 BALADE AUTOUR DE LA RÉPUBLIQUE ; MAIS QUELLE RÉPUBLIQUE ? LA BOURGEOISE OU LA SOCIALE ?
Départ de la place de la République C’est l’ancienne place du Château d’Eau, mais celle-ci était beaucoup plus petite que notre place actuelle. Elle tirait son nom d’une fontaine inaugurée le 15 août 1811, qui se trouvait à l’origine à l’entrée du boulevard St Martin, puis qui fut déplacée à peu près là où se trouve aujourd’hui la statue de la République. Cette fontaine existe toujours ; on peut la voir aujourd’hui devant l’entrée de la Grande Halle de la Villette. Conçue en fonte par Pierre-Simon Girard, elle représentait à l’époque un exploit technologique. Nous reviendrons faire le tour de cette place tout à l’heure. Prenons pour le moment le :
Bd Voltaire 1-2 : À son déboucher sur la place se trouvait pendant la Semaine sanglante une importante barricade du dispositif de défense du Château d’Eau ; un des principaux points de résistance des Fédérés le 25 mai 1871. C’est là que se fit tuer volontairement, par désespoir, Charles Delescluze, vieux militant républicain, un des principaux dirigeants de la Commune. Les combats furent acharnés. On était, avec les barricades du boulevard du Temple et de l’avenue de la République, sur la principale ligne de défense des quartiers ouvriers du 11ème arrondissement, dont la mairie abrita le Conseil de la Commune après la chute de l’Hôtel de Ville. Maxime Lisbonne, le "d’Artagnan de la Commune", y fut blessé mais secouru par Auguste Vermorel qui allait lui-même être touché grièvement quelques instants plus tard. Nombre de femmes, dont de très jeunes filles, participaient aux combats, ainsi qu’un bataillon de Pupilles de la Commune.
Passage du Jeu de Boules à gauche Passage par lequel s’enfuirent les frères Theisz, Jaclard et Vermorel, portant le "citoyen Lisbonne" blessé.
Rue de Malte à gauche 50 : Emplacement de ce qui fut d’abord, en 1866, le Cirque Impérial, dirigé par Antonio Franconi ; le plus grand cirque d’Europe à l’époque, avec 5000 places. On le nomma ensuite Théâtre du Prince Impérial. Il s’y tint 9 réunions politiques publiques à la fin du Second Empire. À la chute de celui-ci, on le rebaptisa Théâtre du Château d’Eau. L’Opéra Comique y fut transféré pendant la reconstruction de la salle Favart incendiée en 1887. C’est là qu’eut lieu la première à Paris du "Crépuscule des dieux de Richard Wagner, le 15 mai 1902. En 1904, il devint l’Alhambra, célèbre music-hall qui prit dans les années 50 le nom de Maurice Chevalier ; lieu à la mode où se produisirent Yvette Guilbert, Fragson, Polin, Dalbret, Mayol, Polaire, le clown Grock, W. C. Fields, le contorsionniste et magicien Houdini, Tramel, Raimu, Bouglione, Georgel et Mistinguett ; excusez du peu !... En 1936, il sera un temps dévolu au Parti Communiste Français et dirigé, sous le nom de Théâtre du peuple et de la République, par Louis Aragon et Jean-Paul Le Chanois. Picasso en peindra le rideau de scène ; une de ses premières œuvres "engagées". La salle, qui aura vu entre temps les débuts de la "môme Piaf", et tous les grands noms de la chanson, sera détruite en 1967.
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