Atelier de culture artistique
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 Atelier de culture artistiqueLa spiritualité dans l’œuvre de Caspar David Friedrich 2ème séance : mardi 1er juin 2010 animée par Catherine LebaillyHistorienne, historienne de l’Art Enseignante à l’Université de Reims 17 personnes Diapositive : Les récifs 1824Seulement depuis les années 1965, Caspar David Friedrich émerge comme l’un des paysagistes européens du 19ème siècle les plus significatifs, égal dans des styles différents et des symboliques différentes à Turner ou à Constable. En 1906, il était en Allemagne l’idole du nationalisme allemand Nazi. Le premier catalogue général de ses œuvres est paru en 1973. Malgré une production relativement abondante, conservée en particulier dans les pays germaniques, scandinaves et en Europe de l’Est, il meurt en 1840 presque dans l’obscurité, sa célébrité connaissant une éclipse jusque vers 1890, où l’esthétique symboliste s’intéresse de nouveau à lui. Que la valeur artistique d’un peintre n’ait été reconnue que plus d’un siècle après sa mort est un phénomène rare (on pense à Vermeer). Ce phénomène et la découverte de Friedrich ont pour cause l’originalité de cet artiste et celle de son art. Son ami Johan Christian Clausen Dahl (peintre norvégien 1788-1857), écrivait que peu de personnes le comprirent de son vivant et c’est un fait qu’en Allemagne, aucun peintre ne souleva de controverses aussi véhémentes que Friedrich durant les 3 premières décennies du 19ème siècle. Très tôt et fréquemment se retrouve l’opinion que sa peinture est ambiguë car non seulement elle permet à l’observateur de choisir entre la pénétration profonde et le coup d’œil superficiel, mais elle offre même la possibilité d’une interprétation libre. Un critique écrit par exemple dans les « Blätter für literarische Unterhaltung » de 1826 : « en réalité, il vaudrait mieux appeler ses esquisses des hiéroglyphes artistiques ou des charades : chacun peut les interpréter à son gré, et elles occupent bien plus l’imagination qu’elles ne satisfont l’œil » Mais le sculpteur David d’Angers découvrant l’artiste et son atelier dit de lui : « sa manière d’exécuter est d’une naïveté remarquable. Il est comme les grands génies qui disent des choses sublimes avec des expressions très simples. Les ouvrages de cet homme forcent à rêver, ils sont tellement poétiques. Il sent admirablement bien la tragédie du paysage ». Effectivement, Friedrich crée un genre nouveau lié à la tragédie du paysage, associable au mouvement du Sturm und Drang (mouvement préromantique allemand, vers 1770, réaction contre la philosophie des Lumières, rejet des institutions, poésie, enthousiasme pour les antiquités nationales, pour l’art gothique déclaré « art proprement allemand », d’où son aspect national. (Cf. Herder, Goethe, Hamann) et au romantisme européen, au culte de la Nature développé depuis J J Rousseau, il entend élever ce paysage au rang de l’histoire en le chargeant de contenus religieux et politiques. Si le peintre a répugné à confier ses réflexions religieuses et ses opinions politiques à des lettres, par crainte des rigueurs de la censure, se limitant à des aphorismes composés en 1830 et non destinés à la publication, ses œuvres picturales sont chargées d’allusions, métaphores, allégories, symbolisant une attitude contestataire et une exigence démocratique. En fait, la sensibilité sociale aiguë de Friedrich n’était peut-être qu’un aspect de sa foi chrétienne. Passage d’un symbolisme traditionnel de la pensée religieuse à un symbolisme inspiré par la nature. Le naturalisme n’a jamais intéressé l’artiste qui voulait créer des « paysages spirituels », des espaces reflétant un climat psychologique, une interprétation des forces de la nature. En effet, la véritable œuvre d’art doit sembler « emplie d’âme ». Une composition rigoureusement orientée sur le modèle de la nature ou construite selon les règles académiques peut être « parfaite », mais elle ne touche pas vraiment celui qui la regarde. « Le peintre ne doit pas seulement peindre ce qu’il a devant lui, mais également ce qu’il voit en lui. S’il ne voit rien en lui, qu’il renonce également à peindre ce qu’il voit devant lui ». Nous allons regarder ensemble des œuvres de Caspar David Friedrich et, j’espère vous faire ressentir ce mysticisme, cette spiritualité romantique, limite symbolique, et déceler ces « images intérieures » ressenties par l’artiste. L’analyse de ces œuvres doit trouver un juste milieu entre une lecture systématiquement allégorique, transcendante et religieuse de ces toiles pour y déceler tous les symboles et une lecture plus silencieuse où il paraît être superflu d’éclairer l’introversion romantique et la subjectivité individuelle de l’artiste. Quoi qu’il en soit, il me paraît indispensable de rappeler quelques éléments chronologiques de la vie de l’artiste. |
