai facilement d’accord, mais je poserai ces principes.

Le territoire occupé doit être nettement défini et limité par la nature. Ce doit être une île, et il est préférable que cette île ne soit ni très étendue, ni très peuplée. Ce principe a pour lui l’autorité de M. Guizot, qui l’a développé à la tribune française.

Cette île doit être assez également rapprochée des points qu’il s’agit de surveiller, dans le cas actuel, de la Chine et surtout de l’embouchure du Pei-xo, du Japon, des établissements russes et de Hong-kong.

On doit, les autres conditions étant à peu près égales, préférer le climat qui s’éloignera le moins du nôtre. A une mortalité moindre répondront toujours une efficacité plus réelle de nos troupes et une diminution notable de nos dépenses.

Il suffit de jeter les yeux sur une carte pour reconnaître que de telles îles ne manquent point, et nos rapports avec le Japon, par exemple, ressemblent assez à la guerre pour justifier l’occupation d’une de ces fractions sans nombre en lesquelles le Japon se divise. L’Angleterre et la France ont tenu Chusan, et, au point de vue militaire, peuvent éprouver quelques regrets de ne l’avoir point gardée. Les Américains se sont fort occupés du petit archipel de Lyeou-kyeou, voisin du Japon, voisin de la Chine, et placé sur la route qui joint San-Francisco et Chang-haï. Pour moi, je ne désigne aucun point, parce qu’il est des conditions que la marine seule est à même d’apprécier, et en dehors desquelles il n’est pas d’établissement possible.

1 Le Moniteur de la flotte nous apprend que dans un journal officiel, publié en chinois à Saïgon, il a paru une série d’articles attaquant les superstitions locales, et, entre autres, le culte des ancêtres. Il me semble que le gouvernement devrait montrer plus de réserve, et ne pas engager lui-même une discussion qui a fait jadis expulser de Chine les missionnaires. Nous n’engagerions pas une discussion pareille à Alger ; nous avons, sans que cela fût bien nécessaire, ouvert une mosquée à Paris ; les Anglais ont hésité longtemps à supprimer dans l’Inde des sacrifices humains, et l’armée indigène s’est soulevée contre eux sur la seule allégation que le papier de ses cartouches était enduit de graisse de porc. Il faut rétablir l’inquisition ou s’arrêter ; car je pense que s’il existait des journaux cochinchinois, on ne leur permettrait pas de répondre au journal officiel, comme les Parsis de l’Inde répondent aux missionnaires anglais. Nous avons vu, en Chine, des missionnaires protestants français qui distribuaient à nos soldats de petits traités. On pouvait leur interdire la fréquentation du camp, mais non celle des rues. Supposons qu’ils cherchent à perdre leur temps avec les Cochinchinois d’une manière aussi peu dangereuse, les en empêcherons-nous ? En aurons-nous le droit ? Je ne porte aucun intérêt à ces missionnaires, mais j’en porte beaucoup aux principes qui dominent cette petite question, et j’espère que personne ne pensera qu’il y ait deux manières de la résoudre, l’une pour la France, l’autre pour ses colonies. La Turquie entretient, au cap de Bonne–Espérance, une sorte d’évêque musulman dont les ouailles n’entendent guère que l’anglais ou le hollandais : l’Angleterre ne s’en offense pas, bien qu’elle ait dans ce pays des évêques et des églises.

2 « Je les enverrai prendre des renseignements sur l’état du pays. Leur robe sert à couvrir des desseins politiques et commerciaux ... Ils coûtent peu... Ils ne peuvent compromettre le gouvernement. » (Opinions de Napoléon recueillies par un membre de son conseil d’État ; Firmin Didot, 1833.)

1 Je respecte ici l’orthographe commerciale des noms chinois ; pour altérée ou fantastique qu’elle puisse être, elle est devenue une convention nécessaire.

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