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Exercice Histoire des arts : L’architecture au service du logement social sous la République de Weimar : l’exemple de la Cité de Siemensstadt à Berlin Objectifs . Définir le réformisme social sous la République de Weimar par l’histoire des arts : l’exemple de l’architecture. . Comprendre l’engagement des architectes comme Walter Gropius et son école, le Bauhaus, dans le domaine social. . Etudier un courant artistique majeur, le Bauhaus. Bibliographie/sources . Francesco Dal Co, Manfredo Tafuri, Architecture contemporaine, Berger-Levrault, 1976. . Magdalena Droste, Bauhaus, Archiv, Éd. Taschen, 2010. . Walter Gropius, Architecture et société, Éd. Linteau, 1995. . Annemarie Jaeggi, « Siemensstadt, un urbanisme audacieux » in Berlin 1919-1933, gigantisme, crise sociale et avant-garde : l’incarnation extrême de la modernité, Lionel Richard (dir.), Collection Mémoires/Villes, Editions, Autrement, 1999 [2005]. . Gilbert Lupfer et Paul Sigel , Walter Gropius, Archiv, Éd. Taschen, 2004. . Lionel Richard, Encyclopédie du Bauhaus, Ecole du design, Somogy, 1986. . « Cités du modernisme », site de l’Unesco : http://whc.unesco.org/fr/list/1239 Capacités . Identifier les documents. . Confronter des informations à partir d’un corpus documentaire. . Critiquer des documents de types différents. Présentation Entre 1924 et 1931, dans un contexte de pénurie aigüe de logements, la République de Weimar et, plus particulièrement, les municipalités social-démocrates multiplient, sous la pression du mouvement ouvrier allemand, les réalisations dans le domaine de l'habitat social. Cette politique sociale donne pour la première fois aux architectes allemands du mouvement moderne, dont ceux de l’école du Bauhaus comme Walter Gropius, la possibilité d’appliquer leurs conceptions urbanistiques, en particulier de créer un espace habitable pour les masses. A la différence de ce qui se produit en France à la même époque et malgré le travail de Le Corbusier, du vote de la loi Loucheur (1928) ou de l’action du socialiste Henri Sellier, cette politique aboutit à la construction de milliers de logements sociaux notamment à Francfort et à Berlin, La ville de Berlin est impliquée sur le plan social, politique et culturel. A la fin des années 1920, un architecte auprès des services d’urbanisme de la mairie socialiste, Martin Wagner, confie à une équipe d’avant-garde menée par Hans Scharoun la réalisation d’un programme de logements sociaux à Siemensstadt (la cité Siemens), située à la périphérie de Charlottenbourg à Berlin. Walter Gropius y conçoit deux barres de bâtiment de longueur différente. Cette Cité est un des chefs-d’œuvre urbanistiques de l’architecture moderne avec un classement au patrimoine mondial de l’Unesco. Problématique Dans quelle mesure le mouvement architectural moderne est-il révélateur du réformisme du mouvement ouvrier allemand ? L’exemple de la Cité Siemensstadt de Berlin. Documents . Doc. 1 : Photographies de bâtiments conçus par Walter Gropius à l’angle du Jungfernheideweg et de la Goebelstrabe, Cité Siemenstadt, Berlin. . Doc. 2 : Chronologie de la politique du logement de Weimar et de Berlin . . Doc. 3: Plan et maquette d’ensemble du projet du lotissement et vue aérienne actuelle (Google Earth). . Doc. 4 : Les normes imposées par les services d’urbanisme de la Ville de Berlin. . Doc. 5 : Les principes du Bauhaus et de l’architecture moderne selon Walter Gropius. Démarche . Les documents sont présentés en commun avec les élèves. Les raisons de la construction de la Cité : favoriser le logement social 1. Pour quelles raisons la Ville de Berlin construit-elle la Cité et choisit-elle des architectes comme Walter Gropius. (doc. 2, 3, 5). Justifiez-en la localisation (Doc.3). . pénurie de logements et de logements sociaux pour les ouvriers. . démarche sociale de la République de Weimar et de la mairie socialiste de Berlin et des architectes : choix de l’habitat collectif sous forme d’immeubles. . les architectes (cf Walter Gropius) proposent des projets urbains pour les ouvriers avec la rationalisation et l’industrialisation de la construction qui permet de baisser les coûts et de travailler plus rapidement. . raisons liées à la localisation de la Cité : proximité des usines Siemens ; périphérie du centre de Berlin ; proximité transports en commun. . Les villes social-démocrates et leurs architectes proposent ainsi un modèle urbain alternatif à la ville bourgeoise (donner la priorité à l’habitat social, adopter de nouvelles techniques de construction. La description de l’immeuble et des appartements : rationalité et fonctionnalité 2. Que pouvez-vous dire de la disposition des habitations et de leur intégration dans le paysage ? (Doc. 1 et 3) .complexe collectif avec alignement de barres d’immeubles, principe de cités linéaires et géométriques avec des immeubles en forme de lame, motif du rectangle, présence de jardins. 3. Décrivez l’aspect extérieur des immeubles (les différents les éléments composant les immeubles). Qu’est-ce qui structurent les façades ? En quoi ces bâtiments sont-ils novateurs pour l’époque ? (Doc. 1 et 5) . immeuble lamelliforme, balcons, loggias et appartement de l’étage supérieur en retrait structurent les façades ; par ailleurs en retrait des fenêtres côté rue, les espaces intermédiaires verticaux des cages d’escalier rythment la longue barre du bâtiment, utilisation de nouveaux matériaux comme le béton, le verre et l’acier, … 4. Montrez que les appartements représentent un progrès social et fonctionnel. (Doc. 3) .organisation rationnelle et fonctionnelle, équipements de confort, conditions de vie améliorée pour les ouvriers. 5. En quoi les principes du Bauhaus et de Walter Gropius rejoignent-ils la politique urbaine de la mairie socialiste ? . habitat collectif rationnel (oeuvre totale), idéal de vivre en collectivité (logement collectif avec des magasins) et idéal d’égalité (même modèle d’appartement commandé par les services de l’urbanisme). . habitat de masse avec des coûts réduits, standardisation, rationalisation. . mettre l’architecture au service du logement du plus grand nombre = dimension sociale. Les critiques et les limites de cette construction : demi-succès et dépersonnalisation 6. Pourquoi ce programme de construction de la mairie socialiste n’atteint-il pas complètement ses objectifs ? 7. Quels sont les critiques que peut susciter l’architecture de Walter Gropius ? . moins de la moitié de ouvriers occupent les nouveaux appartements. . impersonnel, froid, monotonie,… Doc 1 : Les deux bâtiments conçus par Walter Gropius sur la Jungfernheideweg et à l’angle du Jungfernheideweg et de la Goebelstrabe. Ces barres de bâtiment accueillent des appartements de 43.55 ou 69 m2. Côté jardin Côté rue ![]() ![]() ![]() Angle des deux bâtiments Doc. 2 : quelques repères chronologiques sur le logement social . avant la Première Guerre mondiale : conditions de vie catastrophiques des ouvriers berlinois tout comme dans le reste de l’Allemagne. . 1918 : la misère sociale gagne les couches moyennes. Etat très dégradé de l’habitat à Berlin avec des immeubles de location serrés les uns contre les autres aux appartements étroits, sombres et humides, les Mietkasern « casernes ». . 1919 : l’article 155 de la Constitution de Weimar inscrit le droit de tout Allemand à un logement décent. . 1924 : mise en place par l’Etat d’un système de financement des constructions nouvelles en créant une taxe sur les logements anciens. Rôle essentiel des municipalités socialistes dans la construction de l’habitat social. . 1926 : l’architecte Martin Wagner, socialiste, devient conseiller à l’urbanisme pour la Ville de Berlin et, de 1926 à 1931, lance un programme de réalisation de Siedlung (quartier d’habitat social avec des équipements publics localisée à la périphérie de la ville dans un milieu naturel et proche des centres de production) confié à la Gehag, société dont le premier actionnaire est l’ADGB (confédération syndicale proche du SPD). . 1928 : mise en oeuvre du programme de construction de la Cité de Siemensstadt et réunion d’un collectif d’architectes d’avant-garde mené par Hans Scharoun. Chaque architecte, dont Walter Gropius, a la responsabilité complète d’un lot de la cité. . 1928-1930 : construction de la Cité Siemensstadt. . 1931 : suppression de l’aide de l’Etat. Plus de 146 000 logements neufs construits à Berlin, essentiellement dans les arrondissements de la périphérie. Doc. 3 : Le plan d’ensemble du lotissement de Siemensstadt Le lotissement est construit à proximité des industries électriques Siemens et Halske installées au début du XXe siècle au nord-ouest de Charlottenburg dans l’ouest de Berlin. En 1913, la zone reçoit le nom de Siemensstadat. En 1927, la société finance une ligne du métropolitain de surface, le S-Bahn, pour permettre le déplacement rapide de ses 60 000 ouvriers et employés. Le lotissement comprend environ 1 400 logements et 17 magasins, répartis en 25 bâtiments. ou ![]() ![]() Doc. 4 Les normes imposées par les services d’urbanisme de la Ville de Berlin : une disposition intérieure fonctionnelle, un équipement moderne des appartements « […] Chacun [des] appartements [de Siemensstadt] devait disposer d’une salle de bain avec baignoire et toilettes. Un balcon, ou une loggia, ou encore une véranda, était également obligatoire. Les pièces (cuisine, salle de bains, chambre, salle de séjour) devaient être séparées les unes des autres. Ces conditions générales étaient strictes, de sorte que les architectes disposaient d’une marge de manœuvre assez réduite. De ce fait, tous les logements sociaux de Berlin furent conçus sur le même modèle. Un long couloir central, parallèle aux murs extérieurs, coupe l’appartement en deux parties, l’une donnant sur la rue et l’autre sur la cour. En général, les grandes pièces ont vue sur la rue, la cuisine et la salle de bains sur la cour. Par ailleurs, on compte seulement deux appartements par étage, afin d’éviter les risques d’entassement et de promiscuité. […] ces logements sociaux furent loin d’être occupés, en définitive, par les ouvriers des industries Siemens. Pour plus de la moitié, ils le furent par des familles d’employés et de fonctionnaires. Constatation qui s’applique à tout l’habitat social berlinois sous la République de Weimar : les loyers étaient si élevés que les couches inférieures ne pouvaient y accéder. » (extraits, en partie modifiés, Siemensstadt, un urbanisme audacieux, Annemarie Jaeggi, Berlin 1919-1933, gigantisme, crise sociale et avant-garde : l’incarnation extrême de la modernité, Lionel Richard (dir.), Collection Mémoires/Villes, Editions, Autrement, 1999 [2005] Doc. 5 : Les principes du Bauhaus et de l’architecture moderne selon Walter Gropius (1883-1969) En 1919, l’architecte allemand Walter Gropius fonde l’école d’art, Bauhaus d’Etat de Weimar (« maison du bâtiment »), qui par extension désigne un courant artistique. Son but est d’étudier tous les arts majeurs et appliqués (sculpture, peinture, décoration intérieure,…) en vue de les intégrer à l’architecture. « Le Bauhaus est voulu au service du développement moderne de l’habitat, depuis le simple appareil ménager jusqu’à la maison complète. Fort de la relation que maison et mobilier doivent avoir entre eux une relation judicieuse, on cherche au Bauhaus à déterminer la forme de chaque objet d’après ses fonctions et ses contraintes naturelles, grâce à un travail systématique de recherche théorique et pratique dans les domaines de la forme, de la technique et de l’économie. […] si l’on prend en compte toutes les méthodes de fabrication, toutes les constructions et tous les matériaux modernes, on crée des formes qui, s’écartant de la tradition, font souvent un effet inhabituel et surprenant […] (p. 36) « Conformément à l’évolution des conditions de vie dans le monde, il faut enfin réaliser l’idée ancienne : construire des logements types, à moindre coût, mieux, et en plus grand nombre que jusqu’à présent, pour donner à chaque famille une base de vie saine (p. 41) L’habitat humain est une affaire de besoin de masse. La machine [dans sa construction] n’y joue encore qu’un rôle limitée C’est pourquoi la réorganisation fondamentale du bâtiment en direction de l’industrie est une nécessité majeure pour résoudre de façon moderne cet important problème (p.43) La réduction du prix de fabrication des logements est d’une importance déterminante pour la gestion et la fortune nationale […] (p.44) La structure interne de la famille industrielle incite à passer de la maison individuelle à l’immeuble à étages multiples et pour finir au complexe collectif […] Tandis que la maison basse individuelle répond davantage aux besoins d’autres couches plus favorisées de la population […] l’immeuble collectif correspond aux besoins sociologiques de la population industrielle d’aujourd’hui […] (p. 79) In Walter Gropius, Architecture et société, Textes choisis, Ed. Du Linteau, 1995. Pour le professeur : Dans la foulée de l’agitation révolutionnaire des années 1918-1919 et du mouvement de réforme des milieux intellectuels où se développent l’idée de rapprocher l’art et les artistes du peuple, l’architecte allemand Walter Gropius fonde en 1919 l’école d’art, Bauhaus d’Etat de Weimar (« maison du bâtiment »). Le but est d’étudier tous les arts majeurs et appliqués (sculpture, peinture, décoration intérieure,…) en vue de les intégrer à l’architecture. Etudiants et professeurs sont l’embryon d’une nouvelle société devant imaginer le « Nouveau monde ». Appelés par Walter Gropius, les plus grands artistes du temps vont y enseigner. Par ailleurs, des différents ateliers (métal, verre, textile, peinture murale, danse) sortent de nombreuses productions (lampe, chaise,…). Les principes de l’école renouvellent la conception architecturale et le domaine esthétique avec l’ambition de relier l’art et l’industrie. C’est la structure et la fonction d’un bâtiment ou d’un objet et les qualités des matériaux utilisés (béton, acier, verre qui permettent de réduire les coûts de réalisation) qui leur donnent leur forme extérieure, sans décoration superflue. Les formes doivent être géométriques, universelles et permettre une standardisation et une rationalisation de l’habitat, en particulier de masse. C’est le mouvement du fonctionnalisme. Ces conceptions sont mises en œuvre dans plusieurs réalisations comme le Bâtiment du Bauhaus et la Cité Törten dans la ville de Dessau. Cependant, si le Bauhaus suscite un vif intérêt dans le monde, il provoque de fortes réactions dans les milieux politiques allemands (accusation de bolchévisme). Transférée à Dessau en 1925, puis à Berlin en 1932, l’école est définitivement fermée par les nazis arrivés au pouvoir en 1933. Entretemps, Walter Gropius quitte le Bauhaus en 1928 et s'installe à Berlin pour se consacrer à son étude des méthodes de rationalisation de l'industrie de la construction et accorde une importance grandissante à l'immeuble d'appartements. Cette nouvelle approche prend forme dans la conception des projets d'habitation de Spandau-Haselhorst (1929) et de Siemensstadt (1929-1930), pour lesquels il intervient à la fois comme urbaniste et comme architecte. Par la suite, la détérioration de la situation économique et politique, le pousse à quitter l'Allemagne. Il s'établit en Angleterre en 1934 puis poursuit sa carrière aux Etats-Unis en 1937. Le Bauhaus, qui par extension désigne un courant artistique, et Walter Gropius posent les bases de l’architecture et de l’esthétisme modernes. (sources diverses) La Siedlung est le modèle proposé par les architectes avant-gardistes pour répondre aux dysfonctionnements de la ville capitaliste : un noyau semi autonome, comprenant des habitations sociales les équipements publics nécessaires, localisée à l’orée des grandes villes dans un milieu naturel et proche des centres de production. C’est un modèle anti-urbain contre les Mietkasern des grandes villes, « casernes » de location ou s’entassent les populations ouvrières. |
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![]() | ![]() | «d’économie hellénistique» (primitivisme). Même s’il n’y pas à l’heure actuelle de modèle opposable au modèle critiqué, IL faut connaître... | |
![]() | «Nouvelle Salle de l’École des beaux-arts, peinte par M. Paul Delaroche», La Presse, 12 décembre 1841 | ![]() | |
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