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Paul HAZARD

(1878 -1944)

La crise de la conscience européenne

1680 - 1715


Un document produit en version numérique par Pierre Palpant,

collaborateur bénévole,

Courriel : ppalpant@uqac.ca
Dans le cadre de la collection : “ Les classiques des sciences sociales ”

dirigée et fondée par Jean-Marie Tremblay,

professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi

Site web : http : //www.uqac.ca/Classiques_des_sciences_sociales/
Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque

Paul -Émile Boulet de l’Université du Québec à Chicoutimi

Site web : http : //bibliotheque.uqac.ca/


Un document produit en version numérique par Pierre Palpant, collaborateur bénévole,

Courriel : ppalpant@uqac.ca


à partir de :


LA CRISE DE LA CONSCIENCE EUROPÉENNE

de Paul HAZARD (1878 - 1944)

Le livre de Poche, collection références, Paris, 1994, 444 pages.

1e édition : Boivin et Cie, Paris, 1935.
Polices de caractères utilisée : Times, 12 et 10 points.

Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5 x 11’’

[note : un clic sur @ en tête de volume et des chapitres et en fin d’ouvrage, permet de rejoindre la table des matières]
Édition complétée le 15 août 2005 à Chicoutimi, Québec.

T A B L E D E S M A T I È R E S

Table des matières analytique  — Index de noms
[css : table succinte pour liens :

Préface

PREMIÈRE PARTIE : Les grands changements psychologiques

I. De la stabilité au mouvement. — II. De l’ancien au moderne. — III. Du midi au nord. — IV. Hétérodoxie. — V. Pierre Bayle

DEUXIÈME PARTIE : Contre les croyances traditionnelles

I. Les rationaux. — II. La négation du miracle, les comètes, les oracles et les sorciers. — III. Richard Simon et l’exégèse biblique. — IV. Bossuet et ses combats. — V. Leibniz et la faillite de l’union des églises.

TROISIÈME PARTIE : Essai de reconstruction

I. L’empirisme de Locke. — II. Le déisme et la religion naturelle. — III. Le droit naturel. — IV. La morale sociale. — V. Le bonheur sur la terre. — VI. La science et le progrès. — VII. Vers un nouveau modèle d’humanité.

QUATRIÈME PARTIE : Les valeurs imaginatives et sensibles

I. Une époque sans poésie. — II. Le pittoresque de la vie. — III. Le rire et les larmes. Le triomphe de l’opéra. — IV. Les éléments nationaux, populaires, instinctifs. — V. La psychologie de l’inquiétude, l’esthétique du sentiment, la métaphysique de la substance, et la science nouvelle. — VI. Ferveurs

CONCLUSION ]

PRÉFACE

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Quel contraste ! quel brusque passage ! La hiérarchie, la dis­cipline, l’ordre que l’autorité se charge d’assurer, les dogmes qui règlent fermement la vie : voilà ce qu’aimaient les hommes du dix-septième siècle. Les contraintes, l’autorité, les dogmes, voilà ce que détestent les hommes du dix-huitième siècle, leurs successeurs immédiats. Les premiers sont chrétiens, et les autres antichrétiens ; les premiers croient au droit divin, et les autres au droit naturel ; les premiers vivent à l’aise dans une société qui se divise en classes inégales, les seconds ne rêvent qu’éga­lité. Certes, les fils chicanent volontiers les pères, s’imaginant qu’ils vont refaire un monde qui n’attendait qu’eux pour devenir meilleur : mais les remous qui agitent les générations successi­ves ne suffisent pas à expliquer un changement si rapide et si décisif. La majorité des Français pensait comme Bossuet ; tout d’un coup, les Français pensent comme Voltaire : c’est une révolution.

Pour savoir comment elle s’est opérée, nous nous sommes engagés dans des terres mal connues. On étudiait beaucoup le dix-septième siècle, autrefois ; on étudie beaucoup le dix-­huitième siècle, aujourd’hui. A leurs confins s’étend une zone incertaine, malaisée, où l’on peut espérer encore découvertes et aventures. Nous l’avons parcourue, choisissant pour la borner deux dates non rigoureuses : d’une part, les environs de 1680, et d’autre part, 1715.

Nous y avons rencontré Spinoza, dont l’influence commençait de s’y faire sentir ; Malebranche, Fontenelle, Locke, Leibniz, Bossuet, Fénelon, Bayle, pour ne citer que les plus grands, et sans parler de l’ombre de Descartes qui l’habitait encore. Ces héros de l’esprit, chacun suivant son caractère et son génie, étaient occupés à reprendre, comme s’ils eussent été nouveaux, les problèmes qui sollicitent éternellement les hommes, celui de l’existence et de la nature de Dieu, celui de l’être et des appa­rences, celui du bien et du mal, celui de la liberté et de la fatalité, celui des droits du souverain, celui de la formation de l’état social — tous les problèmes vitaux. Que faut-il croire ? comment faut-il agir ? et toujours cette question surgissait, alors qu’on l’avait crue définitivement réglée : qui est Veritas ? En apparence, le grand siècle se prolongeait dans sa majesté sou­veraine, et ceux qui se mêlaient de penser et d’écrire n’avaient plus qu’à reproduire les chefs-d’œuvre qui venaient de naître à profusion. C’était à qui composerait des tragédies comme Racine, des comédies comme Molière, des fables comme La Fontaine ; les critiques épiloguaient sur la moralité du poème épique ou sur l’emploi du merveilleux chrétien ; ils n’avaient jamais fini d’exalter la règle des trois unités, triomphe de l’art. Mais dans le Tractatus theologico-politicus et dans l’Éthique, dans l’Essai concernant l’entendement humain, dans l’Histoire des variations des églises protestantes, dans le Dictionnaire his­torique et critique, dans la Réponse aux questions d’un provincial, se livrait un débat au prix duquel ces préoccupations misérables semblaient n’être que jeux de vieillards fatigués, ou d’enfants. Il s’agissait de savoir si on croirait ou si on ne croi­rait plus ; si on obéirait à la tradition, ou si on se révolterait contre elle ; si l’humanité continuerait sa route en se fiant aux mêmes guides, ou si des chefs nouveaux lui feraient faire volte-face pour la conduire vers d’autres terres promises. Les « ratio­naux » et les « religionnaires », comme dit Pierre Bayle, se dis­putaient les âmes, et s’affrontaient dans un combat qui avait pour témoin toute l’Europe pensante.

Les assaillants l’emportaient peu à peu. L’hérésie n’était plus solitaire et cachée ; elle gagnait des disciples, devenait insolente et glorieuse. La négation ne se déguisait plus ; elle s’étalait. La raison n’était plus une sagesse équilibrée, mais une audace critique. Les notions les plus communément reçues, celle du consentement universel qui prouvait Dieu, celle des miracles, étaient mises en doute. On reléguait le divin dans des cieux inconnus et impénétrables ; l’homme, et l’homme seul, devenait la mesure de toutes choses ; il était à lui-même sa raison d’être et sa fin. Assez longtemps les pasteurs des peuples avaient eu le pouvoir dans leurs mains ; ils avaient promis de faire régner sur la terre la bonté, la justice, l’amour fraternel : or ils n’avaient pas tenu leur promesse ; dans la grande partie dont la vérité et le bonheur étaient l’enjeu, ils avaient perdu : et donc ils n’avaient plus qu’à s’en aller. Il fallait les chasser s’ils ne voulaient point partir de bonne grâce. Il fallait, pensait -on, détruire l’édifice ancien, qui avait mal abrité la grande famille humaine ; et la première tâche était un travail de démolition. La seconde était de reconstruire, et de préparer les fondations de la cité future. Non moins impérieusement, et pour éviter de tomber dans un scepticisme avant-coureur de la mort, il fallait bâtir une philosophie qui renonçât aux rêves métaphysiques, toujours trompeurs, pour étudier les apparences que nos faibles mains peuvent atteindre, et qui doivent suffire à nous contenter ; il fallait édifier une politique sans droit divin, une religion sans mystère, une morale sans dogmes. Il fallait forcer la science à n’être plus un simple jeu de l’esprit, mais décidément un pouvoir capable d’asservir la nature ; par la science, on conquerrait à n’en pas douter le bonheur. Le monde ainsi reconquis, l’homme l’organiserait pour son bien-être, pour sa gloire, et pour la féli­cité de l’avenir.

A ces traits, on reconnaît sans peine l’esprit du dix-huitième siècle. Nous avons voulu montrer, précisément, que ses caractè­res essentiels se sont manifestés beaucoup plus tôt qu’on ne croit d’ordinaire ; qu’on le trouve tout formé à l’époque où Louis XIV était encore dans sa force brillante et rayonnante ; qu’à peu près toutes les idées qui ont paru révolutionnaires vers 1760, ou même vers 1789, s’étaient exprimées déjà vers 1680. Alors une crise s’est opérée dans la conscience européenne entre la Renaissance, dont elle procède directement et la Révo­lution française, qu’elle prépare, il n’y en a pas de plus impor­tante dans l’histoire des idées. A une civilisation fondée sur l’idée de devoir, les devoirs envers Dieu, les devoirs envers le prince, les « nouveaux philosophes » ont essayé de substituer une civilisation fondée sur l’idée de droit : les droits de la conscience individuelle, les droits de la critique, les droits de la raison, les droits de l’homme et du citoyen.
Trente-cinq années de la vie intellectuelle de l’Europe, qu’il était impossible de découper dans le temps sans tenir compte des années qui les ont suivies, et plus encore de celles qui les ont précédées ; des assises où l’on fit comparaître l’homme lui­-même, pour lui redemander s’il était né innocent ou coupable, s’il voulait parier sur le présent ou sur l’éternité ; des idées si vivaces, munies d’une telle force agressive ou défensive, que cet autrefois n’a pas cessé d’agir, et que dans notre façon de poser les problèmes religieux, philosophiques, politiques, sociaux, nous continuons pour une part ces grandes querelles inapai­sées ; des œuvres massives et denses, écrites avec une prodiga­lité singulière par des gens qui se souciaient moins de la perfection de la forme que de l’efficacité et de l’abondance de leurs arguments ; des œuvres abstruses, théologiques, philosophiques : des rapports nombreux de pays à pays, des passa­ges, des contagions, des influences, des phénomènes qui paraissent inexplicables dans leur milieu local, et qu’il fallait faire rentrer dans l’atmosphère européenne pour les pouvoir comprendre ; des orientations à trouver dans ce paysage montagneux, des lignes de faîte, des routes et des sentiers ; des carac­tères à dessiner, des physionomies à saisir dans leurs traits familiers, dans leur colère ou dans leur sourire : c’était, à n’en pas douter, une lourde entreprise. Nous ne nous excuserons pas de l’avoir tentée. Car sans ignorer ce qui reste à faire et à refaire derrière nous, et tout en sachant bien qu’on ne connaît un arbre que par l’étude minutieuse des racines et des branches, nous pensons qu’il est utile, quelquefois, de tracer des voies provisoires dans les confuses forêts 1.
Il y a des périodes lyriques : il est doux, lorsqu’on les étudie, d’écouter leurs harmonies, d’aspirer leurs effluves sonores, de se laisser conduire par leurs musiques subtiles jusqu’à l’ineffa­ble : toute la terre n’est plus qu’un chant. La période que nous avons abordée n’est pas telle ; elle a ignoré les cadences et les rythmes ; elle a fait contresens sur la nature même de la poésie ; elle n’a pas connu le pouvoir des charmes. Ce n’est pas que les valeurs imaginatives et sensibles aient tout d’un coup disparu, ni que les humains aient cessé pour un temps de se livrer à leurs jeux et à leurs passions ; nous avons marqué, au contraire, à côté du travail de l’intelligence pure, la vie persistante des couleurs et des formes, et les contradictions du cœur. Ici le piétisme, ailleurs le quiétisme, nous ont révélé les aspirations et les fré­missements de grandes âmes inquiètes que la raison ne conten­tait point, et qui cherchaient un Dieu d’amour. Mais ce mysticisme même a contribué à la crise de conscience qui caractérise essentiellement l’époque. Il a dénoncé l’alliance de la religion et du pouvoir, et échappant au contrôle des Églises orthodoxes, ne voyant dans la foi qu’élan individuel et sponta­néité primitive, brisant l’ordre établi, il a joué pour son compte le rôle d’élément novateur : de même qu’on introduisit alors dans la société un ferment d’anarchie, en opposant la vertu pri­mitive du sauvage aux erreurs et aux crimes de la civilisation.

Ces années rudes et denses, toutes remplies de querelles et d’alarmes, et lourdes de pensée, n’en ont pas moins leur beauté propre. A suivre ces vastes mouvements, à voir les masses d’idées se désagréger pour se reformer ensuite suivant d’autres modes et d’autres lois, à considérer nos frères humains cherchant courageusement leur route vers leurs destins inconnus, sans jamais se laisser décourager ni abattre, on éprouve je ne sais quelle émotion rétrospective. Il y a de la grandeur dans leur obstination, dans leur acharnement ; et si le propre de l’Europe, comme nous le montrerons, est de ne se contenter jamais, de recommencer toujours sa recherche de la vérité et du bonheur, il y a dans cet effort une beauté doulou­reuse. Ce n’est pas tout. En étudiant la naissance des idées, ou du moins leurs métamorphoses ; en les suivant le long de leur route dans leurs faibles commencements, dans la façon qu’elles ont de s’affirmer et de s’enhardir, dans leur progrès, dans leurs victoires successives et dans leur triomphe final, on en arrive à cette conviction profonde, que ce sont les forces intellectuelles et morales, non les forces matérielles, qui dirigent et qui com­mandent la vie.

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