3.2) Les transformations et mutations des sensibilités et l’évolution des goûts.
Sous l’impulsion des cours européennes, comme d’une clientèle de particuliers enrichis pas la prospérité économique, le marché de l’art, les dépenses de consommation connaissent au XVIIIe un net essor qui stimule à son tour la circulation des modes et des échanges culturels à l’échelle européenne.
- Croissance démographique, l’enrichissement de certaines catégories sociales et l’essor de l’urbanisation ont très largement contribué au progrès de la vie matérielle et à l’essor des consommations.
- Réhabilitation.
François Boucher, La marchande de modes, 1746 ; La Toilette, 1742.
Vidéo : Barry Lyndon (1975), Stanley Kubrick.
Introduction à la musique de la période dite classique "Que signifie éclairer?" (M. Mendelssohn, 1784) Le mot Lumières définit métaphoriquement le mouvement culturel et philosophique qui a dominé, en Europe et particulièrement en France, au XVIIIe siècle auquel il a donné, par extension, son nom de siècle des Lumières.
La diffusion des Lumières a connu quelques décalages : Précocité de l'Angleterre : idée venue du développement précoce du libéralisme et de l'empirisme (fondement empirique de la connaissance).
Développement universitaire : dans les états germaniques (villes universitaires). Les pays de l'Europe centrale et orientale (Russie, Pologne et Saint-Empire) ont été, après coup, des terres d'exportation des lumières. L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers est une encyclopédie française, éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Diderot et D’Alembert (17 volumes de texte et 11 de planches, environ 160 auteurs). À l’origine, l’Encyclopédie ne devait être que la traduction en français de la Cyclopædia d’Ephraïm Chambers (1728).
Les Encyclopédistes sont un groupe intellectuel : ayant favorisé l’avancement de la science et de la pensée laïque en soutenant la tolérance, la rationalité et la largeur d’esprit caractéristiques des Lumières. L’influence de leurs écrits a été déterminante dans les grands évènements de la fin du XVIIIe siècle : — la déclaration des droits de l'homme des Etats-Unis d'Amérique, 1776 — la destruction de l'ancienne société d'ordres par la Révolution française 1789 — l'apparition de la tolérance religieuse (1781, Joseph II, despote éclairé). — l'abolition du servage (1861 / en Russie grâce aux réformes du "Tsar libérateur" / Alexandre II (1818-1881 assassiné). René Descartes, (1596-1650). est un mathématicien, physicien et philosophe français. 1637 Discours de la méthode. John Locke (1632-1704) était un philosophe anglais, l'un des premiers et des plus importants penseurs de l'Enlightenment (les Lumières anglaises). 1690, Essai sur l'entendement humain
Mise en perspective musicale
"L'Enlèvement au sérail" K.384 (L'Enlèvement au sérail) est un singspiel en trois actes de Wolfgang Amadeus Mozart, sur un livret en allemand de Johann Gottlieb Stephanie (1741-1800 Vienne) d'après la pièce de Christoph Friederich Bretzner. Il fut créé au Burgtheater de Vienne le 16 juillet 1782. Singspiel : opéra allemand avec chants et dialogues parlés. Projet de Joseph II (1741-1790), souverain moderne et réformiste.
L'argument Belmonte (ténor) arrive dans un Orient indéterminé pour sauver sa fiancée Constance (soprano), enlevée par des pirates et détenue à la cour du Bassa (Pacha) Selim (rôle parlé) qui en a fait sa favorite mais la courtise en vain. Le valet de Belmonte, Pedrillo (ténor) et la suivante de Constance, Blondine (soprano), sont également prisonniers. Le sérail est gardé par le féroce Osmin (basse bouffe), épris de Blondine, comme Selim l'est de Constance. Pédrillo va aider son maître et préparer un enlèvement facilité par l'enivrement d'Osmin. Mais le plan échoue et Sélim, découvrant que Belmonte est le fils de son pire ennemi décide de lui rendre Constance et de libérer tout le monde, donnant ainsi une leçon de magnanimité inattendue. "L'Enlèvement au sérail" est une "turquerie". Au 17ème et au 18ème siècles le Proche-Orient attire pour son exotisme mais aussi parce qu'il permet une critique déguisée de la société et des institutions occidentales.
Ecoute Ouverture/Air de Brlmonde et Air n°12, Blondine ntroduction à la musique de la période dite classique
 Frontispice (gravure placée avant le titre) de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert : On y voit la Vérité rayonnante de lumière : à la droite la raison et la philosophie qui lui arrachent son voile. Peint par Charles Nicolas Cochin (1715-1790), peintre et dessinateur français et gravé par Benôit-Louis Prévost en 1772.
Chronologie des opéras de Mozart:
1768 Vienne La Finta Semplice Opéra-bouffe 1768 Vienne Bastien & Bastienne Opérette 1770 Milan Mitridate Re di Ponto Opéra seria 1771 Milan Ascanio in Alba Sérénade théâtrale 1772 Salzbourg Il Sogno di Scipione Sérénade dramatique 1772 Milan Lucio Silla Opéra-seria 1773 Salzbourg Thamos (1ère rédac) Drame Héroïque 1775 Munich La finta giardiniera Opéra-bouffe 1775 Salzbourg Il Re pastore Festa teatrale 1778 Mannheim Semiramis Mélodrame 1779 Salzbourg Thamos Drame Héroïque 1779 Salzbourg Zaïde ou Le Sérail Singspiel (inachevé) 1781 Munich Idoménée, Re di Creta Opera seria 1782 Vienne L’Enlèvement au sérail Singspiel 1786 Vienne Les Noces de Figaro Opéra-bouffe 1787 Prague Don Giovanni Opéra-bouffe 1790 Vienne Cosi fan tutte Opéra-bouffe 1791 Prague La Clemenza di Tito Opéra-seria 1791 Vienne La Flûte Enchantée Singspiel
Typologie des voix chez Mozart :
Le soprano héroïque Constanze, Reine de la Nuit Second soprano (second rôle, dans l'ombre de l'héroïne) Suzanne Soprano désincarné Pamina Ténor amoureux Ferrando, Tamino Les valets (Barytons le plus souvent/profondeur psychologique) Leporello, Pédrillo, Figaro Les descendants du capitan/basse bouffe Osmin, Almaviva, Don Giovanni Les basses nobles Zarastro, Commandeur Un territoire européen : cartographie politique
POINTS DE REPERES
Louis XIV (1638-1715), règne de 1643 à sa mort. Louis XV (1710-1774), règne de 1715-1774, régence jusqu’en 1723. Louis XVI (1754-1793), règne de 1774 à 1791, puis Roi des français de 1791-1792. Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780), règne de 1745-1780. Joseph II (1741-1790,) règne de 1780 à 1790. Leopold II (1740-1792), règne de 1790-1792.
—Documents :
Carte de l’Europe vers 1740 / L’Empire allemand vers 1770 / L’Europe après le Traité de Vienne en 1815. —Le Saint-empire romain germanique Fondé par le Traité de Verdun (843) transmet à l'un des fils de Louis Le Pieux, Louis le Germanique, les territoires de l'Est. Au début du XVIIIe, l’Allemagne était politiquement divisée en raison du déclin de l'autorité du chef (empereur de la maison des Habsbourg) du SAINT-EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE. Cet organisme séculaire avec à sa tête un empereur élu était en pleine décadence. L'empereur était élu par un groupe de 9 électeurs : 3 religieux (archevêques de Trêves, Mayence, Cologne) et 6 laïcs (roi de Bohême, souverains de Saxe, Brandebourg, Palatinat, Bavière et Hanovre).
*L’Allemagne, Partie essentielle du Saint-Empire, compte encore 343 divisions territoriales dont 30 états, des principautés, des villes libres impériales, des domaines de chevaliers d’Empire vassaux immédiats de l’Empereur. La rive gauche du Rhin à elle seule compte 117 états minuscules qui subissent fortement l’influence française.
*La monarchie autrichienne : énorme Vienne : capitale de la monarchie mais aussi de l’empire (Habsbourg).
*Royaume de Prusse : état militaire, (dans l’Allemagne), maison des Hohenzollern. Cependant les ressources industrielles annonçaient déjà l'avance qu'allait prendre l'Allemagne en Europe au siècle suivant. Sur cette toile de fond, deux états, la Monarchie Autrichienne et le Royaume de Prusse allaient s'affronter. 1er Reich (1648-1806) : les empereurs appartiennent à la dynastie des Habsbourg,
2.1 Un équilibre européen précaire : 1715-1740.
La Guerre de Succession d'Espagne a opposé de 1701 à 1714 la France et l'Espagne à une coalition européenne. L'enjeu en était le trône d'Espagne et, à travers lui, la domination en Europe. C’est aussi la dernière grande guerre de Louis XIV.
—Le 1er novembre 1700 Charles II, roi d'Espagne, meurt sans successeur. Les deux principales familles régnantes d'Europe, celle de France (Bourbons) et celle d'Autriche (Habsbourgs), et toutes deux très apparentées à Charles II, revendiquent alors le trône.
—Coalition 1702-1712, La Grande alliance de La Haye : L'Angleterre (qui a été rejointe par l'Écosse en 1707 pour devenir la Grande-Bretagne) et les Provinces-Unies, craignant la nouvelle puissance de la France alliée à l'Espagne, forment en 1702 la Grande Alliance de La Haye, sous l'égide de l'Empereur Léopold Ier, avec le concours du Brandebourg, de l'Autriche, du Piémont et du Portugal.
—Les traités d'Utrecht sont deux traités de paix signés en 1713 qui mirent fin à la guerre de Succession d'Espagne. Le premier fut signé à Utrecht le 11 avril entre la France et la Grande-Bretagne, Le second fut signé à Utrecht le 13 juillet entre l'Espagne et la Grande-Bretagne. Audition : Georg Friedrich Haendel (1685-1757) a composé le Te Deum d’Utrecht à cette occasion 2
—Le traité de Rastadt, le 6 mars 1714, met fin à la guerre de succession d'Espagne. Il est signé entre la France et l'Autriche. Conséquences :
—Les traités aboutissent à la reconnaissance de deux nouvelles monarchies en Europe : la Prusse et le royaume de Piémont-Sicile qui peuvent jouer un rôle intermédiaire entre les puissances.
—Elle marque aussi la fin de la prépondérance française au profit de la puissance maritime montante : l’Angleterre.
—L’idée d’une paix perpétuelle se dessine donc en 1715 visant à établir un équilibre solide. A l’idée de monarchie universelle se substitue celle, plus pragmatique, d’Etats plus homogènes et délimités par des frontières qui doivent être fixés par des traités internationaux. Importance de la diplomatie. Emmanuel Kant : Vers la paix perpétuelle, publié en 1795. Toutefois cette notion d’équilibre est constamment remise en cause par des guerres de succession. Les souverains envisagent encore les Etats comme des possessions patrimoniales qu’il est possible d’agrandir ou d’échanger.
—Empire Ottoman, déclare la guerre en 1715 à la république de Venise. —1717 : triple alliance entre France, le Royaume-Uni et les Provinces-Unies —1719 : quadruple alliance avec l’Espagne. —La Guerre de succession de la Pologne
2.2—Le despotisme éclairé en Europe : 1740-1790.
Pour saisir, le 2.3 (crises européennes), il faut prendre acte d’un régime politique bien particulier, le Despotisme éclairé, adaptation des monarchies au mouvement des Lumières et en rapport avec les enjeux artistiques et culturels de l’époque. Ce mouvement politique qui s’étend de 1740 à 1790, avec de légers décalages selon les états, établit le pouvoir souverain sur les bases de la raison et du droit naturel pour le bonheur des sujets. Il appartient à des princes éduqués et éclairés de conduire leur peuple vers le progrès.
Au-delà des proclamations et des intentions philosophiques, les liens avec l’absolutisme apparaissent étroits. Afin de se doter d’instruments de gouvernement efficaces, les despotes éclairés développent la centralisation et la bureaucratie au mépris des corps intermédiaires. C’est bien souvent le modèle français de la monarchie absolue qui est repris dans les réformes
Dans toute l’Europe la Prusse, l’Autriche, la Russie apparaissent comme trois champs d’expérience privilégiés du despotisme éclairés (également dans les états scandinaves et les pays méditerranéens). La Prusse de Frédéric II (1712-1786). Formé dès son plus jeune âge à la littérature et à la musique, il écrit en 1737 Considérations sur l’Europe et en 1739 L’Anti-Machiavel. Voltaire ne tarit pas d’éloges à son sujet. Idéal du despotisme éclairé et modèle pour l’Europe dans la seconde partie du XVIIIe siècle. La personnalité de Frédérique II contribue énormément à la diffusion de cette image. Souverain formé aux idées des Lumières, correspondant avec D’Alembert, entretenant une amitié orageuse avec Voltaire, s’entourant d’écrivains et de savants dans son château du Sans-Soucis, il incarne la figure du prince éclairé et mécène du XVIIIe siècle. CPE Bach (1714-1788) sera à son service de 1738 à 1768.
—En matière religieuse, Frédérique II fait oeuvre de tolérance et d’ouverture en autorisant la pratique des tous les cultes et en accordant l’égalité civile aux membres de toutes les confessions. L’église luthérienne reste Eglise d’état, le souverain n’en est plus le chef, mais il exerce un contrôle étroit sur ses cadres. Audition : CPE BACH (1714-1788) / Sonate Wurtnbergeoise n°5 en MibMj, adagio en Mib mineur CD 154—Bob van Asperen—1743 L’Autriche de Joseph II (1741-1790) Grand admirateur de Frédéric II, Joseph II accentue les réformes de Marie-Thérèse d’Autiche. 1781 : Edit de tolérance, tolérance religieuse (cf. La Flûte enchantée de W.-A. Mozart). 3 La Russie de Catherine II (1729-1796), règne à la mort de son mari Pierre Le Grand, en 1762, 34 ans de règne. S’entourera des conseils de Denis Diderot (1713-1784).
2.3—Crises et conflits européens : 1740-1789.
A partir de 1740, l’équilibre européen est rompu et les crises diplomatiques engendrent des conflits généralisés.
a) La Guerre de Succession d'Autriche (1740-1748)
La guerre de Succession d'Autriche est un conflit européen né de la Pragmatique Sanction, par laquelle l'empereur Charles VI du Saint-Empire lègue à sa fille Marie-Thérèse d'Autriche les États héréditaires de la Maison des Habsbourg. Cependant cette succession donne l’occasion à de nouvelles puissances ou à des états secondaires de revendiquer des territoires. La Bavière et la Pologne revendiquent leur droit sur la couronne. De leur côté, les rois de Sardaigne et d’Espagne revendiquent des territoires italiens sous la tutelle de l’Empire. Toutefois la menace vient surtout de la Prusse qui constitue la puissance montante en Allemagne du Nord, désireuse de fédérer les princes protestants. La Paix d’Aix-la-Chapelle (1748) En 1748, les différents belligérants aspirent à nouveau à la paix. Le trône impérial reste dans la maison des Habsbourg. Le grand vainqueur est la Prusse, et la pragmatique sanction, origine de la guerre est reconnue. Mais la rivalité entre la Prusse et l’Autriche est toujours présente. Les différents maritimes et coloniaux entre la France et l’Angleterre sont apparus au grand jour et n’ont pas trouvé de solution.
b) La Guerre de Sept Ans (1756-1763)
La guerre de Sept ans est le second conflit majeur qui marque le XVIIIe siècle mais les enjeux se sont déplacés. Les questions coloniales et maritimes d’une part, et la question des agrandissements territoriaux d’autre part, passent au premier plan, évinçant les questions dynastiques. A l’issue de la paix d’Aix-la-chapelle, l’Europe se partage en deux systèmes d’alliance opposées qui reflètent le traditionnel affrontement entre les Maisons des Bourbons et des Habsbourg : France / Prusse — Angleterre / Autriche Renversement des alliances dès 1755 : rapprochement France et Autriche qui s’enrichit du soutien de la Russie. France / Autriche/ Russie — Angleterre / Prusse Elle marque, en revanche, un triomphe pour l’Angleterre qui a montré sa puissance maritime et a agrandi son empire colonial (un des facteurs de l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique). Elle a montré la puissance militaire de la Prusse qui devient l’ennemi principal de la Maison des Habsbourg.
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