Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres








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date de publication06.02.2018
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André Durand présente
Françoise XENAKIS
(France)
(1930-)

Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres

qui sont résumées et commentées.

Bonne lecture !


Née à Blois, le 27 septembre 1930, elle «prit son enfance de travers», ainsi qu’elle l’a confié. Elle fréquenta les lycées d’Orléans, de Paris, de Blois, de Romorantin, de Saint-Germain-en-Laye, et quelques institutions privées. Puis elle fit des études de droit et de psychologie.

À dix-neuf ans, elle rencontra Iannis Xenakis. Né en Roumanie, il s’était évadé de Grèce car condamné à mort, s’était réfugié à Paris où il était ingénieur, architecte et compositeur joué dans le monde entier. Elle l’épousa en 1953.

En 1956, naquit une fille, Mâkhi Xenakis, qui allait devenir peintre et sculptrice. Mâkhi était le surnom de l’héroïne qui avait sauvé son père à la guerre et avait été décapitée.

Françoise Xenakis travailla comme attachée de presse, pour l’enfance délinquante et l’alphabétisation des immigrants. Elle eut des activités politiques militantes.

Mais écrire devint sa principale façon de militer :

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‘’Le petit caillou’’

(1961)
Roman
Claude, adolescente de seize ans mal aimée et rejetée par sa mère, Jeanne. En pension en province, elle rêve à elle, s'invente jour après jour une mère idéale qui n'a plus de rapport avec la réalité. En effet, lorsque l'été arrive, et qu'elle la rejoint en Sologne où elle est institutrice, elle a l'impression que c'est une étrangère qui l'accueille. Or elle la surprend en flagrant délit avec son très jeune amant, un paysan dont elle est entièrement occupée. Claude essaie de se venger en le séduisant, s’installe dans la folie et en meurt.


Commentaire
Claude éprouve pour cette mère castratrice un amour-haine qui s’exaspère en obsession revancharde, puis en pulsion de mort.

De facture traditionnelle, le roman matérialise l’idée fixe sous la forme du «petit caillou» qui, référence à la dureté de la Terre-Mère, allait réapparaître comme un signifiant privilégié dans l’œuvre de Françoise Xenakis.

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‘’Des dimanches et des dimanches’’

(1965)
Roman
Une avalanche s’est déclenchée dans une station de ski. Elle a enseveli une jolie fille de dix-huit ans. Mais personne ne se soucie de sonder la neige, sauf sa mère, une humble femme, qui revient dimanche après dimanche pour chercher le corps avec un piolet dans la neige, tout en se rémémorant sa vie de femme divorcée, avec sa fille très jeune et de rares flirts. La retrouver devient une idée fixe, illogique puisque la petite est sûrement morte. Elle en a vaguement conscience sans pouvoir s'empêcher de revenir à la station toutes les semaines pour creuser, chercher. Et cela dure des dimanches et des dimanches tandis que la vie s'écoule comme d'ordinaire par ailleurs, que les plaisirs du sport d'hiver, la curiosité et l'indifférence rencontrée, accentuent sa souffrance. Seul un petit garçon de l’hôtel est fasciné par la fille disparue sous la neige et par la mère. Jusquà quand continueront les dimanches?

Commentaire
Le roman, qui est une cantilène de la solitude, de la désespérance d'une âme mal armée pour échapper aux mauvais coups du sort, prend une force presque épique, cette histoire d’un coeur simple étant marquée par la fatalité.

Dans ce qui est plutôt une description d’ambiance, les hôtes de l'hôtel sont dessinés avec de petits traits fins. «Deux skieurs passaient en riant et s'arrêtèrent, cherchant son regard, quêtant une approbation à leur joie, mais la femme ne voulut pas les regarder, eux, leurs belles dents et leurs yeux brillants.» - «Ce soir-là, ce fût un véritable festival de lieux communs, d'histoires lues, racontées partout, et arrivées décidément à tous

Des faits divers, surtout les mauvaises nouvelles des journaux, traversent le récit qui oscille entre les tons dramatique, triste, cynique, aigre, agressif, sensuel et féerique (grâce au petit garçon qui dit à son ami : «Viens m'aider. J'en ai déjà parlé à papa et à maman, ils sont d'accord. Puisqu'elle n'a plus d'enfant, je vais me prêter un peu à elle, pas pour de vrai, bien sûr, mais un petit peu.»).

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‘’Aux lèvres pour que j'aie moins soif’’

(1970)
Roman
Trois femmes seules qui «font métier de charité» dans une permancence sociale partagent la misère des marginaux à qui elles sont censées apporter de l’aide. Deux d’entre elles vivent, par personne interposée, la chronique que leur invente la troisième d’une vie à trois. Cette jeune mythomane dit avoir eu de «Lui» une «Enfant» imaginaire, affirmant : «L’essentiel est qu’elle ne reste pas boîteuse de l’enfance
Commentaire
Dans ce texte moderne, sans clôture, sorte de montage-collage, plusieurs discours s’entrecroisent, rendant la lecture d’abord malaisée, puis passionnante, au fur et à mesure que les trois chants se fabriquent, structurant une voix collective, la confusion et l’infiltration fantasmatique du réel, du social et de l’imaginaire. Les rappels obsédants, orchestrés par les silences-blancs, font affleurer toutes les résonances du non-dit de ce poème en prose.

On voit fonctionner l’identité compensatoire, se dégager un rêve de bonheur tendre, de vie à trois., Lui, Elle et l’Enfant.

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‘’Écoute’’

(1971)
Roman
Le texte évoque deux mères et deux fils militants dans un pays en guerre, avec la litanie des villages rasés, des enfants-troncs, des cadavres «fabuleuses sculptures abstraites» au napalm, gonflés par les eaux des digues rompues, des empalements, des pendaisons. L’une des mères vit reléguée dans une petite maison, depuis que son compagnon est mort après cinq mois de camp. Et elle se demande ce qu’est devenu l’enfant qu’on lui avait enlevé, qui fut placé dans une pension d’État pour enfants de déviationnistes? «Pourvu qu’il ne soit pas en train de refaire le monde […] pourvu qu’il le refasse et réussisse […] mais qu’il garde quand même le goût du bonheur.» Le jeune homme, qui a appris la révolution dans la montagne, meurt lentement, les mains enlacées dans les boyaux, tout comme le fils de l’autre mère, qui était las des révolutionaires en chambre.
Commentaire
La guerre dramatise la relation particulière de la femme-mère à la mort, en réduisant le trajet du ventre à la tombe.

Tout cet insoutenable est soutenu jusqu’au bout par une écriture dépouillée, qui tend plus vers le silence que vers le cri, et dont le lyrisme sait dire aussi bien le scandale du monde, la tendresse, l’amour profond de la vie et de la chair, avec un sens aigu des petits détails qui marquent le réel.

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‘’Et moi, j'aime pas la mer’’

(1974)
Autobiographie
Pendant plus de quarante-cinq ans, chaque été, Françoise Xenakis a vécu un enfer. Iannis, son mari, ne délaissait la musique que pour sa seconde passion, le kayak en haute mer. Mais pas seul, en famille. Afin que «son bonheur soit complet», disait-il. Tout le temps et par tous les temps, il fallait ramer. Et quand une crique, parfois, apparaissait, il fallait qu’elle soit déserte pour que femme et enfant puissent, enfin, se prélasser au soleil. Sinon, Iannis Xenakis remettait son fier esquif à l’eau. Qu’importe si, dans la manoeuvre, le bébé prenait l’eau en même temps que le barda familial. Il faut dire que le maître avait été champion olympique de la catégorie. Bref, Françoise Xenakis, qui n’aimait pas la mer mais aimait son mari, le haïssait (?) chaque été.
Commentaire
Cette histoire vraie en est une d’aliénation amoureuse d’une femme à un homme impérieux et égocentriique. Comme l’enfant, «ce bourgeon de lui», est en lien direct avec le père, elle ne se considérait que comme «le panier porteur». Une sourde révolte s’affirme dans ce roman qui est tout de même humoristique et où on retrouve avec bonheur l’écriture iconoclaste, le ton gouailleur de Françoise Xenakis.

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‘’L’écrivain ou la sixième roue du carrosse’’

(1975)
Essai

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À partir de 1977, Françoise Xenakis fut chroniqueuse littéraire au journal ‘’Le matin’’, placée à la tête du service '’Romans et vie des lettres', responsable du '’Matin des livres'’. Elle tint également la chronique littéraire de ‘’L'Express’’ et à l'émisssion ‘’Télématin’’ (France 2) où elle savait donner l'envie de lire les livres qu'elle présentait.

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‘’Elle lui dirait dans l'île’’

(1978)
Roman

Une femme seule et triste attend. Un homme, au loin, dans une île, souffre dans sa chair. Elle aurait tant de choses à lui dire, quand elle irait le voir... Jour après jour, heure après heure, voici trois ans qu'ils l'ont emmené et qu'il est prisonnier dans l'île. Elle vit seule en ville et toute sa vie est rythmée par la venue, au matin, du facteur qui doit lui apporter le reçu tant attendu, papier officiel qui lui permettra de se rendre sur les lieux où celui qu'elle aime souffre d'une détention physique et mentale insoutenable. Là-bas, le soleil brûle et les pierres sont rouges du sang versé... Les démarches administratives ont succédé aux attentes et queues innombrables. Mais elle ne perd pas espoir. Patiente, solitaire, elle attend, le cœur et la vie suspendus à ce bout de papier. Le jour tant espéré arrive et elle débarque sur l'île, tenaillée par une peur bestiale au ventre. Elle a tant rêvé cet instant, tant ressassé les moindres mots ; elle a au bord des lèvres, emmagasinés trois ans, des mots d'amour et de désespoir, la peur de ne pas être belle, de ne pas être forte et surtout l'angoisse de ce qu'il sera, lui, dans cet enfer dont elle ne veut pas percevoir la cruauté. L'heure qu'ils vont égrener ensemble, dans cette cellule hors du temps, est un supplice muet : lui, brisé de souffrance, s'efforce de se montrer le plus lâche possible pour qu'elle se détache et refasse sa vie. Elle s'efforce de retrouver dans cet inconnu silencieux et éteint l'homme fougueux qu'elle a aimé. L'île a dressé entre eux un mur qu'ils parviennent péniblement à franchir : leurs mains se rejoignent et se reconnaissent enfin à l'issue de l'entrevue qui scelle à jamais un amour sans lendemain. Trop vite, le gardien la fait sortir et l'accompagne au bateau tandis que, prostré, il se recroqueville dans un coin de sa cellule, enroulé dans la couverture qu'elle a tissée laborieusement avec toutes les robes qu'il lui a connues. Sourd à toute manifestation extérieure, il n'entend pas l'appel et la punition que cette faute engendre sera mortelle. Tandis que ses compagnons d'infortune, submergés de jalousie, s'arrachent les lambeaux de la couverture, il est conduit au supplice et les gardes, ivres de violence, ne comptent pas leurs coups. Sur le chemin du retour, elle pense à tout ce qu'elle lui dira, quand elle reviendra dans l'île...
Commentaire
«Elle» est certainement l'un des personnages les plus poignants de Françoise Xenakis. Avec colère, passion et lucidité, elle dénonce dans un long cri l'intemporel scandale de la guerre, les révolutions perdues, la mort au bout du chemin. Mais les personnages, «Elle» et «Lui», symbolisent tous les êtres du monde séparés par l'absurdité des humains ou des régimes. Dans ce contexte tragique, l'autrice élabore un chant d'amour, poignant et exalté, entre deux personnes, articulant leurs deux plaintes dans un champ contre champ littéraire mettant en évidence le contraste flagrant de leurs vies respectives. Leur amour passé est le seul lien qui les rattache encore l'un à l'autre, pour peu que la trop grande souffrance ne l'ait pas éteint... Ils vivent chacun dans l'attente de ce qu'ils se diront lorsqu'ils se reverront. Mais la pénible séparation libérera-t-elle le flot des mots? Ce roman, centré sur des retrouvailles verbales, se fait, paradoxalement, le creuset du silence.

Dans ce roman de pensées et de silences, qui juxtapose des mots criés en laissant la part belle au non-dit, à la sensibilité exacerbée, Françoise Xenakis atteint une grande maîtrise de l'écriture elliptique, du «texte fait de mots agencés à des blancs».

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‘’La natte coupée’’

(1982)
Roman
Très riche veuve d'un magnat de l'hôtellerie, Ada est un terrible despote qui tyrannise son entourage, qui s’impose dans les lieux chics qu'elle fréquente. Toutefois, ce comportement détestable cache un passé trouble : jeune, elle vécut dans un petit village grec où son amant avait été assassiné pour l'honneur de la famille. Elle fut bannie, dut fuir. Or sa fille, qui s’appelle aussi Ada, a disparu, et elle la recherche.

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1985 fut un tournant dans la production de Françoise Xenakis : elle choisit de traiter les sujets avec humour et dérision dans des romans tragico-comiques où ironie et tendresse se marient avec bonheur :

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‘’Zut ! on a encore oublié Mme Freud’’

(1985)
Biographies
Le livre dépeint les vies de Martha Bernays, Xanthippe, Adèle Foucher, la baronne Jenny von Westphalen, Alma Maria Schindler. Mais qui sont-elles pour mériter d'apparaître dans un livre? Ce sont les femmes de Freud, Sophocle, Hugo, Marx. Mais l'Histoire ne les a pas associées à la célébrité de leurs maris.

Pourtant Mme Freud, Martha Bernays, une gracieuse et sereine bourgeoise, fut une femme intelligente, efficace, qui parfois, grâce à son instict, comprenait mieux que son coincé de mari la psychologie féminine. Mais, lorsqu’elle évoqua son fantasme, elle se vit repoussée par Freud qui, dégoûté par cette idée, ne la toucha plus.

Xanthippe était jeune et fougueuse lorsque le vieux Sophocle demanda sa main. La femme-enfant allait très vite déchanter : après de premières nuits d'accouplements rapides et bestiaux, elle découvrit les vraies préférences sexuelles de son mari en le voyant faire, tranquillement dans la cour, une fellation à un très jeune homme. Elle ne supporta absolument pas la présence de ces jeunes coqs sous son toit. La vie ne fut plus alors qu'un calvaire pour elle. Fut-elle vraiment la méchanceté même?

Adèle Foucher n'apprécia pas l'appétit sexuel sauvage de son poète de mari, Victor Hugo. Elle le trompa avec l’ami de la famille, Sainte-Beuve. Hugo, estimant brisé le lien du mariage, reprit sa liberté sexuelle, se permit de conquérir d'innombrables femmes et de conserver quelques maîtresses, surtout Julie Drouet, qu'il lui fallait entretenir. Ce fut une souffrance pour Adèle, agacée par l'égoïsme de son mari. Fut-elle réellement aussi sotte?

Jenny von Westphalen était une jolie aristocrate qui n'avait pas eu à souffrir de la vie. Elle aima depuis sa jeunesse Karl Marx qui, génial et coléreux prophète, plus provocateur que véritable orateur, entendait se faire entretenir par des protecteurs bien naïfs. Mais il échoua, sa famille vivant dans les bas-fonds de Londres, étant écrasée par la plus noire misère, un des enfants mourant littéralement de faim. Ce qui ne l’empêcha pas d'engrosser la bonne !

À sa fiancée, Alma Maria Schindler, Gustav Mahler (dont une lettre est reproduite) demanda de renoncer à composer de la musique (alors que c'était une de ses passions) car il ne pouvait y avoir qu'un seul Mahler compositeur !
Commentaire
Dans ces passionnantes biographies semi-imaginaires et pimentées d'érotisme, Françoise Xenakis a voulu sauver de la médisance ou de l'oubli ces femmes illustrement inconnues, qui toutes ont vécu un amour hors du commun. Mais qu'il est dur parfois d'être l'épouse d'un grand homme ! Dans cette mise en lumière des femmes d’hommes célèbres, ceux-ci sont loin d'avoir le beau rôle.

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‘’Mouche-toi, Cléopâtre’’

(1986)
Biographie
Cléopâtre, reine orgueilleuse et passionnée, épouse de son frère, Ptolémée, de Jules César, de Marc Antoine, trahie par des hommes qui ne la valaient pas, fut aussi adolescente, amante et mère.


Commentaire
Clin d'oeil? provocation? le titre surprend. Comme surprend cette histoire pourtant très souvent racontée, Françoise Xenakis réussissant aussi à nous faire rire, en donnant à Cléopâtre sa verve et son humour impitoyable.

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‘’La vie exemplaire de Rita Capuchon’’

(1988)
Roman
Rita Capuchon, dont on a saccagé l'enfance, passe de la maison de redressement à l'hôtel particulier d'un milliardaire, sans oublier les tueurs aux mocassins verts et Bébert, le fils de la boulangère, tout droit sorti d'un feuilleton de Léo Malet. Inconsciente, déterminée comme seule une femme peut l'être, elle ne vit que pour se venger. Empêtrée dans ses contradictions, séductrice de haut vol, Cosette émotive ou tigresse farouche, elle n'en reste pas moins une grande dame.
Commentaire
Avec cette héroïne de pacotille, dont la vie est un joli mélo, une fois de plus, avec son humour corrosif et sa verdeur, Françoise Xenakis mit en pièces notre société dans un roman ironique et tendre.

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‘’Chéri, tu viens pour la photo’’

(1999)
Biographies
Françoise Xenakis rend un hommage irrévérencieux mais attendri aux époux de légitimes célèbres : Joseph de Nazareth, Denis Thatcher, M. Meyerson, le mari de Golda Meir.

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‘’Le temps usé’’

(1992)
Roman
Françoise Xenakis, en relatant une expérience de femme, celle de la vie quotidienne faite de joies, de tendresse et de regrets, voulut établir «un somptueux bilan positif sur la beauté de l'usure chez la femme de quarante ans...»
Commentaire
Le résultat est moins paisible que ce qu'espérait l’autrice, mais d'une beauté et d'une gravité touchante.

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‘’Attends-moi’’

(1993)
Roman
Menue, enfantine et presque muette, Jeanne Hervé, épouse Pottier, assiste en absente à son propre procès. Elle a assassiné son mari, Claude, pour tenir une promesse : il lui avait jadis demandé de le tuer s'il ne l'aimait plus. Or il s’était lassé, était parti pendant vingt-neuf jours, alors qu’elle se mourait d'amour, se promettait d'avoir toutes les compréhensions. Pourtant, revenu, il la gênait même si elle l'aimait et ne savait plus ni vivre avec lui, ni sans lui.

Pendant quatre jours d'audience, témoins et avocats racontent ce qu’ils savent de sa vie. Elle eut une enfance solitaire, où elle était incapable d'entrer en contact avec les autres ; puis, exaltée, elle fut en rébellion contre l’ordre, refusant de communier en prétendant qu'elle ne reconnaissait pas aux prêtres le droit de l'absoudre de ses péchés. Son «ensauvagement» s'était encore exagéré et c'est avec soulagement, indiquait la supérieure du couvent, qu’elle l'avait confiée à quinze ans à des familles pour soigner de grands malades. C'est ainsi qu'elle entra au service des Pottier, le père étant hémiplégique, la mère la traitant comme une boniche qui avait envoûté son petit garçon, les deux adolescents s'étant aimés, épousés. Leur union ressembla à bien d'autres : serments et trahisons, fidélités et petites tromperies… Un témoin vient même révéler que Claude était homosexuel. Mais son amour à elle était absolu et forcément tragique.

L'acquittement final («Au nom de l'amour, je demande l'acquittement de Jeanne Pottier.») ne peut satisfaire Jeanne, ne la détourne pas de donner elle-même une conclusion au drame.
Commentaire
Françoise Xenakis a mis sept ans à écrire ce livre bouleversant.

Il reçut le prix des libraires.

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‘’Désolée, mais ça ne se fait pas’’

(1995)
Roman


Conformément aux souhaits de sa famille, Mary O'Malley, fille de hobereaux irlandais, apprend, en sortant de l'église où elle vient d'épouser son voisin, Brian O'Neill, que sa soeur cadette, Grace, est enceinte de lui. Dans l'Irlande ultra-catholique de 1880, il y a des choses qui ne se font pas. Pour éviter d'aggraver le scandale, les familles ordonnent la séparation du couple, l'exil des amants, et celui, plus cruel encore, de Mary vers la lointaine Russie. Trente ans plus tard, l'une des deux soeurs traîne encore son misérable destin. L'autre, comblée de richesse et de succès, prépare en secret son retour au pays pour enfin assouvir sa soif de vengeance.

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‘’Maman, je ne veux pas être empereur’’

(2001)
Biographie
Alors qu’Agrippine, malheureuse d'être née femme et donc de ne pouvoir régner, perpétra les pires crimes pour assurer à son fils une digne carrière d'empereur, celui-ci lui aurait, selon Françoise Xenakis, rétorqué : «Maman, je ne veux pas être empereur». Car Néron, plutôt qu'un monstre sanguinaire, aurait été la victime de l'ambition maternelle Agrippine. Être empereur était au-dessus de ses forces, et il rêvait d'autre chose. D’ailleurs, il bâtit des routes ; encouragea le théâtre qu'il démocratisa ; fit cesser les jeux barbares qu'il remplaça par des courses. Et il souffrit de ne pas se sentir aimé par sa mère et, pour se libérer de son emprise, n'eut d'autre choix que de se débarrasser d’elle.
Commentaire
À travers des lettres et des mémoires pleins de vie, à mille lieues de l’Histoire officielle, avec sa provocation accoutumée, Françoise Xenakis démolit un mythe pour faire ressortir un personnage qu’elle rend plus humain, faire découvrir le sort, triste et commun, d'un homme victime de l'ambition maternelle.

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Iannis Xenakis mourut le 4 février 2001.

Françoise publia :

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‘’Regarde, nos chemins se sont fermés’’

(2002)
Autobiographie
C’est une ode que Françoise Xenakis chante à son «meilleur ami» pendant cinquante ans, le seul amour de sa vie, son «maître» né en Roumanie et évadé de Grèce car condamné à mort, «apatride à Paris […] l’artiste de nulle part et de personne». Elle dit adieu et amour à celui qui demandait : «Raconte-moi quelque chose de drôle», celui qui la perdait dans le maquis corse en lançant : «Regarde, nos chemins se sont fermés», celui qui manquait de la noyer sur des embarcations de fortune… Elle dévoile quatorze ans de maladie d’Alzheimer (qu'elle appelle la «maladie de l'indifférence»), où d’abord, il se perdit sur des chemins connus, où il commença des phrases sans pouvoir les terminer, où il dut s’isoler, où il ne reconnaissait plus Mâkhi. Puis ce furent les appels aux pompiers, les attentes aux urgences, le dévouement des uns et les incompétences des autres face à ce mal. Elle découvrit ainsi les exclus qui demeurent sur des brancards dans les couloirs des hôpitaux. Dans cette lente descente aux enfers dans la déchéance physique et mentale, il perdit un œil ; une cicatrice creusa sa joue à jamais. Elle prit soin de lui jusqu'au bout, fut à son côté à chaque instant, en essayant de toujours lui garder sa dignité humaine. La dernière phrase du livre montre le profond respect qu'elle lui portait, puisqu'elle se dit en paix en sachant que lui l'est aussi.
Commentaire
Ce récit n’est nullement larmoyant car la plume de Françoise Xenakis, si elle exprime de profondes émotions, demeure pourtant légère. Et il y eut malgré tout des moments de bonheur et d'espoir, qui tiennent souvent à des touchers de mains, à des regards ou à des sourires.

Elle a émaillé le texte d'extraits de ses autres livres parlant de son mari.

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‘’Danielle Mitterrand, la petite fille qui voulait être Antigone’’

(2006)
Biographie
Pour Françoise Xenakis, l’épouse du président de la république était trop têtue et indépendante pour avoir été bien comprise. Réfractaire au protocole, intuitive plus qu'intellectuelle, celle dont l'ancien président socialiste disait : «Elle est ma conscience de gauche» ne cessa de défendre bec et ongles ses principes. Non sans une certaine rigidité et quelques égarements, tel son soutien indéfectible à Fidel Castro.

L’ouvrage montre que, côté privé, en revanche, elle s'est vite résignée. Des maîtresses de son mari à la naissance de Mazarine, elle savait tout. Faisant une croix sur ses idéaux de jeunesse, elle prit à son tour des amants, dont Jean, un professeur de gymnastique qui logea au domicile du couple, rue de Bièvre, jusqu'en 1981.

À plus de quatre-vingts ans, elle continuait à se battre pour ses idées à la tête de la fondation France-Libertés qu'elle avait créée vingt ans auparavant.
Commentaire
«Rebouteuse pour femmes malmenées par l'Histoire», c'est ainsi que se décrit Françoise Xenakis dans la préface de cette biographie où elle ne cacha pas son admiration pour cette «résistante à vie».

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L’œuvre de Françoise Xenakis est sans grande unité, étant fracturée en plusieurs voix, en plusieurs chants, en plusieurs sujets individuels et collectifs qui communiquent et se relaient aussi bien à l’intérieur du même texte que d’un texte à l’autre.

Dans sa première manière, elle situa ses héros ou plutôt ses héroïnes (puisqu’elle choisit principalement comme protagonistes des femmes aux destins particuliers) dans un cadre tragique : la guerre, la mort et le désespoir. Ses romans s'articulaient autour des mêmes thèmes : la vie et l'amour face aux horreurs d'un monde déchiré par les armes et le sang.

Puis elle écrivit des œuvres ironiques.

Au total, elle produit une œuvre symphonique, qui joue sur la poésie du verbe et les rappels obsédants, pour exprimer, à travers une subjectivité inscrite dans le féminin, tout le combat des hommes qui se déchirent et toute la lutte des femmes contre les forces inéluctables de la vieillesse, de la solitude et de la mort.

Tirant profit de techniques typographiques variées (usage de «blancs», alternance de différents caractères, de différentes couleurs, suppression de la ponctuation, etc.), toujours à la recherche du terme qui traduira au plus près un sentiment déterminé ou un vécu, elle déploie une écriture dense, sensible, variée, une écriture elliptique, marquée au sceau d’une féminité déchirée bien que profondément assumée.

André Durand

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