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Dit de GinLa navette orbitale qui surveille Glombl et nous rend compte des activités de notre éventuel partenaire vient de signaler un accouplement physique de ce dernier avec une femme de type albinos. Or nous ne savions rien de la présence d’albinos sur ce monde des Horribles. Il a fallu compléter toutes nos études et constater qu’il en existe un tout petit nombre dans ce Secteur. Les analyses fines démontrent que les porteurs de ces gènes peuvent descendre de visiteurs extérieurs arrivant d’un lointain Secteur de notre commune galaxie. Nous ne savons pas si leur séjour se prolongea mais nous pensons qu’ils croisèrent quelques uns de leurs gènes avec les autochtones avant de disparaître. Si cette hypothèse se vérifie, nous pourrons en déduire qu’ils restèrent très discrets sur cet aspect de leur voyage, puisque nous n’en possédons plus aucune trace. Mais, ce qui nous importe, concerne la possibilité que les Horribles possèdent ou non le pouvoir de se reproduire avec d’autres humanoïdes. Nos partenaires abstraits, ceux que nous nommons les Immatériels, nous indiquent que le croisement peut s’envisager entre cette femme Albinos et notre prétendant. Ils possèdent cette compatibilité physique de pouvoir s’unir avec d’autres humanoïdes. Plus grave encore, ils émettent l’idée, en assistant à leurs accouplements multiples et variés, que plusieurs se réalisèrent en présence d’un canidé. Or, ce dernier, à trois reprises, et purement instinctivement, procéda à la « fusion ». Il en éprouva les mêmes sensations positives que nos propres canidés ! La question de la réalisation éventuelle de notre penta union devient une affaire quelque peu secondaire devant les ouvertures que nous découvrons sur ce monde perdu. Imaginons seulement que notre ami trouve sur place deux partenaires abstraits qui puissent agir comme nos Immatériels ! Il se trouverait en possession de tout ce qu’il lui faudrait pour réaliser une autre penta union ! Pire encore, ne devons-nous pas envisager qu’il leur enseigne notre art de la reproduction totale et qu’il la répande ! Alors les Horribles deviendraient nos égaux … Un curieux sentiment de trouble général perturbe donc les autres participants potentiels de notre future penta union. Une décision s’imposait. Celle-ci ne pouvait concerner que la diffusion de nos craintes. Nous avons donc envoyé notre rapport au G. C. C. G (Grand conseil de la communauté galactique). Mais nous n’agirons vis à vis de Glombl que si le péril devient réel et ne réside pas uniquement dans nos esprits agités de la crainte de devoir tout recommencer. Or, le Grand Conseil a réagi immédiatement et il nous a indiqué que : « Des rapports de type identique proviennent d’autres mondes situés dans le Secteur galactique considéré (tiers central de la Voie lactée pour les autochtones). Ces sources, dignes de foi, envisagent sérieusement que les Immatériels puissent exister effectivement chez eux, mais soulignent que rien n’affirme qu’ils existent de la manière particulière qu’ils manifestent chez nous ! Selon les informations récoltées, au cours de son histoire, dans cette étrange région de notre galaxie, toutes les Entités (ou Immatériels) de types Un et Deux opérèrent progressivement une fusion entre elles, et ce, pour des raisons qui nous restent inconnues. On prétend qu’elles ne formeraient maintenant qu’un unique ensemble possédant la force d’un principe, d’un paradigme, d’une notion fondamentale ! Sur Glang ( la Terre), « le yin yang » formerait un tout dans lequel, progressivement le yin devient le yang tandis que la réciprocité entraîne que simultanément le yang devient le yin. Les Terriens représentent cela par un cercle dont un côté reste noir et l’autre demeure blanc. La ligne qui les sépare prend la forme d’une sorte de S aux branches ouvertes » Considéré par les Immatériels de notre galaxie, cela se rapprocherait d’une bande de Möbius : Un objet à deux dimensions situé dans un espace tridimensionnel. Le dessus devient le dessous sans aucune discontinuité. D’après nos Immatériels, ces « yin yang » pourraient s’analyser mathématiquement comme représentant des projections d’Entités, semblables à eux-mêmes, mais qui se divertiraient avec « des jeux d’ombres » … Cela nous laisse rêveurs … Les considérations corollaires du grand conseil donnent des voies à suivre pour nous documenter afin de savoir si ce bain général de la force « yin yang » peut, ou non, intervenir dans une penta union. L’orbital, qui nous fournit les indications sur l’évolution de la mission de notre futur partenaire, ne peut suffire à répondre à cette question vitale. Les ordres prescrivent donc de n’intervenir en aucune façon et d’observer au plus près ce que cela pourrait donner. Nous n’y manquerons donc pas. Glombl : études. La question concernant l’éventuelle existence de partenaires abstraits a provoqué en moi, l’impérieuse nécessité de me lancer dans des enquêtes complémentaires. Cela m’a conduit à me pencher sur la philosophie chinoise et sur ce fameux principe du Yin Yang. J’y ajoute deux branches à étudier. L’une concerne le zen des japonais et l’autre les Mandalas des tibétains. Ce qui me fige l’esprit vient de ce que, sur ce monde, un individu ne peut trouver le zen, le yin et le yang qu’en lui-même ou, au contraire, les voir partout et en permanence dans tout ce qui nous entoure ! Si je veux pousser aussi loin que possible cette idée de penta union « locale », je dois trouver, non seulement les deux immatériels invisibles, mais aussi savoir en quels lieux ils se manifestent de façon nette. Je songe à un certain « Jardin des Pierres » à Kyoto ou à un temple Shao-Lin du haut Tibet ou à une très ancienne structure de pierre située en Mésopotamie. Il s’agit d’un monument vénéré par les adeptes du tantrisme et qui représentait, prétendent-ils, un parfait Mandala sept mille ans plus tôt. Si mon hypothèse se confirme, il suffirait que Brigit, son canidé et moi-même, nous allions nous installer dans l’un de ces trois lieux et que nous y copulions à loisir durant une période suffisante. Sur mon monde nous comptons qu’il nous faut persévérer durant un minimum de quatre dixièmes de cycle. Les éléments ainsi rassemblés, une penta union deviendrait effective et s’opérerait en l’un de ces lieux, ici, sur ce monde des Horribles ! Nous pourrions donc envisager que notre race s’y développe et y prospère. Ainsi, deviendrions-nous, par l’exemple et l’évidence de notre supériorité à tous les points de vue, les initiateurs d’une nouvelle façon de peupler cette partie de la galaxie. La méthode répéterait, à l’identique, ce qui nous avons jadis accompli dans la nôtre. D’ici mille cycles tous les Horribles comprendrons que la meilleure façon de mener cette question vitale de la régulation des naissances, consiste à prendre celle que nous utilisons par choix. Mais avant de rêver, il me faut savoir quel fruit sortirait d’une telle penta union entre Brigit, Tom, leurs Yin Yang et moi ? Je pense que la question des yeux donnera une bonne indication et doit attirer particulièrement notre attention. Notre rejeton éventuel, (à cloner quatre fois), présentera-t-il les caractères d’un albinos ? Celles d’un Horrible ? Ou bien ressemblera-t-il à son père avec de beaux globes tout noirs ? Seule la réalisation concrète de la penta union que j’envisage donnera une réponse convaincante. Mais je ne vais pas me lancer dans une aventure de cette envergure sans en avertir mes véritables et futurs partenaires. Ils m’ont apporté leur soutien et assurent les frais de ma mission ici, ce qui leur confère des droits ! Donc, ne disposant pas de mon Pilporte avec moi, puisque je le cache dans ma ferme en Afrique du sud, je dois m’y rendre pour le récupérer. Ensuite je les informerai de mes projets actuels et des idées qui me viennent à ce sujet. Accessoirement, je profiterai de ce déplacement pour voir comment se présente l’ensemble de ma propriété après les travaux confiés aux entreprises locales qui travaillent selon mes ordres. Je profiterai de ce voyage pour reprendre le dernier lot de diamants bruts qui m’attend au Cap. Ce qui me chagrine un peu concerne ma mission première. En effet, en dehors de cette affaire de reproduction à la manière de chez nous, je ne remarque encore rien sur ce monde qui présente assez d’intérêt pour justifier une bonne Négociation ! Aucun de leurs concepts ne m’apparaît assez bon à échanger avec ceux que je peux leur proposer. Je ne me sens pas encore prêt à marquer par une Négociation officielle, la réussite de ma mission. Je ne prendrai donc cette disposition que lorsque je remarquerai des éléments valables à rapporter chez nous ! Oui, en définitive, la solution consiste à parcourir cette planète, en aiguisant mon sens de l’observation, en me confrontant le plus possible avec les autochtones, et en sondant leurs esprits. Ainsi je ferais du bon travail ! Mais, en y songeant mieux, pourquoi ne pas mêler cette quête « technique » avec ma recherche du Yin Yang ? Je me propose de tenter de convaincre Brigit ! Je lui demanderai de m’accompagner au cours des trois voyages que je projette et que je me prépare à entreprendre vers les lieux mentionnés plus haut. Je doute qu’elle accepte, en pensant à toutes les difficultés que cela entraînerait pour elle. Cette femme devra se confiner dans le noir durant les déplacements. Il lui faudra porter un vêtement spécial (lequel lui donnera l’allure inélégante d’un moine capucin sous sa bure), lorsqu’elle m’accompagnera dans mes visites. Si elle refuse, ce que je comprendrais, je partirais seul. Dans le premier cas nous emmènerons son canidé et exécuterons des tentatives d’accouplement en espérant que se produira le miracle de la fusion à cinq. Dans le second cas, je continuerai à chercher ce qui, sur cette planète, peut bien intéresser ceux de notre Secteur galactique. Sans oublier, pour autant, ma quête du Yin Yang… Brigit. Mon « prince noir », comme je le nomme en mon for intérieur, entretient des idées de voyages vers les horizons les plus lointains. Il refuse de m’expliquer pourquoi il espérait que je l’accompagne, ni pour quelle obscure raison il souhaite que Tom vienne également. Bien que j’éprouve toujours le plus grand plaisir à nos séances, je ne veux pas devenir l’esclave de mes sens. En tous cas, je ne désire pas qu’il sache à quel point je me sentirais prête, le cas échéant, à tout plaquer pour le suivre partout où il le voudra. Cela devient, pour moi, une affaire de dignité et aussi de parvenir à un bon équilibre des forces à maintenir dans notre relation. De plus, je me dois de tenir une foule d’engagements au cours des semaines à venir. Bref, je préfère qu’il aille se balader au Japon et ailleurs sans moi. Il reviendra dans quelques semaines et je l’attendrai en rongeant mon frein, mais je ne lui montrerai pas à quel point son absence me pénalisera ! Nous verrons bien lequel de nous deux craquera le premier ? Je sais pertinemment ou, mieux exprimé, je me sens pénétrée de l’intime conviction, qu’il éprouve, pour moi, un très fort sentiment. Un amour qui dépasse de très loin tout ce qu’il a pu, dans le passé, ressentir pour d’autres femmes rencontrées avant moi … Chapitre deux. Le Jardin des Pierres. < contracter une alliance passagère » Le livre des 36 stratagèmes Se référant au Yi- King Glombl. Le Directeur que j’ai placé à la tête de mes affaires pour l’extrême orient se nomme Gabriel Limousin. Cet homme, dans la belle quarantaine, possède une mère japonaise et a, pour père, un diplomate français depuis fort longtemps posté à Tokyo. Parfait bâtard, au sens positif du terme, Gabriel se montre actif et efficace. Les bénéfices de son secteur et la croissance des activités qu’il y mène pour moi me prouvent que les recruteurs ne se sont pas fourvoyés pas dans leur choix initial. Je le considère comme l’homme idoine. Ma missive lui indiquait que je voulais visiter ses bureaux et profiter de mon passage au Japon pour me rendre à Kyoto ensuite, mais ceci sans lui, et pour des raisons privées. Je lui ai demandé de me procurer, pour ce voyage personnel, un véhicule automobile avec son chauffeur particulier. Cet employé devait, si possible, me servir à la fois de guide et de garde du corps. J’ai insisté pour que cet individu, pur japonais de souche, connaisse parfaitement le bouddhisme teinté de tantrisme qui se pratique ici et pour que lui-même s’adonne au zen. Bien que prévenu de mes projets depuis une semaine, Gabriel n’a pas réussi, à son grand regret, à me trouver exactement ce que je cherchais. Sur place il m’explique, toutefois, qu’il ne peut satisfaire à ma demande que de deux manières possibles: - Soit, me fournir d’une part, un chauffeur - qui peut me servir de guide et assurer ma protection – et, d’autre part, compléter le service avec un autre homme assez âgé, versé dans le Zen et féru de religion. - Soit, en variante, il peut me proposer une femme qui possède toutes les caractéristiques souhaitées et qui, en championne de Karaté, se trouve parfaitement apte à remplir tous les rôles, y compris celui de garde du corps. Je décidai de me contenter d’une seule et même personne et lui déclarais que j’effectuerai donc ma visite de Kyoto en compagnie de Madame Sako Mitsu. Pour sacrifier à mon personnage de chef d’une Entreprise de taille internationale, je dus consacrer trois jours aux affaires courantes et, en alternance, à une brève visite guidée de Tokyo, Gabriel y tenait vraiment et se serait senti frustré d’un refus de ma part. Une fois ces formalités accomplies, je pus enfin prendre la direction de Kyoto et de son fameux Jardin des Pierres. Un saut en avion m’a mené à l’aéroport où Madame Sako Mitsu m’attendait. Dans la plus pure des traditions commerciales, cette femme brandissait une pancarte sur laquelle figurait mon nom. Je me dirige vers elle. Il s’agit d’une petite bonne femme qui doit naviguer allègrement vers sa quatrième décennie. Un de mes voisins dans l’avion pensa fortement, en regardant l’une des belles hôtesses, du même âge que Madame Sako, qu’elle arrivait à ses ‘quarantièmes rugissants’. L’expression m’avait paru imagée et intéressante. Chez les Horribles, quarante ans constitue un âge charnière pour les femmes. Mais, je dois avouer qu’avant d’utiliser mes facultés télépathiques pour le savoir, je m’interrogeais à ce sujet et que je me sentais incapable d’évaluer âge réel. Je crois que la fourchette de ma première estimation se plaçait entre trente et soixante. Je lis en elle qu’elle se trouve présente uniquement pour rendre service à un ami. Le sondage auquel je me livre sur elle sans vergogne m’indique qu’une volonté domine actuellement son esprit : Son plus profond désir consiste à me donner la plus grande satisfaction possible et à me fournir une prestation à la hauteur de mon attente durant tout le temps de mon séjour. Elle veut m’aider et m’assister autant que possible et, ensuite retourner, un peu plus riche, vers sa famille et ses occupations normales. Cette femme ratiocine, en arrière plan, sur un problème d’anniversaire. Elle attache énormément d’importance à ce passage qui l’amène à quitter les années de la trentaine pour attaquer son anniversaire des quarante ans. Une fête, en préparation dans son esprit, constitue le fond permanent de ses pensées et de ses préoccupations. Elle-même me confirme à haute voix qu’elle m’assiste pour satisfaire à la demande pressante de son ami Gabriel. Normalement son activité principale consiste à gérer le secteur commercial d’une petite affaire d’étamage et de (galvanoplastie ?). Je comprends ce que signifie le premier de ses termes mais j’ignore totalement ce qu’elle entend par le second - dans son esprit je vois qu’il s’agit de métaux déposés sur d’autres métaux- sans doute un autre nom pour l’étamage, la dorure et le plombage ? J’approfondirai plus tard s’il y a lieu… Il se trouve que son père travaille depuis très longtemps dans l’ambassade qui a vu grandir Gabriel. Ils restent de très bons amis et se voient chaque fois qu’ils en trouvent le moyen, en tout bien tout honneur. Bref, Cette femme représente une opportunité heureuse pour moi ! L’idéal de la personne qu’il me fallait trouver ici. Efficace, elle a retenu pour moi, une suite à l’Hôtel du Soleil Rouge. Le véhicule, indispensable pour effectuer nos déplacements ou nos balades dans le pays, vient de chez Herz. Une simple affaire de location dont elle s’est occupée en temps et heures utiles. Madame Sako me propose de ne pas attaquer ma recherche du Zen de mauvaise manière. Elle me déconseille de commencer, de but en blanc et directement, par le fameux Jardin des Pierres. Au contraire, elle me propose, et durant deux ou trois jours, de rendre d’abord visite à quelques temples en banlieue pour y rencontrer des moines et des penseurs qui me familiariseront avec le Tantrisme et le Zen. Elle a choisi, et apporté avec elle, quelques livres (en anglais) à mon intention. Je la remercie vivement pour cette précaution utilement anticipée. Il s’agit d’ouvrages particulièrement bien documentés et qu’elle aimerait que je lise avant que nous ne nous mettions en route. Je vois que le lot concerne quatre gros bouquins qui comprennent de quatre cents à six cent soixante pages chacun. Pour un ‘ Horrible’ cela représenterait environ quatre jours pleins de lecture intensive. Pour nous, cela s’assimile et s’absorbe en moins de deux heures. Je lui réponds donc, qu’avant de me mettre en voyage, je viens de lire quelques ouvrages du même genre, mais je l’assure aussi que je finirai de me mettre à jour pour le lendemain matin vers neuf heures. Donc, et si cela lui convient, qu’elle vienne à l’hôtel pour me prendre et m’emmener visiter ces fameux temples. Elle donne son d’accord et me prendra dans son véhicule, vers neuf heures quarante car, plus tôt, la circulation, bien trop intense, risquerait de nous ralentir. Par contre, et elle insiste là-dessus, le créneau horaire durant lequel elle traversera facilement la ville ne dure que trente-cinq minutes. Alors, elle insiste pour que j’attende son arrivée, bien à l’heure, devant l’entrée de l’hôtel. Durant cet entretien, cette femme sans âge (mais pas sans grâce), et dotée d’un certain charme, ne révèle aucune pensée orientée vers le sexe. Elle ne pense et ne vit que pour sa famille ou pour son travail (sans oublier son fameux anniversaire). La présente mission perturbe sa vie mais elle l’a acceptée par amitié et elle en assume tous les inconvénients. Il me faut ajouter que, pour éviter tout ennui de ce type, mon eau de toilette contient, aujourd’hui, une faible quantité d’hormone répulsive pour la gent féminine (une dose infime mais suffisante pour rester efficace). Si je change d’avis ou si je ressens d’autres besoins, je modifierai mon odeur sans difficultés. Il me suffira d’une bonne douche et d’un autre parfum prélevé dans mon arsenal olfactif. Je m’arroge le droit de changer mes projets à tout instant. Je m’amuse comme je peux ! ……………………………………………………………………………………………………………… Le lendemain je l’attends, frais et dispos à l’heure convenue. Le chaud soleil me permet de recharger mon énergie et, pour n’étonner personne, j’ai avalé, au petit déjeuner, une composition locale à base de riz et de poisson. Sans oublier, par précaution, de boire abondamment. De plus, j’emporte avec moi un flacon d’un demi-litre d’eau car je ne peux courir le risque d’une déshydratation. Le contenu des livres qu’elle me confia hier se révéla aisé à intégrer et j’en sais maintenant bien plus à propos de tout ce qui concerne le Zen, le Bouddhisme et le Tantrisme. Quelques enregistrements audio-visuels, achetées dans une boutique voisine de mon hôtel m’ont fournis des documents qui ont complété le tableau. Il en résulte que, sans cette difficile barrière de la langue, je pourrais même visiter ces fameux temples en solo. En effet mes facultés télépathiques me permettent de recevoir leurs pensées sans tenir compte du langage, mais pour m’exprimer, il me faut bien parler et je ne sais encore rien du japonais. Avec quelques nuits et un bon programme je peux absorber n’importe quel nouveau langage, mais, à quoi bon ? Madame Sako est embauchée dans ce but et elle me servira de traductrice chaque fois que j’en éprouverai le besoin. Le voyage vers le premier temple s’accomplit aisément, la circulation restant fluide. Le trajet ne nous demanda même pas trois heures. Mon œil ne se lassait pas de contempler les paysages de la campagne japonaise ni les jeux d’ombres des basses montagnes. Enfin, nous arrivons devant le Temple, de plus, et par chance, il y avait peu de visiteurs ce jour là. Mon guide me laisse apprécier les détails de l’architecture et me précise de nombreux points concernant les rites et les usages. Nous marchons vers l’entrée et nous retirons nos chaussures. Nous n’arrivons pas abruptement car Madame Sako, la veille, a pris la précaution de les prévenir. Un moine nous attend et nous sacrifions aux rites des salutations d’usages et des présentations. Puis nous sollicitons et obtenons un rendez-vous presque sur-le-champ avec l’un des hiérarques de cet établissement. Il nous faut juste attendre dix minutes pour qu’il en termine avec son rouleau à prière. Cet homme semble flotter entre deux âges je ne peux le classer ni comme jeune ni en tant que vieux ! Ce qui, pour un Horrible, le situe dans sa cinquantaine. Physiquement il me paraît un peu enrobé et très souriant. Un sondage me montre que psychologiquement, il baigne dans une sorte de « paix intérieure » restant complètement dépourvue de toute forme d’agressivité. Peu intelligent, mais plein de ce qu’il ressent comme sa science religieuse, cet homme déborde de bons sentiments et semble ouvert à une réelle communication. Je m’en réjouis et lui demande s’il peut m’introduire à cet état d’esprit particulier qui peut m’amener à comprendre ce que représentent le Yin et le Yang dans leurs essences. Il sourit et me dit : « Je ne me sens pas sûr, après quarante et une années d’études, de jeûnes, de méditations et de strictes pratiques de nos rites, de le comprendre réellement moi-même ! Comment voudriez-vous que je puisse, en quelques minutes, vous amener à franchir ce grand pas ? Donnez-moi vos deux mains et plongez votre regard dans le mien. Si vous possédez la moindre faculté télépathique ou empathique, alors une chance se présente pour que vous ressentiez un peu de ce que signifie l’état de Zen ! » Cet homme sent-il que, derrière mes verres de contact, il existe une possibilité de transmission de pensée ? Comment ? Pourquoi ? Jouit-il de facultés cognitives spéciales ? Les questions se bousculent dans ma tête tandis que je lui prends les deux mains et que je dirige mon regard vers lui. Je ne rencontre dans son esprit que douceur et abandon. Il m’ouvre volontiers son esprit pour que je puisse, si je montre capable de lire ses plus intimes pensées, m’imprégner particulièrement de ce qu’il nomme l’état de Zen. Je ressens l’impression de plonger dans un bain de tazl tiède. Exactement comme si la fusion à cinq devenait imminente et que nous procédions, tous ensemble, à la purification finale ! Vous ignorez en quoi consiste le tazl ? Je dirais scientifiquement que l’on désigne par ce terme, une suspension aqueuse à thixotropie particulière. Elle contient de fines particules d’un mélange de silice et de talc dont chaque élément existe dans la fourchette de granulométrie qui va de un à cinquante microns. Ce tazl, de teinte blanc crème, possède la structure des sables mouvants. On en trouve quelques lacs sur toutes les planètes habitées de mon Secteur galactique. Automatiquement, des stations pour les bains rituels, avec leurs aménagements, existent près de leurs rives, S’y plonger représente pour nous un plaisir physiologique intense et une préparation obligatoire à toute penta fusion. Je plonge donc avec délice dans l’esprit de ce bon moine et, comme dans le tazl, je m’enfonce, m’immerge totalement et ne trouve absolument rien à quoi me raccrocher. Pas une idée ne flotte en lui, pas le moindre résidu de pensée structurée. Le blanc total comme, je le suppose, dans la mort. Cet état bizarre correspondrait-il au Zen ? Je vais le savoir immédiatement : J’ouvre à mon tour mon esprit tout en imitant le grand vide devant lequel je me trouve. Il semble que cela fonctionne. Une infinie béatitude s’affiche sur le visage de mon interlocuteur et nous restons ainsi, tous les deux plongés dans ce grand « rien absolu » durant ce qui me semble durer des heures. À la sortie de cette phase, que le moine interrompt de lui-même, je reçois une perception assez nette de ce qu’ils entendent par le principe du yin yang. Assez en tous cas, pour me rendre compte que cela n’a pas grand-chose en commun avec nos Immatériels ! Mais le yin et le yang pourraient très bien se concevoir, mathématiquement, comme les ombres portées de nos traditionnels partenaires. Comme si ces principes, déjà abstraits, ne se concevaient qu’en tant que projections, sur un monde de n dimensions, de ce qui existe dans un monde dont la géométrie en comporte n+1 ! Découverte importante dans mon actuelle quête et pour la mission dont mes commettants me chargèrent. Je trouve donc, depuis mon arrivée au Japon, une partie des informations que je cherchais, mais cela ne résout pas les questions posées : « Une fusion à cinq, une penta union, peut-elle se concevoir sur ce monde des Horribles ? » « Et, si nous pouvons répondre positivement à cette interrogation, cette faculté s’étend-elle à tous les mondes où vivent les Horribles ? Et, si oui, l’ombre portée des Immatériels, telle que je la trouve ici, détiendra-t-elle une puissance suffisante pour infléchir notre stéréochimie ? » Pour ce qui se rapporte au Zen, je commence à entrevoir ce qu’ils entendent par ce terme et je reste persuadé que ma visite au Jardin des Pierres sera une expérience des plus utiles. Madame Sako Mitsu a choisi de rester silencieuse et immobile durant mes échanges télépathiques avec le moine bouddhiste. Après cette séance de transfert de sensations, nos contacts à la fois physiques (les mains, les yeux) et psychiques se terminèrent. Ma guide continuait à nous observer sans manifester la moindre impatience de quitter les lieux ni émettre le plus court commentaire. Mais, dans notre véhicule et une heure plus tard, elle déclara : « Je crois que, désormais, vous intégrez mieux ce que veux dire un « état de zen ». Ceci vient du bon contact qui a pu s’établir entre vous et ce moine. Demain, si vous le voulez bien, je vous emmènerai voir des Mandalas de sable, car comment pourriez-vous intégrer le Tantrisme sans en voir au moins un ? » Je donne mon accord et, je le reconnais, avec une certaine impatience motivée par la vive curiosité qui m’habite à cet égard. Demain donc, nous visiterons un Temple où des bonzes terminent le Mandala en cours d’élaboration depuis trente-six jours. Avec un peu de chance nous assisterons à la dernière touche de sa création puis, à sa destruction. |
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