télécharger 1.04 Mb.
|
En cas de problème, contactez la réception en faisant le 0 » Voilà une idée qu’elle est bonne, comme disait Coluche (j’ai choppé l’expression auprès d’une collègue plus âgée qui l’emploie régulièrement… et je reconnais tristement être incapable de ne pas l’utiliser quand quelque chose me gonfle grave pour parler cette fois-ci comme mes étudiants). Appelons donc l’accueil. Il n’est même pas 22 heures et je ne risque pas de tomber sur un veilleur de nuit dont la principale fonction est généralement de dire qu’il ne sait pas vous répondre et qu’il faudra voir demain. Ce journal télévisé, il faut que je le regarde maintenant ! - Réception, bonsoir… - Bonsoir madame.. Chambre 22… Je voudrais savoir comment on peut bénéficier de l’accès au réseau wifi s’il vous plait. - Il vous faut un code d’accès… Voilà le genre d’informations qui me pousse à bout en très peu de temps. Cela ne prend même pas une seconde pour que la fumée me sorte par les narines. Evidemment qu’il faut un code d’accès !… Il faut toujours un code d’accès !… C’est même pour l’avoir que j’appelle… D’un autre côté, je sais pertinemment que ce qui est une évidence pour moi ne l’est pas forcément pour tous les clients et qu’il est logique que la dame de l’accueil commence par le commencement. Et puis, c’était peut-être à moi aussi d’être plus précise sur ce que je voulais. Je bride donc mon impatience en attendant la suite de l’explication. - Le code est disponible à la réception… - Vous pouvez donc me le donner? - Non, je ne peux pas… Vous devez venir le chercher. C’est un peu surréaliste. Ils ont le code à l’accueil de l’hôtel. Je suis en communication avec l’accueil. L’accueil ne peut pas me donner le code. Comme quoi il n’y a pas que dans les administrations qu’on peut endurer ce genre de scène à la Kafka. D’ici à ce qu’on me demande de fournir un autre code en échange de ce code… - Très bien… Je descends… A tout de suite. Je replace le téléphone sur son support fixé dans le mur. En me retournant, je croise mon visage qui semble s’être égaré dans le miroir. Tout de suite ?… Cela me parait tout d’un coup très optimiste comme perspective. Je suis juste en dessous, les cheveux en vrac, les yeux noircis par le maquillage que je n’ai pas enlevé… Et, pire que tout, mon haleine est un mix inédit entre rosette de Lyon et fourrage à la fraise. Un must ! J’essaye par télépathie de prévenir la réceptionniste que ma venue prendra un peu plus de temps que prévu. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression qu’elle s’en doute déjà. Il y a des choses qui se comprennent sans les dire. Coups de peigne, brossage dentaire énergique (et double !), enfilage de nouveaux vêtements (plus décontractés que dans la journée mais toujours « smart ») me permettent de retrouver une figure à peu près humaine. Suffisamment en tous cas pour retourner fréquenter une humanité qui risque de me reconnaître ou, faute de me connaître, de me juger sur mon apparence. C’est mon plus grand effort au quotidien depuis trois ans : accepter que le regard de l’autre puisse voir en moins autre chose que mes capacités intellectuelles. J’ai toute ma vie rejeté ce culte des apparences – et je continue à le rejeter avec conviction – mais j’ai appris aussi qu’il fallait faire semblant. Y compris faire semblant de se sentir à l’aise, bien dans sa peau, épanouie. La vie ne fait jamais de cadeau aux moches, aux déprimées, aux solitaires. Capice signora ? Les dix minutes de relooking express n’ont pas laissé le temps à la réceptionniste d’atteindre la fin de son service. C’est une véritable aubaine ! Je n’aurais pas à m’entendre expliquer à nouveau qu’il faut un code pour se connecter au réseau wifi de l’établissement et patati et patata. Déjà ça de gagné ! Je récupère donc mon code tout en souplesse et en sourires, souhaite une bonne nuit au personnel, croise un ou deux pontes de la profession qui ont le bon goût de ne pas me (re)connaître. L’icône réseau sur l’écran de mon ordi clignote frénétiquement depuis tout à l’heure. Voilà de quoi le calmer ! Je clique, choisis le réseau de l’hôtel, entre la succession de lettres et de chiffres et me voilà connectée pour 24 heures ! Au vrai, je n’en demandais pas tant : une demi-heure au maximum me suffira. Ludmilla n’ayant pas précisé la chaîne sur laquelle Maximilien Lagault s’est livré à son attaque en règle contre moi, je me trouve réduite à un choix pathétique et quasi-cornélien. Dois-je opter pour le service public sur lequel la main du pouvoir s’est dernièrement faite plus lourde ou pour la principale chaîne du secteur privé dont le patron se trouve être un ami proche du chef de l’Etat ? Autrement dit, qui peut bien avoir décidé d’inviter ce soir Maximilien Lagault pour commenter l’actualité ? Maximilien Lagault est ce que dans le journalisme on appelle un bon client : il parle clairement, passe bien à l’écran, apparaît toujours d’humeur égale et fonde sur tout cela sa stature de « nouvel instituteur national ». Il paraît capable de parler de tout, brasse des connaissances encyclopédiques, assomme l’auditoire par sa faconde et distille toujours le même venimeux poison : celui qui en fait un de ses « idéologues » bien en cour à l’Elysée. Dans le détail, bien sûr, les connaissances apportées sont imprécises, voire fausses ; elles sont aussi interprétées dans le sens qui convient à l’orateur. De tout cela, bien sûr, il ne sera rien relevé. Par ignorance de l’interviewer ou par complicité dogmatique, difficile à dire. Au hasard, je choisis le site de la grande chaîne privée qui baisse. Bingo ! Après un court écran publicitaire – il faut bien que le net vive ! – la grande prêtresse du 20 heures déploie ses boucles blondes et annonce un « invité exceptionnel ce soir, Maximilien Lagault, qui est en duplex avec nous depuis Blois où il participe aux Rendez-Vous de l’Histoire ». Dans un petit rectangle en haut à droite, le romancier apparaît, le micro en main, campé devant l’entrée du château. Je repense à l’image donnée par Jean-Marc Néjard d’un Maximilien Lagault se repliant toujours sur des positions préparées à l’avance. Force est pour moi de constater que ces positions étaient à la fois proches du lieu de sa « défaite » (le château) et lointaines (Boulogne-Billancourt où se trouvent les studios du journal télévisé). C’est sans doute ce qu’on appelle avoir le bras long. Je squizze les infos du jour (cas de maltraitance sur personnes âgées, agression au couteau en plein Paris, contre-attaque de Berlusconi… que du classique et du lourd !) jusqu’à atteindre le moment où le futur académicien revient en fenêtre sur l’écran. Je tremble un peu en enfichant les écouteurs dans mes oreilles. Je sais que ce que je vais entendre ne sera pas agréable et que, pour que Ludmilla m’ait prévenue, le gars Lagault a dû y aller fort. D’un autre côté, savoir à l’avance que ça va cogner me permettra de mieux encaisser et de me concentrer sur les arguments avancés afin de les contrer dès demain. Car, avant même que j’écoute ce qu’il va dire de moi, avant même que la bave du crapaud atteigne la blanche colombe que je m’imagine être, une chose est déjà sûre. Cela n’en restera pas là. - Maximilien Lagault, bonsoir. - Bonsoir. - Faut-il vous présenter, monsieur Lagault ? D’entrée, et sans surprise, on retombe sur ce poncif de communicant. L’invité est célèbre et donc il n’est pas besoin de le présenter. Pour bien montrer cette célébrité, on va poser la question de la pertinence d’une présentation en semblant tendre vers un non comme réponse. Et, dans un troisième temps, évidemment, on présente quand même. - Vous êtes historien, essayiste et romancier. Votre dernier ouvrage porte sur Cent ans de guerre que vous sous-titrez la Première Grande Guerre des Français… Depuis plus d’un quart de siècle, votre œuvre a résonné dans tout le pays, apporté aux Français la connaissance de leur Histoire, d’une histoire qui, dites-vous, n’est plus connue, n’est plus sue par nos concitoyens. Comment en êtes-vous venu à faire ce constat accablant ? Où est l’information dans tout cela ? Cela fait cinq ans déjà que le grand Maximilien a enfourné ce cheval de bataille, celui du passé de la patrie outragé, humilié, martyrisé (pour parler comme un grand homme de lettres français). Cinq ans qu’il défend ses idées sur les plateaux de télé, dans les émissions de radio, dans les colonnes des journaux. Voilà ce qui me sépare malheureusement du grand public, de cette « ménagère de moins de 50 ans » qui aujourd’hui d’ailleurs peut porter la moustache ou jouer encore à la poupée tant on se soucie de moins en moins de qui regarde. Ce tour de passe-passe pseudo-journalistique, je le vois gros comme une maison ; il est aveuglant de vulgarité. Pourtant, une info chassant l’autre, combien vont faire ce constat que le père Lagault on l’a déjà vu la semaine dernière sur une autre chaîne ? Combien vont se rappeler qu’il y a trente ans, il faisait de Marx un grand penseur ? Combien vont pointer l’aspect matraquage de ses passages à la télé ? On applique aujourd’hui ni plus ni moins aujourd’hui en communication politique les recettes marketing développées pour vendre des 45 tours dans les années 60. Et le pire c’est que ça marche encore. - Ecoutez madame, je suis aujourd’hui dans cette belle ville de Blois où est réunie l’élite intellectuelle de la science historique nationale. A votre avis, combien de nos jeunes savent qu’il y a dans cette ville de Blois un château splendide? Combien peuvent dire de quelle époque il date et quels rois l’ont fait bâtir et l’ont embelli ? J’imagine sans peine les enseignants de collège et de lycée, devant leur poste de télé, lancer « Les miens ! » à l’écran… ou bien reconnaître la tête un peu basse qu’ils ont préféré étudier Chambord, Chenonceau ou Fontainebleau parce qu’il y avait un dossier documentaire dans le manuel de leurs élèves. - Comment peut-on construire un avenir commun si on ne s’appuie pas sur de solides fondations ? Le château de Blois, cette merveille de l’art Renaissance, ce joyau qu’ont aimé Charles VIII, Louis XII, François Ier, Henri II… Je tique sur Charles VIII et me promets de vérifier dans la foulée de cette diffusion s’il ne s’agit pas d’une de ces boulettes dont le camarade Maximilien est coutumier. - Tout cela, continue-t-il, ce sont les fondations de notre pays. J’ajouterai pêle-mêle Versailles et les plages du débarquement, la cathédrale de Strasbourg et la forteresse d’Alésia, les capitulaires de Charlemagne et l’abbaye de Vézelay… Inventaire à la Prévert qui ne peut qu’éveiller effectivement un sentiment chez le téléspectateur. Le même que celui des enseignants : connaître et se dire que, oui, décidément on est Français ; ignorer et se mortifier de ne pas savoir. Pour le coup, les capitulaires sont merveilleusement amenés. Si 1% des Français sait de quoi il s’agit, c’est bien un grand maximum. Si j’avais été à la place de la journaliste, j’aurais fait remarquer avec délicatesse au futur Immortel que Charlemagne était un souverain qui parlait le germanique et dont la capitale était Aix-la-Chapelle. Cela aurait peut-être arrêté la litanie pleurnicharde de ce qui devrait être connu des Français et ne l’est plus. - Savez-vous qu’aujourd’hui les programmes n’évoquent plus la bataille de Marignan ? Ce 1515 que nous avons tous appris à l’école ne représente plus rien dans les générations qui montent. Voilà pour moi la preuve, une parmi tant d’autres, de cette déconstruction de la nation qui est largement à l’œuvre dans notre pays depuis trente ans. Quand nos voisins, nos rivaux dans le monde, sont fiers de leur histoire, nous, nous ignorons la nôtre. Que peut-on bâtir sur cette ignorance-là ? Sûrement pas un pays respecté… Et encore moins une République forte, assumée et assurée. - Il se trouve cependant des personnes pour considérer que votre discours, s’il est rassembleur, se trouve en même temps exclure ceux qui ne pensent pas comme vous… Ouh là ! La blonde lui envoie ce qui ressemble fort à une objection… Déguisée il est vrai derrière un « il se trouve des personnes » qui évite de s’inclure dans le nombre. - J’ai cru savoir, poursuit la présentatrice, que cette après-midi même, vous avez été violemment contesté par une jeune universitaire sur vos idées. Tiens donc ! Elle a « cru savoir »… Soit il y avait un journaliste présent dans la salle du Château et l’info est arrivée dans toutes les rédactions via le fil de l’AFP ou d’une autre agence. Soit tout cela est cousu de fil blanc et c’est ce cher Maximilien Lagault qui a demandé qu’on le lance sur cette question. Encore un petit quelque chose qu’il me faudra vérifier à la fin… Même si je connais déjà la réponse. - Nous touchons là, voyez-vous, aux malheurs de notre époque, au fruit d’une instruction qui a été négligée depuis des années. La personne que vous évoquez, et dont je ne donnerai pas le nom pour ne pas lui faire une publicité qu’elle ne mérite pas, est l’exact produit de ce système que je dénonce. C’est quelqu’un qui, me dit-on, à une très grande qualité et des mérites professionnels reconnus. Fort bien, acceptons la chose faute de pouvoir s’y opposer vraiment. Mais en quoi croit-elle, cette jeune femme ? En quoi place-t-elle sa confiance ? Quelles sont ses valeurs ? Où prend-elle ses certitudes ? Tout cela est vague, flou, sans âme, dans ses propos lénifiants comme dans ses recherches. C’est froid, c’est désincarné, cela n’intéresse personne car cela ne parle à personne. Poser des questions sans cesse, interroger ce qui est reconnu depuis longtemps pour mieux le détruire, se faire un nom par des idées iconoclastes, voilà ce qui aujourd’hui motive ces jeunes « chercheurs »… et je mets le mot chercheur entre de forts guillemets. Il est aujourd’hui plus « intéressant », plus « porteur », de salir Louis XIV que de célébrer ce qu’il apporté à notre culture. On en vient même à contester qu’il eût été un souverain absolu et on fait du Roi Soleil un astre bien pâlichon. - Vous avez pourtant tout à l’heure parlé pour qualifier ces chercheurs, je vous cite, d’élite intellectuelle de la science historique nationale… - Et je le redis… Tous ces historiens rassemblés ici sont de beaux et grands esprits… Il n’allait pas dire le contrainte. Il se serait rayé automatiquement, en tant qu’historien revendiqué et autoproclamé, de ces fameux beaux esprits. - … mais il faut faire une différence, poursuit-il, entre ceux qui cherchent à comprendre ce que nous sommes, d’où nous venons et parfois même qui réfléchissent à là où nous allons… et puis les autres, ceux qui comme mademoiselle T. se passionnent pour la destruction systématique de tous nos cadres culturels, ceux qui définissent ce que nous sommes, au nom de ce qu’il faut bien appeler la quête individualiste d’une certaine gloire. Vous connaissez les propos d’Andy Warhol sur les minutes de célébrité promises à tous dans une vie, eh bien nous avons là, dans le cas qui nous occupe, quelqu’un qui ne vise que cela. Par tous les moyens, même les plus immondes et bas… Oh, non ! Je le vois arriver là où il voulait en venir depuis le début. Il ne veut pas donner mon nom, il me rabaisse à une simple initiale mais c’est pour mieux me présenter sur un autre plan qui ne laissera guère d’équivoque sur mon identité. - … Mademoiselle T., dans sa quête de gloire personnelle, ne s’est-elle pas prêtée au scandale d’une émission de télé-réalité il y a quelques années… Emission dans laquelle on a pu l’apercevoir entièrement nue… Voilà !… Voilà !… Et ce sont des personnes de cet acabit qui se permettent de vous donner des leçons de morale, qui veulent vous imposer leur vision des choses et du monde. Si nous ne nous recentrons pas sur ce qui nous a fait, si nous n’écartons pas la tentation individuelle pour retrouver les vertus d’une collectivité soudée, nous sommes condamnés. Chanter les principes républicains pour mieux se cacher derrière, voilà ce qu’on nous propose. Moi je dis qu’il faut insuffler de l’histoire et de l’affectivité dans le rapport à la nation, et non plus seulement tenir un discours abstrait sur la République et la triade Liberté-Egalité-Fraternité. - Merci pour ces explications, monsieur Lagault… Vous restez durant tout ce week-end de conférences et de débats à Blois ? - Je donne dimanche matin une conférence sur la guerre de Cent ans qui, comme vous l’avez rappelé en préambule, est le thème de mon dernier ouvrage… Et j’effectue deux séances de dédicaces. - Nous vous souhaitons donc un bon week-end studieux à Blois… C’est l’alpiniste de nos villes, l’homme araignée, le français Alain Robert vient de gravir une nouvelle tour… Je clique sur « pause » et prend le temps de rassembler mes esprits. Me voilà bombardée par un des idéologues les plus médiatiques du pouvoir, grande prêtresse du Mal et quasiment condamnée déjà à l’indignité nationale. Cela fait beaucoup pour un simple entretien de quelques minutes où, sans être nommée, j’ai été flétrie et trainée dans la boue. A travers moi, c’est toute une forme de pensée qui était visée, une pensée indépendante et curieuse, fondée sur l’analyse plus que sur la croyance, plus soucieuse de comprendre que d’idolâtrer. En tant que chercheuse, mon but n’est pas de dire ce qui est bien ou ce qui est mal, ce qu’il faut penser ou ne pas penser. Je suis là pour essayer d’éclairer le passé, pour tenter, à partir de lambeaux d’Histoire, de reconstituer une trame assez solide pour que d’autres, après moi, puissent encore y trouver matière à réfléchir. Et notre but n’est pas d’établir la vérité, si chère à Maximilien Lagault, celle à laquelle il faudrait se fier dévotement parce qu’elle serait la bonne, mais de cerner des vérités, celles qui ont pu exister selon les moments. En citant Alésia, le romancier a rattaché la France à la Gaule et à Vercingétorix. Tout esprit curieux des choses du passé sait bien que les Gaulois ne peuvent être nos ancêtres (ils n’étaient eux-mêmes que des envahisseurs récents), que Vercingétorix avait servi dans la cavalerie romaine avant de se proclamer chef de guerre des peuples celtes et que c’est seulement sous Napoléon III qu’on a trouvé une certaine grâce à ces populations que César avait massacré aussi bien dans le réel que dans ses écrits. Le problème est donc de savoir si on décide qu’un mensonge avéré est vérité d’évangile ou que toute vérité n’est que partielle et susceptible de remises en cause fréquentes. J’en aurais eu des choses à dire pour contrer les affirmations sentencieuses de Maxime Lagault. Je doute cependant qu’un droit de réponse me soit accordé sur la même chaîne et au même horaire. On sent bien dans toute cette séquence que la présence de Maximilien Lagault à Blois n’aura été qu’un prétexte pour une nouvelle « sortie » médiatique : des « Rendez-Vous » on n’aura entendu que le nom et la précision de la ville dans laquelle ils se tiennent (avec carte postale en arrière-plan). Même le thème de cette année, le corps, n’a pas été évoqué. Sans en sourire le moins du monde, je me dis que ce thème-là aurait embarrassé Lagault après les révélations croustillantes qu’il venait de faire sur mon compte. On ne lui a pas davantage demandé d’expliquer en quoi il voyait dans la guerre de Cent ans la première Grande Guerre du peuple français. Encore un objet discutable que ce peuple français en plein milieu du XIVème siècle ! Que pouvait bien vouloir dire être Français en Guyenne (elle regardait vers l’Angleterre), en Provence (elle demeurait encore officiellement au sein de l’Empire germanique) ou en Bretagne (elle ne faisait même pas partie du royaume) à cette époque ? L’idée de Maximilien Lagault, consistant à transplanter dans le passé une réalité bien postérieure, était aussi baroque que de considérer un lavoir comme une machine à laver. Vérifications faites, pas d’information sur le fil AFP concernant l’esclandre au château de Blois entre le dogmatique théoricien d’une nation rassemblée autour de son Histoire et sa flamboyante contradictrice. Pas plus que de Charles VIII à Blois qui préférait le séjour, pourtant fort proche, d’Amboise. Pour finir cet « after » cérébral, petit message sms rapide à Ludmilla pour la remercier et la prévenir que je ne compte pas en rester là. Il est 22 heures. Je n’ai plus sommeil. Toutes les conditions sont donc requises pour que je prépare la contre-attaque. Je pourrais ameuter l’honorable confrérie des professeurs d’universités, prendre à témoin la cohorte des agrégés des torts qui me sont faits. A quoi bon ?… Il en est de ces groupes comme de tous les groupes professionnels. Unis et soudés lorsqu’il faut faire face à la menace extérieure, ils sont en fait minés de l’intérieur par les rivalités, les ambitions contrariées, les oppositions dogmatiques. De toutes les façons, je n’ai pas ancré en moi ce genre de réflexe. Toute petite, je ne comptais pas sur les autres pour me défendre… De là les fréquentes visites de maman à mes institutrices pour s’entendre reprocher la manière dont sa fille réglait ses problèmes… Généralement, je tirais les cheveux. Impossible à faire, hélas, avec Maximilien Lagault dont la large calvitie évoquerait à elle seule la déforestation amazonienne. Je pourrais faire un communiqué de presse pour protester contre les attaques du romancier et démonter ses affabulations historiques. Et ensuite ?… D’abord je ne sais pas comment on fait ce genre de choses : décroche-t-on son téléphone pour appeler un canard quelconque, demander un journaliste, lui dire ce qu’on a sur le cœur et attendre qu’il en fasse une brève qui sera peut-être ensuite reprise par le reste des médias. Je doute cependant qu’il y ait, à cette heure qui s’avance dans la nuit, un rédacteur en chef prêt à chambouler sa future édition pour inclure un entretien exclusif avec « la strip-teaseuse universitaire qui conteste Maximilien Lagault ». Ce serait me donner une importance que je ne mérite pas. Je ne me sens pas porte-drapeau d’une révolte. Je ne me considère pas comme une égérie de quoi que ce soit. J’essaye juste d’être moi-même et en conformité avec ce que je pense… Et c’est déjà très compliqué à vivre au quotidien. Je pourrais faire un coup d’éclat. Boucler mes valises et quitter l’hôtel de manière suffisamment spectaculaire pour que tout le restaurant de l’ |
![]() | «patente de santé» doit être remise, dans les vingt-quatre heures de mon arrivée, à la mairie de Saint-Sébastien, afin qu’on puisse... | ![]() | «héritier fils et roi» de la famille dut subir, auprès d'une nourrice, «vingt-cinq ou vingt-six mois» de séparation, qui semblent... |
![]() | «avec une autre casquette», je vous envoie toujours un courrier en vous demandant de m’excuser auprès de la population lorsque je... | ![]() | «Virements de crédits du compte 022 au compte 657362 dans le budget communal et ouverture de crédits au compte 74 et 6562 dans le... |
![]() | ... | ![]() | «ville capitale» y présenter son «feudal hommage au saint roi Louis neuvième du nom», en compagnie de son page, Mouscaillot qui,... |
![]() | «double Docteur» Antoine denis était Officier dans l’Ordre National du Mérite. Membre de nombreuses sociétés littéraires, IL fut... | ![]() | |
![]() | «bus» (ensemble de fils autorisant le passage des informations entre ces quatre secteurs de l'automate). Ces quatre parties réunies... | ![]() |