Cxiv michele le Sage








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La journée du 13 juin


À minuit, c’est-à-dire à l’heure où nous avons vu Salvato partir du Château-Neuf, le cardinal Ruffo, dans la chambre principale de l’évêché de Nola, assis devant une table, ayant près de lui son secrétaire Sacchinelli et le marquis Malaspina, son aide de camp, recevait les nouvelles et donnait ses ordres.

Les courriers se succédaient avec une rapidité qui témoignait de l’activité que le général improvisé avait mise à organiser ses correspondances.

Lui-même décachetait toutes les lettres, de quelque part qu’elle vinssent, et dictait les réponses, tantôt à Sacchinelli, tantôt à Malaspina. Rarement répondait-il lui-même, excepté aux lettres secrètes, un tremblement nerveux rendant sa main inhabile à écrire.

Au moment où nous entrons dans la chambre où il attend les messagers, il a déjà reçu de l’évêque Ludovici l’annonce que Panedigrano et ses mille forçats doivent être arrivés à Bosco, dans la matinée du 12.

Il tient à la main une lettre du marquis de Curtis, qui lui annonce que le colonel Tschudi, voulant faire oublier sa conduite de Capoue, parti de Palerme avec quatre cents grenadiers et trois cents soldats formant une espèce de légion étrangère, doit être débarqué à Sorrente pour attaquer par terre le fort de Castellammare, tandis que le Sea-Horse et la Minerve l’attaqueront par mer.

Cette lettre lue, il se leva et alla consulter, sur une autre table, une grande carte qui y était déployée, et, debout, appuyé d’une main sur la table, il dicta à Sacchinelli les ordres suivants :

Le colonel Tschudi suspendra, si elle est commencée, l’attaque du fort de Castellammare et se mettra immédiatement d’accord avec Sciarpa et Panedigrano pour attaquer l’armée de Schipani le 13 au matin.

Tschudi et Sciarpa attaqueront de front, tandis que Panedigrano glissera sur les flancs et côtoiera la lave du Vésuve, de manière à dominer le chemin par lequel Schipani tentera de faire sa retraite.

En outre, comme il est possible que, sachant l’arrivée du cardinal à Nola, le général républicain veuille se retirer sur Naples, dans la crainte que la retraite ne lui soit coupée, ils le pousseront vigoureusement devant eux.

À la Favorite, le général républicain trouvera le cardinal Ruffo, qui aura contourné le Vésuve. Enveloppé de tout côté, Schipani sera forcé de se faire tuer ou de se rendre.

Le cardinal fit faire une triple copie de cet ordre, signa chacune des copies et, par trois messagers, les expédia à ceux auxquels elles étaient adressées.

Ces ordres étaient à peine partis, que le cardinal, supposant quelqu’une de ces mille combinaisons qui font échouer les plans les mieux arrêtés, fit appeler De Cesari.

Au bout de cinq minutes, le jeune brigadier entrait tout armé et tout botté : la fiévreuse activité du cardinal gagnait tout ce qui l’entourait.

– Bravo, mon prince ! lui dit Ruffo, qui parfois, en plaisantant, lui conservait ce titre. Êtes-vous prêt ?

– Toujours, Éminence, répondit le jeune homme.

– Alors, prenez quatre bataillons d’infanterie de ligne, quatre pièces d’artillerie de campagne, dix compagnies de chasseurs calabrais et un escadron de cavalerie ; longez le flanc septentrional du Vésuve, celui qui regarde la Madonna dell’Arco, et arrivez de nuit, s’il est possible, à Résina. Les habitants vous attendent, prévenus par moi, et tout prêts à s’insurger en notre faveur.

Puis, se tournant vers le marquis :

– Malaspina, lui dit-il, donnez au brigadier cet ordre écrit et signez-le pour moi.

En ce moment, le chapelain du cardinal, entrant dans la chambre, s’approcha de lui et lui dit tout bas :

– Éminence, le capitaine Scipion La Marra arrive de Naples et attend vos ordres dans la chambre à côté.

– Ah ! enfin ! dit le cardinal respirant avec plus de liberté qu’il n’avait fait jusqu’alors. J’avais peur qu’il ne lui fût arrivé malheur, à ce pauvre capitaine. Dites-lui que je suis à lui à l’instant même et faites-lui compagnie en m’attendant.

Le cardinal tira une bague de son doigt et l’appliqua sur les ordres qui étaient expédiés en son nom.

Ce Scipion La Marra, dont le cardinal paraissait attendre l’arrivée avec tant d’impatience, était ce même messager par lequel la reine avait envoyé sa bannière au cardinal, et qu’elle lui avait recommandé comme bon à tout.

Il arrivait de Naples, où il avait été envoyé par le cardinal. Le but de cette mission était de s’aboucher avec un des principaux complices de la conspiration Backer, nommé Gennaro Tausano.

Gennaro Tausano faisait le patriote, était inscrit des premiers aux registres de tous les clubs républicains, mais dans le seul but d’être au courant de leurs délibérations, dont il donnait avis au cardinal Ruffo, avec lequel il était en correspondance.

Une partie des armes qui devaient servir lorsque éclaterait la conjuration Backer étaient en dépôt chez lui.

Les lazzaroni de Chiaia, de Pie di Grotta, de Pouzzoles et des quartiers voisins étaient à sa disposition.

Aussi, comme on l’a vu, le cardinal attendait-il impatiemment sa réponse.

Il entra dans le cabinet où l’attendait La Marra, déguisé en garde national républicain.

– Eh bien ? lui demanda-t-il en entrant.

– Eh bien, Votre Éminence, tout va au gré de nos désirs. Tausano passe toujours pour un des meilleurs patriotes de Naples, et personne n’a l’idée de le soupçonner.

– Mais a-t-il fait ce que j’ai dit ?

– Il l’a fait, oui, Votre Éminence.

– C’est-à-dire qu’il a fait jeter des cordes dans les soupiraux des maisons des principaux patriotes.

– Oui ; il eût bien voulu savoir dans quel but ; mais, comme je l’ignorais moi-même, je n’ai pu le renseigner là-dessus. N’importe ; l’ordre venant de Votre Éminence, il a été exécuté de point en point.

– Vous en êtes sûr ?

– J’ai vu les lazzaroni à l’œuvre.

– Ne vous a-t-il pas remis un paquet pour moi ?

– Si fait, Éminence, et le voici enveloppé d’une toile cirée.

– Donnez.

Le cardinal coupa avec un canif les bandelettes qui tenaient le paquet fermé, et tira de son enveloppe une grande bannière, où il était représenté à genoux devant saint Antoine, suppliant le saint, tandis que celui-ci montrait ses deux mains pleines de cordes.

– C’est bien cela, dit le cardinal enchanté. Maintenant, il me faut un homme qui puisse répandre dans Naples le bruit du miracle.

Pendant un instant, il demeura pensif, se demandant quel était l’homme qui pouvait lui rendre ce service.

Tout à coup, il se frappa le front.

– Que l’on me fasse venir fra Pacifico, dit-il.

On appela fra Pacifico, qui entra dans le cabinet, où il resta une demi-heure enfermé avec Son Éminence.

Après quoi, on le vit aller à l’écurie, en tirer Giaccobino et prendre avec lui la route de Naples.

Quant au cardinal, il rentra dans le salon, expédia encore quelques ordres et se jeta tout habillé sur son lit, recommandant qu’on le réveillât au point du jour.

Au point du jour, le cardinal fut réveillé. Un autel avait été dressé pendant la nuit au milieu du camp sanfédiste, placé en dehors de Nola. Le cardinal, vêtu de la pourpre, y dit la messe en l’honneur de saint Antoine, qu’il comptait substituer dans la protection de la ville à saint Janvier, qui, ayant fait deux fois son miracle en faveur des Français, avait été déclaré jacobin et dégradé par le roi de son titre de commandant général des troupes napolitaines.

Le cardinal avait longtemps cherché, saint Janvier dégradé, à qui pouvait échoir sa succession, et s’était enfin arrêté à saint Antoine de Padoue.

Pourquoi pas à saint Antoine le Grand qui, si l’on scrute sa vie, méritait bien autrement cet honneur que saint Antoine de Padoue ? Mais sans doute le cardinal craignait-il que la légende de ses tentations popularisées par Callot, jointe au singulier compagnon qu’il s’était choisi, ne nuisissent à sa dignité.

Saint Antoine de Padoue, plus moderne que son homonyme de mille ans, obtint, quel qu’en soit le motif, la préférence et ce fut à lui qu’au moment de combattre, le cardinal jugea à propos de remettre la sainte cause.

La messe dite, le cardinal monta à cheval avec sa robe de pourpre et se plaça à la tête du principal corps.

L’armée sanfédiste était séparée en trois divisions.

L’une descendait par Capodichino pour attaquer la porte Capuana.

L’autre contournait la base du Vésuve par le versant nord.

La troisième faisait même route par le versant méridional.

Pendant ce temps, Tschudi, Sciarpa et Panedigrano attaquaient ou devaient attaquer Schipani de face.

Le 15 juin, vers huit heures du matin, on vit, du haut du fort Saint-Elme, apparaître et s’avancer l’armée sanfédiste soulevant autour d’elle un nuage de poussière.

Immédiatement, les trois coups de canon d’alarme furent tirés du Château-Neuf, et les rues de Naples devinrent, en un instant, solitaires comme celles de Thèbes, muettes comme celles de Pompéi.

Le moment suprême était arrivé, moment solennel et terrible quand il s’agit de l’existence d’un homme, bien autrement solennel et bien autrement terrible quand il s’agit de la vie ou de la mort d’une ville.

Sans doute, des ordres avaient été donnés d’avance pour que ces trois coups de canon fussent un double signal.

Car à peine le grondement du dernier se fut éteint, que les deux prisonniers du Château-Neuf, qui avaient été condamnés la surveille, entendirent, dans le corridor qui conduisait à leur cachot, les pas pressés d’une troupe d’hommes armés.

Sans dire une parole, ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, comprenant que leur dernière heure était arrivée.

Ceux qui ouvrirent la porte les trouvèrent embrassés, mais résignés et souriants.

– Êtes-vous prêts, citoyens ? demanda l’officier qui commandait l’escorte, et à qui les plus grands égards avaient été recommandés pour les condamnés.

Tous deux répondirent : « Oui », en même temps, André avec la voix, Simon par un signe de tête.

– Alors, suivez-nous, dit l’officier.

Les deux condamnés jetèrent sur leur prison ce dernier regard que jette, mêlé de regrets et de tendresse, sur son cachot celui que l’on conduit à la mort, et, par ce besoin qu’a l’homme de laisser quelque chose après lui, André, avec un clou, grava sur la muraille son nom et celui de son père.

Les deux noms furent gravés au-dessus du lit de chacun.

Puis il suivit les soldats, au milieu desquels son père était déjà allé prendre place.

Une femme vêtue de noir les attendait dans la cour qu’ils avaient à traverser. Elle s’avança d’un pas ferme au-devant d’eux ; André jeta un cri et tout son corps trembla.

– La chevalière San Felice ! s’écria-t-il.

Luisa s’agenouilla.

– Pourquoi à genoux, madame, quand vous n’avez à demander pardon à personne ? dit André. Nous savons tout : le véritable coupable s’est dénoncé lui-même. Mais rendez-moi cette justice qu’avant que j’eusse reçu la lettre de Michele, vous aviez déjà la mienne.

Luisa sanglotait.

– Mon frère ! murmura-t-elle.

– Merci ! dit André. Mon père, bénissez votre fille.

Le vieillard s’approcha de Luisa et lui mit la main sur la tête.

– Puisse Dieu te bénir comme je te bénis, mon enfant, et écarter de ton front jusqu’à l’ombre du malheur !

Luisa laissa tomber sa tête sur ses genoux et éclata en sanglots.

Le jeune Backer prit une longue boucle de ses cheveux blonds flottants, la porta à ses lèvres et la baisa avidement.

– Citoyens ! murmura l’officier.

– Nous voici, monsieur, dit André.

Au bruit des pas qui s’éloignaient, Luisa releva la tête, et, toujours à genoux, les bras tendus, les suivit des yeux jusqu’à ce qu’ils eussent disparu à l’angle de l’arc de triomphe aragonais.

Si quelque chose pouvait ajouter à la tristesse de cette marche funèbre, c’étaient la solitude et le silence des rues que les condamnés traversaient, et pourtant ces rues étaient les plus populeuses de Naples.

De temps en temps, cependant, au bruit des pas d’une troupe armée, une porte s’entrebâillait, une fenêtre s’ouvrait, on voyait une tête craintive, de femme presque toujours, passer par l’ouverture, puis la porte ou la fenêtre se refermait plus rapidement encore qu’elle ne s’était ouverte : on avait vu deux hommes désarmés au milieu d’une troupe d’hommes armés, et l’on devinait que ces deux hommes marchaient à la mort.

Ils traversèrent ainsi Naples dans toute sa longueur et débouchèrent sur le Marché-Vieux, place ordinaire des exécutions.

– C’est ici, murmura André Backer.

Le vieux Backer regarda autour de lui.

– Probablement, murmura-t-il.

Cependant, on dépassa le Marché.

– Où vont-ils donc ? demanda Simon en allemand.

– Ils cherchent probablement une place plus commode que celle-ci, répondit André dans la même langue : ils ont besoin d’un mur, et, ici, il n’y a que des maisons.

En arrivant sur la petite place de l’église del Carmine, André Backer toucha du coude le bras de Simon et lui montra des yeux, en face de la maison du curé desservant l’église, un mur en retour sans aucune ouverture.

C’est celui contre lequel est élevé aujourd’hui un grand crucifix.

– Oui, répondit Simon.

En effet, l’officier qui dirigeait la petite troupe s’achemina de ce côté.

Les deux condamnés pressèrent le pas, et, sortant des rangs, allèrent se placer contre la muraille.

– Qui des deux mourra le premier ? demanda l’officier.

– Moi ! s’écria le vieux.

– Monsieur, demanda André, avez-vous des ordres positifs pour nous fusiller l’un après l’autre ?

– Non, citoyen, répondit l’officier, je n’ai reçu aucune instruction à cet égard.

– Eh bien, alors, si cela vous était égal, nous vous demanderions la grâce d’être fusillés ensemble et en même temps.

– Oui, oui, dirent cinq ou six voix dans l’escorte, nous pouvons bien faire cela pour eux.

– Vous l’entendez, citoyen, dit l’officier chargé de cette triste mission, je ferai tout ce que je pourrai pour adoucir vos derniers moments.

– Ils nous accordent cela ! s’écria joyeusement le vieux Backer.

– Oui, mon père, dit André en jetant son bras au cou de Simon. Ne faisons point attendre ces messieurs, qui sont si bons pour nous.

– Avez-vous quelque dernière grâce à demander, quelques recommandations à faire ? demanda l’officier.

– Aucune, répondirent les deux condamnés.

– Allons donc, puisqu’il le faut, murmura l’officier ; mais, sang du Christ ! on nous fait faire là un vilain métier !

Pendant ce temps, les deux condamnés, André tenant toujours son bras jeté autour du cou de son père, étaient allés s’adosser à la muraille.

– Sommes-nous bien ainsi, messieurs ? demanda le jeune Backer.

L’officier fit un signe affirmatif. Puis, se retournant vers ses hommes :

– Les fusils sont chargés ? demanda-t-il.

– Oui.

– Eh bien, à vos rangs ! Faites vite et tâchez qu’ils ne souffrent pas : c’est le seul service que nous puissions leur rendre.

– Merci, monsieur, dit André.

Ce qui se passa alors fut rapide comme la pensée.

On entendit se succéder les commandements de « Apprêtez armes ! – En joue ! – Feu ! »

Puis une détonation se fit entendre.

Tout était fini !

Les républicains de Naples, entraînés par l’exemple de ceux de Paris, venaient de commettre une de ces actions sanglantes auxquelles la fièvre de la guerre civile entraîne les meilleures natures et les causes les plus saintes. Sous prétexte d’enlever aux citoyens toute espérance de pardon, aux combattants toute chance de salut, ils venaient de faire passer un ruisseau de sang entre eux et la clémence royale ; – cruauté inutile qui n’avait pas même l’excuse de la nécessité.

Il est vrai que ce furent les seules victimes. Mais elles suffirent pour marquer d’une tache de sang le manteau immaculé de République.

CXLII



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