Anonyme
Ou pièces d’auteurs qui ont signé par des noms de plumes, ou avec leurs initiales, et dont on sait peu de choses sur eux, ou alors leur auteur n’a pas été clairement identifié.
À mes compatriotes Air : Te souviens-tu, disait un Capitaine. Chaque pays, dit-on, a son Génie,
Qui le protège et veille à son bonheur;
Un jour celui de ma belle patrie
M’apparaissant me remplit de frayeur;
« Calme, dit-il, l’effroi qui te domine,
« Je suis l’ami du peuple canadien;
« J’ai craint de voir la discorde intestine
« Contre son frère armer le citoyen. « Vrais Canadiens, la sombre jalousie,
« Ne convient pas à vos coeurs généreux;
« Prêtez l’oreille aux voeux de la patrie,
« Et vous vaincrez vos ennemis nombreux.
« Si vos efforts sont combinés ensemble,
« De longs succès vous les verrez bénis;
« Qu’un même esprit à jamais vous rassemble!
« Pour être heureux, soyez toujours unis. » « Rappelez-vous votre source première,
« Rappelez-vous de qui vous êtes nés;
« Fils des Français, voyez l’Europe entière
« Suivre l’exemple offert par vos aînés. « Lorsque la voix du pays vous réclame,
« De vains débats doivent être finis!
« Que désormais son amour vous enflamme!
« Pour être heureux, soyez toujours unis. » Il avait dit et dans l’air il s’élance,
Par ses conseils soyons encouragés;
Et méritons par notre obéissance,
Les beaux succès qui nous sont présagés.
Si nous suivons du bienveillant Génie,
Les bons avis, le triomphe est certain!
Plus de discorde : Amour de la patrie!
Rallions-nous et donnons-nous la main. Un Canadien.
1831
À ma soeur L’adieu fraternel Tu vas quitter notre vallée ombreuse,
Et de nos bois les asiles si frais;
Le sort t’exile en de lointains palais,
À la cité puisses-tu vivre heureuse!
Oh! pour moi, j’aime mieux
Notre pauvre chaumière,
Cachée à tous les yeux
Sous son manteau de lierre. Fais tes adieux aux belles matinées,
Aux champs, aux fleurs, à l’oiseau des buissons;
Là-bas, vois-tu, plus de douces chansons;
L’oiseau se tait, les roses sont fanées.
Oh! pour moi, j’aime mieux
Notre pauvre chaumière,
Cachée à tous les yeux
Sous son manteau de lierre. Tu penseras à notre bonne mère,
Des pleurs alors viendront mouiller tes yeux;
Près d’elle, assis, ton frère plus heureux
Lui parlera de sa fille si chère.
Oh! pour moi, j’aime mieux
Notre pauvre chaumière,
Cachée à tous les yeux
Sous son manteau de lierre.
Autrefois
Jadis on voyait la richesse
Humble dans la prospérité;
On amassait pour sa vieillesse
Les plus beaux fruits de l’été.
À présent, nos maisons brillantes
Sont de petits palais de rois;
Pour mieux jouir on vend ses rentes...
Ah! qu’on était simple autrefois! Le temps mûrissait la science,
Le travail était un devoir :
Au sortir de l’adolescence,
À présent on croit tout savoir;
On est, en lisant la gazette,
Littérateur au bout d’un mois;
Ce qu’on entend on le répète...
Ah! qu’on était simple autrefois! On lisait Racine et Molière,
Corneille, peintre des Romains;
On trouve du bon dans Voltaire,
Le goût nous cause des chagrins,
Du code antique du Parnasse
Nos rimailleurs bravent les lois;
Le romantisme le remplace...
Ah! qu’on était simple autrefois!
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