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Sept jours en danger… - Je sais bien que c’est abuser mais vous pourriez me donner un autographe ? Je trouve cela complètement délirant mais je m’exécute dans un réflexe quasi-pavlovien ; ce n’est malheureusement pas la première fois qu’on e demande ça. En général, je nie être la personne dont on me parle, évoque une homonymie qui m’a déjà beaucoup desservie par le passé. Aujourd’hui, et après les propos de Maximilien Lagault la veille, il m’est impossible de me dérober et de nier. Bien que nous soyons dans un festival d’Histoire, ce n’est pas à l’historienne qu’on demande une signature mais à l’ancienne « vedette » d’une émission glauque de télé-réalité. C’est quelque part à en pleurer. J’avale difficilement le pain au chocolat, refuse le café qu’on me propose pour l’accompagner. Peu à peu, je retrouve des sensations normales. Peu à peu, mon esprit se remet en marche. Le choc est passé et ce sont désormais les questions sans réponses qui affluent dans ma tête… ainsi qu’une idée qui me maintient dans ma sensation de malaise. Ce crime me privera à jamais de la possibilité de défendre ce que Lagault avait attaqué hier soir au journal télévisé : mon intégrité et mon honneur. Voilà donc ce que mon inconscient a compris tout de suite, lui, lorsque j’ai entendu la nouvelle dans la voiture de Jules : l’impossibilité d’une vengeance. Cette révélation me consterne. - Vous vous sentez mieux ? demande la bavarde. - Je crois, oui. Après tant de sollicitude, je ne vais pas abuser de la gentillesse de ces trois gamines en leur communiquant les raisons de mon vague à l’âme. - Vous voulez que je vous accompagne dans l’amphi rouge ? me propose la collectionneuse d’autographes dont je parais m’être attiré à jamais les bonnes grâces. - C’est compliqué à trouver ? - Non, répond-elle, mais il y a un escalier un peu raide et dans votre état… Je voudrais bien lui faire remarquer que mon état ne regarde que moi mais la fierté a des limites. Je me sens comme une chiffe molle, avec autant d’énergie qu’une vieille pile oubliée depuis des années. Tomber dans un escalier ne serait pas la meilleure manière de préparer mon intervention. - Vous êtes gentille… Décidément, après la conversation avec Jules cette nuit, c’est la seconde fois en peu de temps que je sens le poids des années me revenir à la figure. Ces jeunettes s’occupent de moi comme si j’étais une vieille. - Vous êtes sûre que vous avez assez mangé ? Vous êtes toujours livide… Mangé ?… Bien sûr que non, je n’ai pas mangé. Mon estomac refuse toute nourriture le matin… A plus forte raison quand j’ai quelque chose d’un peu stressant qui m’attend à la suite. Là c’est carrément le blocage. Je sais qu’à midi je n’aurais pas faim, qu’à 14 heures je n’aurais toujours pas faim… Et ce ne sont pas les gaufrettes grignotées la veille au soir qui vont me tenir au ventre. - Vous pourriez aller me chercher quelque chose dans la boulangerie la plus proche ? demandé-je. Vous avez raison, je crois que je fais une sorte d’hypoglycémie. - On n’est pas censées bouger de là, explique la bavarde déjà prête à se retrancher derrière le règlement. - D’un autre côté, on est trois et il n’y a pas encore grand monde, rétorque la fanatique de mon passé télévisuel. Moi je veux bien y aller… Qu’est-ce que vous voulez ? Je lui fais signe d’approcher, lui glisse un billet de cinq euros dans la main avant de lui chuchoter ma commande. - Vous êtes sûre que vous voulez ça ? Elle se retient d’ajouter « A votre âge ?! », je le sens bien. - Oui, oui, la rassuré-je, je sais ce que je dis… Quand j’ai ce type de défaillance, il n’y a que ça qui me requinque rapidement. - Il paraît que vous avez fait un malaise ?… Quelque chose dans la voix de Jean-Marc Néjard ne relève pas de la seule inquiétude sur ma santé. Il craint sans doute de devoir annuler au dernier moment la conférence ce qui n’est jamais bon pour un organisateur quand bien même les places ne sont pas payantes. On pourrait s’attendre à ce que le public d’une telle manifestation soit éduqué et bon enfant. J’ai pu me rendre compte la veille, en écoutant malgré moi quelques dialogues en ville, que les frustrés l’ont en général « mauvaise ». Qu’ils n’aient pu entrer faute de place dans une salle trop petite ou qu’ils aient été déçus par le débat, ils ont la dent dure pour l’organisation. - Ca va aller, dis-je en montrant les petites boules rouges éparpillées devant moi sur le pupitre. - Vous mangez ça maintenant ? s’étonne-t-il. - C’est petit, ça se mâche à peine et c’est plein de sucre. Exactement ce dont j’ai besoin en ce moment… Il faut dire qu’avec ce que je viens d’encaisser… - Vous voulez parler de ce qu’il a dit hier soir au journal ?… On m’a rapporté ça au restaurant où je dinais avec les gens de l’APHG qui venaient d’arriver de Paris. C’était infâme comme attaque. Je considère Néjard avec étonnement. Est-il possible qu’il ne soit pas au courant ? Il sent mon trouble et m’interroge. - Il y a autre chose ? - Vous n’avez pas écouté la radio depuis ce matin ? - Non, je ne prends pas de voiture… Je vais d’un site à l’autre à pied… Pourquoi ? Que s’est-il passé ? - Il a été agressé cette nuit. Il serait à l’hôpital et peut-être déjà mort. Depuis le début de notre dialogue, nous n’avons prononcé ni l’un, ni l’autre le nom de ce « il ». Jean-Marc Néjard est le premier à rompre cette sorte d’accord tacite par une exclamation qui concentre à la fois surprise, abattement et consternation. - Lagault ? - Oui, réponds-je. Je n’en sais pas plus… C’est tout ce qu’ils ont dit à la radio… Vous ne trouvez pas cela étrange que vous, je veux dire l’organisation, n’ayez pas été mis au courant plus tôt. Après tout, c’est bien pour participer aux Rendez-Vous qu’il était ici… Et Blois n’est pas une métropole mondiale, les informations peuvent circuler rapidement d’un point à l’autre de la ville. - Je vais me renseigner, dit-il en récupérant dans la poche de son pantalon son téléphone portable. J’enfourne dans ma bouche trois fraises Tagada que je mastique en laissant le glucose irriguer peu à peu tout mon corps. Je sens revenir mes forces de minute en minute. Dans un quart d’heure, à l’heure H, je sais que je serai capable d’assurer. C’est déjà ça ! Jean-Marc Néjard, qui s’était éloigné dans un coin sombre de la salle, revient vers moi, la mine renfrognée. - Ils viennent à peine de l’apprendre à la Halle aux Grains… En pleine ouverture officielle. Les seules infos fiables qu’ils ont reçues de la police, c’est qu’il a été agressé vers trois heures du matin alors qu’il sortait d’une maison près de la cathédrale Saint-Louis. Il serait amoché mais vivant. Voilà, c’est tout !… Egoïstement, le seul fait qui compte à mes yeux est qu’il soit vivant. Pour le reste, il n’a simplement pas eu de chance en tombant sur quelqu’un qui cherchait une victime à détrousser. - Blois est dangereuse la nuit ? - Pas vraiment… On est quand même plus en sécurité ici que dans bien des grandes villes. Les petites rues autour de la cathédrale ne sont pas réputées pour être un repère de voyous. Ce serait même plutôt l’inverse… - Et la cathédrale, elle est loin de mon hôtel ? - Pourquoi demandez-vous cela ? - Pour savoir si j’aurais pu entendre quelque chose si je n’avais pas été assommé par le somnifère que j’ai avalé. - S’il y avait eu une tempête de sirènes de police, cela vous aurez sans doute réveillé, mais à cette heure-là, il n’y a personne en ville et même l’ambulance qui l’a emmené à l’hosto n’a pas dû utiliser ses avertisseurs sonores. L’hôpital étant sur la route nationale vers Orléans, elle a dû passer pas loin de votre hôtel. Donc, si vous n’avez rien entendu, c’est qu’ils ont été discrets. Jules, lui, disait qu’il avait entendu quelque chose. L’heure pouvait convenir mais il avait dit « dans le lointain » ce qui paraissait devoir exclure le quartier de la cathédrale. - Vous voulez une fraise, Jean-Marc ? La salle se remplit lentement. L’auditoire ne se précipite guère car l’amphithéâtre semi-circulaire est vaste et il est manifeste qu’il sera loin d’être plein au début de la conférence. De plus, dans le couloir qui le dessert, une exposition retrace les éditions précédentes des Rendez-Vous de l’Histoire en présentant les affiches et quelques-unes des personnalités invitées pour chacune de ces années. Cela permet de tuer le temps agréablement en attendant l’heure. Les nouvelles apportées par Jean-Marc Néjard ont eu un effet positif sur moi. Si je continue à piocher dans la poche de confiseries, c’est plus mécaniquement que par un véritable besoin. Je commence même à avoir soif, signe qu’il est grand temps d’arrêter cet apport glucidique exagéré. Le temps semble s’être ralenti au cours des dernières minutes. Je fais les cent pas dans l’ombre en attendant d’être présentée par Jean-Marc Néjard. Un micro qui crachote, des hauts parleurs qui cognent. Ca y est ! Ca démarre ! - Bonjour à tous. Merci d’être venus pour cette conférence… Ce matin, c’est avec un immense plaisir que je vous présente Fiona Toussaint qui, dans le cadre du thème annuel des Rendez-Vous de l’Histoire, a choisi d’évoquer le corps du roi au XVIIème siècle. Que sait-on au juste de ce corps royal lorsque, comme moi, comme vous, on n’a pas spécialement étudié la question ? Peut-être que Louis XIV comme son grand-père Henri IV avait mauvaise haleine ? Peut-être que Louis XIII était d’une complexion fragile ce qui faillit lui être fatal à plusieurs reprises et explique sans doute qu’il mourût usé à seulement 42 ans ? Sans doute que ces corps royaux étaient soumis dès leur jeune âge à des apprentissages réguliers et difficiles, ceux de la chasse et de la guerre, celui de la danse. Sans doute aussi que le corps des reines, autres personnages essentiels de la monarchie en France, surtout si on pense aux régentes Marie de Médicis et Anne d’Autriche, était serré à longueur de temps dans d’étroites basquines qui contrastaient avec les amples vertugadins alors à la mode… Petite inquiétude à l’écoute de la présentation. Néjard n’est pas exactement dans mon sujet. Il parle du corps en général quand je me propose d’évoquer l’état de ce corps en fin de vie. Bah ! Au besoin, je rectifierai dans mon introduction. - Fiona Toussaint, maître de conférences à l’université de Toulouse II, est une de ces nouvelles étoiles dans le ciel de la science historique française. On la présente souvent comme quelqu’un d’atypique mais soyons honnête, qui ne l’est pas lorsqu’on fait le choix de consacrer sa vie au passé au risque parfois d’oublier de vivre le présent ? Si vous voulez lire un ouvrage novateur sur le XVIIème siècle français, ne manquez pas l’édition de la thèse de Fiona Toussaint sur « ces messieurs de Montauban ». Fiona Toussaint y montre comment la noblesse locale du Montalbanais, pourtant d’extraction essentiellement huguenote, a fait le choix de la monarchie louis-quatorzienne, a accepté la domination royale en échange du maintien de ses us et privilèges créant ainsi l’illusion d’une monarchie absolue, là où il n’y avait en fait selon Fiona Toussaint et quelques-uns de nos historiens modernistes qu’une acceptation mutuelle du pouvoir de l’autre. Ces souverains du XVIIème siècle, Fiona Toussaint les connaît bien, et plus particulièrement Louis XIII sur lequel elle travaille en ce moment pour livrer une biographie qui, j’en suis sûr, fera date. Elle les connaît jusque dans leur vie intime, elle les connaît jusque dans leurs derniers instants. C’est parce qu’elle a le sens de l’analyse juste, la maîtrise d’une importante documentation, un espri de synthèse bien affirmé, que Fiona Toussaint peut aller explorer ces corps royaux aux portes de la mort et y saisir encore les actes et les symboles qui délimitent la frontière entre l’homme et sa fonction, entre l’individu et ce monarque qu’on a longtemps dit absolu. Mesdames, messieurs, j’ai l’immense plaisir de vous présenter, pour la première fois invitée aux Rendez-Vous de l’Histoire, mademoiselle Fiona Toussaint. Je quitte l’ombre pour gagner ma place derrière le pupitre. Un rayon de lumière blanche éclaire ce petit espace d’où je vais devoir en un peu moins d’une heure convaincre que la présentation de Jean-Marc Néjard n’était pas outrée. - Bonjour, dis-je. Avant qu’il ne s’en aille pour intervenir ailleurs, je voudrais remercier Jean-Marc pour cette chaleureuse introduction. Je dois dire que grâce à lui, j’ai appris deux ou trois choses que j’ignorais sur mes propres travaux. Merci donc Jean-Marc et bon courage pour la suite. La salle, remplie environ au tiers ce que je trouve un peu décevant, rit de bon cœur. C’est un bon moyen de créer tout de suite un contact entre eux et moi, d’abolir la distance entre cet amphithéâtre un peu froid et cette grande scène sur laquelle je suis le seul élément animé. Ne pas croire que le contenu primera forcément, comme j’essayais de l’expliquer hier encore à mes contradicteurs, mais « vendre » ce contenu, l’enrober de telle manière que tout le monde y adhère et en redemande. Je suis toujours stupéfaite par la métamorphose qui s’opère en moi lorsque je me retrouve dans cette position que beaucoup jugerait délicate et périlleuse. Ma timidité, ma réserve naturelle, mon asociabilité s’envolent, je deviens une autre. Et cet autre moi, ma personnalité profonde le regarde avec étonnement s’affranchir de toutes les peurs, de toutes les inhibitions, de toutes les convenances. - On peut considérer que trois rois se partagent le XVIIème siècle français : Henri IV qui monte sur le trône en 1589 après l’assassinat d’Henri III et qui meurt à son tour sous le couteau de Ravaillac en 1610 ; Louis XIII dont le règne entre 1610 et 1643 complète ce que nous pourrions appeler le premier XVIIème siècle ; Louis XIV qui reste sur le trône pendant 72 ans et meurt en 1715, date par laquelle on clôt généralement le XVIIème siècle français. De ces trois rois, deux sont morts au terme d’une longue agonie et un de mort violente. Pourtant les corps de ces souverains à l’aube de leur mort terrestre, car on n’imagine évidemment pas à cette époque qu’il n’y ait pour eux une autre vie auprès du Seigneur, les corps de ces souverains symbolisent à la perfection ce qu’est la fonction royale et les évolutions de celle-ci au cours du siècle… VENDREDI APRES-MIDI Voilà ! C’est fini ! Après ma réponse à la dernière question posée par le public, je remercie l’assistance, souhaite un bon appétit et une bonne fin de journée à Blois. Comme hier après le débat, la plus grande partie des gens quitte la salle tandis qu’une petite poignée d’acharnés descendent au contraire vers la scène. Durant les cinquante minutes de mon intervention, j’ai espéré reconnaître madame Delmas dans la foule. J’aurais aimé qu’elle soit présente, qu’elle voit jusqu’où j’avais réussi à me hisser un peu grâce à elle. Mais peut-on en vouloir à une octogénaire de préférer demeurer tranquillement chez elle après avoir déjà affronté la veille une attente pénible ? Je signe deux ou trois morceaux de papier, rédige une dédicace sur un exemplaire de mon manuel sur le XVIIème siècle, pose même pour une photographie prise avec un téléphone portable. Une fois satisfaits, les quémandeurs quittent l’amphi sans demander leur reste. Midi est là et les estomacs prennent assurément le pas sur les intellects. La dernière personne à m’attendre est une femme d’une trentaine d’années - peut-être un peu plus - dont l’apparence vestimentaire, plutôt sportive, tranche avec le reste de l’assistance. Elle porte les cheveux coupés très courts, presque à ras, et si ce n’était sa silhouette générale on pourrait la prendre au premier coup d’œil pour un mec. Le regard vert est vif et brillant. - Vous êtes bien Fiona Toussaint ? L’accroche est surprenante. Venir à une conférence, la suivre et ne toujours pas être certaine à la fin de l’identité de la conférencière relève à mon avis d’une pathologie lourde. J’angoisse même un peu d’être toute seule avec cette personne, dans le grand amphi. Tout s’éclaire cependant lorsque, ayant enregistré mon signe de tête répondant positivement, la femme brandit sous mon nez une carte professionnelle zébrée des trois couleurs du drapeau national. - Inspecteur Morenti, police judiciaire ! - Inspecteur Morenti, que puis-je pour vous ? C’est la deuxième fois que j’ai à faire à la police dans ma vie (sans compter une rencontre impromptue avec des gendarmes entre Toulouse et Montauban), je commence à maîtriser la chose à défaut de l’apprécier vraiment. Ma précédente expérience m’a laissé un goût un peu amer et c’est avec méfiance que je vois surgir à nouveau un officier de police dans mon existence. - Nous aurions quelques questions à vous poser. Pouvez-vous me suivre au commissariat s’il vous plait ? - Des questions à quel propos ? J’ai bien pour tout dire une vague idée mais la réponse est sortie toute seule, comme toute bonne phrase cliché qui se respecte. A ce point du dialogue, je n’ai cependant aucune raison de m’inquiéter de quoi que ce soit. C’est forcément en rapport avec l’agression de Maximilien Lagault, les flics balayent toutes les pistes possibles. La mienne ne les mènera pas bien loin alors autant leur faire gagner du temps et me rendre tout de suite à cette sympathique invitation. L’inspectrice me confirme la chose d’un ton sec. Soit elle a des problèmes avec son mec en ce moment, soit la hiérarchie leur a mis une pression terrible sur cette affaire Lagault. Ou bien… Non, à bien y réfléchir, je refuse d’envisager une autre hypothèse. - C’est à propos de la tentative d’assassinat sur monsieur Maximilien Lagault cette nuit. Vous étiez au courant ? - Un peu comme tout le monde, je suppose. J’ai appris ça à la radio en venant ici tout à l’heure. - A la radio… De quelle radio s’agissait-il ? - Je ne sais pas… C’était la radio dans la voiture de l’organisation qui me conduisait ici. Je n’ai pas entendu de jingles caractéristiques pendant le déplacement… C’était peut-être France-Info ou BFM, je ne sais pas… Elle griffonne quelques mots dans son carnet, souligne nerveusement quelque chose et relève la tête vers moi. - Vous pouvez venir tout de suite ? - Bien sûr… Je récupère mon sac, rassemble les feuillets de mon intervention et les replace dans la chemise à rabats. Rangement on ne peut plus superflu puisque, selon toute vraisemblance, je ne réutiliserai jamais ce texte à l’avenir. C’est juste l’idée de laisser traîner quelque chose derrière moi qui me répugne. - Je suis prête. - Très bien… Allons-y ! J’emboite le pas à l’officier de police. Elle marche avec la même nervosité que quand elle parle. Je vois bien le genre de fille que c’est : mariée à son boulot et cherchant toujours à prouver qu’elle vaut largement un mec. Bref, pas le genre à faire des ronds de jambes pour savoir ce qu’elle veut. Cela ne me rassure pas vraiment car j’ai toujours de grosses difficultés avec ce type de personnalité. En passant devant la petite table située à l’entrée, j’adresse un grand sourire de remerciement aux trois préposées de l’organisation. Elles se sont bien occupées de moi il y a une heure et demi et je regrette de les abandonner sans prendre le temps de les remercier comme je le devrais. - A bientôt, j’espère… dis-je. - Bon courage ! me lance la plus bavarde. Ce « bon courage » résonne encore en moi lorsque je grimpe dans la 206 banalisée de l’inspecteur Morenti. Je crains fort d’y voir l’annonce de moments difficiles. Au 42 quai Saint-Jean, le commissariat de police m’accueille avec beaucoup moins de prévenance qu’on ne l’a fait jusqu’ici dans cette ville. Les ordres de l’inspecteur Morenti se font de plus en plus abrupts pour me guider jusqu’au bureau où, comme je l’espère, on se contentera d’enregistrer ma déposition. La pièce est on ne peut plus banale et anonyme. Une sorte de rectangle froid peint en bleu clair et largement tapissé de panneaux de liège sur lesquels sont punaisées affiches de recrutement et notes de service. Un autre policier est déjà installé derrière l’écran d’un ordinateur qui me paraît presque d’un autre âge. - Mademoiselle Toussaint, me dit la policière en s’installant derrière son bureau, je sais par votre fiche aux RG que vous avez déjà fréquenté un commissariat il y a quelques mois pour une autre affaire… - C’est exact… C’était au Blanc-Mesnil et j’en suis sortie lavée des accusations qui avaient été formées contre moi. C’est une expérience que j’espérais ne plus avoir à revivre, voyez-vous. - Il semble malheureusement pour vous que vous n’y soyez pas parvenue. Là, ça sent vraiment mauvais. Cette phrase vient s’ajouter à tous ces petits indices que j’ai relevés depuis que l’inspecteur Morenti s’est présentée à moi. Je ne suis pas spécialement perçue comme un simple témoin dans l’affaire qui me vaut cette visite au poste de police.. - L’inspecteur Plantin, dit-elle en désignant le fonctionnaire qui officiait sur l’ordinateur, prendra en notes votre déposition. - Ecoutez, protesté-je, la dernière fois que j’ai subi ce genre d’interrogatoire, la commissaire m’a fait présenter des excuses on ne peut plus plates à la fin. Je voudrais par avance vous prévenir que je n’ai rien à me reprocher dans l’affaire qui vous occupe et que je peux aisément présenter des témoins qui prouveront ma bonne foi. Ne perdez pas de temps avec moi. Cette déclaration préliminaire a l’effet diamétralement opposé à celui souhaité. Morenti n’est pas le genre de femme à se laisser impressionner par ce que je considère comme une simple information et qu’elle interprète à l’évidence comme des menaces. - Ca, ce sera à l’enquête de l’établir… Vous n’avez pas à nous dire ce que nous devons penser. Est-ce clair ? - Je ne demande pas mieux que l’enquête établisse ce que je viens de vous affirmer. Alors, posez vos questions. - Mademoiselle Toussaint, vous êtes enseignante à l’université de Toulouse. Vous avez trente et un ans depuis peu. Vous habitez au 5 rue du Pont de Tounis à Toulouse. Pour quelles raisons vous trouvez-vous à Blois ? D’entrée la première question n’a aucun intérêt puisque la réponse est déjà connue de tout le monde. C’est clairement un moyen de me faire sortir d’emblée de mes gonds. Je prends sur moi pour ne pas exploser. Quelque chose me dit que je ferai faux bond au stand du CNRS cette après-midi. - Je participe jusqu’à dimanche à différentes activités dans le cadre des Rendez-Vous de l’Histoire. - Hier après-midi, vous avez participé à un débat au Château de Blois. Ce débat faisait-il partie de ces activités ? - Oui… Même s’il est venu se rajouter à mon programme au dernier moment. - Lors de ce débat vous avez rencontré monsieur Maximilien Lagault, quelles relations avez-vous eu avec ce romancier ? J’hésite un peu. On touche là pour la première fois au cœur du sujet… même si, je m’en rends compte maintenant, on ne m’a toujours pas précisé exactement pour quelles raisons, pour quelle affaire, on m’interroge. - On va dire que ce furent des relations tendues… Comme il est un peu normal d’en avoir lorsque le débat est passionné. Nous avions des opinions différentes et nous nous sommes opposés de manière on va dire… véhémentes… - Monsieur Lagault a-t-il quitté ce débat de manière anticipée ? Encore une question dont la réponse est manifestement connue des forces de police. Quand est-ce qu’on va enfin en venir aux vrais problèmes ?! - Il est effectivement parti avant la fin. Signe évident de défaite dirais-je… Ou pour le moins de gêne… J’avais dénoncé au public présent la manière empressée avec laquelle il posait régulièrement sa main sur ma cuisse gauche. - Avez-vous revu monsieur Lagault après ? - Non… Enfin, oui… - Non ou oui ? demande l’autre inspecteur en soulevant son clavier pour me faire comprendre qu’il a besoin de taper une réponse précise. - Je l’ai revu, mais c’était à la télévision. Il était l’invité du journal télévisé de la première chaîne. Cela, je suppose que vous le savez déjà… - C’est dans cette émission qu’il vous a mise en cause, sans toutefois vous nommer ? - C’est exact. Il a eu envers moi quelques remarques qui, dans le meilleur des cas, étaient de la pure goujaterie et pour les autres de véritables agressions contre mon honneur et ma réputation. - Et vous ne l’avez pas revu ensuite ? - Vous croyez vraiment que je prends plaisir à fréquenter ce monsieur. Il y a des choses bien plus agréables dans la vie… Dans mon esprit, la cause était entendue. Dans toute cette histoire, j’avais été agressée en permanence et cela suffisait à donner de Maximilien Lagault une image exacte de ce qu’il était une fois débarrassé de son auréole médiatique. Il avait été agressé, hélas pour lui… Dans des conditions que je ne connaissais pas et quelque part je le regrettais… Il s’en était finalement sorti, même si c’était avec quelques dommages physiques dont je ne savais rien. M’interroger était donc une perte de temps, une piste en forme d’impasse. - Vous avez dit tout à l’heure que vous avez appris cette agression dans la voiture qui vous transportait à la Chambre de Commerce et d’Industrie. Quelle heure était-il ? - Un peu plus de neuf heures trente. J’étais en avance car j’avais initialement décidé de me rendre à pied jusqu’à la CCI - Et vous m’avez affirmé que vous avez appris cela par la radio de la voiture. Vous confirmez ? - Evidemment… - Alors quelque chose ne colle pas… L’information n’a été diffusée pour la première fois qu’au flash de onze heures, nous avons vérifié. C’est RTL qui a lancé l’information la première en ouverture de son flash, puis les autres radios généralistes et d’information continue ont repris la nouvelle dans des flashs spéciaux au cours du quart d’heure qui a suivi. Vous voyez évidemment où tout ceci nous mène. Comment pouviez-vous être informée par avance d’une agression qui n’était alors connue que des seules forces de police, de la famille de monsieur Lagault et d’une petite équipe médicale réduite ? Impossible n’est-ce pas ?… A moins bien sûr que vous n’ayez revu monsieur Lagault pendant la nuit… Décidément on nage dans le grand n’importe quoi. J’aurais compris qu’on me dise qu’après la friction de la veille avec Maximilien Lagault un petit interrogatoire de routine s’imposait pour vérifier que… Là, pas de problème. Chacun fait son boulot, eux de flic et moi de tête de turc comme d’habitude. Ce que je venais d’entendre relevait en revanche d’une lecture abracadabrantesque – comme aurait dit un ancien président – des faits. Jusqu’à preuve du contraire, j’étais encore saine de corps et d’esprit… et capable de comprendre ce que j’entendais à la radio dans une voiture. - Vous l’avez revu n’est-ce pas ? insiste l’inspectrice. - Vous croyez que rencontrer ce type qui me traine dans la boue est le but suprême de ma vie ? riposté-je en m’auto-parodiant quelque peu. Voilà ce que vous pourriez appeler un alibi… ou, dans un langage plus simple, le récit de ma soirée d’hier. Je raconte tout. Sans rien omettre. Avec un luxe de précision tel que je me surprends moi-même d’avoir relevé au milieu d’une telle banalité des détails qui auraient dû passer inaperçus. Et je fais tout cela d’une voix que je me force de maintenir calme et posée – quand bien même la situation me hérisse au plus haut point – afin que l’inspecteur Plantin ait le temps de tout taper sur son ordinateur. Tout cela pour aboutir à cette même question de la part de l’inspecteur Morenti. - Quand avez-vous revu Maximilien Lagault ? - Puis-je respectueusement vous demander si vous ne vous foutez pas de ma gueule ? Là, plus de calme possible. La marmite commence à bouillir et ça siffle dans la soupape de sûreté. - Restez polie avec l’inspecteur, ordonne Plantin. - Inspecteur Plantin, dis-je en me tournant vers le fonctionnaire de police, je vous demande de consigner dans le procès-verbal de cet interrogatoire ma question à l’inspecteur Morenti. Elle correspond exactement à l’expression de ma pensée. J’ai toujours cru, peut-être naïvement, qu’un interrogatoire devait servir à l’établissement de la vérité. Vous me semblez surtout bien pressés de parvenir à établir la vérité qui vous arrange. - Fermez-la ! - Pourquoi ?… Vous allez me balancer des coups d’annuaire pour que je me taise ?… Je vous ai donné des noms et des lieux, des heures précises. Vérifiez d’abord et vous tirerez vos conclusions ensuite. - Nous avons deux informations qui contredisent votre déclaration, rétorque Morentin. Premier point que je vous ai indiqué, l’heure de diffusion de l’information à la presse. Je n’y reviens pas, ce simple fait suffit à vous mettre dans de sales draps. Mais il y a en outre un deuxième élément qui va vous pourrir la vie. Ceci… La policière brandit sous mon nez une petite pochette en plastique transparent à l’intérieur de laquelle se trouve un poudrier. Un poudrier original en forme de coquillage. Le même modèle que le mien. Evidemment. - Vous allez nous dire bien sûr que vous avez justement perdu le vôtre, persifle Morentin qui – mais je le savais depuis un bon moment – ne m’a pas du tout à la bonne.. - Je sais juste que je vais éviter de vous demander où vous l’avez trouvé… - Vous reconnaissez ce poudrier comme étant le vôtre ? questionne l’adjoint. - Je serais stupide de nier que c’est le mien. Rien que la forme, il ne doit pas y en avoir des dizaines comme ça dans la ville. En plus, vous allez trouver trois tonnes d’empreintes de mes petits doigts dessus… Alors… Là aussi, il faut que je cous raconte l’histoire de cet objet. C’est un cadeau que j’ai reçu il y a quelques jours de ma meilleure amie « pour ne pas briller sous les sunlights à Blois ». Si elle avait su le genre de projecteurs qu’on se proposait de braquer sur moi… Franchement, c’est pas mon genre de me mettre ce genre de truc sur le visage ; je suis plutôt pour la naturel mais c’est vrai aussi que quand vous avez trop de lumière sur vous, ça évite d’avoir la peau qui brille. La dernière fois où j’ai utilisé ce poudrier c’est hier avant le débat. Une autre participante se repoudrait, j’en ai fait autant. - Mais aujourd’hui bizarrement vous ne l’avez pas fait avant votre conférence ? fait remarquer l’inspectrice. - Aujourd’hui, avant ma conférence, j’étais abattue par une information que je venais d’entendre à la radio… plus exactement que je suis la seule à avoir entendu à la radio… - Et vous n’avez donc même pas pensé à vous poudrer le visage pour ne pas briller ? - Vous y penseriez, vous ? Et bing ! Prends-toi ça dans les dents, garçon manqué ! Je ne me sens quand même pas en situation de créditer le score du match d’un point en ma faveur. Derrière la fierté de façade, je n’en mène pas large. - Vous allez me mettre en garde-à-vue ? - On a une preuve matérielle, un alibi qui ne tient pas et un mobile. On ne va pas se gêner… J’espère juste pour vous que Lagault ne claque pas dans les heures qui viennent. Sinon, on requalifie le coups et blessures en meurtres… et vous finirez vos bouquins à Fleury-Mérogis.. Il y a des moments où, pris dans la nasse, vous comprenez qu’il est inutile de continuer à vous débattre. Voilà ! J’en suis là ! Sans parvenir à saisir comment cela s’est fait. Sans pouvoir mettre le doigt sur ce qui n’a pas tourné dans le bon sens. Je suis comme saoulée de coups et rien n’arrive à s’ordonner dans ma tête. J’étais tellement tranquille, tellement confiante que je n’ai rien vu venir de ce qui vient de s’abattre sur moi. J’en suis à me demander sincèrement si je n’ai effectivement pas commis cette agression en plein milieu d’une crise de somnambulisme. Sinon, comment expliquer ?… Oui, comment expliquer ? Les deux flics m’épient comme les chasseurs attendant leur proie le soir auprès d’un point d’eau. Ils n’espèrent qu’une chose ; le geste de trop, le mot qui sera un aveu, le regard qui trahira une pensée, un renoncement. Je suis prête à leur donner tout ce qu’ils veulent s’ils m’expliquent, s’ils arrivent à me proposer des conclusions acceptables et logiques. Mon propre cerveau refuse obstinément de se mettre en fonctionnement. J’ai la nausée, le vertige et tous mes repères ont disparu. Je suis comme une machine sans énergie. Les systèmes que j’aime à construire dans ma tête, pleins de flèches et de connecteurs logiques, ne se forment pas. J’en reste à ce point initial, à cette ligne de défense qui est la vérité, ma vérité, ma seule vérité : je dormais cette nuit et j’ai appris l’agression contre Lagault en écoutant la radio dans une voiture de l’organisation. Point barre. Impossible de greffer quoi que ce soit de logique sur ça puisque pour eux ce postulat est faux. Le téléphone sonne. Froid comme un vieux modèle, lugubre comme une condamnation. - Sorbier, dit l’inspecteur Plantin en tendant le combiné à sa supérieure. Il a interrogé les responsables du festival. A ce mot de « festival », je relève la tête que je tenais obstinément baissée pour qu’ils ne lisent pas en moi. C’est le premier signe d’espoir depuis longtemps. « Ils » vont leur dire. Que j’étais bien attendue ce matin par une voiture. Que je suis arrivée dans un état second à la CCI en expliquant ce que je venais d’apprendre à la radio. Que je suis quelqu’un de bien parce que ça, au moins, j’en suis convaincue même si j’en viens à douter du reste. - Oui, je vois, répond sèchement l’inspectrice à Sorbier. Confirmez tout cela par un rapport écrit. Morenti contourne son bureau, repose le combiné sur son socle puis s’approche de moi avec dans les yeux quelque chose qui finit de me foutre la frousse. Elle me tient, c’est clair. Elle savoure sa victoire. Affaire réglée en moins de deux. Peut-être qu’une perspective de promotion accélérée pimente un peu le tout. - Pour votre information, ils n’ont pas envoyé de voiture pour vous ce matin… Rien ! Non seulement vous n’avez rien demandé mais hier vous avez, à deux reprises et auprès de deux personnes différentes, manifesté votre préférence pour la marche à pied. Donc, non seulement vous ne pouvez pas avoir entendu le flash annonçant l’agression mais en plus vous ne pouvez pas non plus avoir été dans une voiture de l’organisation… Je crois que là, on en sait assez pour vous mettre au frais en attendant que le juge se saisisse du dossier. Si seulement je me souvenais de ma nuit… Mais non ! Non, non et non ! Cette nuit, je dormais et je n’étais pas près de la cathédrale. Je n’ai pas pu agresser Maximilien Lagault. Tout cela ne tient pas debout ! - Il faut que vous retrouviez Jules, dis-je soudain en desserrant à peine les dents. Lui, il était là… - Retrouver qui ? questionne l’inspecteur Plantin. Je n’ai pas entendu le nom… - Jules… C’est celui qui était de veille cette nuit à l’hôtel et c’est lui aussi qui conduisait la voiture ce matin. - C’est votre complice ? - Non mais… Tout se déchire soudain dans ma tête. Les pièces du puzzle se mettent enfin à bouger et me proposent des pistes que je ne parvenais pas à assembler jusqu’alors. - Non mais c’est la seule personne qui peut confirmer ce que je dis depuis le début. Et cet enfant de salaud, avec sa belle gueule, je crois qu’il m’a tendu le piège le plus dégueulasse qu’on puisse imaginer. S’il voulait me baiser, il y est bien arrivé… Mais pourquoi ? Les deux flics se regardent. Peut-être que ma « sortie » a un tel accent de vérité qu’elle en vient à semer le trouble dans leur esprit. Avancer des arguments ne les touche pas mais se prétendre baisée par le premier Jules venu, ça a l’air de les marquer. Pendant cette pause, mon cerveau en tous cas mouline à toute vitesse. Jules pouvait tranquillement pénétrer dans ma chambre pendant la nuit, grâce à son passe, pour dérober mon poudrier en sachant que je suis assommée par un somnifère. Jules savait bien que j’avais une conférence le lendemain matin et il lui suffisait donc de se poster devant l’hôtel avec une voiture. D’ailleurs, il se proposait de me véhiculer une bonne heure avant mon intervention, puis d’aller récupérer Olivier Chaline un quart d’heure seulement avant la sienne. Impensable au plan organisationnel ! Jamais Agnès Farini n’aurait accepté ça ! Quant à l’info à la radio, on peut faire de petits miracles aujourd’hui avec un micro et un ordinateur ; on grave le résultat de l’enregistrement numérique sur un cd et le cd démarre en même temps qu’on met le contact à la voiture. Pas sorcier à faire. Tout le reste, le bouquin de géopolitique, la drague, la proposition d’un repas au resto, n’était là que pour m’endormir. Et sur ce coup-là, j’ai bien dormi. Et sans somnifère. Reste le pourquoi de tout cela… C’est un point sur lequel, il me faut l’avouer, je sèche complètement. - Comment s’appelle-t-il ce Jules ? demande l’inspecteur Plantin en massant frénétiquement son menton mal rasé. - Je ne connais que ce prénom. A mon hôtel, ils vous renseigneront sans doute… - Votre hôtel c’est ?… - L’ |
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